On lui annoncerait qu'elle est arrivée au paradis qu'elle se sentirait pas plus heureuse, Noor. Trois jours plus tôt, les Bleus devenaient dingues en voyant le secret de Mael, leur banque de points, tomber à quelques heures du prime. A présent, elle est au Canada, dans une station où les activités sont légion, elle n'a plus l'impression d'étouffer avec l'enfermement, elle est en demi-finale et elle partage une chambre juste avec @Jules, qu'elle peut s'accaparer autant qu'elle le souhaite sans les commentaires acerbes d'Olivia ou sans taper un sprint avec Mael pour décider de qui aura la LR. C'est parfait. Même sa mauvaise humeur à l'idée de ne pas partir au soleil s'est évanouie, en dépit du froid polaire qui règne sur la station. Noor, on ne la voit quasiment plus, elle se tape des petites expéditions pour en prendre plein la vue et graver les souvenirs dans sa mémoire parce que les opportunités de voyager ont toujours été rares pour elle. Elle a passé sa journée au parc de Banff, sa soirée en mode girly girls avec Oli et Riley, et revient désormais dans sa chambre retrouver Jules. Peut pas faire mieux, comme programme. Elle le découvre dans le lit, en train de lire un bouquin et la vision lui tire un sourire amusé parce que c'est pas le genre de vision auxquelles il l'a habituée. « T'es mignon comme ça » elle lance, le sourire toujours largement gravé sur les lèvres. Après les habituels préparatifs pour se coucher, elle débarque avec le tee-shirt qu'elle lui a volé – et qu'il ne récupèrera donc jamais – et a pour objectif de le déconcentrer dans sa lecture. Elle grimpe à califourchon sur lui pour l'obliger à lui donner toute l'attention qu'elle mérite. « Fais pas genre que t'es encore en train de lire » elle lâche, parce qu'elle est trop envahissante pour qu'il puisse se concentrer sur autre chose que son petit corps menu sur lui. « Juuuuules lâche le livre » elle insiste avant de l'attraper sans lui laisser le choix et retomber lourdement sur lui. Elle parsème son cou, ses épaules et son torse d'une succession de baisers et se décale finalement pour reprendre sa place dans le lit, une jambe entrelacée à la sienne, sa tête calée contre son torse et ses bras l'entourant. « Much better » elle approuve en dessinant des cercles sur son épiderme du bout des doigts. « Mael a failli me tuer pour ton info. Il dit que c'était un accident mais je sais très bien qu'il ment » elle dramatise, cherchant à s'attirer la compassion du Français qui, elle le sait, ne lui fera absolument pas ce plaisir. « Alors que je suis trop mignonne cette semaine en plus » elle ajoute à sa plainte. Et même si elle dit ça en rigolant à moitié, le fait est que la Noor au Canada est nettement plus tolérable qu'en temps normal. « C'était quoi ton rêve quand t'étais gosse ? » elle enchaîne alors, dans une transition qu'elle est la seule à comprendre.

L'ouragan débarque, lui homme-objet attendait patiemment son retour. Le français esquisse un rictus moqueur quand il accueille le compliment de Noor. « Ouais, je sais, mais toi aussi t'inquiète » il lui répond assez distraitement, levant son visage pour esquisser un sourire avant de se replonger dans l'histoire. « C'est d'ailleurs mon coté intellectuel qui t'a séduit j'pense » il analyse entre deux lignes de l'histoire. Cela ne pouvait être que cela vu comme il était prononcé. Noor finit par atterrir dans la salle de bain, parfois il lui lance quelques regards amusés. « Il va falloir que tu arrêtes avec ce tee shirt » il se permet de souligner avant de s'y remettre. Elle décide de grimper sur lui, lui faisant comprendre que la blague avait assez duré et qu'elle voulait toute son attention. Jules adorant l'emmerder veut se la jouer érudit encore un peu. « Laisse moi au moins finir mon chapitre, non ? » il propose en guise de conciliation des intérêts de chacun avant qu'elle n'insiste une nouvelle fois. Il est toqué et aimerait bien tomber au moins sur une page au nombre pair vu que la fin de chapitre, c'est mort. Sauf qu'elle se fait impatiente et lui prend le bouquin. Il étire un sourire sous ses baisers, une main glissant dans ses cheveux avant qu'il ne se sente interpelé par la tentative de meurtre de Mael. « Drama queen » première remarque plutôt nécessaire. « Je lui règle son compte à la première heure demain » il ironise simplement en croisant ses opales. C'est vrai qu'elle est mims cette semaine Noor, beaucoup plus détendue et moins dans les clash. Mais ça, c'était aussi peut être l'effet fin d'aventure. « Du coup ta journée ? T'as pris tes petites photos pour les souvenirs ? » il demande parce qu'elle était passablement surex Noor depuis qu'ils avaient déménagés à Banff. Jules appréciait le fait qu'ils aient aussi plus d'espace et de distractions pour vivre tranquillement leur vie. Il accueille sa question quelques secondes. « Faire le tour du monde avec mes potes » c'était simple, c'était des envies d'évasions que chacun dès petit nourrissait d'une façon malsaine tout en se résignant à moitié. « A part l'Europe, ce n'est pas trop ça pour l'instant » il répond dans un sourire en faisant un bilan. Il avait surtout zoné en Allemagne avec une de ses ex, c'était peu et quelques interrails avec son groupe actuel. Jules la fait glisser sur le matelas avant de chercher longuement ses lèvres. Une main s'infiltre sous son nouveau pyjama du moment pour chercher son contact avant de se poser sur sa hanche, leurs jambes s'entremêlant. « Et toi, c'est quoi tes rêves, ceux de maintenant ? » parce que c'est ça qui l'intéressait vraiment. Il embrasse sa clavicule, la surplombant. « A court ou moyen terme » le parisien ajoute.

Suffit qu'il lui dise qu'elle est mignonne pour taper un smile d'une oreille à l'autre – comme quoi, elle n'est vraiment pas compliquée, Noor. « Clairement » elle confirme d'un hochement de tête moqueur, parce qu'elle le range pas dans cette catégorie-là. Ce qui l'empêche pas d'être sans aucun doute le plus intelligent des deux, et le plus posé, bref celui qu'on trouvera plus facilement à lire un bouquin tandis qu'elle se vautrerait dans ses magazines people ou girly qui demandent pas trop de réflexion. « Pourquoi ? Je le porte carrément mieux que toi » elle souffle en s'approchant de lui façon panthère prête à sauter sur sa proie. « Après si tu préfères que je porte rien du tout, ça peut aussi s'arranger » elle propose l'air de rien avant de grimper sur lui et de le distraire entièrement de sa lecture. En même temps, croyait-il vraiment qu'il pouvait continuer à lire avec une Noor sauvage et pleine d'énergie dans la même pièce que lui ? « Hu-hu, c'est fini la lecture » elle décide avant de lui ôter ce livre et le forcer à se concentrer uniquement sur elle. Pour compenser, elle se fait toute mignonne à gratter son affection et en offrir à son tour parce qu'elle a du mal à rester impassible quand ils sont si proches, du mal à s'empêcher de vouloir se l'accaparer par tous les moyens possibles. « Merci bien, je me sens vraiment rassurée » elle ironise, un rictus railleur sur les lèvres. Venant d'Addison ou de Walter, elle aurait pu réellement le croire mais le pauvre Mael souffre surtout de son entraînement ultra-intensif qui réussit même à l'épuiser elle, c'est dire. « Ouiii » elle s'excite comme une gosse avec un sourire ultra bright en prime. « J'ai pris plein de photos, j'ai découvert des spots trop beaux avec vue sur le Victoria Lake, c'était ouf. Franchement je revis. » Elle pensait pas que l'enfermement lui pèserait autant, et elle ne s'en rendait pas à ce point compte jusqu'à ce qu'elle mette les pieds ici, mais Noor n'est clairement pas faite pour rester enfermée où que ce soit. Jules a abandonné l'idée de l'accompagner dans ses missions et de lui laisser le champ libre pour s'épuiser la journée, et le retrouver le soir. Jules répond à sa question qu'elle écoute d'une oreille un peu distraite dès qu'elle sent sa main s'aventurer sous son tee-shirt. « Ca doit être cool l'Europe. Puis même la France, il paraît que c'est tellement beau comme pays » elle explique, même si sa vision se limite à ce qu'elle a pu voir dans des séries et des films, et est donc probablement très biaisée. Elle répond à son baiser avec empressement, une main flirtant dangereusement avec l'élastique de son boxer dans un move auquel il doit forcément commencer à s'habituer maintenant. Noor, c'est une tactile et une joueuse qui ne sait pas se restreindre. Elle finit par se dégager un peu de lui, parce qu'il a l'air d'avoir plus envie de parler que de la laisser poursuivre son petit manège et retrouve sa place naturelle entre ses bras. « Mmmh... gagner le jeu déjà. » C'est son objectif à court terme, même si elle sait que c'est peu probable. Tous les autres sont là, à dire qu'ils s'en foutent de gagner, rien que pour ça elle juge qu'elle mérite plus que tout le monde d'atteindre la victoire, parce qu'elle la veut vraiment et pour de bonnes raisons. « Ensuite... le Nicaragua » elle lui rappelle, au cas où il aurait déjà zappé qu'il lui a proposé un plan surf/playa/jungle à deux. « Après ça je sais pas. Moi mon seul rêve c'est que ma famille soit safe et ne manque de rien. Tout ce que je fais, c'est avec ce but-là en tête. » C'est sa ligne conductrice depuis des années, et si les moyens sont ajustés petit à petit, le but reste le même. « Et quand ça sera fait... j'aimerais bien faire quelque chose pour moi. M'acheter une maison, maybe ? Un truc rien qu'à moi, même si j'y suis pas tout le temps. Et voyager si je peux. » Des rêves, c'est pas ça qui lui manque à Noor. « C'est bizarre d'être au contact de gens hors prod et candidats ici. Y en a qui m'ont reconnue et sont venus me parler comme si j'étais une star, vraiment surréaliste. » Contrairement à une Bianca par exemple, Noor elle n'aspire pas particulièrement à la célébrité, être reconnue dans la rue pour un truc aussi random qu'une télé-réalité, c'est pas spécialement son kif. « Si ça peut te rassurer les gens nous trouvent mignons ensemble » elle ajoute, façon flash info comme si Jules en avait vraiment quelque chose à faire.

Noor, elle a pris complètement ses marques dans son dressing depuis quelques semaines, utilisant ses hoodies et tee-shirts à gogo tout en critiquant son style je m’en foutiste. Il soupçonne d’ailleurs une pointe de possession parce que la plupart des meufs se servent régulièrement chez lui quand elles ont envie d’être cosy. Ses opales amusées la contemplent. « Tellement clichée cette remarque Noor, t’abuses » il se marre, en regardant son chaton d’un mètre dix s’avancer en se voulant allumeuse. Ça lui arrachait tout naturellement un big smile pas forcément de circonstance, son attitude. « Mais c’est vrai » il concède, dans une certaine honnêteté intellectuelle. Jules n’allait pas faire le mec sur ce point. D’ailleurs, elle ne le garde pas souvent, son pyj immonde la plupart du temps, il le vire, pour préférer un peau contre peau et même quand elle se fait tranquille. Ce soir, elle l’est moins et donne le ton d’une pseudo intimité retrouvée par le biais d’une simple chambre qui n’était pas partagée. Comme quoi, il en fallait peu. Il l’observe se faire surex quand il s’agit de résumer sa journée et rebondit simplement sur la fin. « Ça te pèse à ce point ? » l’enfermement et les autres, les drames et le reste. Il arrive à piger que toutes ses variables influent complètement son comportement. Bref. Ses mains réchauffent son épiderme alors que ses lèvres s’animent contre les siennes. « Tu en jugeras par toi même  » il glisse quand elle lui parle de l’Europe. Il sait très bien que Mael et Noor ont déjà un début de programme sur le sujet. « Tu vas venir, non ? » Le français chope ses poignets pour immobiliser ses mouvements qui peuvent rapidement le faire partir en vrille, embrasse la paume d’une main pour lui faire comprendre un : plus tard. Il essaie d’avoir l’air pseudo ferme sur le moment. « On s’est pas capté de la journée… » il lui lance à demi mots pour lui demander de ne pas se lancer là dedans. En tout cas, pas tout de suite. Jules ne se montre pas particulièrement résistant, de base. Mais là, maintenant, il veut bien s’attarder sur ses aspirations. « C’est quoi la frontière qui fera que tu auras l’impression de les avoir mis à l’abri ? » il lui demande. Parce que ça ne peut jamais s’arrêter aussi. « T’as aussi le droit de penser à toi Noor, parfois » parce qu’elle était dédiée à sa famille, il comprenait, lui aussi oscillait de la même façon. Elle lui parle de s’acheter un pied à terre, c’est très raisonnable. De toute façon Noor, malgré ses excentricités restait particulièrement pragmatique. Elle rebondit sur les personnes qu’elle a croisé aujourdhui. « Ils pensent que je te traite bien ou pas ? C’est the question du moment » cf sa pote qui s’était excitée la semaine dernière parce qu’elle devait s’ennuyer sévère. « En parlant de court terme… » il amorce en se redressant, calant son dos sur la tête de lit, instinctivement mettant un peu de distance dans un mouvement quasi inconscient. Ses opales cherchent celles de Noor pour les cadenasser aux les siennes. « T’as peur de quoi concernant ton secret ? » Jules souffle parce qu’il la sentait un peu fébrile sur le sujet depuis leur dernière confrontation. A chaque fois qu’il aborde le sujet, l’air de rien, elle se fait soit trop silencieuse soit trop songeuse. « Que je m’énerve ? » il complète, le regard interrogateur. Jules balise un peu pour savoir à quoi il peut s’attendre au prochain prime. Effectivement, il y avait des trucs qui l’avait irrité lors du confess, mais il avait l’impression de pouvoir dealer avec le reste.

Elle étire un sourire amusé avant d’hausser les épaules. « En même temps si je l’avais pas faite t’aurais trouvé ça étrange » elle commente, parce qu’elle sait très bien comment ça fonctionne. Jules s’est habitué à ses phrases clichés, ça serait flippant qu’elle n’en abuse pas avec lui. « Je sais que c’est vrai » elle confirme, parce que son tee-shirt finit rarement sur elle ce qui lui convient bien, que ce soit pour la sensation de sa peau contre celle du Français ou pour l’effet que ses courbes nues lui fait le plus souvent. « Oui, je suis pas habituée à ne pas avoir ma liberté de mouvements. Ca te le fait pas, à toi ? » Après huit semaines, dont six passées au block, elle a fini par faire le tour de leur terrain de jeu. L’émulation de la vraie vie lui manque, le fait de voir d’autres personnes que les mêmes candidats jour après jour, de devoir garder son micro sur elle en permanence, de vivre en communauté comme ça. Ca devient pesant, pour elle. « En même temps je passe mes journées à rencontrer des gens, à Nola, jamais les mêmes, jamais la même ambiance… » L’avantage d’être guide touristique, elle voit du monde Noor et elle a besoin de cette excitation et de cette nouveauté pour se sentir épanouie. D’où l’engouement qu’elle manifeste depuis le début de la semaine. « Oui je vais venir » elle confirme en hochant la tête. Faut pas le lui dire deux fois, à Noor. « Par contre je sens que Mael se fout de ma gueule sur Orléans et qu’en vrai c’est paumé comme bled. » Elle n’a rien dit sur le moment, mais elle a senti la pointe d’ironie dans ses propos. « Moi je préfère découvrir Paris. » Et faire tous les trucs de touriste dont elle a entendu parler, la Tour Eiffel, le Sacré Cœur, les Grands Magasins, le Louvre et compagnie. Elle peine un peu à se concentrer sur ce projet cela dit, les lèvres de Jules contre les siennes lui donnant moins envie de parler que d’agir, mais lui ne l’entend pas de cette oreille et la calme direct en choppant ses mains très aventures avant qu’elles n’aient la possibilité de trouver leur cible. Elle affiche une moue un peu boudeuse, moins par réelle déception que par principe, et prétend n’accepter de retarder l’inévitable qu’à contrecoeur. « Mais justement, j’ai envie de toi moi » elle se plaint même si elle switche sans trop de mal sur leur conversation et les projets futurs de Noor. « Je sais pas vraiment… Quand ma mère flippera pas parce que le frigo l’a lâchée, ou que ma grand-mère a l’air de perdre la tête… » C’est pas vraiment quantifiable, elle réfléchit pas comme ça Noor. Elle veut juste faire en sorte que les siens soient en sécurité, et ça n’a pas de prix. « Boh, j’ai pas besoin de beaucoup moi. » Et puis c’est une débrouillarde, elle retombera toujours sur ses pattes quoi qu’il arrive. L’idée d’avoir une maison, elle le voit comme un investissement pour son futur à elle, c’est suffisant. Pour le reste, elle prendra les choses comme elles viennent. « Ils ont pas précisé, mais j’imagine que oui » elle souffle, un sourire moqueur accroché aux lèvres. « Sinon ils m’auraient dit de te larguer et que je méritais mieux » elle ajoute. Comme Olivia, qui jugeait que Jules n’était pas assez bien pour elle. Sweet, mais faux. A ce stade, elle croit plutôt que c’est l’inverse, et qu’il mérite une meuf moins chiante qu’elle. La discussion se fait plus sérieuse quand il aborde la deuxième partie de son secret et ses traits se tendent un peu. Noor, elle fait tout ce qu’elle peut pour éviter le sujet et c’est bien une première. « J’ai pas trop envie d’en parler » elle tente d’esquiver maladroitement, préférant se concentrer sur ce qu’ils ont à l’instant T plutôt que l’après-révélation ; elle veut profiter de leur statut actuel, genre honeymoon phase sans galère. Mais il soutient son regard d’une telle façon qu’elle se sent obligée de répondre à sa question. « Non, que tu veuilles plus de moi après » elle déclare dans un murmure en se soustrayant à son regard. Quand elle voit sa réaction pour l’histoire de la sextape, elle se voile pas trop la face. « Mais je préfère être claire avec toi : j’ai pas honte de mon secret et j’ai pas de regret non plus. C’est la preuve de ma force de caractère et de ce que je suis prête à faire pour aider ma famille. Quand je le révèlerai, rappelle-toi simplement de ça. » Qu’il essaie de voir au-delà, qu’il comprenne ce que son secret ne dit pas directement parce que c’est important pour elle qu’il l’accepte sans jugement.

Ses opales croisent celles de Noor. « Noor, je sors d’un an de taule, t’es sérieuse ? » il se marre en toute simplicité. Jules savait ce que cela faisait, d’être réellement enfermé et dans un mood moins fun que celui là. « Franchement je peux même signer deux semaines de plus avec une Olivia relou sur le dos tellement ce n’est rien par rapport à la-bas » Jules lui souffle le plus simple du monde. Ici, ça se voulait luxueux, ils avaient vraiment des problèmes de riche à se plaindre de l’enfermement ou des autres. Nourris et blanchis aux frais de la production qui cédait à la plupart de leurs caprices.  « Tu penses que ça va être violent, notre retour ? » le français l’interroge. En parlant de réalité : « Tu sais ce qui est encore plus stylé qu’Orléans, La Courneuve » il lui propose l’air de rien, un peu ironique. Ouais, Jules essaie de vendre sa cité, mais c’est compliqué ici. Il peut s’improviser guide touristique. « Tu veux faire quoi sur Paris ? Apéro sur les quais, bateau-mouche, visite des monuments, balade à Montmartre, un théâtre, des grosses soirées aussi » il glisse en l’embrassant à chacune de ses propositions, descendant le long de son cou, ses poignets toujours immobilisés par ses mains. Il ricane quand elle fait son petit caprice du « maintenant » tout comme il est capable de se faire super sérieux quand elle parle de sa famille. « Essaie juste de ne pas trop t’oublier, c’est tout ce que je voulais te dire » il souffle parce qu’il ne se permet rien d’autre. Concernant son secret, c’est encore autre chose. Jules, il captait qu’elle était stressée sur ce dossier et voulait lui faire part de sa tranquillité à lui sur le sujet. Il se fait sage, gardant pour lui ses sarcasmes de parisien à la con parce qu’il sent que ce n’est pas le moment de se la jouer très français. Docile et souriant, il dodeline de la tête pour lui assurer qu’il s’en souviendra de tout ça, le moment venu. De toute façon y a l’option une qui consiste à se pourrir la vie jusqu’à la rével, et l’option deux, se détacher. « Franchement on n’a plus quinze ans Noor, t’inquiète » il la rassure simplement. Elle est bien loin l’époque du lycée où chacun se tej pour des futilités en faisant des dramas qui alimentaient les bruits de couloir. « Ne te prends pas sur la tête là dessus et fais moi confiance » c’est tout ce qu’il lui demandait. Certes il avait pas forcément kiffé de savoir qu’une sextape circulait mais c’était peut être de la possessivité mal placée au pire. Jules ne veut pas qu’ils s’enfoncent dans une relation qui les obligent à se justifier h24 sur tout et à compenser pour ne pas sombrer. C’était très loin ce qu’il voulait. C’est surement pour cela qu’il lâche le bail, Jules, se contentant de la regarder en souriant. « Chillons » il conclut dans une sobriété qui voulait tout dire. « J’te montre » Jules propose, une once moqueur en se glissant à l’horizontal comme elle. Ses mains se débarrassent du fameux tee-shirt, comme promis, avant de l’attirer à lui. Il prend le pari de voir rapidement la frustration obscurcir ses opales avant les siennes. Une de ses mains s’infiltre sous sa dentelle dans l’unique but d’entendre sa respiration se faire plus bruyante et plus lourde. A force d’expériences et de dialogues complètement décomplexés sur le sujet, Jules savait très bien comment débuter les hostilités. (…) Allongé sur le dos, il l’observe, assise en tailleur, relever ses cheveux pour éviter qu’ils ne collent à son épiderme moite, Jules esquisse un rictus amusé. « N’hésite pas à faire appel à moi si tu as besoin de penser à rien » il souffle en se marrant. Maintenant, ils le prenaient légèrement, son rôle de toy boy. Pas plus tard que la semaine derrière, il s’était essayé à un « strip tease made in La Courneuve » avec trop d’autodérision pour que morte de rire, Noor ne décide de mettre fin au massacre.

Elle se fait reprendre de volée par un Jules qui la ramène brutalement à la réalité de ce qu'il a vécu et elle pince les lèvres, gênée. « Désolée, j'ai pas réfléchi. » Une mauvaise habitude acquise de longue date. « Oui je sais, y a clairement pire que d'être enfermés dans un block » elle concède, même si elle est pressée de renouer avec sa vie, dans un monde où les caméras ne sont pas rivées sur eux H24, où chaque parole n'est pas capturée par un micro, où elle n'a pas à côtoyer en permanence les mêmes personnes sans pouvoir vraiment s'en échapper. C'est pas la prison, mais c'est loin d'être une réalité dans laquelle elle pourrait s'épanouir, peut-être parce qu'elle n'est pas ici pour fuir quelque chose. « Tout dépend ce que t'appelles violent mais ouais, je doute qu'on puisse reprendre nos vies comme si de rien n'était. » Y a qu'à voir ce qu'être au contact de locaux ici apporte comme changements pour eux, avec des gens qui s'arrêtent pour les observer, parfois venir leur parler comme s'ils étaient devenus des célébrités. Certains y trouvent sûrement beaucoup de satisfaction, genre Bianca, tandis que Noor se fout un peu de tout ça en vérité. « D'après Olive, c'est archi ghetto la Courneuve » elle relève, arquant un sourcil moqueur en le fixant. Les standards d'Oli sont pas les mêmes que les siens cela dit même si le potentiel pittoresque de son bled lui paraît limité. « Ca veut dire que tu veux que tu veux me présenter ton monde ? » Dans une autre de ses habitudes soigneusement travaillées, Noor pioche des éléments de ce qu'on lui dit pour les réassembler selon ce qui lui plaira le plus. Dans ce cas précis, s'immiscer même brièvement dans le quotidien de Jules. « Mmmh, oui tout ça tout ça » elle répond distraitement, davantage captivée par ses baisers que par le contenu de sa visite touristique de Paris. « Tu voudras venir visiter Nola toi ? » elle lui renvoie, histoire de concocter un plan qui tienne la route et lui faire découvrir son monde à elle. « T'es mignon quand tu t'inquiètes pour moi » elle souligne dans un sourire à la fois tendre et moqueur, qui s'efface à la mention de ce que son secret peut entraîner comme conséquences. Elle a pas envie d'y penser, Noor, parce qu'ils sont bien comme ils sont maintenant, à se découvrir comme des ados et profiter de l'instant présent. L'après-révélation, ça foutra sans doute un froid sur ce qu'ils ont et ça gâche un peu le moment. « Ca me va » elle approuve quand il lui demande de lui faire confiance, tout plutôt que d'évoquer trop longuement le sujet alors qu'ils ont des perspectives bien plus intéressantes pour la soirée, en témoigne l'initiative de Jules qui fait magiquement disparaître ses appréhensions en même temps que son tee-shirt. En quelques secondes, son attention se recentre uniquement sur lui, la sensation de ses lèvres contre sa peau ou des caresses auxquelles elle s'abandonne si facilement. (…) « C'est vrai que le service est pas mauvais » elle reconnaît, le cœur battant encore furieusement dans sa poitrine tandis qu'elle l'observe en tentant de relever ses cheveux. C'est le moment qu'elle kiffe le plus, Noor : post-sexe, encore nus, leurs lèvres gonflées, leur souffle court, leurs corps rougis par l'intensité. « Je crois que j'ai laissé des traces sur mon passage » elle s'amuse, en référence à ses ongles qui se sont imprimés dans le dos de Jules, ou des marques qu'elle spotte ici et là sur son corps. « Au cas où tu serais tenté de voir ailleurs, tu comprends » elle se marre, la question ayant été élucidée largement en amont. Ses cheveux attachés, et incapable de rester trop longtemps sans contact, elle retourne envahir sans gêne l'espace vital du Français et s'amuse à retracer du bout des lèvres le parcours qu'elle a suivi quelques minutes avant seulement, d'une marque à l'autre, pour remonter jusqu'à ses lèvres qu'elle capture avec empressement. Satisfaite de sa conclusion, elle se cale confortablement contre lui et reprend le fil de leur discussion. « Parle-moi de ta vie un peu » elle quémande doucement, parce qu'elle a toujours l'impression de parler d'elle, et jamais de lui.

Elle s’excuse et d’un geste de la main, il lui dit qu’il s’en fout, il est suffisamment à l’aise sur le sujet pour pouvoir en parler avec humour. Ils glissent sur l’après et les conséquences de leur participation. « De toute façon, ça va rapidement s’estomper, à la même vitesse que les liens d’ici vont se distendre » Jules amène, pragmatique sur la chose. « T’as pas dans l’idée d’être une influenceuse après, hop, voyages et placements de produits, vu comme tu manies les RS ? J’espère que tu considères l’idée » il souffle amusé, en croisant ses opales noisettes. Il roule billes à la mention d’Olivia et du guetto la Courneuve.  « Je ne suis pas sur que ça soit une référence » Jules souffle. Il pense que Noor fait plus partie de son monde que de celui de la brune complètement perchée dans son ego. Pour en revenir à l’essentiel : « Bah oui » répond Jules comme si cela relevait de l’évidence concernant la découverte de son univers de racaille de luxe. L’inverse serait consternant et voudrait tout dire concernant leur non-avenir. « Ça me parait évident, j’sais pas, non ? Ça serait cool que tu viennes au moins une fois, sauf si t’as la flemme, ce que je comprends » il lui lâche dans un sourire. Jules, il sait se montrer particulièrement lucide. « C’est plus glam Paris » il continue avant qu’elle ne parle de Nola. « Pourquoi pas, t’es tellement amoureuse de cette ville que ça force la curiosité » il adorait la lancer sur ce sujet, Noor, elle s’emballait hyper facilement quand elle lui décrit l’ambiance, le monde, les gens. « Histoire de voir si t’as bien teasé la chose » il complète. (…) Ses opales la contemplent quelques secondes. Elle est belle, mais il ne le lui dit pas, restant dans son rôle de mec peu expressif que Noor ne cesse de lui reprocher, histoire de ne pas se prendre un retour moqueur de sa part tant elle serait surprise par la démarche. C’est ce qu’elle fait régulièrement. Un cercle vicieux. Sa remarque lui arrache un simple rictus avant d’hausser les épaules, habitué à ce qu’elle s’impose d’une façon ou d’une autre à lui. Il la laissait complètement faire. « De toute façon tu laisses tes marques depuis la deuxième semaine non ? » il demande moqueur en se souvenant du billard ou même du fameux bain. Noor, elle savait s’y faire niveau colonisation physique ou psychologique. « Je suis matrixé maintenant » d’elle. Jules étire dans un sourire en l’embrassant. Il attend qu’elle s’installe, un bras glissant dans son dos avant d’étirer quelques secondes avant de répondre à sa requête. « Je vais te parler de Léa et Juliette » il lui offre un regard interrogateur pour savoir si elle avait assimilé ces prénoms, ses êtres humains pref comme il l’avait confié à Rumer. Parce qu’elles, c’est lui, et inversement. « C'est comme des jumelles. Elles ont toujours été super proches, à se soutenir peu importe l’idée derrière, je peux te dire que je perds tous mes combats face à elles » il lui dit. Elles formaient une entité douée d’une sensibilité qui lui échappait. « Léa, c’est autant la plus jeune que la plus dure, les choses se doivent d’être carrées, rien qui dépasse parce qu’elle s’en branle d’être originale ou intéressante, faut que tout le monde soit honnête intellectuellement sinon elle se sent trahie alors que Juliette, elle est plus douce, plus émotive et sait pas trop ce qu’elle veut parce qu’elle idéalise à peu près tout, avec elle, rien n’est jamais grave parce qu’elle n’arrive pas placer le curseur de ses priorités » évidemment Jules se reconnait bien plus en Léa qui était par contre bien plus directe, bien moins souple qu’il ne pouvait l’être face à la contrariété. Juliette, c’était différent, elle ressemblait complètement à leur père sans la lâcheté qui était une option qu’elle n’avait pas choisi. Il savait qu’une Noor s’entendrait mieux avec une Juliette qu’une Léa. « Elles pop up chez moi au moment où je les attends le moins pour être sures qu’elles restent mes pref ou pour râler concernant un énième conflit familial, ou elles m’appellent à 4h du matin pour que je fasse en Uber retour de leur soirée et pas réveillé, je les écoute faire leurs grandes décla un peu alcoolisées qu’elles assumeront pas le lendemain ou pire, elles me reprocheront de pas avoir pris leur tel histoire de préserver leur dignité » c’était bien le genre mais Jules avait l’argument du rite de passage, tout le monde le faisait ça.

Le constat de Jules, au moins sur la survie des liens créés ici à l'extérieur, lui paraît un peu pessimiste même si pas forcément faux. « Pas tous » elle corrige dans un sourire entendu. Et avec un peu de chance, ceux avec Olive, Riley, Mael et d'autres survivront aussi une fois revenus à la vie réelle. Il évoque l'idée de jouer les influenceuses et ça lui arrache un rire. Elle a clairement le profil pour le faire ouais, même si c'est pas réellement son ambition. « Je me ferme aucune porte » elle se contente de répondre. Elle verrait beaucoup plus Oli et Riley surfer sur cette vague-là. « Je suis trop honnête moi, les marques voudraient pas travailler avec moi » elle amène, plutôt pragmatique sur la question. Mais elle dirait pas non à des voyages gratos si l'occasion lui est donnée. Il répond d'un ton d'évidence à sa question et ça lui suffit à Noor. Elle n'avait pas vraiment besoin qu'il lui confirme, mais elle aime bien se rassurer sur le sujet. « C'est plus glam mais c'est pas ta vie. Moi je veux voir ton environnement, tes potes, ta famille, bref le full package quoi. » Elle s'en tape du glam Noor, y a qu'à voir comment elle a grandi, la gueule de sa baraque ou même de son appartement actuel à Nola. « Mais sans pression, je suis naze pour les trucs formels » elle précise, histoire qu'il se mette pas de fausses idées en tête. Elle peut s'imaginer aller picoler avec Jules et ses potes en mode chill, à leur raconter la vie dans le block ou parler un peu de sa vie à elle, mais cringe à l'idée de rencontres archi-formelles qui dénoteraient complètement avec leur ambition de se laisser porter et voir à quoi ça peut mener. « Parfait. Nicaragua, Paris, Nola. Tu vas plus pouvoir me supporter après tout ça. » Elle suppose que dans le pire des cas, ils auront passé assez de temps ensemble pour savoir si ça vaut le coup de s'investir sur le plus long-terme, surtout compte tenu de la distance géographique qui s'imposera une fois tous ces projets concrétisés. « Faudra que tu viennes pour Mardi Gras, c'est le meilleur moment. On fera la fête non-stop du matin au soir. » Dans sa tête, elle imagine bien une première visite à Nola plus tradi, où elle lui ferait découvrir tous les endroits qu'elle préfère, et une deuxième pour vraiment se laisser porter par l'ambiance unique du Mardi Gras et de son carnaval. (…) « J'essaie, en tout cas. La première étape c'était de m'imposer dans ta tête. » Une étape entamée dès la première semaine et poursuivie avec un acharnement admirable de semaine en semaine, en rajoutant une couche supplémentaire à chaque fois. « Maintenant je m'impose physiquement aussi. Que tout le monde sache que t'es pas disponible. » Elle n'en a pas besoin, tout le monde le sait déjà et Noor n'est pas jalouse, mais elle n'en reste pas moins possessive. Ca va de paire avec la façon qu'elle a de s'imposer dans la vie des gens. « Tant mieux, mission accomplie » elle conclut en lui rendant son baiser et en retrouvant naturellement sa place contre lui. Elle l'écoute avec attention quand il se révèle un peu, dans un de ces moments rares qu'elle est obligée de lui arracher parce qu'il ne se livre jamais spontanément, et elle sent à la façon dont il parle d'elles tout l'amour qu'il a pour ses sœurs. Léa et Juliette. Le portrait qu'il dépeint de chacune lui offre une vision mentale de ce qu'elles sont et ça lui tire un sourire. « Toi t'es plus comme Léa non ? » elle questionne, parce que c'est ce qu'elle tire de ses descriptions. Plus dure, moins émotive, sans doute moins expressive aussi. Une Jules au féminin. Juliette a l'air plus accessible, pour une meuf comme Noor. « Elles sont très possessives tes sœurs avec toi ? Genre quand t'as des meufs, elles les traitent comment ? » Elle se renseigne, sait-on jamais qu'elle en ait un jour l'utilité et qu'elle ait besoin de dégainer ses armes de séduction massive pour leur plaire. Ca la fait rire, de visualiser les scènes qu'il décrit, à jouer les grands frères protecteurs mais pas envahissants, capable de les laisser faire leurs propres conneries tout en s'assurant qu'il soit là pour gérer les conséquences avec elle. « T'es un vrai protecteur toi » elle affirme. « Dans ma famille c'est plutôt moi qui ai ce rôle, si j'attendais que mon frère se bouge le cul pour aider, j'arriverais à rien. » C'est un flemmard de première, ils n'ont quasiment rien en commun au point que ça en devient limite ridicule. Elle en profite pour glisser une jambe entre les siennes et coloniser davantage encore son espace vital, à coup de baisers évoluant de ses lèvres à son cou.