rem sleep (jeu, 18h)

C'est comment la narco ? Il avait croisé @Loen sur la route de la plage, chacun emmitouflé dans un gros sweat d'hiver, pour affronter l'air de l'Océan d'automne. Après autant de semaines de jeu il s'en voulait limite de pas avoir capté ça plus tôt, chez lui. Certes, au quotidien ils ne traînaient pas forcément ensemble, mais à force il y avait des trucs qui auraient du sauter aux yeux. Comme ce simple fait. Mael il était allé à la bibli chercher plus d'infos sur la maladie après la confrontation au salon, parce qu'il n'avait jamais trop saisi la différence entre toutes les maladies du sommeil. T'as ça depuis toujours du coup. C'était ce qu'il avait compris, en tout cas, en tchekant des infos à droite à gauche. Une pote à moi avait ça à l'école, c'est vrai qu'elle disait toujours qu'elle était fatiguée et tout. Elle a découvert des années plus tard que c'était une vraie maladie. Ca lui avait fait flash, d'un coup. Sa pote Juliette qui se traînait toujours des cernes pas possibles au lycée. A l'époque ils se foutaient tous de sa gueule. Puis en grandissant ils avaient pris conscience de la véracité de son malaise. Comment ça a articulé ta relation familiale ? J'veux dire, on s'en veut un peu non ? De faire subir ça à ses proches. S'il lui posait la question de manière aussi cash c'était aussi parce que Loen avait l'air d'être ouvert à en discuter. Et dans son propre schéma de pensée il s'y retrouvait, Mael, parce que lui aussi avait fait plus ou moins subir ce genre de trucs à ses parents. Ca l'emmerdait, encore aujourd'hui.

C'est stable jusqu'à présent, j'suis chanceux après tout, j'fais pas de paralysie du sommeil et j'ai pas d'hallucination. Parce que oui ça pouvait se rendre jusque là. Je n'ai pas non plus gagné la loto de la narcolepsie, je combats tous les jours la somnolence diurne et je suis toujours à risque de faiblesse temporaire, mais on apprend à vivre avec. L'acceptation de la maladie, c'est fait depuis longtemps, maintenant j'suis plutôt au stade de diversifier mes sources d'adrénaline et de valser avec mes siestes quotidiennes. Ouais, mais ça c'est surtout manifesté à l'adolescence, au départ mes parents pensaient que j'étais peut-être épileptique, j'ai passé les tests et tout. Plus tard, les spécialistes ont enfin mis le doigt sur la maladie. Que je souffle, validant l'histoire de sa pote, c'est souvent comme ça qu'on découvre la narcolepsie, essais et erreurs pendant des mois. Shout out à ton amie alors, narco represent, avec l'attitude complètement déconnectée de ma vibe habituelle. Ils sont devenus très protecteurs par la suite. On a déménagé au centre-ville de Toronto pour que je sois plus près des médecins qui assuraient mon suivi. D'un côté, ça m'a rapproché de ma mère, qui trouvait toutes les excuses possibles pour me garder avec elle au commerce, c'est de là que j'ai développé mon amour des plantes. Ensuite, t'as pas tord, je me sentais comme un boulet parce que je m'endormais partout et je savais qu'ils se faisaient du sang d'encre pour moi. Maintenant, je les sens plus libres, moins inquiets, ça me rassure. Tout en emboîtant le pas vers la plage, je suis déjà curieux d'entendre ma mère me raconter ce qu'elle a pensé de l'émission, de toute les fois où elle a trouvé que j'étais drôlement vêtu. Toi tes parents, ils sont comment? Ton père il est ravi que tu sois le don juan de l'émission?

C'était intéressant, cette perception de sa maladie. Mael il n'avait jamais rencontré un malade se plaignant de sa condition. Y'avait un truc, à force, qui les poussait à accepter. Parce que c'était comme ça. Le truc était là, fallait juste vivre comme tout le monde. Pas "normalement", non. Il s'était toujours refusé de percevoir la maladie comme un truc anormal. Juste vivre. C'est quoi qui te plait le plus dans ton taf ? Il switchait d'un sujet à l'autre, mais il aimait bien écouter les personnes passionnées, Mael. T'as l'air de vraiment aimer ça. Genre, c'est pas un boulot de confort. Un peu comme lui. A force il avait finir par trouver un truc qui lui allait. C'était simple. Pas de questions existentielles, pas de problèmes à se lever le matin. Il marchait par automatisme, le français. Mais il y avait trouvé quelque chose de fort, au fait d'aider les autres à se sentir bien dans leurs corps. Tu concilies comment les deux ? T'es totalement indépendant dans ton boulot ou tu bosses avec des gens ? Son sourire s'était braqué sur lui. C'est quoi ta plante pref ? Et pourquoi ? Il avait posé une main sur son épaule en le poussant, légèrement moqueur. Dis-moi quelle plante, je te dirai qui tu es. Cassded à Goliath. Il avait enfoncé ses mains dans les poches de son jean avant de hausser les épaules en tournant à nouveau son regard sur lui. Ma mère c'était une hyperactive passionnée. Toujours un truc à faire, à dire, à projeter. Tout en rêvant de vacances. Une espèce d'artiste inavouée, fana de relations humaines. Elle aimait ça, rencontrer, échanger, provoquer, faire son petit show. Et lui il crevait d'amour pour elle. Mon père... C'est celui plus terre à terre. Il m'a donné tout le reste. L'intérêt pour ce qui m'entoure, de façon rationnelle. La nature, le sport. Avec lui y'a plus de silences, mais on s'retrouve toujours sur certains sujets. Le vélo par exemple. L'escalade, la rando. Il m'a appris à me dépasser. Au fond, c'était presque plus sain comme relation. Mais dans les deux cas il éprouvait une admiration sans fin pour les deux, Mael. Aha t'es sûr que c'est pas Clay ? Non j'lui ai à peine mentionné OMB. Il doit pas mater. J'en ai parlé à personne en fait. Officiellement j'suis déjà en trip au Canada. Sur ça il avait été assez catégorique, Mael. Il voulait pas devenir la bête de foire de la mif et de ses proches. Cette émission c'était un truc perso. Y'avait que ses potes de NY qui avaient eu vent du bordel, vu qu'il avait créché chez eux avant de débarquer.

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