Je suis adossé contre un arbre depuis plusieurs longues minutes déjà. Ma position n’est pas forcément très confortable mais il a fallu improviser pour que Loen puisse improviser une sieste au moment où la narcolepsie a repris le dessus. Je ne maitrise pas énormément mon sujet, incapable de définir s’il sent venir une crise très longtemps en avance ou non, toujours est-il que nous avons eu suffisamment de temps pour que je puisse m’installer et lui proposer de s’allonger entre mes jambes pour se caler contre moi et bénéficier de ma chaleur corporelle. Je n’ai même pas eu besoin de compter jusqu’à trois que déjà il dormait, un sommeil profond qu’il est agréable d’observer. Il y a quelque chose de paisible à être témoin d’une telle sieste, une tranquillité qui aide à réfléchir, à se détendre sans pour autant avoir à se concentrer sur autre chose. Je m’occupe essentiellement en le regardant, en détaillant visuellement les alentours, la nature, le bruit des animaux, les différents arbres qui surplombent cet espace et lui apportent un peu d’âme. Le silence ne me dérange pas, patienter ne me pose aucun problème. Je caresse son front en douceur, du bout des doigts, et me surprend à moi aussi avoir envie d’improviser une sieste. Mes prunelles sont de plus en plus lourdes et je crois finalement piquer du nez sans même m’en rendre compte. Le menton tendrement appuyé contre son crâne, les bras le surplombant pour lui conférer chaleur et sécurité. Tu parles d’une équipe de branquignoles, on a connu plus efficaces que nous pour explorer les environs. Heureusement que personne ne compte sur nous pour une mission urgente.

Addison, Addison. Attends, je m'endors. Là. Après tout, il n'y avait pas plus idiot de ma part, que de tenter de tenir le coup sans la sieste de l'après-midi. Malgré l'excitation insoutenable de parcourir ce parc, il y aura toujours quelque chose plus puissant et j'ai pourtant appris que rien ne gagnera contre se sommeil sournois. Sans autre option réaliste, je sais que mes paupières se refermeront inévitablement dans quelques secondes, donc je m'arroche à lui, sous la forme d'un câlin, la tête creusée entre ses pectoraux. Bien qu'en perte progressive de contact avec la réalité, je me sens glisser, @addison nous déposant sur un arbre, m'enrobant pour une durée indéterminée. C'est difficile à décrire le type de sommeil par lequel je passe lors de mes épisodes comme celui-ci. Parfois si près de m'éveiller, mais d'y rester prisonnier. Parfois incapable de cesser de cogner des clous. Parfois dans un sommeil si profond, comparable à un coma. À cet instant, bien que ce soit différent en plusieurs angles, cette sieste me rappelle les moments où ma mère m'accordait la même valse avec ses doits sur mon jeune front. À s'inquiéter, à se demander si je faisais de beaux rêves, si je me réveillerais bientôt, mais toutefois rassurée d'avoir été présente pour me rattraper, coup après coup. Je ne peux dire combien de secondes se sont écoulées, comme à l'habitude. 120 ou 3600, c'est le lutin de la narcolepsie qui en décide. Je reviens tranquillement à moi, découvrant ses bras autour de moi, son menton sur ma tête, le subconscient bercé par un moment répit à son tour. Malgré tous mes efforts, mon simple réveil à l'écho de le réveiller aussi, Un autre moment complètement déjanté pour les téléspectateurs. Que j'échappe avec un rire léger, car rendu à ce stade, je suis forcément devenu un meme sur Internet. Peut-être même des compilations de moi qui dort partout. On repart à l'aventure, Mes iris cherchant les siens, en pivotant ma tête pour l'apercevoir. Je me relève tranquillement, lui proposant ma main comme support. C'est trop mignon que toi, Vio et Shadi, vous ayez tous passer en demi. T'es comblé?

Improviser une sortie avec Loen, c’est aussi se préparer à l’inévitable, le fameux coup de pompe que n’importe qui est capable de supporter et d’ignorer quitte à vraiment prendre sur soi mais que notre camarade narcoleptique ne peut tout simplement pas laisser passer puisque la fatigue s’impose à lui et le terrasse, littéralement. Il pourrait s’effondrer d’une seconde à l’autre si on lui refusait de s’allonger et je ne tiens personnellement pas à être présent lorsqu’un tel scénario se produira. Ce petit ange mérite bien plus que cela, j’éprouve un besoin naturel de le protéger, de le cajoler comme s’il était un petit-frère sur lequel je veillerais sans que rien ne me soit jamais demandé. Je n’ai pas besoin qu’on me suggère d’effectuer des actions ou que des idées me soient explicitement impulsées pour me montrer réactif et attentif aux besoins des autres. La preuve ? Nous sommes tous les deux allongés contre cet arbre, dans une posture qui n’est pas spécialement confortable pour moi mais qui lui permet de recharger ses batteries en toute quiétude, tendrement lové contre ma peau. Il est vraiment beau lorsqu’il dort. Encore plus que le reste du temps, même si son sourire pourrait suffire à illuminer une maison dans son intégralité. Je caresse ses cheveux, son front, ses joues, son cou et sombre à mon tour. Les journées qui se sont succédées ont été éreintantes, il y a tellement de choses à visiter, d’endroits à côté desquels ne surtout pas passer que les soirées s’étendent et les nuits sacrément raccourcie., vieilles habitudes obligent. Son éveil m’arrache à mes propres songes pour le meilleur. Je relève la tête, les yeux encore endormis et esquisse un sourire en guise de réaction primaire à sa remarque. Il n’a pas tort, il doit avoir un statut spécial à l’extérieur, sur les réseaux sociaux. « Tu crois que certains fans tiennent une page spécialement dédiée à toutes les captures d’écran des scènes où on dort, les uns comme les autres ? Avec, à la clé, un concours de celui qui a la bouche la plus en biais, bave le plus abondamment et qui, au contraire, est le plus mignon endormi ? » Plus rien ne me surprend, encore moins quand on parle des dérives d’internet où chaque image anodine de prime abord peut être détournée pour servir à autre chose. Il me tend la main et je ne manque pas de la saisir pour me relever et m’étirer, faisant dans la foulée craquer plusieurs régions dorsales. « Je suis aux anges, content qu’on soit encore là tous les trois pour avancer. La prochaine étape, c’est qu’ils soient tous les deux en finale ! » Je me fiche d’être sauvé, tout ce que j’avais à accomplir ici, je l’ai fait. Je m’estime comblé en l’état, prêt à passer à autre chose si le destin ne me permet pas d’atteindre cette ultime marche et de prétendre à une place sur le grand podium de l’émission. « Et toi ? Content d’être demi-finaliste aux côtés de @Maggie ? C’est amusant qu’on soit tous ensemble ! » On pourrait presque former une sorte de famille étrange, certes, mais attachante. « Tiens, double question. Qui vois-tu objectivement combler les quatre ou cinq places qu’il y aura en finale ? Qui aimerais-tu subjectivement voir se qualifier samedi ? »

Il y a un bref soupçon de remord qui me traverse de le réveiller de sa sieste, mais il n'y a de la place pour qu'un koala dans cette aventure et j'ai plus d'ancienneté que lui sur ce niveau. À s'écouter, on dormirait probablement le reste de la journée ici, parce que ses bras rassurants et confortables me garderaient dans le monde d'Orphée et @addison, lui il a l'air tout simplement d'apprécier ce repos. Je nous chasse de cette idée de s'allonger pour s'évader dans nos rêves avec les memes qui doivent circuler à mon image, Hého, j'suis convaincu que je suis mignon même en dormant. Pas de bave, pas de bouche ouverte. Je pouvais bien rêver, c'est clair qu'il y a des images de moi dans toutes les pièces du block, sous tous les angles. J'serais bien curieux de voir ça en tout cas, ça me ferait rire! Que j'échappe, le ton amusé. Je n'ai pas peur du ridicule et même que c'est presque un appel aux memes les plus drôles, que je puisse en rigoler lorsque nous s. Eterons catapultés dans notre ancien quotidien. Je lui offre ma main pour se relever, rebondissant sur le sujet de ses deux amours de l'aventure, Tu le mérites tout autant, il ne faudrait pas décevoir tous tes fans. Parce que y'a des gens qui votent dans leur salon pour sauver leur favoris, alors je me dis que tant que l'aventure me mènera plus loin, je suivrai le courant. Je suis complètement ravi. Elle le mérite tellement. De penser à la rouquine, ça exagère mon sourire. Nous reprenons notre marche, sur une cadence rythmée, T'es assez fort pour me porter sur ton dos tu crois? Parce que ça serait mignon et la vue serait encore plus prenante. Mmmmmmh, objectivement je crois que les 5 finalistes seront Shadi, Olivia, Freya, Maggie et Mael. Que je lance, les yeux crispés, m'interrogeant. Par contre, ce qui serait mille fois mieux, ce serait ma petite famille, Astrea, Freya, Maggie, moi. Et puisque tu viens déjà d'indirectement déclaré forfait, je placerais Clay en finale aussi. Ça c'était du rêve. Déjà parce que je ne suis pas assez populaire pour rivaliser contre la brochette de demi-finalistes. Toi, dis-moi juste ton top 5 souhaité, que l'univers l'attrape au passage.

Si Loen a eu l’occasion de se reposer pendant une trentaine de minutes, ma sieste aura été sacrément écourtée par le réveil de mon vis-à-vis. Quelques minutes à peine, cinq tout au plus, mais suffisant pour me donner l’illusion d’un véritable regain d’énergie et d’entrain. Je suis prêt à explorer les lieux en long, en large et en travers sans faiblir. Ne me reste plus qu’à motiver mon camarade de me suivre jusqu’au bout de ma quête initiatique de la journée. Je m’amuse des photos qui circulent sur les réseaux sociaux, de tout ce qui peut filtrer sur notre sommeil à tous puisque les caméras ne manquent rien de nos faits et gestes. Il est d’ailleurs assez hilarant de remarquer que tout le monde s’inquiète pour des broutilles de ce genre mais que personne n’a encore trop été gêné à l’idée d’être filmé à poil ou en train de s’adonner à des pratiques réservées à un public averti. Le sexe, par exemple. @Violette et moi, puis @Shadi et moi avons souvent fait l’amour sans vraiment prêter attention à ce détail. Un film entier pourrait être réalisé en regroupant nos différents ébats. Nous ne sommes surement pas les seuls concernés d’ailleurs, je crois savoir que plusieurs autres camarades ont eu recours aux plaisirs de la chair pour passer le temps ou se vider la tête. Il n’y a rien de plus normal et humain, cela dit. Personne ne peut nous blâmer pour cela, encore moins quand on passe notre temps les uns sur les autres, les rapprochements paraissent logiques et la libido ne peut qu’exploser après plusieurs semaines d’abstinence. « Pourtant tu as un petit filet de bave sur le côté, juste là ! » Je désigne la zone concernée en la dessinant au-dessous de ma propre lèvre inférieure, hilare. Il n’y a rien de tout cela, bien-sûr, mais il l’ignore et je prends clairement l’avantage sur cette méconnaissance pour l’embêter un petit peu. Les blagues sont bon enfant, comme d’habitude. « Tu pourras le faire en sortant, tu auras même l’embarras du choix, j’imagine qu’il y a tout un tas de hashtags qui nous concernent avec plein de trucs complètement ouf ! » De quoi m’inspirer une autre question, d’ailleurs. « Puisqu’on parle de la sortie… Quel est le premier truc que tu feras dehors, quand tu rentreras chez toi ? » Je commence à réfléchir à l’après On My Block. Il pourrait démarrer dès samedi, en fin de prime, et je veux être prêt. Savoir comment rebondir les premières heures. Le reste viendra naturellement, comme toujours. « Tu parles, j’ai eu un gros coup de chance samedi dernier. Je ne sais honnêtement pas comment j’ai pu passer à la place d’un @Gabriele, par exemple. Il méritait davantage cette place que moi. @Bloom aussi… Ils étaient nombreux à avoir plus de mérite ! » J’ai parfois l’impression de leur avoir volé leur place sans le vouloir, je n’ai aucun impact sur le choix du public mais quand même… J’ai conscience de ne pas avoir accompli grand-chose ici, du point de vue du jeu en lui-même. « T’es amoureux d’elle ? » Je le questionne, le sourire jusqu’aux oreilles, incapable de ne pas remarquer le changement notable dans son attitude quand on lui parle de la jeune femme. « Si je suis capable de te porter sur mon dos ? BIEN-SÛR QUE OUI, t’es un poids plume mon gars, c’est ce que je soulève au petit-déjeuner avec une seule main ! » Je bombe le torse, contracte mes muscles avec beaucoup d’humour pour aller avec l’exagération dans mes propos. « Tu grimpes, petit Koala ? » Son top 5 est plutôt cohérent à vrai dire, j’acquiesce et anticipe sur cette question qu’il me retourne comme on pouvait s’y attendre. « Shadi, Maggie, Freya, Violette et Bianca. » Il arrive juste derrière mon Loen, un peu trop discret tout au long de l’aventure pour parvenir à un tel coup de maitre malgré son mérite évident.