08.09, 16h00 (none for you w/bianca)

Isn't it funny
How the tables turned right in your favour?
You really pushed your luck, babe
- @bianca -

On-t-il placé la mer là pour moi ? Je m’étais persuadé que je n’aurais pour vue que les buildings écrasant de New-York. Et si je crois que certains sont un peu déçu de ne pas avoir le standing new-yorkais, moi je le troc bien volontiers pour l’air de la mer. Et le grimpe autant que je le peux jusqu’à la terrasse pour laisser les embruns réveiller mes sens, taquiner mon nez et raviver les souvenirs de chez moi. Bien sûr, la mer ici n’est pas celle de chez moi. N’a pas le charme de la Méditerranée, mais elle me berce le soir quand je viens fumer la dernière clope de la journée. Je quitte la ligne azurée de la mer pour m’installer de nouveau sur les canapés blancs, récupérant au passage le téléphone que la production nous a assigné pour partager des clichés de notre vie ici. Et ça m’angoisse de me dire que ma cousine ne sera pas là pour m’aider, m’orienter, m’expliquer les hashtag. J’ai survécu les quelques jours loin d’elle, en commentant ici et là, sans trop savoir ce que je faisais, persuadé de casser ce monde virtuel de l’internet avec des formulations ou des expressions qui ne sont pas de ce temps. Et pourtant j’ai survécu. Je tiens le téléphone comme s’il m’était étrangé, fait défiler les pages des candidats avec maladresse. Ce n’est pas pour moi, je vais devoir faire des efforts incommensurable. J’ai déjà la flemme. La flemme de m’y intéresser, la flemme de prendre des photos, d’écrire quelques mots. Je préfère vivre l’instant, garder le souvenir à travers des carnets de dessins ou des photos argentique que je développerait que plusieurs années après, laissant les rouleaux de films trainer dans un tiroir de de la cuisine. Elle, elle connait bien tout ça. @Bianca, que j’observe arrivé de sa démarche assurée. Elle a sa notoriété, il parait. Je n’en sais rien, je n’y connait rien à tout ça. Mon monde il se passe dans la nature, avec les fleurs, avec la mer. Je n’ai pas d’idole, à part mon frère. Et j’expulse un sourire maladroit. « J’ai besoin d’une coach. » Je formule, agitant le téléphone dans sa direction. « Tu m’as l’air experte. » Je crois. Vas-t-elle bien vouloir partager sa science avec moi ?

Déjà trois jours passés au sein du block et déjà un sentiment d’étouffement dans ce block plus petit encore que son garage à Los Angeles. Mais Bianca était dans le flop 3 du premier prime et elle se devait, à défaut de réussir à séduire les candidats et candidates, rester dans les chouchous de Georgie (@Le Proprio). Pour se faire elle allait et venait régulièrement au confessionnal pour rapporter les choses qui auraient pu échapper à Georges et évidemment elle en profitait pour critiquer ses camarades et vanter la beauté de ce block d’Atlantic City.

Elle montait alors jusqu’à sur la terrasse surplombant l’air marin à la vue imprenable (vu la ville de plouc elle pouvait s’estimer heureuse de ce qu’elle avait) et voyait @Violette assise sur un canapé blanc. Démarche de mannequin, lunettes de soleil sur le nez et cheveux volants au vent, elle arrivait au niveau de la candidate en souriant.

@Violette, cette fameuse candidate pratiquant le topless dès les premières heures passées ensemble dans les coulisses et qui lui avait volé son @Gabriele au bout de trois minutes cinquante de conversation ? Cette même Violette la, une folle absolue, qui lui demandait de l’aide sur les réseaux sociaux ? Si elle se voulait honnête, Bianca avouerait dignement ne pas s’y connaître tant que ça. Mais dans cette situation il serait préférable de dire : Oh mais bien sûr chérie ! Dis moi tout, quel est ton problème ? jouer à l’ignorante. Faire celle qui ne comprend pas. Jouer à la potiche, tout simplement ! Non non ne dit rien laisse moi deviner ! Tu veux une recette de Mojito digne de ce nom ? Ou non je sais je sais... tu as perdu la chemise que @Gabriele t’a donnée et tu veux que j’aille lui arracher la sienne pour remplacer la première ? Mmmh non trop violent pour toi ça... oh... c’est pour les réseaux sociaux ?

Je crois que ça fait parti du jeu, que d’être actif sur cette plate-forme qui ne montre ni vérité ni mensonge. Mais je n’ai pas les clés, les armes pour tout ça. Lena elle savait faire, je pouvais compter sur elle. Ici je n’ai pas ses conseils et son esprit alerte pour ce genre de choses qui ne m’intéresse pas. J’ai réussis à me débrouiller, poster quelques trucs, répondre ici et là. Mais je suis du genre à oublier, à préférer avoir la personne en face et à ne pas comprendre l’impact d’un like. @Bianca qui arrive avec sa démarche de star, doit savoir faire, plus que moi en tout cas. Alors je lui demande de l’aide, à ma façon. Et elle me répond avec gentillesse, j’ai l’impression. Je ne sais pas comment Gabriele arrive dans la conversation. « Non. » Je répond, beaucoup trop premier degré, je n’arrive pas à lire l’ironie. « Oui. » J’ajoute quand elle arrive à la conclusion qu’il sait d’un coup de main numérique et non quelque chose qui est en rapport avec un homme. Elle m’a déconcerté, je ne suis plus sûre de vouloir de son aide finalement. Parce que je pense à cette chemise qu’elle s’imaginait arracher sur Gabriele. Et je comprends pas, y a-t-il une référence caché ? « Ma cousine gérait les publications et tout. » J’essaye de reprendre le rythme de mes idées, essayant de savoir si elle souhaite réellement m’aider ou se moquer. Je suis entre les deux. Trop naïve pour comprendre directement, trop éphémère dans sa vie pour réellement m’en inquiéter. « Est-ce que je dois poster tous les jours ? Est-ce que c’est important de liker les photos ? Est-ce qu’on peut faire des vidéos ? Est-ce que ce truc va exploser si je fais une bêtise ? » La dernière question est clairement la plus importante. Je ne suis pas à l’aise avec l’idée de l’avoir dans ma poche, de devoir y penser. « Montre moi comment on fait. » Ça aussi c’est important, parce que j’oublie. Parce que ça m’éprouve. Et j’attends, de savoir si cette demoiselle a autant d’altruisme qu’elle a d’orgueil.

S’il était sûr que @Violette n’y connaissait rien en réseaux sociaux, il était maintenant acté qu’elle ne maîtrisait pas non plus le second degré et l’humour. Bianca comprenait donc que le petit manège de la brune lors de sa séquence hot dans les coulisses n’était en rien prémédité. Elle était juste nature. Elle soupirait intérieurement face à une Violette qui se débattait avec cette fichue tablette. Et ta cousine elle t’a pas montré comment ça marchait ? La blonde essayait de suivre et d’ intégrer toutes les questions de sa nouvelle amie. Comme je te l’ai dit, je ne suis pas la mieux placée pour t’aider mais... je ne pense pas qu’ici poster chaque jour soit nécessaire. Soit juste présente physiquement dans le block et au moins tu feras meilleure impression qu’un @Walter présent sur les réseaux mais détestable à souhait. c’ était le meilleur conseil qu’elle pouvait lui donner. Et si jamais ton « truc » venait à exploser... qu’il ne le fasse pas quand je suis là ! ordonna t elle avec le sourire. Elle lui demandait de lui montrer comment faire. Et merde... viens là !

...

Et voilà comment on poste une photo. Tu veux que je te montre comment liker aussi ?

...

Euh oui je suppose que tu peux faire ça... je crois

...

voilà ! T’es fin prête pour devenir influenceuse. Bianca était exténuée. Elle souriait à une brune sur le qui vive.

Bien sur ma cousine m’avait fait la leçon, elle m’avait expliqué comment ça fonctionne. Mais en réalité je n’avais rien écouté, parce que trop intéressé par autre chose, certainement le feuilles d’un arbre ou autre chose de plus intéressant que du contenu numérique. « J’ai pas écouté. » Ce qu’elle disait. « Elle a l’habitude. » J’ajoute tout de même avant qu’elle me mette dans la catégorie des mauvaises cousines/amies. Même si le faite qu’elle ait l’habitude de me connaitre la tête dans les étoiles, ne justifie pas vraiment mon manque d’attention pour Lena à ce moment là. Je ne l’avais pas entendu dire qu’elle était pas la mieux placé pour m’aider, je devais être ailleurs encore une fois. Comme là, alors qu’elle finit par répondre tout de même à mes questions. Le coussin, il a presque la forme des falaises d’Orpierre là, et ça me fend le coeur de ne plus les voir tous les jours. Walter ? Qu’est-ce qu’il faut dans la conversation ? « Tu l’aimes pas toi non plus ? » Je ne m’inclue pas là dedans, parce que je pense qu’il provoque plus qu’autre chose et pour l’instant ça glisse sur moi, sans aucune incidence ou inimitié. Je la dérange, alors je n’insiste pas quand elle ajoute que si ça devait exploser, autant que ce soit loin d’elle. Alors je suis prête à oublier cette conversation, me démerder toute seule. Finalement elle semble se laisse attendrir. Alors je lui glisse le téléphone. Elle explique, j’essaye de me concentrer. D’écouter, de ne pas faire comme avec Lena. Mais c’est difficile, par ce que je vent de la mer se lève. Il me chatouille les narines, me parle à l’oreille. Et j’ai envie de m’échapper, d’oublier le numérique, de danser sur la terrasse. Et j’arrête de regarder, pour essayer de suivre le vent, un sourire béat sur le visage. voilà ! T’es fin prête pour devenir influenceuse. Mince. « Merci. » Je balbutie, sachant qu’elle n’aura pas la patiente de m’expliquer les choses une seconde fois, parce que j’ai préféré discuter avec le vent que de l’écouter. « Tu chantes à qui ? Moi je chante à mes plantes, mais je ne chante pas très bien. » Je change de sujet, intimité par sa personnalité. Elle va certainement encore me donner un ordre à un moment donné, et je suis trop libre pour l’écouter. Puisque je me souviens qu’elle est à Broadway, je lui parle de chant. Mais peut-être qu’elle danse ? Je ne sais pas comment ça fonctionne.

Même si Bianca ne comprenait pas son délire de droguée, elle classait @Violette chez les gentils. Donc elle ravalait son égo et ses manières pour l'aider. Elle était dans le pétrin la fille et elle ne pouvait pas la laisser comme ça ? Et écouter les conseils qu'on lui donnait n'était apparement pas facile pour la brune dont l'attention était semblable à celle de son fils de cinq ans. Si j'aime @Walter ? Assurément ! Qu'est-ce qu'il me divertit, j'adore le provoquer. Elle paraitrait peste aux yeux de Violette en disant ça, mais elle s'en fichait. Je ne comprend décemment pas sa stratégie, et le pire dans tout ça c'est que je suis certaine qu'elle va fonctionner. Walter était déjà un Finaliste désigné, quel public de télé-réalité digne de ce nom refuserait de soutenir un tel énergumène ? Il leur apporte les désaccords, les clash, les disputes et de bon gros fous rires. Toi t'es pas comme ça, je me trompe ? Le jeu, les coups fourrés et les trahisons... tu préfères le soleil et le vent dans tes cheveux ?

La petite session apprentissages des réseaux sociaux est terminée. Bianca remarque une Violette un peu à l'ouest et ne sait pas vraiment si tout ce qu'elle vient de mettre en oeuvre pour la sortir de ses lacunes évidentes aura été utile ou pas. À qui est-ce que je chante ? La blonde sourit, quelque peu surprise par la question qui sortait de nuk part. À mon fils, Carl. Je chante aussi sous la douche. Dans la voiture. Sur scène. Violette chantait à ses plantes mais affirmait ne pas chanter très bien. Ma grand-mère me disait toujours que la seule justesse venait du coeur ! Je suis sûr que cette phrase te parlera mieux qu’à moi d’ailleurs.

Bianca s’adossait au dossier du canapé de la Terrasse pour porter son regard sur l’horizon calme de ce milieu d’après-midi. Finalement, respirer cet air là lui serait sûrement plus bénéfique que celui de New-York qu’elle connaissait déjà par coeur. Tu viens d’où et tu fais quoi dans la vie ? demanda-t-elle une première fois à la brune déjà perdue entre le vent léger et le chant des vagues. Et plus important encore, où es-tu en ce moment et où est-ce que tu vas ?

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