Il y a des expériences qui, inspirées du quotidien, viennent aisément nous rappeler que notre confort n’était pas celui de nos ancêtres. Nos grands-parents et leurs propres aïeuls avaient-ils le loisir d’utiliser un arrosoir pour profiter d’une bonne douche ? La question se pose, ils n’avaient surement pas cette ingéniosité et optaient plutôt pour un seau d’eau et une éponge. Je me demande comment ils faisaient pour constamment réussir à faire leur toilette sans aucune source d’eau chaude. J’ai du mal à les imaginer faire réchauffer encore et encore des casseroles sur le feu ou de plus grandes bassines pour un maximum d’efficacité. Ils n’avaient pas connaissance de ce que nous avons, ne pouvaient pas être privés d’une découverte qu’ils ne possédaient pas et maintenant… Maintenant je suis là, comme tous les matins après une séance de sport en milieu naturel à base de découpage de bois et de cardio, à me préparer psychologiquement à l’affrontement mental qui m’attend. J’aime la douche lorsqu’elle est bouillante, pas glacée. Une dernière inspiration pour me donner du courage et je retire mon short en prenant soin d’entrainer mon boxer dans la foulée pour retrouver le confort du plus simple appareil. Ma peau brille encore de l’effort accompli, de cette sueur qui s’est écoulée en réaction immédiate à l’intensité de mes exercices. J’avance de quelques pas et laisse m’échapper un léger râlement lorsque mon corps est heurté de plein fouet pour la froideur glaciale de cette eau. « Putain que c’est froid ! » Les douches ici ne donnent pas envie de prendre son temps. La seule réponse à apporter à une telle température est l’efficacité.

Est-ce que je m'attendais à autre chose? Je tentais de m'imaginer que oui, mais en réalité cette douche n'est que complémentaire au panorama. Nous dormons dans des box à cheveux, à quel genre d'installation je pouvais bien m'attendre pour les douches. J'ai essayé de trouver un avantage à cette façon de faire et j'ai trouvé, j'ai réussi. Ce n'est pas révolutionnaire, mais c'est excellente façon de me réveiller rapidement. Je pourrais carburer à cette eau glacée. Pour l'eau chaude, c'est aussi imprévisible que la roulette russe, toutes les températures sont possible. Ce matin, j'opte plutôt pour l'utilité hygiénique, question de faire quitter l'odeur de l'enclos des cochons de mon corps. De mon âme aussi je dirais. Le potager et les poules ça va, mais un travail colossal les cochons. Bien que l'ambiance au retour aux sources, les plus naturelles soient-elles, je me douche en maillot jusqu'à ce que ce soit le moment de laver la zone. J'ai donc ma serviette et mes deux bouteilles format voyage de savon et shampoings, prêt à affronter la loto de la douche extérieure. Une étape imprévue se glisse dans le plan, je découvre un @addison nu comme un verre, l'eau ruisselant sur corps encore gonflé de son activité précédente. Intuitivement, je couvre mes yeux d'un geste enfantin, Ooooooopppssss. Jouant le jeu par la suite, j'espace mes doigts, profitant un brin de la vue. Échappant un rire spontané ensuite, vu l'enchaînement que je viens de produire, T'es tombé où dans le spectre de la torture avec cette douche?

Je tente de me préparer psychologiquement, de visualiser d’autres situations où la froideur serait synonyme de plaisir pour ne pas avoir à repenser à cette eau glacée qui s’apprête à recouvrir mon corps entièrement mis à nu. Je frissonne lorsque les premières gouttelettes s’aventurent sur mes cheveux courts, lorsque la froideur s’immisce jusqu’au creux de ma nuque et fait réagir par impulsions l’intégralité de mes connexions nerveuses. Je me contracte, tente de mon mieux de serrer les dents pour ne rien laisser échapper mais c’est plus fort que moi et les mots prennent le pas sur tout le reste. Mes muscles se contractent et mon être tout entier m’implore de reculer, de battre en retraite pour ne pas avoir à affronter un tel mal plus longtemps. J’attrape ma bouteille de gel douche à vive allure pour la presser contre la paume de ma main. J’en serais presque à trembler, peut-être parce qu’il est encore tôt et qu’il ne fait pas spécialement beau en ce début de matinée. La noix de liquide savonneux ne tarde pas à s’échouer sur mon corps, je m’en sers pour faire mousser chaque centimètre carré de mon enveloppe charnelle, concentré pour ne pas avoir à endurer le froid jusqu’à ce que ma peau se soit habituée à un contact si gelé. J’entends derrière moi une voix s’élevée, un oops enfantin qui me pousse très naturellement à me retourner sans penser une seule seconde que ma nudité est à l’origine d’une telle réaction. « Quoi ? Tu as vu quelque chose d’effrayant ! » Ses doigts s’écartent lentement, laissent apparaitre ses opales qui, elles, semblent lorgner du côté de mes muscles gonflés à bloc après une séance intensive de sport. « J’en suis à ne plus sentir le bout de mes doigts. Le froid anesthésie mes muscles. C’est à la fois agréable et très désagréable. Je passe d’une émotion à une autre ! Tu te joins à moi sous cet arrosoir ? » Je l’invite, mutin, en désignant du regard cet objet de malheur.

Une fois la vue retrouvée, mes iris se promènent sur le corps d'@addison, qui ne semble pas donner aucun indice sur la température de l'eau actuel. Enfin si. Et je me demande si je retiens cette blague ou si je m'amuse à la lâcher. Je viens de voir ce que l'eau gelée à fait à ton corps (...) Poursuivant ma remarque en soulevant les sourcils, insistant mon regard sur son intimité. Je tiens bon quelques secondes, mais j'éclate de rire. Un rire spontané, sincère, qui résonne au alentours. On ne pouvait douter de ce sarcasme, reprenant tranquillement mon souffle. C'était peut-être un brin fastfoward dans notre amitié, mais il n'y avait pas meilleur contexte pour sortir cette blague, c'était proposé sur un plateau d'argent. Le brun enchaîne avec ses meilleurs arguments, m'invitant à le rejoindre sous, ce que je comprends, une douche qui puise son eau des glaciers. Je grimace, toutefois Claire s'est fait comprendre, personne ne prend la douche en otage et autant économiser l'eau autant que possible. Je prends une inspiration profonde, je hisse ma serviette tout près et je me chochotte un décompte 3, 2, 1. Je me glisse sous le jet, tout en fermant les yeux. La pensée magique viendra peut-être à mon secours. Ouuuuuuuuuuuhhhhh M'exclamant, j'y vais pour la totale, la source d'eau directement sur mes cheveux, m'enveloppant complètement. Pour partager ce jet, la proximité est inévitable. Je passe mes mains sur mon visage, dégageant mes cheveux et me ramenant à la réalité. Aussitôt trempé, je me retire du jet direct pour me savonner profiter de ce répit. T'es avec qui dans le box? Je n'ai pas tout suivi. Je l'ai cherché du regard pourtant Addison au dernier prime, à l'annonce de ce cinéma avec Côme, mais je ne l'avais pas aperçu. Parce qu'à la sortie de cette douche, 100% certain que je vais devoir me faire réchauffer.

Je ne me précipite pas sous cette douche, moi qui suis pourtant le premier à vouloir me jeter là-dessous en temps normal, lorsque l’eau n’est pas seulement chauffée dix minutes dans la journée pour le plus chanceux d’entre nous. Cet arrosoir de malheur m’abreuve d’un liquide glacé qui me fait immédiatement réagir. Tôt ou tard mon corps s’habituera à une telle sensation, mes terminaisons nerveuses s’adapteront à cette température et j’aurais presque l’impression de profiter d’une douche chaude mais pour l’heure, et en l’absence de tout cela, je ne perçois pas du tout le confort et me concentre sur la nécessité que représente cet acte sanitaire après un entrainement sportif. Sentir la transpiration ou le sale, ce n’est pas du tout mon truc. Si je ne suis pas du genre à me pomponner pour sortir chercher du pain au petit matin, j’apprécie d’être propre sur moi en permanence. Sait-on jamais ce qui peut arriver en l’espace de quelques secondes. Loen débarque et ses yeux se concentrent sur une intimité qui ne me fait pas honte le moins du monde, bien au contraire. Je le laisse faire, pas pudique, encore moins gêné même si j’aimerais savoir pourquoi il me dévore ainsi des yeux, vous savez, pour assouvir ma curiosité. Ce qu’il trouve à me dire a l’effet d’une double douche froide, de quoi me faire baisser les yeux vers un membre qui, pourtant, ne semble pas avoir rétrécit autant que cela. « Je te défie de te dévêtir pour faire mieux que moi à ce sujet-là ! » Il explose de rire, récompense d’une blague de mauvais goût qui fait malgré tout s’étirer mes lèvres en un fin sourire rassuré. De tous les temps, l’homme a toujours tendance à être salement amoché lorsqu’on s’attaque frontalement à sa virilité. Si je m’estime au-dessus de la moyenne à ce niveau-là, certaines fêlures demeurent. « Mon offre tient toujours, plaisanterie ou non ! » Pourquoi serait-il le seul à avoir le loisir de se rincer l’œil, humour ou non ? Je me mordille la lippe et le toise d’un regard bourré de défiance. Il se décide à me rejoindre et j’observe sa réaction avec un intérêt grandissant, mort de rire lorsqu’il surréagit à son tour face à cette avalanche d’eau glacée. « Alors, cette température ? » La proximité est étrangement intéressante, dommage que je ne puisse pas embarquer mon calepin pour dessiner certaines des images qui me traversent l’esprit. J’en aurais des choses à coucher… Sur papier. « Je dors avec @Violette, comme depuis le début. On forme une belle équipe elle et moi. Quoiqu’il puisse arriver ici, je lui ferais toujours une confiance aveugle. » Mes lippes s’étirent et je l’observe prendre de la distance pour recouvrir sa peau d’un peu de gel douche. Me faire réchauffer, j’arque un sourcil, intrigué et amusé à la fois… Peut-être un peu joueur également. « Je suis peut-être l’homme de la situation, pour une fois. Des gros muscles certes humides, mais c’est justement ce qui devrait nous permettre de nous réchauffer simultanément ! » Cela en toute amitié, bien entendu.    

Je disais pour t'embêter, arrêtes. Que je m'amuse à lui répondre, pendant qu'il s'analyse l'engin. Cette blague m'a fait rire un bon coup et je n'ai aucun regret, la situation y était tellement propice que c'est presque comme si on m'y avait obligé. L'égo semble me lancer la prochaine remarque et elle me glisse sur le dos, Tu rêves, c'est en maillot. L'air faussement boudeur. Je ne comptais faire la queue pour une douche, surtout si je sais d'avance que l'expérience sera plutôt désagréable. Allez j'arrive. Autant vivre ce calvaire à deux et économiser quelques minutes de notre journée. Je me dégarnis de ma serviette et j'entre sous le jet glacial, la faciès déjà crispé, l'anticipation trop puissante. Je ne me permets aucune transition, l'eau dévale sur chaque centimètre de mon derme, complètement insatisfait de ce traumatisme thermique. @addison tourne le couteau dans la plaie, suite à mon exclamation pourtant révélatrice. Ça libère de l'adrénaline, j'te le confirme. Dès que possible, je me dégage de la source d'eau, dégageant mon visage et honorant le plus vite possible l'étape du savonnage. J'apprends à l'instant que cet aspect de lui est véridique, enfin jusqu'à la prochaine annonce du Proprio semblerait-il. Ah c'est mignon! Je ne vous vois pas beaucoup ensemble pourtant ici. Simple observation. Aussi, je ne vois pas beaucoup de trucs à la base, ça ne pourrait être qu'une mauvaise intuition. La seule option possible à la suite de ce supplice, c'est d'être réchauffer d'une quelconque façon. Le soleil ce ne serait pas assez rapide, mes dents à un cheveu de grelotter pour le moment. Je frotte ici et là, en haut en bas, sous le maillot, dans des mouvements rapides, soulignant mon impatience de quitter cette douche, rien contre Addison. D'abord t'as déjà été l'homme de la situation avec le gâteau à Freya. Et si t'es attentionné comme à la fois sur les sièges suspendus, j'veux bien. Cette coïncidence n'est pas totalement sorti de nulle part. Être sous cette eau froide trop longtemps pourrait littéralement me donner envie de dormir, trop de stimulation nerveuse. J'affronte une dernière fois l'avalanche du nord pour rincer le savon me recouvrant.

Je rentre volontairement dans son jeu, pas le moins du monde outré ni perturbé par l’insinuation qu’il vient de glisser le plus innocemment du monde concernant la taille de mon second cerveau. Il est mal tombé, on ne peut pas faire plus à l’aise avec ce genre de sujets que moi, il en faut beaucoup pour faire surgir une forme de pudeur ou de gêne qui me couperait net l’herbe sous le pied. Il tente de se justifier, reprécise une plaisanterie effectivement bien interprétée et je me marre déjà intérieurement en imaginant la suite des événements. « Aurais-tu peur de ne pas faire le poids ? » Je me mordille la lippe, provocateur et très largement moqueur, pas certain de ses capacités en matière de répondant face à un challenge. Il opte pour la facilité et se joint à moi vêtu d’un maillot de bain quelconque sur lequel je ne m’attarde pas plus que de raison, bien trop occupé à greloter sous cette maudite douche qui lui réserve le même effet et a le mérite de bien me faire rire. « Tu te moquais de moi tout à l’heure, mais tu n’es pas mieux finalement. » Je lui tire la langue et me détourne pour attraper le gel douche, en presser une noix contre la paume de ma main afin de répandre le liquide le long de mes muscles. Une fine couche de mousse les recouvre bientôt. « Je me demande si leur objectif n’est pas de rendre tout le monde malade pour que la semaine prochaine soit encore plus extrême que celle-ci… Un prime avec, pour activité centrale, une bagarre autour du dernier mouchoir en papier à utiliser pour se moucher ! » J’en viens à parler de @Violette, comme très souvent ici, mais son retour me désarçonne l’espace d’un instant. « Ah bon ? J’ai pourtant l’impression qu’on passe nos journées tous les deux ! » Est-il certain de vivre dans le même block que nous ? Un nouveau passage sous le jet d’eau, un rappel à ce magnifique gâteau que nous avons réussi à sortir tous les deux pour les beaux yeux de @Freya, un flashback sur notre première véritable rencontre aux sièges suspendus et une réalité très concrète pour la suite des événements. « Allez, viens-là ! » Je lui tends les bras, à présent débarrassé de toute substance mousseuse. Prêt pour un peu de chaleur humaine.