@darcy

ce soir est le grand soir, c'est ce que tu dis en te ramenant nonchalament vers l'homme armé de ton sourire le plus innocent. tu lui as laissé quelques jours, le temps de prendre ses marques et peut-être histoire de voir s'il parviendrait à se dévergonder de lui-même. que nenni ! il faut toujours que tu viennes faire le sale boulot et putain que tu détestes ça. non. dans ce genre de cas tu adores, parce que ça te permet de découvrir de quoi sont réellement fait les gens les moins exubérants. darcy... tu commences calmement, t'as absolument pas oublié la promesse que tu t'étais faites en le rencontrant. je vais boire un petit verre au bar, ça te dit de me rejoindre histoire de faire connaissance ? la demande est aussi innocente qu'avenante en apparence. mais qu'on s'y trompe pas, ce soir tu lui feras cracher tous ses secrets.

Il est tard, je n'ai pas sommeil. L'intégration se passe bien. Les autres candidats sont tous radicalement différents, mais également tous plus intéressants les uns que les autres. J'ai envie de me rapprocher de chacun d'entre eux, mais n'en ai pas encore eu le temps. @Taj est l'une de ses personnes, que j'ai croisé dans les coulisses mais que depuis je croise sans aller plus loin dans la conversation. Son invitation à partager un moment au bar tombe donc au bon moment. Avec joie. À l'image des autres pièces du block, le bar est unique en son genre. Très rétro, eighties, avec des couleurs flashys, des néons etc… Je m'installe derrière le comptoir, cela me rappelle mes belles années à la fac où après les cours j’enchaînais avec un petit boulot de barman. Qu'est-ce que je te sers ? On a du choix. Peut-être veut il commencer doucement ou taper directement dans les alcools fort. Me concernant, je n'attends pas et me prépare un gin fizz. Ce premier cocktail me permet de prendre mes marques, de repérer les bouteilles, les ustensiles afin de m'approprier ces lieux, ce bar étant bien partit pour devenir l'une de mes pièces favorites du block.

l'homme accepte ta proposition sans se douter de rien, à ta plus grande satisfaction. tu mènes la route vers le lieu de sa démise sans vraiment porter grande attention au décor que tu sais juste être aussi flashy qu'onéreux. non, t'es beaucoup trop focalisé sur ton plan et son déroulement. t'es quand même surpris de le voir prendre les choses en main une fois sur place, il passe carrément derrière le bar. tu hausses un sourcil. laisses-moi deviner, t'as travaillé comme barman dans un endroit classe ? d'ailleurs l'adjectif lui colle décidément à la peau. @darcy il respire juste le calme et la classe, c'en est presque déstabilisant. humm tu saurais me faire un russe blanc ? t'as hâte de le voir à l’œuvre, mais t'as encore plus hâte de voir ce qu'il cache.

Je me surprend en me retrouvant derrière le bar, à vite retrouver mes vieilles habitudes. Barman avait été l'un des nombreux jobs qui avaient rythmés ma vie. Même si au fond, cela n'avait pas duré longtemps, j'avais pu y faire de jolies rencontres. Cela m'avait aussi permis de savoir faire des cocktails, ce qui peut toujours servir. La preuve en est, ce soir. Je termine mon gin fizz et @Taj me demande un russe blanc. Un petit sourire nait au coin de mes lèvres. Monsieur est un homme de goût. Je repère les bouteilles derrière le comptoir, la vodka, le khalua et une petite bouteille de crème dans le frigo. 5cl du premier, 2 cl du second, 3 du dernier, un petit coup de shaker dans lequel j'ai préalablement mit des glaçons, je shake et sers. Mon dernier russe blanc date d'il y a quelques années. Tu me diras pour le dosage. Je n'ai pas envie de coucher le jeune homme en un seul. Bien qu'au fond il semble d'une composition assez solide pour en assumer plusieurs d'affilée. Si tu considères un bar lgbtq de Pigalle au milieu des années 90 comme un endroit chic, tu as visé juste. L'Apacamba club, c'était un lieu de fête, de joie, de plaisir surtout. Notamment dans ses années où le Sida prenait des vies à tour de bras, mais où l'on gardait espoir. On voulait profiter de notre jeunesse, faire la fête, ne pas regretter car c'était peut-être notre dernière soirée. Pour moi, qui n'était pas trop de ce genre de milieu, c'était surtout l'occasion de changer d'air, de sortir des cours et de gagner de l'argent. Ce fut aussi le moyen, pour moi, d'assumer enfin ma bisexualité et de ne plus me cacher sous de débiles apparences pour faire plaisir aux biens pensants. Je ne sais même pas si tu étais né, quand je travaillais là-bas. Il faut dire que je dois bien avec le double de son âge. D'ailleurs Taj, un pseudo ou un prénom tiré au sort avec ce qui reste d'un chevalet de scrabble ? Ça sonne cool, jeune. Ça lui va bien, mais ça m'intrigue car c'est pas naturel. On a tous des choses à cacher ici et si je peux profiter de ces quelques verres pour en apprendre plus sur le blondinet. Je ne vais pas me gêner.

t'es flatté par le compliment de @darcy, mais franchement c'est le seul cocktail qui sonne un peu fancy que t'arrives à avaler. il te rappelle un putain de souvenirs, une mémorable soirée dans une sorte de pub irlandais dans une ville un peu paumée de france, le genre délire qui fait pas le moindre sens. tu t'es retrouvé à arpenter la ville lors d'une année erasmus avec des étudiants d'autre nationalités dans vote périple à travers le territoire français. tu t'es fait une pote qui t'as traîné dans ce bar chelou d'une ville dont t'as jamais réussi à prononcer le nom, son mec était barman et il t'a fait découvrir le russe blanc. révélation. premiers verres que t'as enchainé, première fois que tu finissais bourré. il te fait revenir vers l'instant présent quand il mentionne le dosage, tu lui accordes à nouveau ton attention, tu notes un détail. rajoute du sirop de caramel. tu déclares avec un petit clin d’œil. t'as jamais pu retomber sur un bar capable de te faire apprécier le cocktail, c'est que récemment que t'as découvert que c'est parce qu'ils se passaient du caramel. c'est le goût sucré qui me fait supporter les boissons alcoolisées. apparemment t'es pas le seul à emprunter memory lane , monsieur a bossé dans un bar lgbt, il mentionne un lieu qui semble familier mais pas tout à fait. france ? tu demandes, pas très sûr toi. d'un mouvement de tête tu confirmes qu'effectivement t'étais probablement qu'un spermatozoïde à cette époque. tu te tapes une barre quand il s'intéresse à son prénom. franchement je préférerais, mais non juste le daron qui se prend pour un indien. t'attends patiemment l'ajout de l'élément sucré à ton cocktail. au fait, t'as déjà à joué à "je n'ai jamais" ? c'est pas mal pour apprendre à se connaître. tu lances l'air de rien.