souffle le vent (jeu, 11h30)

Assez démocratiquement, depuis le début de la semaine, ils se relayaient successivement pour allumer et alimenter un grand feu dans le lieu de rassemblement. C'était le théâtre de soirées passées ensemble, de barbec' de légumes grillés à ciel ouvert et de pauses improvisées entre deux travaux à la ferme. Il traînait là depuis une dizaine de minutes, Mael, cherchant à relancer un feu qui s'était affaibli sous le coup de l'humidité de fin de matinée. Le genre de situation qui pouvait le rendre dingue, obstiné comme il était, refusant de se borner à un échec. Il s'agitait, plus ou moins patiemment, switchant d'un côté à l'autre, accroupi, alternant son souffle et des mouvements d'air guidés par le battement d'un vieux journal. 11h30, bientôt l'heure de lancer le rituel du déjeuner, c'était pas le moment de déconner. Son visage s'était relevé doucement vers le ciel gris, redoutant la nouvelle arrivée d'une pluie traître qui viendrait niquer son effort. Quelques braises venaient de prendre sous son sourire satisfait. Il avait cette gueule d'enfant parfois, le français, quand il se satisfaisait de quelque chose d'aussi simple. A force de créer un courant en battant son journal les flammes s'étaient alignées, successivement, embrasant le bois coupé de la veille. Juste à temps pour ne pas trop passer pour un galérien, quand @Côme était arrivé avec son plateau de légumes prêts à être grillés. Faut attendre encore quelques minutes qu'il prenne bien. Son regard souriant s'était levé sur le visage du brun. Ils n'avaient plus vraiment discuté tous les deux, s'arrêtant aux silences d'un confess et d'une révélation relativement frustrants. Bien joué pour Addison. J'avoue que ça a fortement influencé mon idée. Ce côté frère poule du niçois envers Côme. Après coup il s'était senti con Mael. Et ça avait forcément remis à plat la réalité du jeu. Chaque relation pouvait être complètement manipulée à la source. Tu suspectes d'autres mises en scène durables alimentées par la prod ?

@Mael

Nouvelle journée à la ferme. Une routine s'était installée, une vie plus simple et plus agréable pour certains, alors qu'elle était synonyme de calvaire pour d'autres. Côme même s'il n'appréciait pas tout ça n'en avait rien dit. Silencieux, il avait réprimé ses remarques désagréables sur les conditions de vie précaires. Parce que même si ça l'agace, il sait qu'il peut survivre sans mal. L'heure du déjeuner était arrivé, et même si un pique-nique l'attendait avec les jaunes, il avait préparé son petit plat de légumes pour grignoter un petit peu avant de partir rejoindre sa nouvelle équipe. @Mael se trouvait déjà là, près du feu à faire un je ne sais quoi. « Pas de soucis. Je vois que tu te débrouilles comme un chef, à croire que tu es fait pour ça. » Qu'il dit avant de s'installer juste à ses côtés pour entamer une discussion. C'est vrai que la révélation de son secret n'avait pas été la plus correcte, mais Côme n'avait pas eu envie d'épiloguer et à l'heure actuelle, il ne regrettait aucunement son choix. C'était comme ça, sur le moment il n'avait pas eu envie de parler plus que ça alors il l'avait fait. C'était une stratégie, une envie comme une autre. « L'histoire du faux frère en étonne plus d'un, alors que je nous pensais déjà grillé depuis un moment. » Mais soit, si ça avait pu brouiller les pistes, le british était satisfait de son jeu. Une force tranquille qui avançait progressivement. « C'est possible. » Ses prunelles étaient dirigées en direction du feu pour l'observer grandir au fur et à mesure. « Je dois dire que je ne fais pas attention plus que ça. Les relations des autres candidats m'intéressent peu, enfin pas tous, mais la plupart je ne fais pas attention. Je me concentre sur les miennes, c'est déjà assez fastidieux comme ça. » Est-ce qu'il venait d'avouer qu'il en avait un peu rien à faire des autres candidats de ce qu'ils peuvent faire ? Un peu oui. Mais ce n'était rien de méchant, juste qu'il menait sa propre barque sans détailler les relations qui pouvaient unir les candidats résidants au sein du block.

Il le faisait marrer, Côme, avec son espèce d'éternelle gueule énervée. Pas énervée en fait, froide, distante, calculée, désengagée, désabusée. Bref. Un peu tout le contraire de ce que lui-même essayait de transmettre, avec tout son Sud et sa décontraction apparents. Ils ne s'étaient pas expliqués après la confront' et ça lui allait bien à Mael. Pas besoin d'épiloguer trois heures sur un truc qui avait été trollé dès le début. Et puis à vrai dire, même s'il ne l'avait jamais avoué, son propre buzz était le fruit d'une manipulation de la prod. Au fond, ils étaient quittes. Chacun avait gagné ses points dans son coin sans râler. J'aime bien, ça me relaxe. C'était un gars de la terre, Mael, mais il avait toujours eu une certaine fascination pour le reflet des flammes. Il aimait ça, les étincelles, l'espoir d'une braise, la danse rougeâtre qui s'emparait progressivement des morceaux de bois. Et puis l'explosion. C'était jouissif, satisfaisant. Et alors ça t'a permis de créer un lien particulier avec Addi' malgré tout ? Il était curieux d'avoir les dessous de leur manipulation. Un beau théâtre, il fallait l'admettre. Marrant, l'anglais au nom français et le français au nom anglais. Ca l'avait marqué dès le début, ça. Il avait reposé ses yeux sur les flammes, agitant un dernier coup de bras pour finaliser son oeuvre. Fastidieux ? C'était soufflé sans réelle agressivité, même si ça le faisait indéniablement tiquer. T'es aussi solitaire en-dehors du Block ou c'est le fait de ne côtoyer que des inconnus qui te fait prendre cette distance ? Parce qu'au fond, snobinard, ça ne signifiait pas forcément réservé. Il le connaissait peu, Côme, mais de prime abord il lui donnait surtout l'impression d'un mec constamment sur ses gardes.

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