J'étais à moitié présent, probablement parce que depuis le début du prime, mes pensées continuaient de vaquer vers un @Taj dont l'importance avait dépassé des quelconques résultats. Finir quatrième ne m'avait pas fait grand chose, moi qui était pourtant venu pour pousser l'aventure jusqu'au bout, j'avais réalisé que la place à laquelle j'atteignais ne traduisait pas la qualité de tout ce que j'avais pu vivre jusqu'ici. Et je n'étais pas déçu. Quatrième, c'était un beau score, surtout lorsque l'on voyait les personnes au dessus de moi. Alors, au final, oui, cette finale à mes yeux, elle n'avait plus d'importance. Plus aucune depuis qu'il était là, et que ses mots avaient gravé sur ma peau une emprunte que je n'arrivais pas à délaisser. Cette soirée elle passait lentement, il fallait bien le dire, et je tentais de sourire aux personnes qui m'accostaient mais rien n'y faisaient, tout sonnait faux, comme si j'avais ce grand vide, ce flou constant qui faisait voile. Et puis, finalement, l'américain était apparu à mes côtés, glissant sa main dans la mienne en me disant qu'il était prêt à discuter. Si j'avais un peu insisté lors du prime, j'avais choisi de respecter sa volonté et de prendre sur moi en attendant le moment fatidique. Un moment que je m'étais surpris d'analyser de toutes les manières possibles, moi qui n'était pourtant pas du genre à réfléchir à quoi que ce soit d'habitude, et à me laisser porter. Il nous guidait sur le balcon, et c'était con, mais le simple contact de sa peau réussissait à me réchauffer le coeur, comme s'il s'agissait d'une dépendance retrouvée. Je restais là, silencieux, mes prunelles sombres illuminées par les gratte-ciels alors que mes boucles se laissaient caresser par la brise légère. Je savais qu'il était au courant de tout, et à vrai dire, je n'avais aucune idée de ce qu'il allait dire. Ou peut-être que je ne voulais tout simplement pas me l'avouer. Lorsqu'il expliquait que pas mal de choses avaient changé depuis qu'il avait choisi de quitter le block, je triturais nerveusement le pan de mon pantalon, comme si il était responsable de cet éloignement. C'était qu'un bout de tissu, mais il me servait de punching ball là tout de suite. Le fait qu'il ait visité ma soeur m'étonnait grandement, parce que ça n'était pas ce que je m'étais imaginé qu'il ferait en sortant d'ici. Voyez, j'avais du mal à cerner exactement ce que souhaitait Taj, depuis un moment maintenant. Parce que de nous deux, j'avais toujours été celui qui s'exprimait, ce qui était le comble lorsque l'on savait que je ne parlais jamais réellement de mes sentiments au quotidien. Il avait fallu que Jana provoque mon sale caractère pour qu'elle comprenne ce que je ressentais réellement. « Je ne sais pas ce que t'as pu lui dire pour qu'elle change d'avis sur toi, mais bien joué. » parce que ma cadette, elle n'était pas la plus domptable de nous tous, bien au contraire. Il mentionnait le fait qu'ils avaient regardé la suite de l'émission ensemble, et je comprenais bien où il voulait en venir, d'autant plus qu'il le précisait rapidement par la suite. Forcément, il ajoutait qu'il n'avait pas le droit de m'en vouloir, mais quelque chose me disait qu'entre avoir le droit, et m'en vouloir réellement, il y avait une différence. Je restais silencieux, parce que je préférais qu'il dise tout ce qu'il avait à dire, après tout, c'était lui qui souhaitait me parler. C'était lui qui avait des choses sur le coeur, et là tout de suite, ça n'était pas mon moment. Taj ajoutait qu'il n'avait vu personne à l'extérieur, et de ce que je comprenais par son insinuation que les occasions ne manqueraient pas, c'est qu'il ne comptait de toute façon plus sur nous depuis un moment. Ses derniers mots me blessèrent cependant, alors que je fixais d'un calme éternel l'horizon, cherchant les mots justes. Et puis finalement... « Bien. » je pouvais sentir l'intégralité de mon être brouillonner en cet instant présent, et j'avais pas envie de dire n'importe quoi, alors sans un regard, et tendu comme jamais, je lui tournais le dos, ouvrais la vitre qui séparait la salle du balcon, passais le pallier et la refermant derrière moi. Sauf que là, figé, je sentais une larme rouler sur ma joue. C'était stupide et je la chassais, mon corps faisant demi-tour sans même que j'ai eu réellement le temps d'y réfléchir. Je réapparaissais sur le balcon, alors que le blond devait être surpris de me voir arriver à nouveau. « Ce que tu me dis, c'est injuste. » que je lâchais finalement alors que j'avais l'impression de prendre ma première inspiration depuis que j'avais quitté le balcon « Depuis le début de cette aventure, je n'ai jamais rien fait. Jamais, avec personne. » personne d'autre que lui « Ce que tu as fait avec Dylan, je ne te l'ai jamais reproché. » et qu'il ne me dise pas que c'était "avant" parce qu'il savait très bien ce qu'il y avait entre nous, bien avant qu'on y mette des mots. « Tu veux la vérité Taj ? » parce qu'elle était simple au final, et même si je ne l'avais pas réalisé jusqu'ici, je la comprenais maintenant. « Tu es parti sans un mot. Tu ne m'as pas prévenu, tu ne m'as même pas laissé un seul message sur les réseaux, rien. » il avait disparu du jour au lendemain, et n'avais même pas choisi de partir avec nous lorsque l'occasion s'était présentée « Comment est-ce que tu croyais que j'allais me sentir lorsqu'on m'a annoncé que je pouvais pas être avec celui que j'aimais pour la semaine aux Bahamas ? » je voulais bien croire que tous les feux des projecteurs, ça n'était pas pour lui, parce que j'étais passé par là, et ça n'était pas forcément ce que je lui reprochais là tout de suite. Il m'avait abandonné, et je m'étais senti seul. C'était peut-être pas la meilleure chose à faire, certes, mais sa disparition ne l'avait pas été non plus. « Pour nous, tout allait commencer ce soir, et pas devant des millions de téléspectateurs. » je m'approchais d'un pas tout en gardant tout de même mes distances, alors qu'une nouvelle larme roulait sur ma joue. « Parce que je t'ai choisi toi, depuis le début. Y'a jamais eu personne d'autre, et tu le sais. » ouais, je savais pas trop ce qu'il avait pu voir à l'écran, je savais pas quelle idée il s'était fait de moi à l'extérieur, mais il me connaissait. Il me connaissait en personne, et pas ces images qui avaient choisi d'être diffusées. « Mais soit. Si tu préfères fuir ce qu'on a, qu'on aurait pu avoir, simplement pour trois montages, plutôt que faire confiance au mec qui te connait le mieux ici, je sais pas ce que je peux dire de plus pour te retenir. Je peux pas me battre pour deux. » parce que c'était ça la réalité. Peut-être que oui, il se cherchait une excuse pour se libérer d'un truc dans lequel il n'était pas habitué de tomber. Lui qui préférait les relations occasionnelles aux engagements. J'étais pareil, mais peut-être que cette fois, j'étais prêt.

tu cherches les émotions dans son regard, sur son visage qui n'affiche rien d'autre que le marbre. y'a toujours eu cette distance véhiculée par la retenue qu'il s'applique à mettre dans ses émotions, t'avais eu la chance d'avoir pu te frayer un chemin au travers. mais en cet instant tu peux que voir le brun s'emmurer davantage : accès refusé. t'as l'impression que le silence dure depuis une éternité avant qu'il ne te fasse à nouveau entendre sa voix. tu prends le simple mot comme un claque et son départ comme une punition méritée encore davantage. quand il quitte ton champ de vision t'as ton être tout entier qui se relâche pour t'autoriser à chialer davantage, plus fort, bien moins gracieusement, juste l'espace d'un instant avant que baie vitrée ne s'ouvre à nouveau. tu ravales tes larmes et concentre ton attention sur ses mots, lui aussi il a le droit de se déverser. t'es même pas tenté de te justifier, ça lui ferait que davantage de mal. tu cherches pas non plus à questionner, t'ignores ton incompréhension face à son dérapage avec milo. il le met sur le dos de ton départ et sa solitude alors qu'il fallut que tu le mettes toi-même sur le tapis et qu'il n'a pas montré un seul signe de reproche depuis votre réunion. alors tu l'écoutes, tu acquisses. le problème c'est aussi que pour toi ça avait commencé bien avant, tu t'en tapais des téléspectateurs. mais c'est bien ce soir que tout se termine. tu lui parleras pas non plus de tes sentiments pour apollon, par désir de le préserver et aussi par peur d'une altercation. les larmes continuent silencieusement de couler alors que le silence s'est de nouveau installé. ça fait mal. t'as tout sauf envie de le perdre, t'as fait tant d'effort pour l'intégrer dans ta vie, jusqu'à rencontrer un bout de sa famille. tu veux l'y garder, mais tu sais aussi que ce serait égoïste et sans doute beaucoup trop lui demander. tu t'approches timidement puis non sans une hésitation tu le prends dans tes bras. t'imagines pas une seule seconde que l'étreinte durera, mais tu te dois de tenter, d'essayer de lui dire au revoir avant qu'il te prive définitivement de sa présence. je suis désolé vicente. tellement tellement désolé.