Il fait plus frais à cette heure de la journée qui sont plus courtes, plus étranges. Ce sont des journées à la ferme. Côme ne se sentait pas totalement à sa place et avait hâte de rejoindre le block le plus rapidement possible. Georgie est bien gentil, mais ses idées sont parfois grotesques ou même farfelues. Mais bon, il ne fallait pas trop s'en plaindre au risque d'être vu comme un précieux. Il laissait ce rôle aux autres, à Adrien, Olivia ou encore Riley qui avaient déjà une étiquette collée sur eux. Totalement nu, le jeune homme prenait tranquillement sa douche en espérant que personne ne vienne. Quelqu'un semblait pourtant venir en sa direction. Il entendait des pas qui donnait l'impression d'être dans un véritable film d'horreur. « Je vous préviens je suis nu. Je ne sais pas si quelqu'un a envie de voir ça où se rincer l'œil, mais il faudrait quand même mon accord avant tout. » Qu'il tente de dire d'une voix forte pour se faire entendre, tout en restant sous tiède qui n'était pas trop mal au final. Comme quoi, dans son malheur, il avait un peu de chance.

Les journées passent mais ne se ressemblent pas une seule seconde. Le temps semble filer à la vitesse de l’éclair, la plupart du temps en conséquence directe des nombreuses tâches ménagères quotidiennes qui ont été réparties pour chacune de nos équipes au prix d’une grande dépense d’énergie pour des activités que nous ne sommes pas habitués à réaliser. Nettoyer et entretenir un poulailler, l’enclos des cochons, nettoyer des écuries aussi sommairement pourvues, traire les vaches… Autant d’expériences qui nous permettent de toucher à un univers que la plupart d’entre nous n’ont jamais exploré de leur vie. Un domaine que nous n’aurons plus le loisir de côtoyer ensuite, lorsque l’aventure reprendra son cours et que nous réintégrerons le block. Les rouges étaient en repos aujourd’hui, pas de quoi m’empêcher de participer d’une manière ou d’une autre à l’effort collectif puisque j’ai profité de ce temps pour couper du bois afin d’alimenter notre unique source de chaleur véritable. L’effort laisse place à un réconfort qui, ici, n’a rien de véritablement satisfaisant puisque prendre sa douche est comparable au parcours du combattant, un acte de torture à base d’eau froide qui fait prendre conscience de la chance que nous avons de pouvoir jouir d’une eau chaude quotidiennement sans avoir à fournir le moindre petit effort dans notre vie de tous les jours. Sur le chemin, j’entends finalement une voix familière s’élever et faire s’étirer mes lèvres en un très large sourire. « Relax, frérot, je ne suis pas un serial killer tout droit échappé d’un asile venu ici pour zigouiller la jeunesse délurée… Il aurait de quoi faire ici, avec la quantité d’hormones et de phéromones qui flottent dans l’air ! » Les miennes en tête de liste. Je baisse les yeux, mutin, pour constater que j’ai à présent toute la liberté de lorgner sur son joli fessier si l’envie me prend sans pour autant m’épancher sur un tel détail trop longuement. Je sais encore faire preuve de savoir vivre. « Alors, qu’est-ce que ça te fait d’être libéré de ton frère ?! » Je me serais presque habitué à cette supercherie au point où jouer la comédie me manque un peu cette semaine. Comme si j’avais été privé d’un repère qui, aussi factice était-il, me garantissait une certaine stabilité. « Attends… Tu as réussi à avoir de l’eau chaude ? » Je me surprends, approchant immédiatement d’un pas pour passer ma main sous l’arrosoir.  

Ce n'était qu'Addi. Décontraction la plus totale, pour celui qui n'était pas son frère, mais une relation particulière s'était créée entre eux deux. Un lien étrange, mais affectif qui fait que même s'ils ne possédaient pas un lien de sang, d'avoir du exécuter cette mission avait rapproché les deux hommes pourtant très différents. En tout cas Côme n'était pas stupide, il avait bien remarqué que son fameux bro s'était attardé à regarder son arrière train. Cela ne le dérangeait aucunement, pas réellement pudique, il avait accepté le fait qu'on puisse le mater sous la douche. Même si maintenant, tout ce qu'ils avaient pu faire auparavant pouvait avoir une interprétation différente, et ça les deux le savaient parfaitement. « Mon frère imaginaire aux hormones délurés. J'aurais peut-être préféré avoir un serial killer à mes trousses. » Qu'il balance pour le taquiner un peu, alors que sa voix se veut tout aussi implacable que d'habitude. « Je peux te dire que ça fait un bien fou. Maintenant j'ai juste un peu peur que tu me sautes dessus. Je me souviens de ce que tu as fait dans le lit la semaine dernière, et vraiment ... » Ce n'est que de la taquinerie, un sourire s'affiche même sur les lèvres pourtant en règle général il n'en est rien. Mais il se sent assez proche d'Addi pour pouvoir parler avec lui de manière plus sereine qu'avec les autres. Une relation de confiance tout simplement. D'ailleurs il ne s'était pas dérangé pour venir à côté de lui pour voir si l'eau était chaude, elle était tiède, rien de bien fou et ça n'allait pas durer longtemps. « J'essaye de venir à deux heures où personne ne vient, comme ça l'eau a eu le temps un peu de chauffer et c'est mieux. Il faut réfléchir mon petit Addi, n'oublie pas que je reste l'aîné dans l'histoire. » Et que par conséquent, c'est lui le plus petit. Son corps est toujours mouillé, mais il décide d'arrêter tout ça pour pouvoir se savonner le corps en toute tranquillité. Le fait qu'il soit à côté n'était pas dérangeant, c'était même totalement annexe.

Le hasard fait plutôt bien les choses puisque je retrouve sous la douche cet individu qui, jusqu’à samedi, occupait le rôle de mon grand-frère. Tout part d’une mission distribuée par Georges dans les coulisses de l’aventure, une manière comme une autre d’apporter une bonne petite dose de challenge à saupoudrer sur une potentielle sélection pour achever de convaincre la Production de mes capacités en matière de jeu. La prise de risque est surement saluée puisque même @Violette s’est laissée convaincre de l’existence d’un frère que je n’ai pourtant jamais mentionné auparavant puisqu’il n’existe tout simplement pas. Je ne pensais pas qu’elle mordrait à l’hameçon, elle était ma principale source d’inquiétude et pourtant… Le fait qu’elle soit aujourd’hui vexée et attristée par une telle découverte en dit long sur le succès de cette mission. Elle aurait pu s’arrêter dès notre sélection, nous aurions pu la révéler dès notre entrée dans le block pour nous alléger la conscience et démarrer une évolution chacun de notre côté mais nous en avons décidé autrement tous les deux. Je ne regrette pas. Sans cela, lui et moi n’aurions pas cette confiance mutuelle l’un en l’autre. Il n’est peut-être pas mon frère de sang, mais je le considère comme un pilier de ce parcours du combattant, quelqu’un que j’ai envie d’avoir à mes côtés jusqu’au bout. Un frère d’armes, dirons-nous. Le retrouver sous cette douche que je devine extrêmement glacée me fait sourire, lui ne semble pas souffrir d’une telle température. Notre relation demeure la même, le lien en moins. Notre dynamique est réelle, cette propension à la taquinerie véridique. Je le laisse dire, lève les yeux au ciel et remarque, piquant. « Tu préfèrerais prendre un coup de poignard plutôt qu’un coup de ce qui pend entre mes jambes ? Je retiens… Tu devrais te méfier, tu ignores tout du secret qui justifie ma présence ici. Peut-être que je suis une sorte de boucher sadique, un truc du genre ! » J’aimerais hausser les sourcils pour apporter un bagage effrayant à mes insinuations mais il n’y a en réalité aucune chance qu’un tel scénario se produise. Personne n’engagerait pour une telle émission un mec instable, les tests psychologiques des castings ne sont pas imposés pour rien. Il se remémore les événements de la semaine dernière et j’explose de rire. « J’oubliais à quel point tu as une haute opinion de tes charmes. J’ai été beaucoup trop sympa avec toi parce que t’étais censé être mon frère mais maintenant… Maintenant j’peux te botter le cul si l’envie me prend ! » J’aurais déjà pu le faire avant, on aurait juste comparé cela à des chamailleries familiales. Il profite d’une eau plus chaude que la moyenne et j’entends bien en profiter à mon tour. Je me sépare de mes vêtements les uns après les autres, très bientôt amené à m’avancer pour profiter d’une température plaisante. « Je pourrais avoir un orgasme juste pour cela… Je n’en peux plus des douches glacées ! » Je ne le regarde même plus, bien trop concentré sur le plaisir que fait naitre cette eau tiède sur ma peau. Je me sens d’ores et déjà revigoré. « Alors… Comment envisages-tu la suite de ton aventure ? Grand-frère ! » Je me détourne pour pouvoir lui tirer la langue et lui emprunter son gel douche. Esprit de camaraderie fraternel et profond désir de provocation obligent.