Plus boue que Maggie, ses cheveux de feu d'un châtain terne, ses chaussures sont abandonnées à l'entrée des douches qu'elle prend d’assaut. Elle ne s'arrête pas lorsque ses pupilles reconnaissent les courbes enflammées de @Rumer, au contraire. Le temps se veut assassin, à la fois lent et en avance rapide, les jours à la ferme comptés pour un retour aux sources qui ne saurait tarder. La lune et deux lampes de poche comme seules sources de lumières, c'est comme des ombres chinoises, réel et imaginaire, un spectacle fait pour être observé en compagnie des étoiles. « Tu es encore plus belle comme ça. Entièrement dévoilée mais à deviner. » Elle dépose un baiser sur une épaule, la cascade qui dérive le long de sa peau délicieuse. «Tu aimes bien ici? » Un frisson lui parcourt l'échine, température de l'eau peu clémente alors qu'elle se dépose sur son dos lorsqu'elle vient faire face à Rumer, la tête penchée pour laisser sa chevelure se débarrasser de la terre incrustée. Les vêtements se font lourds sur sa peau, déjà détrempés, embrassant la moindre parcelle de son corps. « Tu te souviendra de moi, quand on partira? » Elle demande innocemment, paupières closes, visage en offrande aux cieux et ses mains qui essaient de faire glisser son short vers le sol, ce dernier qui s'écrase d'un splash tonitruant. « C'est quoi ton bruit favoris? »

Ereintée de sa journée, elle purifie son corps encrassé de toutes ses impuretés - notamment cette odeur de foin qui se répand sur sa chevelure flamboyante. Ses vêtements au sol, le corps à nu, elle se badigeonne de gel nettoyant et de shampoing dans les cheveux, veillant à éviter les yeux. Elle rince le tout, une eau presque tiède vient déferler en petite cascade sur sa carcasse, balayant la mousse de sa peau. Elle attend la voix vaporeuse de @Maggie lui parvenir. Ses lèvres papillonnent sur son épaule et elle frémit de plaisir. Elle la regarde prendre place à ses côtés sous la douche. – Oui, ça fait du bien de ressourcer un peu. Ils sont loin de tout, en osmose avec la nature, dépouillés de toute considération matérielle. Elle a accueilli cette retraite avec un certain soulagement. Ce retour à la nature lui permet de se recentrer, de se reconnecter à des émotions pures, de se retrouver avec ses pensées les plus intimes. Se souviendra-t-elle de Maggie ? C'est l'évidence même, comment peut-elle penser autrement ? – On est des sœurs, remember ? Des sœurs de cœur. Elle la fait pivoter pour l'aider à se nettoyer les cheveux, elle y passe ses doigts fins commençant à les démêler, crin par crin pour se débarrasser de la crasse, restaurant la superbe de son châtain roux. Elle dégage sa nuque pour y apposer ses lèvres d'une marque de tendresse. – La pluie qui s'abat sur les fenêtres., qu'elle lui rétorque dans un murmure avant de l'aider à retirer son haut. – Et toi ?  Elle attrape un gant de toilette à proximité avec lequel elle commence à frictionner le dos de la nymphette.

« Elle te parle aussi, la nature? » Ils sont bien ici, finalement. Presque tous. Les animaux, la nature, le ciel et les étoiles. Le jeu s'oublie facilement en l'absence de mur, l'immensité pour toute limite. C'est plus doux, plus serein que l'étroitesse de leur block, des tensions naissant au grès de leurs envies. « Je me souviens. » Elle glisse presque inaudible, le cœur qui chante. Elle n'était pas sure que @Rumer s'en souvienne, s'y retrouve même. Mais si et ça la remplie de joie, assez pour engendrer un sourire éclatant. Elle se laisse manipuler avec plaisir, d'autant plus lorsqu'elle sent ses doigts se mouvoir dans sa chevelure. Elle a toujours aimé qu'on lui touche les cheveux Maggie, un plaisir si simple et pourtant si intime. Et elle le fait en silence Rumer, tout en patience, rendant à sa chevelure son éclat naturel. « Et tu es à l’extérieur ou l’intérieur? » Sous la pluie ou sous un plaid? Elle est toujours sous la pluie Maggie mais elle voit plus Rumer sous le plaid, les yeux suivant le chemin de gouttes d'eau remplaçables. Le tee shirt suit le chemin du short et elle frissonne, la chair de poule apparente. « Les soupirs d'allégresse. Quand le bonheur prend tellement de place, qu'il trouve une façon de s'exprimer. L'esprit languide et le corps relaxé. » Généralement utilisé après une nuit prolifique mais trouvé en d'autres circonstances. « Tu veux bien oublier le gant? Je préférerais sentir ta main glisser sur ma peau. » Elle tourne la tête, Rumer au coin de son champ de vision. Elle se tourne avant qu'elle ne termine, remontant ses mains le long de ses bras, l'allure lente, s’imprégnant de chaque pore, de chaque douceur. « Et j'aimerais sentir ta peau sous mes empreintes aussi. » Elle remonte doucement, écarte une mèche orangée de son visage sibyllin. « Et te remplir d'allégresse. » Pour l'entendre soupirer. Ses doigts glissent le long de sa mâchoire, s'attardent sur ses lèvres qu'elle caresse, se demandant si elles seraient aussi douces contre ses lèvres. « Qu'est ce que tu veux toi? »

— Oui, les arbres surtout. Gamine, elle a tissé un lien particulier avec ces derniers. Quand son père la contrariait, elle venait se réfugier sous leurs cimes. Un bouquin dans les bras, elle s'endormait paisiblement contre le tronc protecteur de son cerisier préféré. Les doigts enfouis dans les crins de la chevelure mordorée de sa sœur de coeur, elle poursuit la chasse aux impuretés. Le bruit de la pluie qui s'abat sur les fenêtres, qu'elle répond à @Maggie comme une évidence. A l'intérieur ou à l'extérieur ? — Les deux, selon l'humeur du moment. La sensation de la pluie sur son cœur lui rappelle des souvenirs de baisers fougueux, d'engueulades et de réconciliations. Mais quand elle est dans son atelier, un pinceau à la main, la pluie la berce. Le décrassage de la nymphette se prolonge, elle s'attaque au tronc de celle-ci. La rouquine préférait ses mains, venant caresser sa peau. Celle-ci se rapproche, ses doigts cajoleurs effleurent alors la peau de l'anglaise. Son corps se trouble à leur toucher. Plongeant son regard dans le sien, elle y voit une lueur de désir animer ses pupilles. Rumer se dérobe à elle, résistant à la tentation de la chair. — Maggie., qu'elle murmure, meurtrie par ce qu'elle s'apprête à lui dire. — Je ne te vois pas comme ça, tu comprends ? Elle vient déposer sa main sur son visage de poupon et en caresse les contours avec une douceur presque maternelle, en espérant qu'elle ne le prendrait pas mal. Quand elles sont ensemble, elle ne peut la désirer ainsi, la voyant comme une vraie sœur et non, une amante. — On s'habille. Avant qu'elles n'attrapent froid. Désireuse de rompre l'envoûtement que la jeunette exerce sur elle, elle coupe l'eau et attrape une serviette, entoure son corps avec. Elle fait de même avec Maggie, puis commencer à sécher ses cheveux avec une énième serviette. — J'ai quelque chose à te raconter., qu'elle lui murmure pour l'apaiser, tentant de la distraire. — C'est l'histoire d'une jeune fille qui a donné son corps et son cœur aux amants et amantes de passage. Souffrant trop de ce cœur qui l'encombre, elle a supplié une sorcière de le lui retirer. Par compassion, cette dernière lui jette alors un sort. La nuit tombée, lorsqu'elle retirera son cœur, elle se transformera en dragon. Une fois les cheveux séchés, elle passe aux épaules perlées d'eau de la belle. — En échange de ce sort, toutes les nuits, elle doit garder un donjon pour la sorcière. Chaque nuit, cette jeune fille s'arrache le cœur et devient dragon. Elle a été heureuse pendant un temps. Elle fait une pause dans la narration, la mélancolie la submergeant peu à peu. — Mais un jour, elle tombe amoureuse à nouveau. Et dans un élan d'amour, elle s'est transformée en dragon sous les yeux effarés de son amant. Un par un, amants et amantes la rejettent, terrifiés par son aspect monstrueux. Malgré les rejets et l'incompréhension de ses proches, la jeune fille continue à s'arracher le coeur, nuit après nuit. Caressant distraitement les cheveux secs de sa confidente, elle termine le conte sur une note douce et amère: — En secret, elle continue d'espérer qu'un jour, quelqu'un puisse aimer le dragon qui est en elle.

Ils sont plusieurs à l'écouter, la nature ici, ça lui rappelle la maison, le manque moins vivace. Elle ne pensait pas qu'elle en trouverait, des gens comme elle, puis Violette et Rumer sont apparues, habillées par le soleil et bercées par la lune. @Rumer l'éblouissante lumière et Violette la lune mystérieuse. Elles se complétaient, toutes les deux, des cœurs en harmonie. Les arbres, la pluie, le vent, la mer, autant de bruits qui nous transporte, d'histoires qui nous chavire. « Tu danses sous la pluie? » Avec les gouttes qui lui dévorent le visage, le corps qui transperce le rideau glacé. Elle serait belle comme là, comme toujours. Son corps parle avant elle à Rumer et laisse ses doigts voler entre elles avant qu'elle ne les récupère et les pose sur son ventre. « Je comprends. » Mais elle ne comprend pas, pas vraiment. Mais elle dit rien, elle la regarde s'avancer de nouveau et arrêter la douche, laissant derrière elles le vestige de ce qu'aurait pu être leur nuit. Elle est triste Maggie, triste de ne pas pouvoir l'aimer comme elle voudrait mais elle a surtout peur qu'elle s'en aille, qu'elle la laisse là, trempée et solitaire, toujours, toujours seule. Mais elle reste et elle se laisse faire, serra sa serviette contre elle et laisse quelques larmes invisibles glissés sur ses joues mordorées, le soulagement évident. Elle écoute en silence l'histoire qui prend vie entre elles, qui colore leur monde sombre et les barricade de tristesse. Elle ne l'aime pas vraiment son conte, il est triste, et il finit mal. « C'est l'histoire d'une femme. » Elle peut raconter aussi Maggie, elle n'ose pas toucher Rumer, ses doigts qui se serrent encore plus sur sa serviette mais elle peut la toucher autrement, à l'intérieur. C'est la femme la plus courageuse du royaume. Elle combat tous les dragons, elle tient tête à tous les nobles. Elle l'imagine, le menton relevé et les épaules redressées, l'échine jamais courbée. « Tous les soirs, elle se transforme en monstre, dès que la lune tombe. Tu vois, elle a été maudite par une sorcière, par hasard. » Elle serre les bras contre elle, combat un frisson mais s'éloigne pourtant de l'invitation du corps chaud de Rumer. « Elle est terrifiée. Terrifiée à l'idée qu'on réalise qu'elle n'est pas qui elle prétend, terrifiée à l'idée qu'on réalise que ce n'est qu'un monstre, terrifiée à l'idée que son vrai visage, au fond, ce n'est pas ses traits pleins de beauté sous le soleil, mais ses traits déformés par la lune. Alors quand elle rencontre un monstre, un vrai, elle le repousse, désarçonnée. Il est parfaitement ancré dans sa peau, dans ses os. Il n'est pas terrorisé par son reflet dans le miroir, ou le regard que l'on porte sur lui. Et elle lui en veut. Elle lui en veut encore plus lorsqu'il découvre son secret. Sa plus grande honte. Lorsqu'il la découvre elle, lorsqu'il voit son monstre. » Elle s'avance un peu, sort de la douche, le visage tourné vers la lune, les paupières closes. « Elle a tellement peur qu'elle réalise pas que lui, c'est son monstre qu'il aime. Pas la femme parfaite qu'elle se veut être la journée, mais celle pleine de cicatrices et de vulnérabilité qui trône la nuit. Il aime chacune de ses souffrances, chaque erreur qu'elle a faite. Il aime le monstre et la femme, mais sans le monstre, la femme ne serait pas. Il accepte les deux, il attendra seulement qu'elle arrive à faire de même. Parce que tout le monde aime déjà le monstre en elle, tout le monde sauf elle. » Le dragon, il fallait qu'il apprenne à s'aimer d'abord. « Tu comprends? » Elle demande, ouvrant finalement les yeux pour les poser sur elle.