@addison


La veille, Gabriele s’était retrouvé à faire son petit marché dans la cabane du pêcheur à le recherche de quelque chose à fabriquer. Pas grand-chose, un petit projet histoire de l’occuper quelques fois pendant l’aventure, quelque chose de non-nécessaire vu ce que cette villa leur offre déjà. Mais il avait fini par trouver son projet, peut-être le premier d’une longue liste qui sait. Deux chevalets et une planche en guise de plan de découpe, il s’installe dans le jardin non loin de la terrasse, parce que même s’il risque fort de dégouliner rapidement sous le soleil de plomb, c’est toujours plus agréable de bricoler avec son ami le soleil. En effet les gouttes sur son corps commence très vite à apparaître si bien qu’il se défait de son tee shirt, pour ne rester qu’en jean. Il commence à découper quelques planches en deux, prévoyant de réitérer l’opération encore et encore jusqu’à l’obtention d’une pile de petits rectangles sur le côté.

Je ne sais pas vraiment ce qui me pousse à me présenter près de la terrasse à cet instant précis. Un désir quelconque de prendre l’air, de profiter d’un soleil de plomb relativement brûlant ou de chercher la quiétude qui m’est refusée à l’intérieur, la faute à la présence d’un trop grand nombre de mes camarades… Le mystère reste entier et demeurera ainsi puisque mon regard est très vite happé par la présence d’une silhouette sur laquelle mes opales glissent avec curiosité, fascination et, peut-être, une pointe de désir. Je ne saurais jamais expliquer pourquoi nous sommes attirés par des muscles saillants, par ce sens de l’effort qui transparait au travers d’infinies gouttelettes de sueur qui, elles, n’ont rien de très sensuel une fois que le contact est établi. J’observe le bel italien en action, me concentre un temps sur ses biceps sollicités lorsque Gabriele se consacre à découper ces quelques planches de bois. Je n’en loupe pas une seule miette et décide de renoncer à cette admiration un moment pour tout simplement le rejoindre. Je n’ai pas oublié qu’il est prêt à me servir son corps sur un plateau au nom de l’art. Je saurais même lui rappeler cela lorsque le moment sera venu, pour l’heure, c’est le sujet de son bricolage qui m’interpelle et me questionne au point d’oser l’interrompre et le surprendre. « Ne me tranche pas la gorge avec tes outils, un incident serait regrettable ! » Je sens les traits de mon visage s’étirer avec joie tandis qu’il relève la tête. « Tiens, pour t’essuyer ! » Je lui tends une serviette sans pour autant en louper une miette ! « Que bricoles-tu ? » Je ne suis pas encore en capacité de le déduire, il n’y a que des tas de morceaux de bois pour le moment et ce chevalet que j’utilise pour des raisons complètement différentes de mon côté.

Il est dans son monde en ce moment-là Gabriele. Lui aussi il en a un, cette petite bulle qui le déconnecte un peu de tout ce qui l’entoure. Il ne fait vraiment pas attention à ce qu’il y a autour de lui, bien concentré sur sa tâche. Il s’arrête immédiatement quand la voix d’@Addison résonne, relevant la tête vers lui suivi d’un sourire. « Hm, merci » il attrape la serviette après avoir déposé son outil sur le côté, venant directement s’éponger le visage en venant la tapoter de façon brouillon sur son torse. « J’ai décidé de créer un petit enclos pour Hortense ! » Il n’a pas encore d’idée fixe, pas un énorme truc. Juste un petit coin dans le jardin qu’il va emménager pour la tortue, qu’elle soit à l’air libre. De toute façon, elle est toute minuscule la tortue, elle n’a pas besoin de masse de place mais il se dit que ce sera toujours mieux qu’un terrarium en verre. « Je suis pas hyperactif mais presque. J’ai toujours besoin de m’occuper les mains et l’esprit. Toujours besoin de dépenser mon énergie, me sentir vidé à la fin de la journée » C’est juste que contrairement à un hyperactif, il a aussi des moments de calme qu’il va apprécier. « Surtout en ce moment » il rajoute presque sous le ton de la confidence. C’est un besoin vital en ce moment. « C’est quoi ton dernier projet à toi, monsieur l’artiste ? »

Je regrette de ne pas avoir en ma possession de quoi coucher sur papier la vision que m’offre Gabriele en ce moment. On oublie souvent qu’un rien peut parfois avoir l’air érotique, une scène du quotidien comme celle-ci peut inspirer des pensées qui n’ont pas leur place dans une relation amicale malgré leur caractère pleinement universel. Je défie quiconque de ne pas ressentir une légère vague de chaleur en observant un bel italien comme lui, taillé au couteau, en train de bricoler et d’utiliser ses muscles saillants à bon escient. Je reste spectateur un temps, admiratif, et me décide à renoncer à ce tableau contemplatif pour le rejoindre, tout simplement. Je découvre l’objectif derrière une telle mission et acquiesce, un large sourire aux lèvres. « Tu as prévu de disposer l’enclos près d’un coin d’eau ? Je peux te donner un coup de main ? » Je ne vais tout de même pas rester ici à le regarder pendant qu’il se démène pour rendre service à Hortense. La description qu’il m’offre de sa personnalité est extrêmement comparable à la mienne. Il a besoin d’être occupé, de rester en mouvement et de ressentir un semblant de bonne fatigue à la fin de la journée pour être bien dans sa peau. Je n’en attendais pas moins de lui, pour être honnête. Un petit ajout retient immédiatement mon attention et me fait légèrement froncer les sourcils. « Tes enfants te manquent ? » Je suppose immédiatement que ce doit être par rapport à cela, peut-être que l’explication se trouve ailleurs, qui sait. « J’ai une idée un peu dingue dans la tête. J’aimerais parvenir à dessiner une moitié de portrait de chaque candidat tel que je le perçois en premier lieu, basé sur des préjugés, sur mes premières impressions et, d’ici quelques semaines, revenir sur cette moitié de portrait pour en dessiner la deuxième partie avec ce que j’estimerais être la personne que je connais ! »

Un point d’eau ? Il se gratte la tête, l’air un peu penaud. « J’y ai pas pensé, il en faut un ? » Enfin il comprend qu’il faut qu’il lui apporter de l’eau ceci dit dans une gamelle ou autre mais il ne pensait pas nécessaire un vrai point d’eau. Il ne s’y connait pas en tortue toute façon. Pour lui ça a juste besoin de terre. « C’est pas de refus, tu bricoles un peu ? » qu’il demande pour jauger les capacités de son camarade. « Tu sais pour quoi j’aurais besoin de ton aide ? L’esthétique ! » Et pour ça, il a aucun doute sur les capacités d’@Addison. Gabriele il a la technique mais clairement, ça ne ressemblera à pas grand-chose. Leur deux savoirs faire mélangés, ça peut donner quelque chose de grandiose. Il rit un peu lorsqu’il pense deviner qu’il a besoin de se fatiguer à cause du manque de ses enfants. « Oui bien sûr il me manque mais c’est pas la cause principale » Pour son esprit, il a de quoi faire, c’est avant tout physique dont il parle là. « Disons que j’ai pas.. l’habitude d’être, hm, sexuellement inactif » C’est dit, et c’est dit sans aucune gêne, avec un bon rire franc. Vous voyez, s’il y avait une moyenne à la libido, Gabriele lui il serait à 8 voir 9. Alors pas un 10 parce qu’il n’est pas au point d’être malade mais ouais, il sent que ça le frustre pas mal à ce niveau-là. Il l’écoute parler de son projet à lui, sourit quand il finit. « Fonce ! J’espère que tu me dessineras en premier, j’ai trop envie de voir le résultat ! »

« Je ne suis pas un expert mais je crois qu’une tortue a besoin d’un environnement assez humide pour être heureuse et se développer. » J’ai cette image assez marécageuse des tortues, de @Côme qui en avait deux petites dans un aquarium lorsque nous étions enfants et que nos parents avaient finalement décidé de donner à des amis pour qu’elles puissent retrouver le confort naturel d’un étang artificiel. Quelques mois plus tard, elles avaient triplé de volume avec l’espace et les conditions favorables à leur croissance. Plusieurs espèces de tortue existent et ne nécessitent pas les mêmes adaptations. « Quel type de tortue est Hortense ? » Il l’ignore surement, tout comme moi. En attendant d’obtenir des réponses, je lui propose tout naturellement mon aide. « J’apprécie les activités manuelles. Bricoler, construire… Je suis très doué de mes mains ! » Dans une autre vie, et avec un peu de patience, j’aurais pu devenir paysagiste. J’ai emprunté un chemin différent, préféré surveiller les bassins et assurer la sécurité des nageurs. « L’esthétique ça me connait. De quoi as-tu envie ? Dis-moi tout ! » Il est à l’origine de ce projet, autant lui laisser la parole et capitaliser dessus ensuite pour réaliser quelque chose qui nous parlera à tous les deux. Gabriele me laisse aller à quelques hypothèses sur les raisons derrière sa présence ici, à meubler le temps en restant occupé. Ses enfants lui manquent, mais la véritable explication se trouve ailleurs et a le mérite de me déstabiliser une toute petite seconde avant de faire jaillir une forme d’amusement qui transparait sur mes traits. « Je te comprends tout à fait… C’est… Difficile… Encore plus avec le peu d’intimité qu’on a ici ! » Nous sommes constamment exposés aux objectifs des caméras qui ne manquent pas une seule miette de nos faits et gestes. « Je ne sais pas si je dois te présenter cela comme un conseil ou non mais… En ce qui me concerne, je me masturbe tous les jours sous la douche pour expulser la frustration et essayer de ne pas trop penser à tout cela le reste de la journée. » À en juger par les retours incessants sur son corps diablement attirant, le succès est limité mais suffisant pour que je puisse m’abstenir de lui sauter dessus, ou sur quelqu’un d’autre d’ailleurs. Je me laisse rarement contrôler par mes pulsions. « Avec qui te laisserais-tu aller à un rapprochement si tu devais craquer maintenant, tout de suite ? » Je l’interroge, curieux, avant de lui exposer mon projet du moment. « Ta première moitié est déjà dessinée dans mon carnet… Toi, @Violette, @Shadi, @Olivia et @Côme, bien entendu. » J’ai plus de difficultés à dessiner mon grand-frère puisque je le connais déjà par cœur.

Il fait confiance à @Addison pour le coup. Même s’il n’est pas un expert, il a l’air d’en savoir déjà plus sur les tortues que lui. « Une tortue terrestre j’crois » Il a l’air intéressé en tout cas pour aider l’italien et c’est clairement pas de refus. Pas qu’il ait tant besoin d’aide mais c’est un sociable Gabriele. Les activités, il préfère les faire à plusieurs que tout seul. En plus de ça, les skills de @Addison pourront vraiment l’aider pour le coup. « Hmm, déjà tous les petits rectangles que j’ai coupé là, ce sera pour délimiter l’enclos. Peut-être que tu pourrais les peindre en motif bambou ? Ou en arbre ? Ça ferait plus joli non ? » Il fait confiance une nouvelle au jeune homme pour ça, parce que c’est clairement pas son truc l’esthétique. Le sujet dérive et sans gêne comme d’habitude, le trentenaire lui fait part de sa frustration et il est ravi de voir qu’il est compris. Ça va, il ne passera pas pour un pervers. Il rigole en entendant ses conseils. Bien sûr qu’il appliquait déjà cette méthode, vous vous doutez bien. « Ah mais clairement, ça aide mais ça suffit pas totalement. Putain en plus je dors avec Adrien qui me réclame tout le temps des câlins. Il se rend pas compte des fois, que se frotter à moi c’est dangereux » Il lâche de nouveau un rire franc. Il déconne à moitié. Ouais ouais. Il n’hésite pas une seconde à sa question, répond au tac au tac. « Violette » puis il tilt, parce que forcément, il réfléchit toujours après avoir parlé. « Désolé, c’est peut-être pas le plus agréable à entendre concernant son ex ? » Il ne sait pas vraiment les tenants et les aboutissants de leur relation aux deux mas il sait qu’il n’aimerait pas entendre qu’un mec veuille se faire sa femme. Bon ok, c’est encore un autre contexte. Un large sourire se redessine quand il entend avoir déjà sa place dans son carnet. C’est flatteur après tout, ça veut dire qu’il l’a un peu plus marqué. « Et je peux voir ? Ou c’est top secret ? Ou tu peux me le décrire ? »