Ils n’avaient pas vraiment terminé leur discussion la semaine passée, même s’ils s’étaient côtoyés durant le restant de la semaine, leur habitude du dimanche matin c’était presque devenu un rituel sacré. Alors Bianca s’était mise un peu à l’ écart en attendant son prince.  Elle avait choisi l’arbre à cœur ouvert car c’était bien le seul endroit potable ici avec le lac, et surtout l’un des seuls avec un air respirable. Elle vivait un enfer depuis seulement quelques heures et elle se rendait compte qu’il n’était pas prêt de prendre fin. Elle n’avait pas dormi depuis qu’ils avaient quitté l’avion. Peu maquillée, les traits marqués et le regard vide, se traîner jusqu´ici avait été un supplice. Finalement le beau brun pointait le bout de son nez, plutôt enjoué et joyeux de si bon matin. Elle, elle n’arrivait même plus à sourire. Je veux rentrer... se plaignait elle à son confident préféré à peine arrivé. Je vais pas survivre ici... tu m’as vu ? Il faut faire pipi dans un saut, il faut se laver dans une douche qui n’a presque pas d’eau chaude je... et où sont les miroirs ? À côté de ça mes robes sont en train de moisir dans ma valise entre l’enclos à cochon et celui des vaches.. je ne sais pas si tu te rends compte @Mael ? Elle le regardait avec l’infime espoir que peut être lui saurait faire quelque chose pour l’aider à ne pas trop souffrir.
En plus de ça ils n’étaient plus dans la même équipe et ça elle avait aussi du mal à l’encaisser. Mais ça ne changerait en rien les rapports qu’ elle entretenait avec lui, du moins elle l’espérait. Alors qu’il s’asseyait Bianca venait poser sa tête contre son épaule. Bien joué pour le sas. Je n’ai pas douté un instant que tu aurais ce score... Maël avait l’étoffe d’un gagnant selon elle. Mais elle était trop fière pour l’avouer à haute voix.

Tiède ? Elle était glacée ! De ma vie jamais je n'ai été aussi froide. @Mael était vraiment une épaule sur laquelle elle pouvait se reposer en toutes circonstances, et l'inverse était moins vrai. Elle se rendait compte qu'elle était sans aucun doute la plus insupportable et la plus irritante de toutes. Malgré ça son ancien camarade jaune lui restait toujours fidèle et c'est ce genre de tempérament et de comportement qu'elle appréciait particulièrement. Il lui donnait ensuite un petit conseil pratique pour qu'elle puisse mettre toutes ses affaires à l'abri. On a accès à la cuisine ? Une information qui lui était passée entre les doigts, certainement trop perturbée à l'idée de devoir passer une semaine sans aucun confort. Le brun venait caler sa tête contre la sienne et profiter de la vue qu'ils avaient depuis cet arbre magnifique. Mmmh. C'est vrai que c'est beau. Elle ne pouvait pas le nier. Et au fond elle savait que Mael avait raison : dans deux jours on ne l'entendrait plus rien dire, elle se sera mis à l'ouvrage et même peut-être qu'elle appréciera certains moments passés ici. Mais elle était superficielle parfois et bien trop matérialiste, elle le savait après tout mais est-ce qu'elle avait envie de changer ? Si Carl était là, il serait comme un fou avouait-elle, comme pour se donner de la force pour surpasser tout ça. Alors il se relevait, le beau Mael, et il venait se placer derrière elle pour lui offrir un avant-goût de ses talents de masseur. Chéri, dimanche prochain au petit matin je veux un massage comme celui-là dans le block. C'était pas une question, depuis le temps qu'elle attendait de trouver les mains parfaites pour se prêter à l'exercice. Elle suivait ses conseils pour se 'détendre'. T'as beaucoup de ressources, même pour un simple coach sportif. Elle se ravisait. Enfin, je dis pas ça de façon à dégrader ton métier mais... je suis maladroite, excuse moi. Ses préjugés sur les gens elle les avait automatiquement, c'était presque mécanique. En trois secondes elle dressait le portrait de quelqu'un juste à sa façon de marcher, à son allure, à sa façon de s'habiller et à sa manière de communiquer. Parfois les apparences étaient trompeuses mais Bianca n'allait jamais plus loin que cette façade sous-estimée. Au sein de cette émission elle avait progressé, et si en temps normal jamais elle ne se serait retournée sur un gars comme Mael, elle se rendait compte aujourd'hui de ses erreurs et comptait à l'avenir y remédier. Je vais faire en sorte de maintenir cette équipe en vie oui. S'il n'y avait pas eu ce combat de coq entre Derek et lui le premier soir, elle se serait proclamée chef de cette team dans laquelle elle était encore cette semaine. On n'a pas fini ce qu'on se disait la dernière fois... assied-toi s'il te plaît lui intime-t-elle alors qu'il avait encore changé de place pour se placer face à elle. C'est qu'il avait la bougeotte dés les premières heures du matin le petit'! Ça me fait du bien de te compter comme mon binôme ici, et je voulais que tu saches que peu importe nos couleurs, peu importe nos chemins, je ferai toujours en sorte qu'on avance ensemble. Même si pour ça elle devait sacrifier quelqu'un chez les jaunes. Elle n'aurait aucun remord à le faire en tout cas, ni aucune hésitation. Je préfère te le dire parce que je ne le montre pas forcément. Et parce que depuis le prime le jeu prenait un nouveau tournant, et c'était vraiment pas le moment de perdre le peu d'alliés qu'elle avait dans ce jeu.

Un stage survivaliste ? Y a bien que toi pour aimer ça ! souffle-t-elle quand il lui propose de participer à ce genre de programme. Elle l'écoutait se lancer dans une liste d'arguments qui la faisaient sourire. Elle secouait la tête : Non non non... mais où est-ce que j'ai atterri. Fouiller dans une poubelle ? Moi ? Non mais tu m'as vu ? Même elle elle n'y croirait pas si elle se voyait dans pareille situation. Bien trop habituée à un confort exagérément luxueux et pas franchement utile quand on y réfléchit bien, ça serait un trop fort contraste que de la faire participer à ce genre de stages. Le 24 Octobre, qu'elle répond à @Mael qui lui demande sa date d'anniversaire. Et la tienne c'est quand ? Que je te prenne une formation 'comment mieux défiler sur un podium'... Avec sa dégaine de campeur et ses vêtements bons marchés il ferait des ravages dans ce monde très étrange qu'est la mode. De corvée petit déj ? Si tu veux... Tu préfères quoi ? Les oeufs de poules que j'aurai ramassé peut-être ? Avec une tranche de bacon fraichement coupée à la source ? Brrrrr ça devenait gore là. Ensuite, la conversation déviait sur son fils Carl. Il est plein de joie de vivre, toujours à l'affût, toujours un sourire, toujours une marque d'affection... j'aurais aimé garder cette innocence qu'elle confie à Mael, le seul ici avec qui elle a ses petits rendez-vous hebdomadaires post-primes qui l'aident à se revigorer pour la semaine. Mais on me l'a volée ! Alors, j'essaie de faire en sorte, peu importe ce qui lui arrivera plus tard, qu'il garde une part de ce qu'il est. Parce que je pense que c'est important aujourd'hui, de rester fidèle à soi-même. Le français voyait son travail comme une manière d'aider les gens ? C'est ce que tu fais ici aussi. Avec moi en tout cas. Petit clin d'oeil, en guise d'excuses pour ses insinuations sur la qualité du job de Monsieur. Et toi alors ta famille, elle ressemble à quoi ? Elle ne savait pas grand chose de ce qu'il était en dehors de son travail et de ses passions. Il s'agenouillait face à elle quand elle lui demandait de s'approcher pour lui parler. Bianca avait besoin de lui partager ce qu'elle avait sur le coeur vis-à-vis d'eux, parce qu'elle paraissait souvent trop égocentrée pour voir ce qui se passe autour d'elle et ça, elle voulait l'améliorer. Je nous fais confiance aussi affirmait-elle en hochant la tête. Finalement il lui demandait, avec pudeur et respect, si elle s'était déjà sentie trahie. Mais ça ressemblait plus à une question rhétorique dont le brun connaissait déjà la réponse. Elle prenait une profonde inspiration en baissait les yeux, un sentiment de tristesse et de mélancolie l'envahissait alors. Si tu savais... si seulement tu savais. Elle avait ce poids sur les épaules et il lui était devenu difficile de conjuguer sa vie présente avec sa vie passée, elle devait se débarrasser de ce qui la retenait d'avancer correctement mais... Je dois être bien piètre actrice pour que ça se remarque à ce point. J'ai l'impression qu'on lit en moi comme dans un livre ouvert. Et j'ai beau ajouter tous ce que je veux au texte pour brouiller les pistes, tu arrives toujours à lire entre mes lignes. Elle prenait sa main dans la sienne, souriant légèrement. Je ne sais pas ce que je fais ici pour tout te dire. Il n'y a pas un jour sans que je me pose la question... mais jamais je ne trouve la réponse. Elle arrivait dans une phase où son secret lui pesait énormément et où elle n'avait qu'une envie : s'en débarrasser une bonne fois pour toutes et montrer son vrai visage. Pas la Bianca du showbizz, pas celle qui est entrée il y a quatre semaines avec juste une idée en tête... Elle voulait redevenir la Bianca du passé, celle qui vivait et qui profitait de chaque moment, celle qui était innocente comme Carl. Tu as raison, cet endroit est magnifique.