ball and chain (08/09 - 22h30)

Il a le regard penseur l’italien, un peu triste aussi. Nostalgique peut-être. Il a cet anneau doré entre les doigts avec lequel il joue, fait valser de doigt en doigt avec toujours ce même regard. Faut pas être devin pour savoir qu’en ce moment-même, y a mille et une interrogations qui trottent dans sa tête, qui le torturent mais ça, personne pourra le voir d’où il est. Et puis il est tout seul. Il décide de la remettre à son annulaire gauche, juste pour revoir un peu ce que ça donnait, comme un plaisir coupable. Coupable, c’est tout ce dont il a l’air quand il entend du bruit venir de la maison. Quelqu’un qui sort, qui arrive dans sa direction. Il sait pas pourquoi, il a ce réflexe idiot de mec coupable quand il enlève son alliance pour la remettre rapidement dans sa poche. Il l’est peut-être, coupable, qui sait ? « Hm, salut » Il fait avec ce visage sévère, super sérieux au premier abord. Puis y a le visage de @Violette qui s’éclaire finalement par les lumières extérieurs de la terrasse quand elle s’approche suffisamment et ses traits s’adoucissent. « Tu viens me tenir compagnie ? » il demande, le ton tout de suite plus chaud et assuré.

La nuit déjà amorcée, je quitte sans prévenir le petit rassemblement de groupe, le verre à la main. Je crois que je suis partie au milieu d’une phrase, mais j’ai regardé par la fenêtre et j’ai vu les étoiles. Alors forcément la conversation ne me semblait plus vraiment importante. Certains diront que c’est impoli, mais j’ai l’espoir qu’au bout de quelques temps ils finiront par comprendre que je ne le fais pas vraiment exprès. Que mon attention est limité en ce qui concerne les interaction sociales et que je pars toujours dans mes délires. Les étoiles elles m’hypnotisent. Elles me parlent, me chantent des chansons alors je m’échappe par la terrasse avec ce verre de vin blanc qui risque de finir par terre, tellement j’oublie que je l’ai entre les mains. Mon visage est trop intéressé par les lumières qui viennent du ciel, mais je remarque tout de même une silhouette, lorsque celle-ci me salue. Après tout elles ne vont pas s’échapper, pas de nuage à l’horizon. Alors je les quitte, à contre coeur, des yeux pour me concentrer sur le candidat en question. Mr tee-shirt. J’esquisse un petit sourire. « Saluuut. » Je scande pour lui comme pour les étoiles. « Non. » Vérité brute mais maladroite. « Enfin si tu veux. » Bien sur que ça me va de lui tenir compagnie. « Je venais pour tenir compagnie aux étoiles, mais je peux faire les deux. » Les étoiles ne sont pas de nature jalouses. Alors je m’installe près de lui, passe des étoiles du ciel à celle dans ses yeux avec ce sourire nébuleux qui me caractérise tant. « Tu faisais quoi ? Si tu veux on peut essayer de les compter. » Les étoiles. Et liant le geste à la parole, je m’installe plus confortablement, la tête en arrière, en oubliant presque de poser le verre sur le coin de la table basse.

Il a une première réaction d’ahuri quand elle lui répond non. Pas pour la réponse en elle-même, juste par cette forme brutale qui est utilisée et dont il ne s’attendait pas de sa part. Mais ce visage surpris avec ses gros yeux sérieux, elle reste qu’une seconde pour laisser place à un rire franc, à gorge déployé, bien grondeur à le faire repérer à des kilomètres à la ronde. « Pardon. J’espère que les étoiles n’ont pas pris peur » Il lui fait avec ce petit sourire qui tente d’être complice. Mais il est pas sarcastique Gabriele, son intention est loin d’être moqueuse. Peut-être un peu dubitatif c’est vrai et surement jamais aussi premier degré qu’elle dans ce domaine mais il cherche juste à rentrer un peu dans son monde. Il secoue un peu la tête, ce sourire amusé qui ne le quitte pas. « T’es vraiment… » Sa tête se tourne finalement sur le côté et il plonge directement dans ses yeux de biches qui lui font face sans y être vraiment préparé. Une vrai arme destructrice ces deux-là. (On parle bien des yeux) Sa bouche ouverte bug un peu, sa phrase censée fluide y trouve une pause avant qu’il enchaine. « Incroyable. » Il termine avec ce sourire béat comme s’il avait vu la septième merveille du monde. Pas dans le sens admiratif évidemment, plus dans celui paradoxale, fantasmagorique. Celui qu’on sort quand on ne saisit pas vraiment une personne mais que ça nous dérange pas, bien au contraire. Et elle lui demande ce qu’il faisait et sa main serre un peu l’anneau dans sa poche. « Rien de spécial. Compter les étoiles, c’est bien » Rien qu’il n’ait envie de raconter là tout de suite bien qu’au fond, ça lui ferait surement du bien. Il la regarde faire avec ce sourire qu’il n’arrive pas à dégager et vient faire de même qu’elle, la tête en arrière pour regarder le ciel. « Tu sais lire les constellations ? Croit à l’astrologie ? » Il dit peut-être une bêtise mais il croit que c'est lié.

Mes mots sont sortis de manière brutale, j’avais un objectif dans la tête et il m’a déconcentré. Bien que ce ne soit pas désagréable. D’être surprise au détour d’un rêve éveillé. Et lorsqu’il s’excuse je hoche la tête à la négative, ce n’est pas important. Il ne me dérange pas et les étoiles encore moins. Je les observe pour vérifier, mais je crois qu’elles vont bien. « Ce n’est pas dans leur nature. » D’avoir peur. Elles sont plutôt passive, observatrice et scintillante quand les choses leur plaisent. Et ce soir elles aiment ce qu’elles voient, c’est sûr. Elles sont si brillante. « Elles vont bien. » J’ajoute dans un sourire complice avant de prendre place à coté de lui. Il m’observe et débute une phrase qui capte mon attention. Je suis ? Il hésite et ça me fait sourire, alors que mon regard s’accroche au sien. « Oui ? » Il va dire folle, étrange, bizarre. Ce genre de qualificatif. Incroyable ? Et il est sincère. Il pourrait me faire rougir et les étoiles avec. « Les étoiles sont incroyables, le vent, les arbres, les couleurs, la lumière. Mais moi je suis juste moi. » Je ne veux pas qu’il me mette sur un piédestal. Tout le monde est unique. A commencé par lui et son regard sombre. « On compte alors. » Puisqu’il ne faisait rien de spécial, seul dans la pénombre de la terrasse. Ma main droite part à la conquête du ciel. « Je n’arrive jamais à les attraper. » C’est frustrant, j’aimerais tellement pouvoir les chatouiller du bout des doigts et voir leur lumière retomber en paillette sur nous simples mortels. « Oui, c’est utile en navigation de savoir lire les étoiles. Mais ce que je préfère c’est inventer les miennes. » De constellations. « Hmhm, l’astrologie ça me parle. Mais je préfère encore lire les lignes de la main. Les mains disent tout, elles ne mentent pas. » Jamais. Les bouches mentent. Mais pas les mains. « Regarde, le guerrier. » Et je prends sa main, ma tête contre sa tête, pour lui montrer ce que je vois, j’imagine. Reliant les étoiles du bout de son index. « Tu le vois ? » C’est encore mieux d’être à deux à comprendre la voûte céleste.

Gabriele ne saisit pas encore ce monde dans lequel @Violette vit. Il sait juste qu’il est bien différent du sien mais différent veut pas dire incompatible. Il ne saisit pas non plus l’étendu de ce monde, ni comment vraiment le prendre. Comme par exemple avec ses étoiles. Est-ce que @Violette considère les étoiles comme des entités ? Des personnes à part entière ? Est-ce qu’elle leur parle parfois ? Ou c’est un lien plus psychique ? Mais il va pas la harasser de questions, il aime bien ce mystère qui entoure la brune et le fait de la découvrir petit à petit, elle et tout son univers. Elle lui réserve des tonnes de surprises, il en est persuadé et l’italien lui, il adore les surprises. « Elles ont de la chance ! » De ne pas avoir peur, que ce ne soit pas dans leur nature. « J’aimerai bien avoir leur courage » Même s’il se considère pas comme un froussard ou un lâche. Mais oui, il a des peurs Gabriele, comme chaque humain après tout. Et si après un moment d’hésitation il avoue qu’il la trouve incroyable, sa réaction timorée le fait rire une nouvelle fois. « Et tu trouves pas ça incroyable d’être toi ? D’être soi-même ? » il demande avec ce sourire idiot en coin. Mais c’est peut-être parce que dans son monde à lui, il privilégie plus l’humain à… ce qu’elle trouve elle d’incroyable comme les étoiles, le vent et la lumière. Ils se mettent à compter les étoiles, @Violette se lance la première et après un instant à l’observer, il se joint à elle et son index se lève en l’air, pointant une à une les petites billes rondes qu’il voit. Elle n’arrive jamais à les attraper qu’elle dit et ça le fait sourire silencieusement pour une fois. « Parce que tu navigues ? » il demande, ce qu’il semble comprendre déchiffrer entre les lignes. Ou bien c’est juste une info qu’elle a balancé comme ça, parce que c’est dans sa nature. Elle préfère lire les lignes de la main à l’astrologie. « Ah ça ! Je pourrais pas être plus d’accord ! Tu veux savoir l’âge d’une femme ? Ne regarde pas son visage, regarde ses mains ! » il s’exclame avec sa voix qui porte et son rire qui se joint, parce qu’il se fait souvent rire tout seul. Il est bon public qu’est-ce que vous voulez, c’est une bonne chose. Pas sur que c’était ce que voulait vraiment dire @Violette mais c’est ça aussi, deux mondes qui s’entrechoquent. Elle finit par lui saisir sa main et bien entendu il se laisse faire, cherchant à relier les points qu’elle pointe avec son index. Il essaye Gabriele, vraiment. Il se donne du mal mais l’imagination, c’est pas son point fort. « Je… suis pas sur… Est-ce que... ça c’est.. » C’est à son tour de se saisir de l’index délicat de la candidate avec sa grosse paluche et tenter de relier plusieurs étoiles qui selon lui représente « Une épée ? » Puis il dirige l’index complètement autre part et pointe une nouvelle forme. « Et là, c’est la constellation du lapin, tu la vois ? » Et y a ce petit sourire amusé qui revient sur son visage. « T’as des animaux ? »

La rencontre est agréable, bien qu’inattendue. Enfin pour moi, parce que ma tête était ailleurs, comme toujours. Les yeux vers les étoiles, je n’avais pas anticipé le faite que je pourrais rencontrer quelqu’un au détour de cette terrasse. Mais c’est agréable. Parce que son regard est doux malgré sa voix caverneuse. Je ne suis pas timide, je ne me cache pas derrière des platitudes, de la bienséance. Je suis juste moi et je parle des étoiles comme je parlerais de mes soeurs. Parce que c’est comme ça que je les considère, depuis toutes ces années où elles m’accompagnent peut importe l’endroit où je me trouve. Atlantic City, Accra, Orpierre, elles sont là. Des soeurs sans peurs. « Tu trouves ? » Qu’elles ont de la chance de ne pas expérimenter la peur ? C’est un sentiment commun, basique, tout le monde à peur. Même si peu ose le dire. Mais moi ce que je retiens c’est surtout l’après, quand la peur s’en va. Je me sens plus grande, plus forte. « Elles ne sont pas courageuses, elles n’ont aucunes raisons d’avoir peur. » Je lui raconte ayant le ton de celle qui compte des poésies d’un autre temps. « Je doute que tu sois sans courage. » Hm, vraiment. Il en faut pour être ici non ? Ou bien être fou. Incroyable. Le mot est lâché, après tout c’est un dérivé de folle. Mais sans le coté négatif et mes pupilles brilles. Je ne suis pas sûre de l’être, pas comme le vent, les arbres ou tout ce qui touche à la nature. C’est beau ce qu’il me dit. C’est vrai, pourquoi ce ne serait pas incroyable d’être simplement soi-même ? « Parce que ça me semble facile. Est-ce que c’est facile d’être incroyable ? » J’aurais tendance à penser que ça demande du travail. Alors que moi je me contente simplement, d’être. Mes soeurs au dessus de la tête, on commence à les compter, pointant de l’index leur brillant. Il me questionne sur ce que je sais du ciel, sur l’astrologie également. Je ne suis pas experte, mon domaine c’est la biologie, pas l’astronomie. Mais j’aime ça, autant le coté scientifique, que ces histoires que je me raconte. « Oui, dès que je peux. Comme les anciens. La voile, la barre, les noeuds. » Et le ciel comme gps. Pour ce qui est de l’astrologie, j’aime ça. Même si je préfère lire les lignes de la main, à ma manière, parce que les mains ne mentent pas. Et je laisse un petit rire éclaté quand il me parle des mains des femmes. Ce n’est pas ce que je pensais quand je disais ça, mais l’idée est là. « C’est pas plus simple de lui demander son âge ? Moi j’ai 24 ans. » Terre à terre. Mais amusée. Et puis je prends sa main et lui raconte le ciel comme je le vois, es étoiles qui prennent la forme d’un guerrier. Pour moi c’est clair, mais mon imagination déborde du cadre habituel. Il est facile de se perdre quand je raconte ou explique. Et il bute, forcément. Je trouve ça adorable, parce qu’il essaye vraiment. Il prend ma main, pointe de mon index ce que j’imaginais être l’épée. « Oui, elle est magique je suis sûre. » Une excalibur, il y en a dans tous les récits épiques. Même si elle ne porte pas forcément ce nom, les armes magiques ça rend toujours le récit plus intéressant. Mon nombril papillonne en un rire adorable quand il me montre le lapin. « Il a de grande oreilles. Il faut lui trouver un carotte. » Et je cherche dans le ciel, ce qui pourrait le nourrir ce beau lapin scintillant. « Il y a Gascon, le chien. Et Colette la jument. » Eux, ce sont ceux qui sont chez nous. Mais les animaux j’ai tendance à leur trouver un prénom, même lorsque nous faisons qu’une rencontre éphémère au détour d’une randonnée dans les falaises d’Orpierre. « Toi tu as une tortue. » Ça je le sais, mais peut-être qu’il en a d’autres ? J’oublie les étoiles, parce que ça me plait de le regarder lui. « Tu es quel animal déjà ? » Un ours ? Ou peut-être un loup, à l’affut des mains des femmes pour sélectionner sa prochaine proie ?

Les étoiles n’ont pas de raison d’avoir peur. @Violette doit surement avoir raison, elle s’y connait plus que lui de toute façon même si y a cette tête dubitative d’enfant qui déforme ses traits. « Pourtant c’est si grand la galaxie. A leur place j’aurais peur ! » il finit par répliquer avec ce sourire maladroit. Et ça a l’air sombre aussi, rien de très chaleureux. Et si elles se faisaient bouffer par le Soleil ? Ou par un trou noir ? C’est possible ça ? Mais il pense quand même qu’elles ont de la chance, de n’avoir aucune raison d’avoir peur, même si ça veut dire que le mot courage ne trouve pas de sens pour elles. Il se contente juste d’hausser les épaules quand elle lui dit qu’elle doute qu’il soit sans courage. C’est pas à lui de juger de toute façon. Et elle en tout cas, elle est incroyable. A ses yeux en tout cas. « C’est pas si facile d’être soi-même tu sais » il lui répond avec un petit sourire en coin, le ton plus doux même si c’est difficile de canaliser sa grosse voix. Alors oui au final, @Violette est vraiment incroyable d’être elle-même, encore plus de l’être si facilement. Il apprend qu’elle navigue et ça l’impressionne un peu, parce que lui il a jamais fait ça. « Et il est comment ton bateau ? Est-ce qu’il est aussi grand que celui sur le quai ? » Est-ce qu’elle a fait attention au bateau premièrement ? Si elle n’a pas encore eu l’occasion de le voir, elle devrait, ça devrait lui plaire, même s’il semble complètement hors fonction. Quand il parle des mains, ça l’a fait rire. Même s’il ne saisit pas totalement pourquoi, parce que pour le coup, ses propos sont premier degrés, il rigole aussi. Il peut pas s’en empêcher, quand quelqu’un rie, il a tendance à se joindre au rire. « Si carrément ! Et moi j’ai 32 ans » Elle est jeune @Violette, 24 ans mais ça, il s’en doutait. Ils se mettent à la conquête des constellations, celles qu’ils lisent dans leur imaginaire à commencer par le guerrier et son épée. Qui serait magique selon la candidate. « Mais oui c’est sûr ! » il répond comme un gosse avant de lui montrer le lapin. Puis ils cherchent son complément, une carotte qui traine peut-être. Il apprend qu’elle a un chien et une jument. « Très français tout ça » Il s’amuse à dire en entendant les deux prénoms évoqués qui ont cette consonance absolument pas anglaise. « Ouais, une tortue et un gros chien, un bouvier bernois. Gusto. » Il sent qu’elle pose son regard sur lui mais lui, il préfère continuer à compter les étoiles, à faire mine de en tout cas. Parce qu’ils sont proches, très proches même. Et qu’il a pas envie qu’elle se rende compte qu’elle pourrait le troubler s’il venait à affronter son regard avec cette proximité. « Moi je suis un grand chien justement ! Un chien foufou, un peu surexcité pour tout. Mais pas Gusto. Il est trop princier dans son attitude lui » Il ferait presque la loi à la maison tant il fait des caprices. « C’est quoi le tien ? »

Je n’y avais pas tellement pensé, à la grandeur de l’espace. Je ne voyais que leur multitude et le faite qu’elles devaient certainement discuter là haut, se rendre des services et se serrer les coudes. Je n’avais pas pensé à la solitude de l’espace, ce vide, ce noir. Peut-être qu’elles ont peur finalement. Peut-être que c’est lui qui a raison et ça change un instant mon regard sur elles. Moi qui rêve de les rejoindre, de danser autour d’elles. « Tu as peut-être raison, mais j’espère qu’elles n’ont pas peur. Ça me rendrait triste sinon. » De les savoir dans cet état et moi ici sans pouvoir rien faire pour rassurer mes soeurs. Pendant que moi je suis en bonne compagnie, impuissante. Il me dit incroyable. D’autres choses le sont à mes yeux, mais j’apprécie ses mots. Même si je ne suis que moi, rien de plus. Rien de plus facile à mes yeux. Il a raison finalement, c’est difficile pour certains d’être simplement eux-même ou même de comprendre qui ils sont. Je n’ai pas ce souci, ça me semble facile. C’est peut-être hautain ? Peut-être que j’ai eu l’air snob à dire que c’était facile ? Je ne veux pas être snob. Et je ne trouve plus rien à redire. J’espère qu’il ne me trouve pas snob. Bien que ce sera oublié demain. Sur le moment j’y pense. Mais ça me passe quand on parle de navigation, de mon bateau. Ou plutôt celui de la famille. « Il est plus petit. C’est un Alpa 21 monocoque, des années 70. Fabriqué en Italie. Un bateau de famille. » Je commence à lui dire en voyant les voiles blanches de Poeticus se hisser et se gonfler avec le vent. « Il est blanc avec des touches de bleu ciel et il s’appelle Poeticus, comme le narcisse. » Pas mon choix, mais c’était un bon choix. Même si j’aurais certainement mise à l’honneur la lavande ou la pivoine. « C’est dommage qu’on ne puisse pas partie en mer tu ne trouves pas ? » La frustration fut grande quand je m’en suis rendue compte, parce que j’étais déjà heureuse de la voir là sur les quais et de me dire que je pourrais peut être prendre le large. J’étais clairement passé de l’euphorie magnétique à la déception contagieuse. Son histoire sur les mains et les femmes me fait rire. Ce serait plus simple de leur demander directement, mais après tout les bouches mentent, pas les mains. Et nos âges s’échangent, un écart de huit années qui ne m’intéresse même pas. Moins que le ciel qui nous attend, les étoiles que je relie avec facilité et que je lui fait découvrir sous les traits d’un guerrier et de son épée magique. J’aime qu’il me suive dans mes mots, qu’il ne conteste pas, ne me ramène pas sur terre comme beaucoup essaye de faire quand je parle avec mon imagination. Les ‘voyons violette’ je les ai entendu toute ma vie. Lui c’est pas son genre, plutôt celui de chercher la carotte qui va avec le lapin. Pendant que je parle de Gascon et Colette. « On est des gens simples, nos inspirations sont dans la nature ou dans la littérature. » Française et classique pour la plus part du temps. C’est comme ça que j’ai été éduquée, avec l’odeur lancinante de la reluire en cuire des vieux livres de pépé Damian. Des Dumas, des Pagnol, des Colette. Et quand il me parle de son chien, j’ai qu’une envie c’est de le prendre dans mes bras cette boule de poil. « J’aime les gros chiens. » Ils sont fous, adorable et jamais avares de câlins. Et J’aime les câlins. « Tu lui parles italien. » Bien sûr, puisqu’il est italien n’est-ce pas ? « S’il parle italien, je pourrais donc lui parler. » J’imagine une rencontre un peu idiote entre Gusto et moi. Je ne le quitte pas des yeux, pendant que lui regarde uniquement les étoiles. Ça ne me dérange pas, je ne cherchais pas vraiment son regard. Je voulais juste l’observer, un peu en secret, même si je n’ai rien d’une discrète. « Si tu es un grand chien, alors on a envi de te faire des câlins. » C’est obligatoire, même pour Gusto malgré son coté princier. « Moi je suis un kelpie, le cheval aquatique des légendes. Qui peuple les cours d’eaux et qui a deux formes. Tu sais ? C’est un peu des sortes de sirènes, il parait que les kelpies séduisent les hommes pour les pousser à les chevaucher et ensuite les noyer ou même les dévorer. » Je laisse en suspend la fin de ma phrase qui n’est pas à prendre de manière littérale. Je ne dévore pas les hommes, je ne les noie pas non plus d’ailleurs. Mais j’aime la rivière. D’ailleurs quand j’y pense je ne séduis pas non plus. Mais j’aime l’idée du cheval des rivières qui remonte les cours d’eau. Et j’aime les légendes qu’il y a autour des kelpies. « Je ne dévore personne. » J’ajoute tout de même, ça me semble important.

Elle donne un nom de bateau, Alpa 21 et même s’il a été fabriqué en Italie, Gabriele n’a vraiment aucune idée de à quoi il peut bien ressembler et ne compte pas faire le faux connaisseur. « Ouais ça aurait été chouette ! Les seules fois où j’ai pris la mer, c’est jamais très loin sur des petits bateaux à moteur, là où j’habite en Sicile. Mais ça doit être une expérience complètement différente sur un bateau à voile. Je me sentirai comme un pirate, mes gosses kifferaient ça ! » C’est plus fort que lui. A chaque fois qu’il se picture quelque part, faut qu’il inclue ses enfants. Ils se racontent leur vie petit à petit, de quoi commencer à dessiner ce qu’est une partie de leur quotidien respectif, d’apprendre à s’apprivoiser doucement. Il comprend que @Violette, c’est une intellectuelle, de celle qui a le nez dans les bouquins, à l’opposé de lui. Mais ça ne le dérange pas. Elle était déjà dans un autre monde que le sien alors ça de plus ou de moins, ça ne fait que rajouter de l’intérêt. Lui ses références ne sont pas aussi pointues. Son chien il s’appelle Gusto et allez savoir pourquoi. « Oh vraiment ? » il fait tout content quand il apprend qu’elle parle italien aussi. C’est qu’un petit détail mais un rien suffit pour le rendre heureux Gabriele. « Tu pourrais mais pas sûr qu’il te réponde » il lui réplique cette fois non pas en anglais mais dans sa langue natale où il est évidemment plus à l’aise avec ce rire naturel qui ponctue souvent la fin de ses phrases. « Si carrément ! Et moi j’ai 32 ans » Elle est jeune @Violette, 24 ans mais ça, il s’en doutait. Ils se mettent à la conquête des constellations, celles qu’ils lisent dans leur imaginaire à commencer par le guerrier et son épée. Qui serait magique selon la candidate. « Je suis définitivement un grand chien alors. @Adrien n’arrête pas de m’en réclamer depuis la première minute de notre rencontre. » Il rajoute en riant. « Heureusement que j’aime ça » C’est pas la première impression qu’on lui donnerait à Gabriele, avec son 1m89, son regard noir et ses traits durs au premier abord. Et si l’animal désigné représente donc bien l’italien, il doit admettre que l’animal choisi par @Violette l’était tout autant pour elle-même. Un animal imaginaire, forcément. « Ça a l’air charmant » il rajoute face à sa description une nouvelle fois ponctuée d’un rire. « Merci pour la précision, je commençais à avoir peur ! » Il finit par tourner son visage pour la regarder et y a une nouvelle fois ce ralenti qui se fait dans sa tête quand il l’observe avant qu’il reprenne les esprits. Le moment partagé était vraiment agréable, surement le plus agréable qu’il ait eu depuis que l’aventure a commencé mais il commence à lentement avoir les yeux qui se ferment. « Je te laisse avec les étoiles Violette, bonne nuit » Il vient naturellement embrasser son front avant de partir.

**Contenu sponsorisé**