Déjà deux semaines que l'aventure s'était terminée. C'était passée à une vitesse dingue. A la sortie de l'émission, tu étais directement rentrée chez toi en Floride pour retrouver ta soeur. Tu l'avais prévenue qu'elle devrait prendre des vacances à ta sortie de l'émission pour que vous puissiez vous retrouver toutes les deux et partir voir vos parents pour tous vous retrouver après ces quelques mois passés loin d'eux. Tu en avais tellement besoin. Les émotions avaient été si fortes, et tu avais l'impression de t'être tellement éloignée de celle que tu étais à la base qu'il était temps que tu retrouves ta famille et tes racines. Ca en devenait même presque un cas d'extrême urgence.

Tu te retrouvais donc au fin fond de l'Arizona en famille. Et ça te faisait un bien fou d'être dans un coin un peu perdu, parce que chez toi, les journalistes te couraient après pour te proposer des interviews auxquelles tu te refusais. Tu n'avais pas envie de parler de l'émission, et surtout, comme @goliath l'avait dit dans sa lettre qu'ils le questionnaient régulièrement à ce sujet, tu n'avais pas l'intention de parler de votre relation. La seule personne avec qui tu avais accepté d'en parler, c'était ta soeur. Parce qu'elle te connaissait. Et elle t'avait dit qu'elle avait eu du mal à te reconnaître, toi qui ne faisait d'habitude pas dans la dentelle avec ces choses-là, et tu étais d'accord avec elle. Tu n'étais pas comme ça. Les garçons, d'habitude, tu les prenais et tu les jetais sans que ça ne te fasse rien, et tu ne savais pas pour avec @goliath, ça avait été si différent. Ta soeur te l'avait interdit, mais tu n'avais pas pu t'empêcher de regarder des sortes de compilation de vos moments et tu avais du mal à te reconnaître. Tu avais aussi regardé quelques épisodes, et découvert plusieurs choses sur différentes personnes, mais tu t'étais concentrée sur ta relation avec l'asiatique.

Après un énième repas de famille un peu arrosé, tu étais finalement partie t'isoler dans le jardin. L'alcool n'aidant pas, tu pensais à @goliath et à ce qu'il pouvait bien être en train de faire. Il était très tard de toute façon, et tu n'étais pas ivre, mais tu vaguais à des pensées que tu ne devrais pas avoir. Est-ce qu'il pensait à toi comme tu pensais à lui, malgré tout ? Sans doute pas. Tu avais compris, en parlant avec ta jumelle, que la raison pour laquelle tu continuais d'y penser, c'était parce que tout ça n'avait pas vraiment de fin. Il était parti comme un voleur, t'avait envoyé une lettre, mais toi, tu n'avais pas eu ton droit de réponse. Est-ce que tu en voulais ? A quoi bon ? Ton coeur avait été brisé en mille morceaux, et tu essayais d'ignorer le fait que tu allais avoir besoin de temps avant de t'en remettre entièrement. Tu voulais passer à autre chose, sortir en boîte, rencontrer des mecs, être la nouvelle @dylan de Floride et coucher à tout va. Mais pour l'instant, tu bloquais.

Tu regardais ton téléphone. Tu avais son numéro, quand tout allait encore bien entre vous, c'est-à-dire il y a des années lumières d'aujourd'hui vous aviez échangé vos coordonnées, promettant de vous revoir après. Sans avoir aucune idée justement d'à quoi ressemblerait l'après. Tu regardais ton téléphone, son prénom, son numéro. Tu étais hésitante. Assise sur l'une des chaises de jardin, tu ne ressemblais à rien, portant un gros pull de laine, démaquillé et avec un chignon qui avait l'air de pas grand-chose. À cette heure-là il ne répondrait pas de toute façon, si ? Tu l'appelles, en facetime, l'envie de voir et de régler cette histoire une bonne fois pour toute. Un bip. Ce n'était sans doute pas le bon moment, mais ça te prenait aux trippes. Deux bips. Si après le troisième bip il ne répond pas, tu raccroches. Trois bips. Ok, bon, tant pis, tu... Son visage s'affiche. "Euh..." Tu te figes deux secondes, ayant perdu ton cerveau l'espace d'un instant. Tu ne savais plus comment tu t'appelais, ni où tu étais. "Salut... Je... Désolée... Je voulais pas te déranger, désolée..." Ton coeur fait des bonds à t'en arracher la poitrine, et ça en est tellement douloureux que tu raccroches finalement, sans le laisser dire quoi que ce soit. Son regard, ses yeux, même loin, avaient toujours de l'effet sur toi, et ça t'avait fait paniqué. Merde.

Le 8 août c'était l'anniversaire de son grand frère et ils avaient passé la soirée tranquille chez eux, dans leur maison familiale. Lee travaillait depuis quelques temps maintenant à la prison, et vivait à côté de son lieu de travail. Mais il repassait souvent à la maison, pour manger à l'oeil un bon repas préparé par son frérot ou profiter d'un gâteau offert par Yolande. Goliath ne disait rien et ne se plaignait jamais de son frère, même si parfois il aimerait qu'il fasse plus d'efforts et qu'il l'aide à garder la tête hors de l'eau, Lee lui versait régulièrement une partie de sa paie pour continuer à rembourser leurs dettes familiales. Ils menaient tous les deux le même combat : celui de repartir à zéro et d'enfin commencer une vie dont ils seraient fiers.

Ce soir, pas question d'une sortie en ville dans un restaurant. Après toute cette aventure mouvementée à laquelle Goliath avait récemment participé, Lee avait insisté pour passer la soirée au calme avec son frère et leur voisine Yolande bien sûr. Parce qu'un anniversaire sans un bon gros gâteau ça ne serait pas un anniversaire digne de ce nom ! Il voulait passer du temps avec son petit Goli' qui lui avait bien manqué durant ces deux longs mois. Il avait pu voir un petit frère revenir changé après ce jeu. Lee l'avait soutenu chaque semaine, voté en masse pour le sauver de l'élimination... il avait mené sa campagne sur les réseaux. Il s'était donné à fond ! Parce que remporter les 100 000 euros c'était un combat que Goliath ne pouvait pas mener entièrement seul. Et même si ça avait échoué, au final il avait au moins prit conscience que le petit brun était plus débrouillard et costaud que l'image qu'il s'en faisait.

La soirée avait été agréable, pleine de bonne humeur, de souvenirs, de nostalgie et de confidences. Goliath comme à son habitude passait son temps à amuser la galerie, provoquant bon nombre de fous rires. Lee se montrait un peu plus sérieux en parlant de son travail et offrant à son public des anecdotes croustillantes, n'oubliant pas au passage de donner des nouvelles de son fils à Yolande, qui allait le voir très régulièrement. Goliath n'en n'avait jamais eu le fin mot mais il se doutait bien pourquoi son frère avait subitement voulu aller travailler dans la prison de la ville : sans doute pour retrouver Greg et veiller de son mieux sur lui. Que le grand blond puisse se sentir entouré et soutenu dans son combat contre la drogue et dans cette épreuve qu'était la vie en prison.

Alors que Goliath terminait de ranger la vaisselle et que Yolande les quittait pour traverser le jardin et rentrer chez elle, Lee s'entretenait quelques instants avec son frère pour lui signifier tout le respect et l'admiration qu'il lui vouait. Pour tout ce qu'il faisait pour eux. Un instant émotion comme il n'y en n'avait plus eu depuis le décès de leur maman il y a un peu plus de quatre ans.

Après cet échange bienveillant mais plein de larmes mêlés aux rires, Lee était monté se coucher pendant que Goliath sortait sur le pas de la porte pour s'assoir sur les escaliers et profiter de l'air chaud des nuits d'été. Baladant son regard dans le ciel étoilé à la recherche de celle qui brillait le plus ce soir, il cherchait la présence d'une mère disparue.

Quand le téléphone sonne ! Il le sort vite de sa poche, inquiet de savoir qui pouvait bien l'appeler aussi tard dans la nuit et craignant que ce ne soit son directeur qui veuille de lui ce soir. Le nom de @Gemma s'affichait alors. Un premier bip et un regard d'incompréhension tandis que le silence de la rue venait d'être brisé en une sonnerie. Un deuxième bip. Il angoisse et ne sait pas quoi faire... il n'avait plus eu de ses nouvelles depuis son départ des Bahamas. Il avait vu les épisodes de OMB depuis son salon, et avait bien compris le mal être dans lequel il avait laissé l'avocate en l'abandonnant de la sorte seulement sept jours après avoir officialisé son couple avec elle. Il avait fait le con dans cette histoire et il le savait. Un troisième bip. Ne fuis pas Goliath, pas cette fois encore non ! Prends tes responsabilités et... Oui Allô ? Gemma ? Il sourit nerveusement (ça ressemblait plutôt à une grimace mais peu importe) et observe la jeune femme qui n'a pas l'air dans son assiette et qui bafouille quelque chose que Goliath ne saisit pas vraiment. Euh bah non non tu m'déranges pas on était en train de faire l'anniv de mon fr... Raccroché. Euh @Gemma ? Allô ? Il reste là, bêtement, face à un téléphone qui ne répondait plus.

L'avocate devait se sentir mal à l'aise de l'avoir appelé en pleine nuit mais il l'était encore plus puisqu'ils n'avaient pas pu échanger. Et il avait envie de l'entendre dire ce qu'elle avait sur le coeur. Il devait la laisser parler et écouter tout ce qu'elle avait à lui dire. Il lui devait bien ça non ?

Alors il l'a rappelait sans trop attendre. Et elle ne décrocha pas tout de suite mais finalement le visage angélique de la brune venait à nouveau envahir l'écran de son téléphone. @Gemma tu me déranges pas. J'attendais ton appel je... je voulais pas te brusquer et j'savais pas si tu voulais encore me parler alors euuuh... bah j'suis content que tu aies appelé. Il souriait, de façon sincère, et espérait que la brune trouverait la force de se libérer de tout ce qui lui empoisonnait la vie depuis qu'il avait mit son coeur en morceaux.

Tu ne sais pas ce qui te prend, mais tu regardes ce téléphone pendant longtemps, beaucoup trop longtemps, à te repasser dans la tête toutes les raisons pour lesquelles tu ne devrais pas l'appeler. La douleur que tu as dans la poitrine à chaque fois que tu penses à lui, la discussion que tu as eu avec ta soeur sur le fait qu'elle ne t'avait pas reconnu dans ta relation avec lui, les pleurs qu'il avait déclenché chez toi en partant, puis en t'écrivant une lettre qui t'avait tout bonnement détruite, toutes ces choses qui faisaient que tu n'arrivais pas à garder de bons souvenirs du binôme que tu avais formé avec @goliath. Et pourtant... L'irrépressible envie de l'appeler, là, maintenant, alors que tu te retrouvais seule, pour mettre un terme à tout ça, elle était bien là.

Tu l'appelles, tu vois son visage, tu entends sa voix, et tu prends peur. Tu raccroches, aussitôt. Posant ton téléphone sur le siège sur lequel tu étais assise, tu enfouies ta tête dans tes mains. Tu n'arrives pas à comprendre ce qui te prend, tu n'es pas prête pour ça, tu ressentais toujours la même douleur dans la poitrine, et ton coeur qui avait littéralement bondi en voyant son visage s'afficher alors que tu étais persuadée qu'il serait peut être couché à cette heure-là. Il fallait que tu aies cette discussion avec lui, mais était-ce vraiment le bon moment ? Sans doute pas. Il était une heure et demi du matin, tu étais fatiguée, tu avais un peu bu et tu n'arriverais jamais à garder ton objectivité face à lui. Même toi, tu ne comprenais rien ce que tu avais en tête, ce que tu pensais, ce que tu ressentais.

Mais tu sens ton portable vibrer, et quand tu le retournes vers toi, c'est son nom qui s'affiche. @goliath. Alors que tu avais réussi à te calmer, ton coeur se remet à battre très fort, trop fort. Tu fermes les yeux une seconde, tu prends une grande inspiration que tu relâches en une longue expiration. D'une main, tu essayes de remettre un peu d'ordre dans tes cheveux, et tu décroches, tenant ton téléphone devant toi, les écouteurs dans les oreilles. "D'accord..." te contentes-tu de répondre à ce qu'il te dit. C'est difficile, tu essayes de prendre les informations une par une, sans trop savoir quoi y répondre. "Je suis désolée, je sais qu'il est tard. Je ne pensais pas que tu décrocherais." commences-tu par dire comme pour te justifier. Tu ne sais pas quoi répondre au reste. Ta tête te disait qu'en effet, tu ne devrais plus avoir envie de lui parler après ce qu'il t'avait fait, mais ton coeur te disait tout autre chose. "Je... J'sais pas si c'est une bonne idée... C'est tout..." Tu n'arrivais pas à le dire, mais évidemment que ça te faisait aussi quelque chose de positif de le voir, là, même en le sachant très loin.

C'est extrêmement difficile d'engager une conversation avec lui, parce que même si tu le tiens pour responsable de tout ça, tu avais compris que lui jeter toutes les pierres n'arrangerait rien, ne t'aiderait pas à aller mieux et à passer à autre chose. "J'ai pas réussi à répondre à ta lettre... Ni à t'appeler en sortant... C'est trop compliqué..." Compliqué, ce serait presque un euphémisme tellement tout s'est bousculé dans ta tête depuis son départ de l'émission. Heureusement que ta soeur avait été là ces dernières semaines pour t'aider un peu. "Je sais pas quoi te dire, je ne sais même pas pourquoi je t'appelle précisément là, ce soir. Je suis tellement... énervée contre toi, et je nous en veux tellement d'avoir créé et laisser se développer cette situation..." C'est une phrase sans véritable fin, qui fait que ton regard fuit ton téléphone et son visage qui serait capable de te faire craquer et d'oublier toutes tes rancoeurs. Tu finis par secouer la tête avant de regarder de nouveau ton téléphone. "Comment tu vas ?" finis-tu par lui demander, comme pour... diluer la conversation à venir, qui, tu le savais d'avance, allait être pénible et douloureuse. Mais tu resterais calme, stoïque, et tu ne te laisserais pas gouverner par tes émotions, pas cette fois.

La dernière fois qu'il avait vu le visage de @Gemma c'était sur internet, dans un article écrit pas un magazine people et qui prétendait la naissance récente d'un couple formé par l'avocate avec @Milo. Il avait manqué s'égosiller suite à cette nouvelle et avait même espéré dans un coin de sa tête recevoir un coup de téléphone du beau coiffeur @Apollon. S'il n'était plus "en couple" avec le danseur et que Gemma avait tourné la page Goliath, peut-être que tout n'était pas perdu ? Mais force est de constater qu'il n'avait jamais reçu ce coup de téléphone...

A priori cet article était faux, sinon pourquoi l'appellerait-elle au beau milieu de la nuit ? Et surtout pourquoi aurait-elle raccroché ? Mmmh... Goliath se doutait que la nuit serait longue et qu'il allait en passer une bonne partie assis sous son porche. Il composait le numéro de la brune qui finissait par répondre. Il prenait la parole pour éviter qu'elle ne se sente angoissée à l'idée de le faire. Il tentait de lui ouvrir la voie pour qu'elle s'y engage.

Non mais t'inquiète il est pas tard... Il jetait un coup d'oeil à sa montre et il devrait déjà être couché à cette heure mais il se contente de sourire. On faisait l'anniversaire de mon frère, j'viens de finir de faire la vaisselle. Histoire de détendre un petit peu l'atmosphère gênante qui allait prendre place s'il ne faisait rien. Alors la brune semblait s'apaiser et prenait la parole. Elle n'avait pas réussi à répondre à sa lettre ni à l'appeler en sortant. L'asiatique hochait la tête pour montrer qu'il comprenait. C'est rien ça ! Je m'en doutais de toute façon. Si j'avais été toi j'aurais pas voulu me parler non plus. Elle ne sait pas quoi lui dire ni pourquoi elle l'appelait. Il haussait les épaules tandis qu'il entendait qu'elle était énervée. Il l'avait bien compris ça, en regardant les quotidiennes après son départ. Et il s'en voulait de l'avoir abandonnée comme ça, sur une île paradisiaque, pendant un séjour qui était sensé être leur premier voyage en tant que couple. Je vais pas me chercher d'excuses et j'suis prêt à entendre tout, absolument tout ce que tu aurais besoin de me dire. J'ai été nul du début à la fin et rien de ce que je pourrais dire ne sera suffisant donc... vas-y ! Il s'y était préparé et c'est normal qu'elle se libère de tout ça. Il voulait que la brune passe à autre chose et qu'elle construise quelque chose qui lui ressemble et qui lui fasse du bien.

Comment il va ? Oh euhh... ça va merci. J'ai eu une augmentation, mon patron a dit que les clients avaient doublés depuis l'émission. Et j'ai signé un contrat, j'serai dans la prochaine pub McDo. Chanmé hein ? Il demandait en souriant, essayant de ne pas trop s'évader même s'il aurait envie de lui raconter TOUT ce qui était arrivé dans sa vie depuis trois semaines. Il ne voulait pas lui étaler un bonheur qu'elle semblait ne pas avoir retrouvé. Tout ça à cause de lui... lui qui l'avait quittée après avoir parlé avec @Apollon. Le coiffeur était en miettes après le choix de Goliath et... il n'avait pas eu le courage de dire à Gemma que son coeur battait plus fort pour Apollon que pour elle. Il n'avait pas eu la force de casser le couple que ce dernier formait avec @Milo. Alors il était parti, prétextant ne pas pouvoir choisir entre eux deux. De la même manière que le new-yorkais avant lui lui avait fait croire qu'il ne voulait plus le voir. Oui, sauf que notre Goliath a l'accoutumé peu clairvoyant l'avait été un peu plus que le coiffeur, qui lui n'avait rien deviné de tout ça et qui ne l'avait jamais recontacté depuis, réduisant à néant ses chances de peut-être un jour entamer une vraie relation. Reprendre là où ils s'étaient arrêté, cette complicités, leurs moments à eux : au jardin, à la piscine, sur le balcon...

Non, tout ça, il ne pouvait pas non plus en parler à @Gemma. Il voulait qu'elle vive bien, qu'elle soit heureuse et pétillante comme au début du jeu. Et pour ça il devait s'écraser. Et toi ? Tu vis bien la sortie ?

C'est impossible pour toi d'expliquer pourquoi tu l'avais appelé. Mais tu l'avais fait, il avait répondu, et maintenant il était bien trop tard pour faire machine arrière. Il te rappelait et tu te devais de lui répondre. Si tu n'avais pas appelé la première, il ne t'aurait sans doute pas appeler du tout, ce qui te sert le coeur, mais tu avais franchi cette barrière, un peu malgré toi. Tu pensais que ton ressenti vis à vis de lui ce serait peut être calmé, ou estompé, mais de la manière dont ton palpitant s'emballe en le voyant simplement, tu en doutes finalement. Tu n'es pas dans le déni, tu sais très bien qu'une partie de toi à beau le détester, tes sentiments ne sont pas tous partis, malheureusement. Mais tu avais bien compris, comme il l'avait si bien écrit dans sa lettre, qu'il n'y aurait plus rien entre vous de toute façon.

Toi tu trouvais qu'il était tard. Du moins, ce n'était pas une heure pour appeler quelqu'un que tu n'avais pas vu depuis plus d'un mois. Un mois déjà. C'était passé si vite, et pourtant en même temps, le temps loin de lui t'avait paru si long, c'était une drôle de sensation. "Ah ok... Cool... Joyeux anniversaire à ton frère alors. On a dîné avec mes parents aussi ce soir, c'était sympa." Comme toujours avec ta famille. Malgré l'argent, tes parents n'étaient pas vraiment du genre hautains, ou coincés. Et avec une ou deux bonnes bouteilles de vin, vous passiez toujours de bons moments autour des plats de ta mère et du dessert toujours fait par ta soeur. Toi, tu étais plutôt proche de ton père, à mettre la table ou à faire le ménage. Doucement mais surement, vous en venez à parler du manque de nouvelle entre vous, et sa réponse te surprend un peu. "Pourquoi m'avoir écrit, dans ce cas... ?" tu lui demandes, simplement. S'il pouvait comprendre que tu ne voulais pas lui parler, pourquoi t'avoir envoyé une lettre qui t'avait poussé encore plus dans tes retranchements, complètement à bout, alors que tu allais déjà mal... Après réflexion, tu l'avais trouvé bien égoïste. A se décharger de tout ce qu'il avait à te dire, que ce soit à travers cette lettre ou bien quand il était parti, sans te laisser l'occasion de t'exprimer. Il a l'air près à t'écouter, mais toi, tu ne sais pas si tu es vraiment prête à lui parler. "D'accord. Mais je ne sais pas quoi te dire. Ni comment te le dire. La seule chose dont j'arrive à être certaine, c'est..." Tu marques une pause. "C'est que je pense pas que je puisse être ton amie... Encore moins ta meilleure amie..." Pas après tout ce que vous aviez vécu, pas après tout ce que tu avais pu ressentir, ce serait bien trop compliqué. Tu savais qu'il t'avait dit dans sa lettre que lui pourrait être ton meilleur ami, mais toi, tu n'en avais pas envie...

Histoire d'alléger la conversation, tu lui demandes comment il va. Tu souris discrètement. "C'est top ça, félicitations pour ton augmentation. Et ta marque de vêtements alors ?" tu avais le souvenir qu'il t'en avait parlé dans sa lettre, que tu avais décidé de ne pas ramener avec toi, préférant garder en tête un souvenir plutôt qu'une lettre physique. Mais vous en aviez tant parlé de cette histoire de goodies à ton effigie que tu t'intéressais sincèrement à savoir comment ça avait pu avancer. Il te retourne la question. "Oui, ça va, je suis rentrée en Floride retrouver ma soeur, et @milo a passé quelques jours avec moi avant de rentrer chez lui, c'était trop bien. Et là on est parti une semaine en Arizona pour retrouver mes parents. Je rentre à Orlando demain soir, et je reprendrais le travail mercredi, on verra comment ça se passe." Tu appréhendais ta reprise, c'était pour ça que tu t'étais accordée un peu plus de temps avant de reprendre. Mais tu avais eu ton responsable au téléphone et il était plutôt confiant et compréhensif, il allait t'aider et bien cadrer ton travail si tu en avais besoin. Tu débutais toujours après. "Mais j'avoue que le block me manque un peu. La piscine du block, surtout." ajoutes-tu sur une petite note d'humour, toujours dans l'idée de dédramatiser le fait que dans un coin de ta tête, c'était la dernière fois que tu lui parlais...

@Gemma avait passé la soirée chez ses parents. Donc son père n'était pas loin et pouvait à tout moment débarquer, s'emparer du combiné et l'insulter de tous les noms en direct parce qu'il a été méchant avec sa fille. Goliath ravalait sa salive, devenant tout blanc à l'idée même que cet évènement puisse réellement se produire. Ah bah cool ! T'as vu ta soeur aussi ? qu'il demandait alors, pour faire la discussion et parce qu'il la savait très proche d'elle.

Pourquoi lui avoir écrit ? Je t'ai écris parce que j'ai vu, quand tu parlais avec @Apollon, que t'étais dans le mal à cause de moi et... je me suis dis qu'en t'écrivant peut-être que ça t'aiderait un peu. Mais après j'ai vu que c'était encore pire alors j'ai dis il se racle la gorge pour donner une imitation de lui-même Non Goliath ! Stop ! À chaque fois que tu fais quelque chose c'est raté donc ne fait plus rien. Il se gratte l'arrière du crâne en pensant à toutes les conneries qu'il avait pu faire et à tout ce que la pauvre brune avait du subir par sa faute. Et j'ai compris du coup, que ce qui t'avais manqué, c'est que je ne te laisse pas t'exprimer... avoue-t-il finalement, en baissant les yeux, peu fier.

Elle ne savait pas quoi lui dire ni comment le dire. Si ce n'est qu'elle était sûre d'une chose : elle ne serait pas son amie, ni sa meilleure amie. C'est à cet instant que le visage de Goliath se fige et que ses yeux s'arrêtent net pour fixer droit devant lui. C'est là qu'il comprit l'objet de cet appel de la part de l'avocate et... Il acquiesçait d'un signe de la tête tandis que les larmes lui montaient. À quoi est-ce qu'il s'attendait après deux mois passés à lui promettre monts et merveilles, à la faire attendre, à lui dire que c'était elle qui faisait battre son coeur le plus fort avant de tout réduire à néant en partant comme un lâche (c'est comme ça qu'elle le voyait en tout cas) ? Il aurait voulu qu'elle passe l'éponge sur tout ça et qu'ils retrouvent leur amitié, ce lien qu'ils avaient fait naître durant les premières semaines du jeu, avant que Goliath ne se jette dans les bras du beau coiffeur @Apollon. Mais la brune semblait, pour une fois, prendre une décision qui lui serait bénéfique à elle : rayer de son existence l'asiatique bien trop maladroit.

Ce n'était pas un appel anodin, c'était un appel d'adieux. Leur dernière communication.

Goliath ravalait ses émotions et ne laissait rien transparaître, il faisait de son mieux en tout cas. Je vois... je comprend... hmm... oui... mais ? T... tu me donneras quand même de tes nouvelles non ? Genre... je peux au moins te suivre sur Insta ? demande-t-il dans un dernier espoir. Il ne voulait pas oublier Gemma... et il vivrait mal à l'idée de ne pas savoir ce qu'elle devient, même si pour ça il devait se faire discret et ne jamais commenter ou réagir à ses publications. Il le ferait volontiers si tel était le prix à payer. Mais comment l'oublier ?

Sa marque de vêtements. Oh ça oui oui j'y ai travaillé un peu mmmh. Son annonce d'avant lui avait miné le moral il n'avait plus trop la tête à parler de ça, même si c'était d'une discussion avec la brune que l'idée avait germé.
Je pense aussi faire des tee-shirts avec des citations chanmées un peu... faut que j'y réfléchisse. Inutile de préciser que Robin Williams serait une source d'inspiration énorme pour lui dans cette idée.

Gemma était rentrée en Floride avec sa soeur, et @Milo avait passé quelques jours avec elle. Il fait les gros yeux, sans rien dire. L'article qu'il avait lu était donc vrai ? Il ne le saurait pas tant qu'elle ne lui dirait pas, parce qu'il était sans aucun doute le garçon le plus mal placé pour se permettre de le lui demander. Ah ouais c'est chanmé l'Arizona ! J'y suis jamais allé non plus. Et il n'irait jamais à Orlando, ni chez Universal, ni dans les Everglades.

Elle avouait ensuite que le block lui manquait. Goliath haussait les épaules. Mmmmh... j'suis mitigé mais ouais, on a passé de super moments là bas et c'était chanmé. Ne garder que le positif ! C'était compliqué au vu de la fin de son séjour mais avec le temps les souvenirs se feront plus flous et il sublimera tous ces moments vécus, même les mauvais. Ah ouais moi je préférais la piscine à boules... mais c'qui m'manque le plus c'est la salle d'arcades !

Tu ne peux t'empêcher de sourire quand tu lui parles du fait que tu as passé la soirée chez tes parents autour d'un bon dîner. "Bien sûr, elle m'attendait à la sortie. Elle m'a tellement manqué. J'avais l'impression de retrouver une sorte de nouveau poumon en la revoyant. Je crois que ça va être compliqué de la quitter maintenant." réponds-tu en parlant de ta soeur. Cette dernière t'avait beaucoup manqué en étant dans le block. Tu avais essayé de faire l'émission avec elle mais ce n'était vraiment pas son truc. Là où toi tu étais friande de nouvelles aventures, elle aimait se complaire dans son petit confort. Et donc une émission de télé, non, c'était vraiment très peu pour elle. Mais de la retrouver la semaine dernière t'avait fait un bien fou !

Tu finissais par lui demander pourquoi est-ce qu'il t'avait écrit, et tu écoutais attentivement sa réponse. C'est vrai qu'au moment de ta discussion avec @apollon, tu avais un peu oublié que vous étiez filmés, et donc que @goliath, qui était sorti, pourrait tout voir... Il te dit qu'il a bien compris que ce dont tu avais manqué, c'était de ne pas pouvoir t'exprimer. "C'est pas que de ça, ce dont j'ai manqué..." Tu avais manqué de place. Tu avais manqué de son attention. Tu avais manqué de la place qu'il avait donné au coiffeur et qu'il avait, depuis le début, refusé de te donner. Tu avais manqué de la crédibilité de votre potentielle relation parce qu'il se tenait tellement à distance de toi qu'au final, même s'il t'avait dit qu'il te voulait, toi, vous n'aviez jamais réellement été en couple. "Et d'accord, je comprends. Mais j'aurais préféré que tu ne m'écrives pas." C’était sans doute difficile à entendre pour lui, mais c’était la vérité. Parce que tu avais beaucoup pleuré, tu avais passé une soirée horrible le mercredi, où @mara t'avait ramassé en miettes... Horrible.

Tu finis par lui dire que la seule chose, finalement, dont tu étais certaine, c'était que tu n'arriverais pas à être son amie, encore moins sa meilleure amie, comme il avait pu te le demander dans sa lettre. "Goliath..." lâches-tu parce que tu vois son visage changer. Tu as peur, tu prends peur. Tu ne veux pas qu'il réagisse mal, même si tu comprendrais pourquoi, mais tu veux que cette discussion soit... Différente de celles que vous aviez pu avoir dans le passé, les disputes de gamins, ou autre... "C'est pas ce que je dis, oui, tu peux me suivre sur Insta si tu veux ça m'est égale. C'est juste..." A ton tour, tu détournes le regard en ravalant ta salive. Bordel, qu'est-ce que c'est difficile... "Je peux pas. Y a trop... De choses... Là-dedans..." lui réponds-tu en le regardant et en posant ta main sur ton coeur. Tes sentiments, ton manque de lui, tes espoirs... Tout ça était resté en toi, malgré tout, et c’était mélangé à l’énervement, à la haine de l’avoir vu partir, te laissant seule il y a quelques semaines de cela. Tu étais hésitante, tu avais du mal à trouver tes mots. "Je sais pas... Je ne me vois juste pas devenir ton amie à l'heure qu'il est. Plus tard peut être, ou non, je ne sais pas. J'en sais rien. Pardon..." Tu ne sais tellement pas que faire de cette situation que c’est très difficile de lui expliquer ce que tu voudrais. Sans doute parce que toi-même, tu n’es pas sure de savoir ce que tu veux réellement.

Finalement, et pour relâcher un peu la tension présente entre vous, tu lui demandes de ses nouvelles, et tu en profites pour lui parler de sa future marque de vêtements. Vous en aviez parlé plusieurs fois et même si c’était un peu partie comme une blague, au final, toi tu y croyais vraiment, et tu étais contente de voir que lui semblait y croire aussi puisqu’il s’investissait. "Je suis certaine que ça sera un énorme carton." Lui réponds-tu avec un sourire en enfouissant ta tête dans ton pull parce que la température s’était un peu rafraîchit en cette fin de soirée. Il te demande de tes nouvelles, et tu lui racontes assez brièvement tes quelques jours passés avec @milo, ainsi que ton arrivée chez tes parents en Arizona. "C'est vrai ? C'est pas très loin de chez toi pour le coup. Beaucoup moins loin que la Floride. Mais beaucoup moins sympa aussi. Enfin, c’est un charme différent…" Tu aimais bien venir chez tes parents, c’était là que tu avais grandi, après tout. Mais c’était plus dans la campagne, par rapport à la vie que tu menais à Orlando et que tu ne changerais pour rien au monde.

Tu finis par lui dire que le block te manque, et il dit que pour lui, c’est un peu mitigé. Tu comprends, et tu es même d’accord. Les disputes, les pleurs, les nerfs mis à vif… Tu ne voudrais pas revivre ça. Comme l’avait dit ta sœur, le block t’avait beaucoup changé, et tu étais contente d’avoir retrouvé ton naturel, finalement. Mais avoir une piscine à disposition, c’était quand même bien sympa. "Ca te tenterait pas de te faire une piscine à boules chez toi ? Ou une salle d'arcades ? Ou genre dans les bureaux de ta marque de vêtements ?" Au vue de la personnalité de l’asiatique, c’était selon toi totalement quelque chose qu’il pourrait faire, et ça ne t’étonnerait pas le moins du monde. Un petit silence s’installe, et tu le regardes simplement, tu pourrais passer des heures comme ça. Ca te frustrait, parce que malgré tout le mal que tu avais pensé de lui, de te retrouver là, face à lui, et pourtant à plusieurs centaines de kilomètres, ça te calmait. Ca t’apaisait. "C'est pas le seul truc qui me manque du block, tu sais... Tu me manques aussi... Les deux dernières semaines, sans toi, c’était… très différent…" tu finis par briser le silence en te confiant timidement à lui. Tu savais que tu ne changerais pas d’avis pour le moment, devenir son amie, ce serait trop difficile pour toi, et jusqu’ici, tu n’avais pas vraiment essayé de faire attention à toi dans cette relation. Mais la fatigue fait que tu te laisses quand même aller dans cette petite confidence, infime et sans importance, puisque tu ne le reverras sans doute plus après ça.

La relation qu'entretenait la brune avec sa soeur était solide, et Goliath avait à de nombreuses reprises tenté de lui remonter le moral quand l'absence de sa frangine avait refait surface dans le block. Ils avaient eu tous les deux bon nombre de discussions sur les liens qu'ils entretenaient avec leur famille. Gemma et sa soeur, Goliath et son frère. C'était un super duo ces deux là, malheureusement tout est en miette aujourd'hui et ne leur reste que leurs souvenirs de cette ancienne époque pour se consoler.

L'avocate pointait du doigt le fait qu'elle n'avait pas manqué "que de ça", que d'un droit de réponse. L'asiatique comprend sans détour ce qu'elle était en train de lui dire et il acquiesçait en fermant les yeux, plein de remords en repensant à toutes les souffrances qu'il avait fait naître. Je suis désolé alors, je n'aurais pas dû t'écrire... Il comprenait que lui envoyer une lettre n'avait sûrement pas été la meilleure idée qu'il aie pu avoir. Comme toutes les autres elle avait été maladroite et ça n'avait rien arrangé, au contraire. Je te présente mes excuses Gemma. Les larmes lui montaient mais il les retenait de son mieux parce qu'il n'avait pas à se placer en victime dans cette histoire, le bourreau c'était lui, et ça depuis le début. Et s'il devait être jugé pour les crimes qu'il avait commis, il devrait se trouver quelqu'un d'autre que l'avocate pour le défendre.

S'en suit l'instant tragique, le moment où au détour d'une phrase il comprend qu'elle l'appelle pour lui dire au revoir. Mais effacer de sa vie la petite brune s'avérait être une chose qu'il ne s'imaginait pas possible ou envisageable, lui dont la phobie première était de perdre un être cher. À défaut de l'avoir près de lui Goliath souhaitait au moins garder un oeil sur sa copine. Et si un abonnement Insta ne la dérangeait pas, être son amie si. Gemma faisait comprendre à l'asiatique qu'elle avait trop de sentiments pour lui pour qu'elle envisage autre chose à l'heure actuelle. Les larmes étaient difficiles à contenir pour lui mais il ne montrerait rien. Quand bien même, en bougeant son téléphone il se plaçait de façon à un être plus à contre jour, laissant à Gemma la vue de l'éclairage de son porche plutôt que ses yeux rougissant de peine. Non, je comprend Gemma. Et sache que toutes les excuses du monde ne seront jamais suffisantes pour te faire savoir à quel point je m'en veux d'avoir été comme j'ai été dans le block. Pardon Gemma... je ne voulais pas que ça finisse comme ça. J'espère que tu arriveras à te reconstruire. Vraiment. Sa voix tremblait, il ravalait sa salive et fermait les yeux pour se calmer.


Si la marque de vêtements et goodies sur laquelle Goliath commençait à travailler emballait l'avocate, elle partageait son point de vue sur la Floride, un endroit chanmé mais pas autant qu'Orlando. Ouais j'vois. Bah ça doit être un peu comme ici quoi. Walla Walla n'était pas une de ces grandes villes qu'on trouve sur les cartes. Il fallait s'approcher avec une loupe pour la trouver.

La discussion était plus légère quand ils parlaient de leur nostalgie concernant l'émission et le lieu dans lequel ils avaient vécus pendant ces deux longs mois. Ah ouaiiiiis genre si un jour j'ai mon entreprise t'as trop raison ! J'fais un open space détente avec une piscine à boules et un toboggan ahaha. Mais non chez moi j'peux pas c'est trop petit. Sauf si je vide la cave, mais quand il pleut trop parfois y a de l'eau sur les murs donc j'sais pas si c'est une bonne idée la salle d'arcades. Ça va finir comme dans Tron le jeu va partir en sucette j'vais me retrouver sur une moto virtuelle et on viendra me sauver de là vingt ans plus tard... l'horreur. Tu connais Tron ? C'est un film. Y a eu une suite même ? Je préfère la suite d'ailleurs les effets sont mieux réussis c'est trop chanméééé. Il parlait en tant que passionné et ça lui avait fait évacuer la pression. C'était à ça qu'une discussion entre eux pouvait ressembler : une suite d'alternance entre sujets sérieux et sujets plus fun et décalés.

Finalement la brune termine en avouant qu'il lui avait beaucoup manqué dans la block. Il souffle et rapproche son téléphone de son visage. Ouais, et moi je vous suivais depuis ma télé tu sais. J'ai rien raté... Mais je peux t'assurer que c'était horrible aussi, de te savoir là-bas, aussi mal... Je pouvais rien faire d'ici et, je m'en suis voulu d'être parti. Parce que tu m'as beaucoup manqué aussi, mais j'voulais pas t'envahir à ta sortie. J'voulais te laisser le temps dont t'avais besoin pour... il ne termine pas sa phrase, mais elle comprendra que le mot qu'il voulait prononcer était : pour m'oublier.

Tu sentais bien qu’il était désolé, qu’il l’était sincèrement et qu’au final, il n’avait pas voulu te faire de mal. Tu le savais, mais c’était un peu… rassurant de voir dans ses yeux qu’il était aussi honnête. Il est vrai que quand il était parti du block, comme ça, sans te laisser le temps de t’exprimer, ou même simplement de lui dire au revoir, tu t’étais dit que tu t’étais bien trompée sur l’asiatique. Et de voir, même en étant loin de lui, qu’il semblait se sentir mal vis-à-vis de cette situation, ça te rassurait un peu. Mais d’un autre côté, tu n’avais pas envie qu’il se sente mal… C’est assez compliqué. "C'est rien... Je t'en veux pas, pas du tout..." Bien sûr que tu acceptais ses excuses… Au moins, ça te permettait de ne pas regretter de l’avoir appelé. Tu lui expliques d’ailleurs, qu’une des choses dont tu es sûre, et plus ou moins qu’une des raisons pour lesquelles tu te devais de l’appeler et de lui parler, c’était parce qu’en réponse à sa lettre, tu ne te sentais pas de pouvoir être sa meilleure amie, ou son amie, comme il te l’avait demandé. Il est compréhensif, bien sûr. C’est Goliath. Mais tu trouves qu’il en fait un peu trop. "Mais oui, ne t'en fais pas. Je suis loin d'être au fond du gouffre ou tout ça, ça ira..." rajoutes-tu pour le rassurer un peu, avec un léger sourire. "Mais soit pas aussi dure avec toi. Non, j'ai pas aimé ta manière de te comporter, et surtout de partir. Mais je suis pas énervée contre toi, ou du moins pas au point de t'en vouloir, ou de dire que tu m'as détruite tout ça. Je sais que j'ai pu avoir des mots où des réactions assez fortes dans le block... Mais en vrai... C'était pas vraiment moi, et je m'excuse s'il y a des choses que j'ai pu dire qui t'ont fait te sentir mal. Ce n'était pas ce que je voulais." A ton tour, tu admettais que tu n’avais pas vraiment été correcte. Surtout lors de ta discussion avec @apollon. Tu t’étais tellement énervée… Tu n’avais même pas osé te regarder en replay tellement tu savais que ta réaction avait été décevante. Bref… L’essentiel, c’était qu’il se rende bien compte que tu savais qu’il n’était pas le seul responsable de tout ça.

Vous en veniez à parler finalement de sujets plus légers, et ça te faisait du bien aussi. Parce qu’il était quelqu’un que tu appréciais vraiment, et tu n’avais pas envie qu’il y ait trop de tension entre vous. C’était déjà bien assez difficile d’avoir l’impression d’être en train de lui dire adieu, tu ne voulais pas que ça empire. Vous parlez de ce que vous faites en ce moment. Lui est à Walla Walla, bien sûr, et tu lui dis que toi tu es chez tes parents, en Arizona. Ca te surprend un peu qu’il ne connaisse pas, c’est assez proche de chez lui pour le coup. "Sans doute oui. Je..." Tu te coupes net, comme si de rien n’était. Tu t’apprêtais à lui dire que tu le préviendrais la prochaine fois que tu serais dans le coin pour qu’il puisse découvrir la région… Mais ça n’allait pas avec le but de cet appel. Alors tu coupes ton réflexe et le lance sur autre chose, sur ce qui te manque dans le block, surtout les équipements du block. Toi la piscine te manque, mais lui, sans grande surprise, c’est plutôt la piscine à balles et la salle des arcades. Et Goliath, dans toute sa splendeur, commence à parler de mille choses en même temps. Déjà que c’est difficile à suivre quand tu es en face de lui, mais là, via un téléphone, c’est pire. Quand il a terminé, tu ne peux t’empêcher de rire franchement. "Quoi ?" Il parle de piscine et de sa cave, et d’un film ? Tu n’as rien compris. Tu te réinstalles dans ton siège avant de le regarder en souriant. "Non, non, je ne connais pas du tout. C’est… Un film de moto du coup ou… ?" Tu n’étais pas trop sûr d’avoir compris de quoi est-ce que ça parlait parce que tu t’étais un peu perdue dans ce qu’il t’avait dit. "Et tu comptes pas changer d'appartement, te trouver quelque chose de plus grand avec ton frère ? Ou au moins, avec une cave qui ne prend pas l’eau ?" Goliath avait réussi à valider une partie de sa cagnotte, et tu savais qu’il allait pouvoir se faire de l’argent, avec sa marque de vêtements notamment. Il t’avait dit qu’il avait des dettes à payer en priorité, mais tu espérais franchement qu’il prenne également le temps de se faire plaisir et d’améliorer son niveau de vie parce qu’il le méritait vraiment.

Finalement, tu te livres au brun en lui confiant qu’au-delà de la piscine, c’était lui, surtout, qui t’avait manqué. Surtout ces deux dernières semaines de block, et même depuis. Après avoir partagé autant de temps et autant de choses avec lui, de ne plus avoir de nouvelle, de te sentir loin de lui, ça t’avait fait beaucoup de mal, et le manque avait été bien présent. "Je voulais pas que tu t'en veuilles..." Tu ne voulais rien de tout ça en réalité, tu aurais aimé que tout soit plus simple, dès le début et tout au long de l’aventure. Il te dit que tu lui as manqué aussi et ton petit cœur se resserre. C’était typiquement le genre de phrase qui pouvait te redonner un peu d’espoir, mais il était hors de question que tu effaces tout ce sur quoi tu avais travaillé ces derniers jours. Il ne finit pas sa phrase, mais tu comprends bien. "C'est pas ce que je veux... T'oublier... C'est juste..." Tu prends comme une grande inspiration en te recroquevillant sur toi-même, regardant ton téléphone et Goliath dans les yeux. "J'ai beaucoup de mal à l'exprimer, ou à mettre des mots dessus. Mais je crois que j'étais dans le dénie dans le block. Je pense que j'ai voulu me faire croire que tu me plaisais, mais c'est tout, parce que j'avais pas envie d'avoir à gérer le fait que j'avais de vrais sentiments pour toi. Parce que j'avais pas envie de m'attacher à qui que ce soit. Parce que j'avais pas envie d'être au milieu d'une romance comme c'est pas du tout un truc que je kiffe de base." Tu es très loin d’être romantique. Tu as beau avoir un grand cœur, pour en trouver la clé, il faut travailler dure, et ramer. Tu ne tombes pas comme ça pour un garçon. Et tu n’arrivais pas à comprendre pourquoi avec lui, ça avait été différent. "Mais avec le recul, je me rends bien compte que j'étais amoureuse de toi. Que je suis toujours amoureuse de toi. Que je t'aimais bien plus que je n'aurais dû et que je t'aime toujours. T'es le premier mec pour qui j'ai pu ressentir ça depuis la rupture avec mon ex et ça m'a fait peur, donc je préférais ne pas en dire trop. Et te laisser vivre ce que tu voulais avec @apollon. Parce que je me sentais pas prête de toute façon, et que j’aurais pu te faire mal, du moins… C’était ce que je pensais. Mais ça ne sert plus à rien de le réaliser maintenant seulement." Au final, en regardant certains extraits, ce que tu retenais, c’est que tu n’aurais jamais dû faire confiance à @apollon. Tu aurais dû te battre pour Goliath, lui montrait que tu valais bien mieux que lui. Lui prouver que toi, tu aurais su te contenter de lui sans avoir à coucher à droite à gauche avec les différents membres du block, encore moins après lui avoir dit que tu l’aimais. Le coiffeur t’avait surpris très désagréablement. Et si tu avais su ça avant de savoir qu’il avait joué avec Goliath comme il avait pu jouer avec @milo, tu te serais peut être plus mise en avant. En vain… "C'est pour ça que je préfère... Prendre mes distances avec toi. Pas parce que je veux t'oublier, au contraire, j'en n'ai pas envie et je n'y arriverai pas de toute façon. Juste... Pour oublier ce que je ressens là, pour toi, et qui m'empêche de pouvoir être une vraie amie..." finis-tu en te pinçant la lèvre, en venant essuyer de la manche de ton pull une petite larme qui se formait au coin de ton œil. Tu souris nerveusement en regardant l’asiatique. "Mais c’est comme ça, et c’est pas grave. Et peut être que, je sais pas moi… Dans dix ans on se retrouvera, et on aura pleins de choses à se raconter, et ça sera juste… Plus simple. Pour nous deux. Et là on pourra être amis sans doute. Et ce sera bien plus chanmé." dis-tu en reniflant doucement avec un petit sourire, les yeux mouillés, te cachant un peu dans le col de ton pull. Au moins c’était dit, et tu n’aurais plus de regret de ne pas lui avoir clairement dit les choses, même si maintenant, il allait aussi falloir lui dire au revoir, ou peut être adieu.