Toutes les activités étaient réunies à l'intérieur du block pour que nous passions de bons moments à l'intérieur. On ne va pas se mentir, on manque de rien, ici. Il y en a pour tout les goûts, entre les espaces culturels tels que le cinéma ou les choses un peu plus physiques comme de l'accrobranche ou encore le kart, je me demande bien ce qu'on peut envier à l'extérieur. Continuant ma visite à travers les lieux, je tombe très rapidement sur un couloir remplis d'écrans de télévision, et je ne vais pas cacher que j'ai hésité à continuer ma course. Qu'est-ce qu'on est sensés voir, là dessus ? Ça me fait peur, ce genre d'endroit. Je n'ai pas envie d'espionner mes camarades, supposons qu'on ait accès aux caméras dispersées à l'intérieur du block, tout simplement car cela relèverait du voyeurisme - déjà que des millions de téléspectateurs peuvent contrôler le moindre de nos faits et gestes à l'extérieur, je n'ai pas envie de faire la même chose. Et puis, je n'ai pas envie de tomber sur des images horribles, c'est vrai, qui sait que nous ne sommes pas dans un lieu sadique rempli d'images subliminales. Bref, c'est après avoir marché quelques centimètres un peu timidement que la lumière des écrans me tape déjà les rétines de manière assez violente. Il faut que mes yeux s'habituent, j'imagine. Mon regard plissé parcourt les écrans, la tête sur le côté - je n'ai pas confiance en ces choses là. Je me rends très vite compte, en effet, que j'ai affaire à des images totalement aléatoires, entrecoupées parfois d'images de ce que j'imagine être la saison précédente. Rien de choquant, donc. Les bras croisés, je m'apprêtais à quitter le couloir lorsqu'en me retournant je tombe nez à nez avec @Jules. Je sursaute à sa vue, plus par surprise qu'autre chose. « T'es un fantôme ou quoi ? Je t'ai pas entendu arriver ! » Faut dire qu'il est grand, le bonhomme, enfin pas particulièrement mais mon mètre soixante s'incline suffisamment pour que j'ai l'impression de faire face à un géant. « J'espère que t'as pris des lunettes de soleil ou des cachets pour la tête, parce que ça tabasse, ici. » Je ne suis là que depuis cinq minutes mais j'ai déjà les yeux brûlés à je-ne-sais quel degrés.

Je reconnais donc @Jules, le candidat avec qui j'avais fait mon entrée. Et que j'avais d'ailleurs abandonné lâchement au profit de ma toute nouvelle équipe. Faut dire que j'étais pas la plus à l'aise ce soir là et, je sais pas, je pensais me sentir plus en sécurité avec les membres de ma team. Non pas que Jules ne m'inspire pas confiance, hein. Nous sommes donc tous les deux là, au milieu de ces écrans, tous allumés - bonjour la facture! - et sa question me fait sourciller. « Chétive ? » Les bras croisés, je regarde en l'air, une petite moue interrogative sur mon visage. « Ah oui, ça. » Il fait donc référence au prime d'introduction où nous avions du choisir un adjectif nous qualifiant. Je le laisse continuer lorsqu'il dit que j'ai l'air plus calme que les autres candidats. Je souris. Si vous saviez le nombre de fois où j'ai entendu ça dans ma vie. A l'école, déjà, j'étais sage, plus en retrait - ça n'a pas changé - et j'étais la chouchou des profs. Parce que je me plie aux règles, j'ai le respect de celles-ci et des gens même si j'ai parfois tendance à m'écraser dans certaines situations. « Je trouve ça me correspond bien, physiquement, déjà. Je sais que je suis le genre de personne qu'on ne remarque pas trop, et ça me va. » J'ai pas besoin de faire un dessin, je pense que ça se voit. « Et puis, je ressentais pas le besoin de me faire passer pour ce que je ne suis pas, ou même de sortir du lot. » Je ne voyais pas l'intérêt de mettre un truc en mode "bad bitch" ou "skinny hoe" ou je sais pas quoi. Je juge pas les gens qui l'ont fait, à vrai dire chacun fait ce qu'il veut. Mais moi, ça me correspond pas, donc à quoi bon ? Le jeune homme me demande ensuite ce que je pense de la promo. Les bras croisés, toujours, je regarde mon camarade. « Y a de la personnalité, ça s'est clair. C'est compliqué de se faire entendre, parfois. » Je ne pense pas à mal en disant ça. Disons qu'il y a des grandes gueules entre ces murs et que pour quelqu'un d'un peu plus réservé comme moi, avec une voix qui ne porte pas du tout, c'est parfois difficile de trouver le bon moment pour parler. « Mais je pense qu'on va pas s'ennuyer. Et toi ? » Son avis m'intéresse parce que Jules a l'air différent des autres. Je ne dis pas que tous les autres candidats méritent d'être mis dans le même sac, puisque même s'ils ont de la gueule les personnalités différent. Mais le jeune homme a l'air un peu plus détaché, comme s'il était au dessus de tout ça. L'impression qu'il donne parfois me faire dire qu'il voit ça comme un spectacle, et que ça le saoule, d'ailleurs. Et je peux comprendre. « Qu'est-ce qui t'a fait passer le casting, toi ? Pourquoi tout plaquer et venir ici » ça m'intéresse.

C'est gentil, lumineuse, quand tu parles de quelqu'un. Je souris instantanément à la remarque du français. "C'est gentil." Mais qu'il ne pense pas que je vois le qualificatif chétive comme quelque chose de négatif, je sais simplement que ma discrétion et mon physique assez frêle me donne l'impression d'être parfois 'juste là'. Ne voyez pas là quoi que ce soit de sombre, je vois cela comme l'idée que je n'ai pas encore réussi à me faire une place dans ce monde. Peut-être que ce jeu va être 'la chose' de ma vie? 'Peut-être." que je suis trop sage, trop gnangnan, trop normale? C'est une question délicate. Comment dire? "Tu m'aurais remarquée, dans la rue?" j'ai un petit sourire timide, parce que c'est toujours gênant de demander. Même s'il n'y avait aucune arrière pensée dans ma question, j'appréhende un peu sa réponse. "Je suis secrétaire à la mairie de San Francisco, je réponds surtout au téléphone, j'arrange des rendez-vous, je prépare des papiers.." Rien de bien intéressant, donc. "Et toi?" Que pourrait bien donc faire un p'tit gars comme lui ? On parle ensuite de la promo. Haute en couleurs, faut le dire. Je suis d'accord avec la remarque de @Jules lorsqu'il parle de la première semaine de jeu. Il est clair que beaucoup essayaient de tirer leurs épingles du jeu. A juste titre, d'ailleurs. Jules rentrait, à mes yeux, dans la catégorie des discrets, comme moi, et d'autres. Pas du genre à se montrer en public, de dire ce qui lui passe par la tête... "Ton atelier ?" Là, tout de suite, ça ne me vient pas. Qu'est-ce qu'il fabrique, dans son atelier ? Ca m'intéresse. "Mais l'argent, je comprends tout à fait. C'est aussi ce qui m'a poussée à venir principalement." Il y a pire que de se pavaner à la télé, si tenté qu'on en se ridiculise pas, bien sur. Dans ce cas là, y a pas pire. "Et puis l'expérience, aussi. Sortir de sa zone de confort, être confronté à des nouveaux défis.." Je hausse les épaules. "J'avais besoin de renouveau, je pense?" J'en viens à cette conclusion. Pour l'instant, le renouveau se passe bien et je me trouve tout à fait détendue - pour l'instant. Les bras croisés, mon dos vient se poser contre quelques écrans de télévisions derrière moi. Je lève les yeux vers ceux de mon camarade. "Et côté jeu, t'es prêt à quoi ?" S'il faut qu'on apprenne à se connaitre, autant aller au fond des choses, non?