L'idée de la loveroom, je la revisite complètement. Bon, j'aurais préféré de l'argent ou des indices à cette roulette russe, mais maintenant que l'idée de dormir en toute tranquillité me traverse, plus rien ne peut m'arrêter. Que ce soit pour la sieste de l'après-midi ou pour fuir le lit à partager dans la chambre des roses, c'est un atout majeur. Déjà je suis grincheux, car en tentant de choisir Maggie, je me suis rendu compte qu'elle était déjà prise, donc qu'un autre binôme pourrait me dérober mon espace secret. Cette roulette, elle est coquine au final. Quand le Proprio me quémanda le nom du résident avec qui je souhaitais partager cet accès, bien j'ai figé. La seule partenaire potentielle possède déjà le privilège et j'ai reçu la clef moins de vingt-quatre heures après mon arrivée. En essayant de me remémorer les visages des autres résidents, j'ai lancé @clay. J'ai retenu, geek, ''pas envie de fêter mon anniv'' puis aucun remous durant les coulisses. Un match parfait. Peut-être même qu'à l'annonce de mon choix, il va simplement l'ignorer ou venir en profiter quand il sera seul. Enfin bref, j'ai laissé le suspens le plus total régné, c'est probablement la stagiaire qui est venu lui remettre la clef ou je ne sais pas. J'espère qu'elle lui a mentionné qui l'avait sélectionné, que ses espoirs ne soient pas en ruine s'il entre ici, ma carcasse de koala déjà posée dans le lit. Ce soir, j'ai voulu profiter d'un semblant de sérénité donc j'ai pris quelques morceaux de vêtements, mon maillot de bain et quelques fruits, avant de me diriger vers le repère. J'entre, j'ouvre quelques lumières et je lâche un long Aaaaaaaaaaaaaaahh, libérateur, tout en longueur. Je verrouille derrière, habitude torontoise qui ne se perdent pas. Je me laisse tombé sur le dos, en position d'étoile, rien de moins. Mon attention est retenu par quelques sons, celui du loquet plus précisément. C'EST PRIS POUR CE SOIR! Que j'hurle à je ne sais qui. Clairement, l'autre duo ne viendra ruiner ce petit moment de calme, je suis convaincu que c'est premier arrivé premier servi. J'aperçois finalement qu'une seule silhouette s'avancer, une lueur illuminant les traits de Clay. Ah oops, c'est toi ... hum, surprise! Que je lâche, ne sachant pas trop comment l'accueillir. Déjà qu'il n'y a pas de raison bien pertinente de l'avoir choisi et que je ne lui dois pas réellement d'explication non plus, j'y vais plutôt pour un air sympathique, bien naif. Habituellement, c'est moi qui ne comprends pas trop la situation. J'devais absolument choisir quelqu'un, à croire que c'est un trousseau de clef qui ne vient qu'en paire. Dis-toi que ça te fera un échappatoire. Je me redresse sur le lit, m'appuyant sur mes bras, posés derrière moi, attendant de voir ce qu'il en fera de cette soirée.

Un sac à dos sur l’épaule contenant des fringues, et le voilà qui bondit jusqu’à la forêt, un large sourire fendant sa bouche. La love room, pour lui, ce soir. C’est trop beau, c’est trop bon. Il a tout laissé derrière lui sans un regard. Aucune idée de pourquoi @Loen l’a choisi lui, mais ce qu’il sait, c’est que c’est chanmé. Il rêvait de la tester, cette love room, il la voulait dès le premier soir. Jacuzzi, silence, lit moelleux, intimité. Quand il pénètre dans le petit bois qui borde le domaine, il sent quelques fourmis danser dans ses entrailles. C’est vraiment stylé, on se croirait dans un conte de fées. Non, bien sûr, la forêt n’a rien de naturel : le bois a été créé de toutes pièces pour faire partie du décor, mais ce sont de vrais arbres, et de vraies feuilles autour de lui, et cette odeur d’humidité que la fin d’été est venue sécher, réchauffer, et le vert partout, l’odeur de nature. Il glisse la clé dans la petite cabane d’où s’échappe une lumière mordorée. En entendant Loen gueuler, il sait que le candidat l’a précédé, et un nouveau sourire éclaire son visage lorsque Loen l’accueille, affalé sur un matelas dont Clay sait déjà qu’il est fait pour lui. Clay fait taire les justifications inutiles de Loen d’un geste de la main. — Mec, j’suis trop trop content. Son sac à dos glisse de son épaule pour atterrir mollement sur le sol, et Clay entreprend la visite des lieux – rapide, puisqu’il s’agit d’une cabane. Le jacuzzi attire immédiatement son attention. Il en existe déjà un dans la villa, mais rien de comparable : n’importe quel candidat peut entrer dans le jacuzzi pendant que vous y êtes. Ici, personne pour le déranger. Loen n’est pas une gêne, au contraire, Clay n’a pas la moindre envie de passer la soirée tout seul. Quel intérêt quand on vient participer à un jeu d’équipes ? Ses doigts attrapent le robinet du jacuzzi et le font tourner pour que de l’eau chaude en jaillisse. La fonction bulles est signalée sur le côté par un petit bouton, qu’il presse sans se faire prier. Il adresse un regard de côté en direction de Loen. — Voilà exactement la première nuit qu’il me fallait. Le bain se remplit tandis que Clay jette un coup d’œil par la fenêtre de la cabane : plongés dans les bois et leurs petites ténèbres. — Ça manque d’un piano, tu crois pas ? Il se tourne vers Loen, qu’il sait pianiste. — Jouer une sonate dans les bois, avec pour tout public le silence de la nuit, les hiboux, les plantes endormies et un demeuré qui végète dans son jacuzzi les yeux fermés… C’est quand même mieux que de devoir se lancer en solo au milieu de la villa avec pour public une trentaine de curieux.

Dans la catégorie, shooked to the ground, ce moment arrive en première position. L'aventure ne fait que commencer, ce ne serait pas fiable comme classement, mais je le répète, je suis surpris. Bien qu'il y ait la notion de hasard dans tout ça, les mignonnes oreilles pointues de @clay m'étaient également restées en tête et je ne m'attendais pas à les voir résonner ici. Je me laisse toutefois emballé par la joie qui l'habite, clairement cet accès lui a plu. Il chasse mes justifications et j'échappe un soupire presque imperceptible, ce ne sera pas si akward que prévu dans ce cas. J'suis ravi que ça te plaise alors. Tu vas voir c'est trop bien comme cabane. Je le perds un moment, le temps qu'il explore les alentours, repérant rapidement le jacuzzi. Évidemment, le seul objectif de ce bain, ce sont des rapprochements. La production n'est pas dupe à ce point. L'air amusé, je l'observe activer les fonctions de celui-ci, comme un enfant qui veut jouer avec son nouveau jouet. Je me redresse, me posant plutôt sur le côté du lit, pendant que le vert scrute la verdure à l'extérieur. L'eau devient de plus en plus chaude et agitée, nous tenant en haleine. Je reste étonné qu'il balance directement le piano, mais comme j'ai déjà eu cette réflexion, pour le moment, tout ce qu'on sait des autres, c'est âge/origine/métier, donc. T'as raison, ça irait bien dans le décor. Par contre dans tout ce panorama bien particulier, si j'avais à jouer du piano, tu ne trouves pas que ce serait presque un rituel pour invoquer Violette ou Maggie? Peut-être même Shadi, si on est satanique. J'échappe spontanément un rire à ma remarque. M'imaginer la scène me fait rigoler. Ma
relation avec la musique ne se résume pas aussi finalement, or c'est un peu l'ambiance dans laquelle je me projette quand je joue. Dans un monde idéal, je garderais ces moments que pour moi, comme un jardin secret. Je déteste jouer pour le plaisir des autres ou pour simplement avoir de l'attention.C'est une méthode dissimulée pour que je te joue une berceuse c'est ça? La préparation du jacuzzi bientôt terminale, je n'hésite pas à quémander, Je me joins? Question rhétorique plutôt, je n'avais pas apporté mon maillot pour rien non plus.

— J’te le confirme, acquiesce-t-il à la remarque de @Loen selon laquelle cette cabane s’avère être un véritable havre de paix. La chaleur douce et tiède que dégage l’humidité du jacuzzi apporte une pellicule de confort en plus. Apercevoir, autour d’eux, le noir de la forêt et l’angoisse délicate des arbres immenses depuis un intérieur douillet a quelque chose de profondément méditatif. Jouer du piano en solitaire au milieu des bois, tandis que lui, affalé dans l’eau jusqu’au torse, fermerait les yeux et s’en irait loin, loin dans son espace intérieur… Voilà ce qui allait manquer à leur soirée. L’idée d’un rituel satanique ou féérique, peu importe, invoquant leurs deux déités opposées de la saison 2, le fait rire à son tour. — Pour Shadi, j’verrais mieux de l’orgue, imagine-t-il. — De l’orgue dans une cabane au milieu des bois. Sûr qu’on l’entendrait frapper à la porte après trois minutes. A l’entente de sa question, il lui jette un regard rusé. — J’suis à peu près certain que t’es du genre à preferer jouer seul qu’en public. GG captain obvious. — Pour en profiter, j’dois la jouer fine. Te demander directement de jouer te mettrait la pression, et alors tu n’aimerais pas t’entendre et tu passerais un mauvais moment. Presque sûr de son argumentaire, il retire son t-shirt et son jean, ses chaussures en appuyant à l’arrière avec la pointe d’un pied, et se retrouve en maillot, qu’il portait par-dessus son caleçon. L’eau est bulleuse et chaude, elle sent une légère odeur poivrée. Il adresse un large sourire à Loen, redressé sur le matelas. — Te fais pas prier. Prenant les devants, il se glisse dans l’eau avec un soupir de satisfaction et attend que Loen le rejoigne pour l’inviter à faire de même. Relax. — Pense fort aux autres, en train de se battre pour des lits deux places dans un dortoir, murmure-t-il avec somnolence, sa tête rejetée en arrière, la nuque allongée.

Quelque pas et oops le revoilà. Autre détail auquel la production avait pensé, tout est à proximité dans cette cabane, tout porte à croire que le centre de l'attention est le lit et le jacuzzi. Même moi je ne suis pas confus avec cette drôle de coïncidence. Sa remarque me fait rigoler à nouveau, Mais clairement. Peut-être même qu'il n'aura même pas besoin de cogner. Directement invoqué dans la cabane, dans un cercle de feu. J'sais pas jouer de l'orgue par contre. Tout en haussant les épaules, le sourire qui reste. Je plaisante en tentant de le coincer pour qu'il m'avoue qu'au fond, c'est une mélodie de ma part qu'il souhaite, sauf que je me fais prendre à mon jeu. En même temps, il n'y a rien de plus évident je pense. Un musicien qui adore l'attention et les spotlights sur lui, il l'aurait déjà fait savoir. Les plus discrets comme moi, qui ont une relation différente avec la musique, les gens nous reconnaissent tout autant. T'es un devin! Y'a que ça comme explication. T'as bien vu, je déteste recevoir de la pression pour jouer, j'préfère jouer pour moi dans un premier temps. Et ensuite, à ceux dont j'ai l'impression que ma musique leur apporterait quelque chose. J'espère qu'il y a une caméra qui a capté ça et que tous les musiciens du globe recevront maintenant une pause de leurs proches harcelants. Le bip du jacuzzi résonne chez @clay comme un automatisme, celui-ci retirant ses vêtements pour dévoiler un maillot déjà prêt, comme s'il n'attendait que ça. Ah bah monsieur était déjà prêt de ce que je vois. Je n'ai pas eu la même idée prévoyante, quoique je n'aurais sûrement pas pris le risque de me glisser dans cette eau chaude à cette heure, seul. Allez fais-moi de la place. J'attrape ce qui dépassait de mon sac à dos et je lui tourne dos momentanément au brun. Je me dégarnis de mes vêtements, exposant le petit popotin au passage pour enfiler le maillot. Je m'enfonce dans les remous, les jets directement dans mon dos. T'inquiète, je pense à eux depuis que j'ai passé la porte de la villa. Je suis nettement plus chanceux qu'eux, mais voilà que les roses ont chacun leur lit pour cette nuit. J'en profite pour ramener le sujet brûlant du moment, plus tôt dans la soirée, une chroniqueuse nous avait quémandé d'inviter quelqu'un pour sa soirée demain, j'imagine en lien avec un bal. Depuis, le RS est hyperactif, littéralement. Ça t'as fait rigoler cette histoire de partenaire pour la soirée demain soir? S'introduire dans la vie des gens, ce n'est pas ma spécialité, mais le jeu oblige actuellement. Je tâte le terrain à des kilomètres de distance pour le moment.

Son cerveau tourne à cent à l’heure à mesure qu’il découvre la cabane et ses possibilités, mais il prend le temps d’une petite pause pour imaginer Shadi, debout les bras en croix autour d’un cercle de feu soudainement apparu au centre de la pièce à la suite d’une symphonie lugubre jouée à l’orgue par un @Loen qui se serait découvert un don en la matière. Pas mal. Ça le fait rire. Il adresse un clin d’œil à Loen en guise de réponse quand il l’appelle « devin », alors qu’ils savent tous les deux qu’il n’est pas nécessaire d’être un fin observateur pour deviner ça. Il y a les mecs dans les gares qui s’assoient devant les pianos en libre-service, et ceux qui se cachent pour jouer. Ça ne veut pas dire que les uns sont plus ou moins doués que les autres, mais bien que chacun possède un rapport très particulier à sa passion. Réfléchissant à ce que la musique de Loen lui apporterait, à lui, il passe quelques secondes suspendues durant lesquelles son esprit lui joue une sonate improvisée. — Perso, ça m’apporterait… de la sérénité, avoue-t-il après réflexion. Un moment marquant. Et des émotions, aussi, qu’il n’a pas pour habitude de ressentir dans ses journées banales, dans le quotidien de la vie. Le piano amène une sensibilité nouvelle, on se découvre des images et des réminiscences auxquelles on ne s’attendait pas. Bref, il se fout presque à poil et sourit à la remarque de Loen, en innocent. — Toujours prêt, et puis j’ai trop chaud ici, je comptais trouver un moyen de me baigner dans tous les cas. En sautant dans la piscine de la demeure, dans le cas où il n’aurait pas eu accès à la loveroom. Le cul nu de Loen n’attire pas le regard de Clay, trop habitué à voir des types à poil après avoir passé enfance et adolescence dans la gigantesque salle d’entrainement de boxe gérée par son père. Les mecs y étaient à moitié nus et se déshabillaient sans pudeur après l’effort pour se glisser jusqu’aux douches chaudes, ruisselants de sueur et, parfois, de quelques filets de sang. Se laissant bercer par les remous du jacuzzi, on peut dire que Clay vit sa meilleure vie à cet instant. Il ne saurait être plus reconnaissant à Loen, qui l’a invité sans le connaitre, sur une base dont il ignore tout. — Hé, dis. Pourquoi moi ? C’est vrai, ça, qu’est-ce qui a fait que ce soit lui plutôt qu’un autre, alors que Loen et lui n’avaient pas échangé plus que quelques regards depuis leur arrivée dans le jeu ? Il écoute sa question, qu’il ne s’était pas posée, d’ailleurs. — On dirait que la prod fait tout pour encourager le principe du couple, il remarque, sourcils haussés. — C’est probablement ce qui intéresse le plus le public, cela dit. Avec qui tu vas y aller ? Peut-être que ça lui donnerait une indication sur la personne qui, ici, plait le plus à Loen.

De la sérénité. Ouais ça pourrait le faire. On verra si l'occasion se présente. Que je ne peux m'empêcher de faire suivre d'un sourire en coin. C'est un sentiment assez recherché lorsqu'on écoute de la musique, celle-ci ayant le don si subtile de nous vider l'esprit, de l'amener ailleurs. C'est d'ailleurs pourquoi je choisis mes contrats, plus souvent des mariages ou des funérailles. Autant macabre que cela peut sembler, de savoir que mes enchaînements musicaux accompagnent le défunt jusque je ne sais où, ou même de m'imaginer que mes doigts essuient le chagrin des proches, m'indique que la musique avait sa place cette journée-là. Personnellement, j'aime croire que le piano me laisse en vie, que je peux me sentir vivant lorsque mes phalanges s'activent les touches zébrées. Je chasse ces réflexions déjà connues pour l'observer, la séquence bien organisée, se glisser dans le jaccuzi. Combattre le feu par le feu! Réplique presque automatique, comme prendre un café lors d'une journée d'été. Un 180 degrés plus tard, je m'installe aussi, échappant un soupire de satisfaction. Englobé d'une sensation chaleureuse, de réconfort presque. Rien à avoir avec les roses entassés dans la chambre commune. Ce n'était pas le genre de luxe que je me permettais à Toronto. Ça s'inclut dans un mode de vie je dirais. Du genre, middle-age white woman qui se permet une manucure et un moment de détente au spa. Que de préjugés par contre. S'en suit de la question inévitable. Celle qui m'aurait aussi brûlées les lèvres si les rôles étaient inversés. Honnêtement, d'abord c'est parce que la première personne à qui j'ai pensé était déjà prise et j'devais pensé vite. Je me suis simplement rappelé que tes oreilles étaient mignonnes et que t'avais pas trop fait de drama depuis ton arrivée. Et nous voilà dans le jacuzzi. Haussant les mains, mimant ce qui pourrait évoquer un Et voilààààààà. En ce début d'aventure, n'importe quel choix aurait été surprenant en fait. J'ai tourné cette roulette juste après le prime, en explorant les différentes pièces. Je fais bifurquer le sujet sur l'intervention de la chroniqueuse latina, qui semble assez espiègle dans ses soirées et ses défis. Je trouve aussi, c'est ce qui doit alimenter le plus le drama j'imagine? En repensant à ce que j'ai vu de la première saison, c'est évident que la production se plaira à former de faux couples, rendre la vie dure à la création d'autres, bref à nous narguer. Moi qui aurait cru que cette histoire d'invitations me ferait vivre un cauchemar, j'ai été rapidement repêché à ma grande surprise. Maggie m'a invité, ça ma ravi. On va aller danser ensemble. Que je m'amuse à lâcher avec quelques mouvements d'épaules, dévoilant par le fait même le manque de fluidité dans mon corps frêle. Si tu pouvais choisir qui tu veux, tu prendrais qui? Les sourcils haussés, je n'allais pas me priver de lui relancer la question. À cette heure, en ajoutant l'endorphine de ce bain chaud, j'dois combattre immédiatement la fatigue. Ça me prendre de l'adrénaline. T'aurais dit quoi si je t'avais invité là maintenant?

Il a presque (du moins il y croit) convaincu @Loen que jouer pour lui pouvait apporter quelque chose de sympa. Sait-il qu’il ne sera jamais jugé par un Clay qui s’en gardera bien ? Toute son enfance et son adolescence, son père leur a inculqué, à son frère et lui, de profondes valeurs de respect. Il n’y a que Dieu qui juge. Tous les autres n’ont qu’à fermer leur gueule. « Tu n’es mieux que personne ». Il sait, depuis sa naissance, qu’il aurait tort de s’imaginer en capacité de porter un jugement de valeur sur quiconque. A la réplique de Loen, il sourit. — J’adore l’eau super froide, aussi. J’suis pas difficile. L’eau du jacuzzi est tiède, pas trop chaude, juste ce qu’il faut. Un délice. Et elle sent bon ! Content de voir Loen en profiter autant que lui, il se penche par-dessus le rebord du petit bassin pour saisir la bouteille de champagne et les deux coupes de cristal qui n’attendaient que d’être utilisées. Il entreprend de déboucher le champ, et tend les coupes à Loen pour avoir les mains libres. Les raisons du choix du candidat quant à celui qui l’accompagnerait dans la loveroom ont piqué sa curiosité. Il écoute d’une oreille distraite les explications qu’il lui fournit, et à l’évocation de ses oreilles, justement, il marque une pause. — Mes… ? Ses oreilles… mignonnes ?! Ses oreilles mignonnes lui ont donné accès à la loveroom ? Interdit quelques secondes, il ne dit rien, ses yeux perdus sur le visage de Loen, jusqu’à ce que le champagne éclate et envoie son bouchon jusqu’au plafond dans un « pop » explosif. Clay éclate de rire. — C’est la première fois de ma vie que j’entends un truc pareil, il admet dans son hilarité. On lui a dit de tout sur ses oreilles, qu’elles sont trop décollées, qu’elles sont trop cools, qu’elles le rendent sexy, qu’elles sont un point faible de son esthétique, tout. Mais ça… jamais. — J’te préviens, si j’apprends que c’était une mission, je serais méga déçu. A l’évocation de l’intérêt du public, et donc, de la production, pour les love stories, Clay soupire. Loen a tout dit. — Les gens vivent pour ça, ouais. Mais tu noteras qu’ils ont une préférence pour les histoires qui finissent mal. Voilà pourquoi tout tourne autour des échecs amoureux dans les séries et les télé-réalités. Comme si voir les échecs des autres rassuraient les gens quant à leur propre échec. Ou les confortait dans une réussite qui ne les convainc pas totalement. — Aaaah, Maggie, dit-il dans un sourire, rêveur, observant les yeux brillants de Loen. — Moi ? N’importe qui. Je suis capable de passer une super soirée avec n’importe qui. Normal, avec toutes ces caméras, la pression, l’effet de groupe, peu de candidats ici sont parvenus à montrer qui ils sont vraiment. Aussi, tous sont neutres, des pages vierges aux yeux de Clay. Le champagne s’écoule dans les coupes, et, déposant la bouteille sur le rebord de la baignoire, Clay attrape sa coupe et y trempe les lèvres. Il est délicieux. La question de Loen le faut faussement réfléchir. Juste pour l’emmerder. Au bout de très longues secondes, il met fin à sa poker face. — Bah j’aurais dit oui, gros malin. Il sourit. — Donne-moi une seule raison de dire non.