Elle est perturbée par sa façon de réagir à Jules, face à ce qu’elle sous-entend. Lui qui prône la communication n’y est visiblement pas si favorable que ça, lorsqu’elle tente de faire comprendre comment elle ressent les choses. Consciente qu’elle est obligée de faire preuve de tact si elle veut pas que ça parte en live, elle prend soin de choisir ses mots pour ne pas envenimer la conversation. « Quand tu parles de moi, c’est rarement en positif. Et je sais que tu vois pas que mes défauts, mais parfois je me demande vraiment ce que tu vois d’autre » elle répond calmement, pour contrebalancer avec l’agacement qui perle dans la voix de Jules. « Et ça finit par devenir un peu blessant » elle conclut parce qu’il a l’air de vouloir une réponse honnête et que Noor ne saurait de toute façon pas faire autrement. Elle l’écoute partager sa vision des choses et ça lui tire un demi-sourire. Dans d’autres circonstances, elle lui dit qu’elle avait raison depuis le début, et qu’il faisait tout pour qu’elle reste, mais la situation ne s’y prête pas, aussi elle se contente d’un regard tendre. « C’est pas à toi de faire ça Jules » elle souffle. « T’as pas à gérer mon aventure en plus de la tienne. Si les gens ne veulent pas voir au-delà de mes clashs, c’est eux qui y perdent, pas moi. Je sais qui je suis et j’ai pas à changer pour des gens qui me connaissent depuis même pas deux mois. » C’est plus qu’une question de fierté, c’est une question de principe. « Si ça doit me coûter ma place ici, tant pis, mais à en juger par ma situation actuelle, faut croire que c’est pas tant le cas que ça » elle fait remarquer, au cas où le détail lui aurait échappé jusqu’à présent. Elle s’en sort à chaque fois Noor, et ça durera pas éternellement mais pour le moment ça lui suffit. « Vous êtes quelques-uns à me voir comme je suis vraiment, ça me va, j’ai pas besoin de plaire à tout le monde. » Elle n’a d’ailleurs jamais cherché à faire l’unanimité, encore moins en se faisant passer pour ce qu’elle n’est pas. Ce qui ne l’empêche pas d’essayer de tenir compte de ce qu’on lui dit, avec plus ou moins de succès selon les circonstances. Pour le reste, elle se contente d’éluder sa question en haussant les épaules. Ca l’a surtout frappée ces derniers jours, à vrai dire. Ils dérivent sur un sujet bien plus intéressant à ses yeux, avec la perspective d’un voyage au Nicaragua post-aventure. La seule idée suffit à lui tirer un véritable sourire. « Je suis pas aussi chiante à l’extérieur, si ça peut te rassurer. » Parce qu’elle le voit déjà regretter d’ici quelques heures la proposition et il serait surpris de la voir quand elle n’est pas en permanence poussée dans ses retranchements comme dans ce jeu. « Trop bien, comme ça j'aurai des souvenirs de tous mes fails » elle se moque en visualisant déjà la scène. Mais ça sera un challenge intéressant, d’essayer de tenir sur une planche de surf plus de quelques secondes sans se vautrer. Elle répond à son regard quand elle évoque l’envie de retrouver son père et s’accroche aux mots que lui renvoie Jules, ses jambes calées sur les siennes. Elle a envie de croire qu’il a raison, parce que c’est probablement le cas si elle prend la chose de façon rationnelle, mais elle a besoin de l’entendre dire de la bouche de son géniteur. « Oui mais ça me suffit pas » elle essaie d’expliquer. « Savoir qu’il voulait pas de moi, c’est pas assez. Je veux comprendre pourquoi, et s’il a regretté, ou même s’il y a plus dans cette histoire… » C’est con, parce qu’elle sait qu’elle sera déçue et que Jules est sûrement dans le vrai avec ses explications mais elle a passé une partie de sa vie à se demander ce qui aurait changé s’il les avait pas abandonnés. « C’est trop facile. Il est peut-être pas fait pour être parent, mais ça n’empêche qu’il l’est. » Bref. L’absence de son père est un sujet épineux, c’est probablement pour ça qu’elle en parle peu. « Mmh. C’est pas tant me remettre en question que vouloir avoir des réponses, et fermer définitivement le chapitre tu vois ? J’ai du mal à naviguer l’incertitude, ne pas savoir les choses. » C’est pas uniquement valable pour son père, d’ailleurs, elle est tout le temps comme ça, y compris avec Jules.

Ça le fane qu'elle dise ça, on croirait entendre Olivia qui l'avait enchainé pas plus tard qu'hier en mettant en avant son insensibilité concernant les sentiments / ou non, de la nouvelle bleue. Jules, ça l'irritait ce genre de conclusions complètement débiles sur ses intentions. Le français se contente de la regarder sans ciller, un peu affligé par ses mots/maux qu'il trouvent injustifiés. Il n'avait pas l'impression de la décrire de façon négative tout comme il n'avait pas non plus l'impression qu'elle le mettait en valeur non plus publiquement, et ça lui allait très bien parce qu'il n'en n'avait pas besoin de son côté. Ça le blasait encore plus qu'elle ne finisse par retenir que ça de leurs moments à deux très concrètement. « Je ne suis pas dans la démonstration » Il lui rappelle. Lui, ce qui comptait c'étaient les actions ou les petits gestes du quotidien. Ça, elle le savait depuis le début Noor, d'ailleurs à la base, elle cherchait bien qu'un plan cul pour l'occuper quelques semaines et non quelqu'un pour la rassurer sur ce qu'elle pouvait être. Jules, fallait qu'il imprime qu'elle était insécure dans certains domaines comme là, lorsqu'elle se demandait comment il la percevait. « Ce que je vois ? C'est quelqu'un de loyal, particulièrement sensible si on prend la peine de creuser et de très surprenant avec des idées particulièrement arrêtées selon les sujets de discussions » Jules lui dit. Comme lorsqu'elle défend Violette face à une Bianca ou lorsqu'elle la recadre concernant son attitude d'enfant gâtée qui veut être au centre de l'attention. « Mais tu le sais déjà Noor, ça » il glisse en croisant ses opales. « Je m'excuse si ma façon d'être te blesse » il était le cliché d'un parisien. Jules se fait attentif sur la suite, ne l'interrompant pas, ses prunelles scrutent son visage et ses mimiques qu'il commence à connaître. « Tu as raison » il concède simplement et sobrement. « On peut dire que j'ai le syndrome du sauveur alors » Jules revient sur ce qu'ils s'étaient dans un de leur confess en étirant un sourire. Elle ne pouvait pas comprendre que c'était particulièrement relou pour lui de la voir se faire tailler sur les RS ou pendant les réunions d'équipe. Il lève les mains en signe de défense quand elle lui annonce qu'elle est moins chiante dehors. « J'ai rien dit » il se permet de souligner parce qu'après elle va dire qu'il la rabaisse, ça le tue déjà bien assez. « On verra comment on se débrouille sans les autres, les cam et les contraintes drama » il lui cale. Ca sera le crash test.  « Mais si on s'y tient vraiment, ça peut être cool, le soleil, beaucoup de surf, un peu de yoga pour toi t'en as besoin, les randos dans les réserves naturelles ou autour des volcans, les clopes menthe y uvas, les galères en espagnol quoi » il lui glisse dans un sourire parce qu'il les voyaient déjà, sacs à dos blindés dans les bus à tenter de se faire comprendre façon mimes. Le sujet dérive sur son père, ils voient les choses très différemment. Il espère simplement que cette recherche n'allait pas la blesser plus que nécessaire. « T'en as déjà parlé avec ta famille ? » il la questionne. « Je comprends » il répond honnêtement en hochant la tête. Jules termine sa clope pour l'écraser dans le cendrier sur une table basse. Il se réinstalle et d'un bras qui s'enroule autour d'elle, il l'oblige à venir contre lui, la cale entre ses jambes avant de tirer un plaid pas loin. « Ton agenda vient de se remplir en trente secondes, c'est efficace » il glisse dans un sourire qu'elle ne peut pas voir avant d'embrasser le sommet de son crâne. « D'ailleurs faudra qu'on parle d'une discussion que j'ai eu avec ta pote, Olive » il tease.

« Je sais » elle répond dans un souffle. C'est un des premiers trucs qu'il lui a fait comprendre par sa seule façon d'être, son visage peu expressif et une capacité surprenante à garder pour lui ses pensées. Là où Noor est un livre ouvert et qu'il est possible de décrypter la moindre de ses émotions rien qu'à regarder ses traits, Jules est difficile à lire et ne fait rien pour aider. Ils s'opposent sur à peu près tout, rendant leur dynamique toujours surprenante et parfois, comme ces derniers temps, un peu bancale. Il lui donne pour la première fois un peu de ce qu'elle demande – et paradoxalement, pour une fois elle ne le demandait même pas – en se livrant un peu sur ce qu'il pense d'elle et elle accueille la confidence avec attention, se risquant à esquisser un sourire quand il évoque ces sujets sur lesquels elle se braque avec un orgueil surprenant. Noor, elle a ses principes dont elle ne déroge jamais, qu'ils soient nés de son expérience ou de sa vision du monde. Pour les défendre, elle n'hésite pas à les marteler sans le moindre tact. « Je te disais pas ça pour t'obliger à brosser mon égo » elle commente, histoire de le rassurer sur ses intentions d'attention whore. « Mais merci de l'avoir fait malgré tout. » Qu'il n'aille pas s'imaginer que même sur ça elle va chercher à débattre ou trouver à redire. Il aurait pu répondre à peu près n'importe quoi de positif que ça lui aurait convenu, ça tenait moins au fond en lui-même qu'au fait de savoir que ce fond existe même quand Jules ne le montre pas. « Je te pardonne » elle répond dans un sourire, même s'il n'y a rien à pardonner. Ils fonctionnent à des vitesses différentes, sur un mode opératoire différent, c'est aussi à elle d'apprendre à réfréner ses mauvais instincts qui voudraient que tout le monde fonctionne comme elle en permanence. « Oui tu l'as. Tu dis que c'est pas le cas, mais je suis sûre que c'est un mensonge » elle glisse dans une oeillade appuyée, référence à leur conversation du confess. Il n'a rien donné pour étayer cette théorie, mais le seul fait qu'il ait tenté de la protéger dans le jeu au bout de quelques semaines en dit suffisamment long sur le genre de personne qu'il est. « Je m'en fous, de me faire tailler. Honnêtement j'ai la peau dure » elle affirme sincèrement. Il y a des gens ici qui ne supportent pas les clashs, mais elle, ça la renforce à chaque fois. Elle n'est jamais épuisée après une embrouille, c'est au contraire comme si ça multipliait son énergie et lui donnait encore plus la rage de vaincre. « Non, mais moi je te le dis » elle s'amuse une fois de plus. C'est trop facile de la résumer à ce qu'elle a montré dans le jeu, sans tenir compte de tout ce que les gens ignorent encore à son sujet ou de l'impact du contexte sur sa personnalité qui souffre de l'enfermement. « Je suis sûre qu'on se débrouillera bien. » Pas besoin de se donner en spectacle, juste de profiter de l'instant présent et de ce que le Nicaragua a à leur offrir, et que Jules énumère en manquant de peu de lui foutre des étoiles dans les yeux. Elle se marre déjà en imaginant les galères de leur futur périple, paumés au milieu de la jungle et trop fiers pour l'admettre, ou s'initiant à la gastronomie locale en se faisant comprendre de gestes de la main par les habitants. « Moi besoin de yoga ? » elle répète, sceptique, avant de rire. « Je kiffe ça en vrai. Et je me vois très bien le faire en bord de plage, genre salutation au soleil au lever du jour. » Elle visualise très bien l'ambiance, se projette sans aucune difficulté sur ce projet qui ne fait qu'augmenter son impatience à voir l'aventure se terminer. « Ca va être trop bien » elle conclut, histoire de le convaincre s'il avait encore le moindre doute. Et après ça... elle verra pour retrouver plus de sérieux et se lancer dans la recherche de son père sans avoir la moindre garantie qu'elle aboutira. Elle sait pas ce qui la décevrait le plus : qu'elle ne le trouve pas ou qu'elle le trouve. « Non, je crois que ma mère serait blessée et penserait que c'est parce qu'elle nous suffit pas, tu sais. » Ce qui n'a jamais été le sujet, parce que sa mère leur a tout donné pour faire oublier l'absence de son géniteur, ou d'une figure paternelle stable quelle qu'elle soit. Jules l'attire à lui et elle se laisse faire à la façon d'un chat ronronnant, calée entre ses jambes, un plaid sur eux. « Il est aussi question de faire un tour du côté de la France » elle l'informe en référence à la proposition de Mael de visiter Orléans (il lui a pas vendu du rêve sur la ville en elle-même mais c'est la France, ça sera forcément stylé). « Une discussion avec Oli ? » Ca présage rien de bon. « Elle m'a pris la tête dimanche par rapport à toi d'ailleurs. Paraît que je mérite mieux que toi et que tu me traites mal » elle lui raconte, dans un rapide résumé de la conversation foireuse. « Je t'ai grave défendu » elle conclut dans un sourire amusé, histoire de pas laisser la place au moindre doute.