Il est peut-être encore tôt, en ce début de matinée, mais vacances ou non, j’ai l’habitude de garder le même rythme. Je ne suis surement pas le plus couche-tard des candidats ici, bien au contraire, j’aurais même tendance à apprécier me glisser sous une couette bien confortable avant minuit pour ne pas risquer de me transformer en gremlins. En revanche, je figure parmi les rares habitants du block à être debout aux aurores pour avoir le temps de démarrer la journée tranquillement, sans trop avoir à donner de la voix ou à enchainer les interactions sociales. J’ai beau être extrêmement avenant et pas le moins du monde difficile à aborder, j’imagine que nous avons tous besoin de quelques minutes quotidiennes pour nous retrouver en solitaire. Le café du matin laisse bientôt place à un entrainement sportif d’une à deux heures en fonction des zones du corps ciblées puis à une bonne douche et, enfin, à un petit-déjeuner que je prépare beaucoup trop souvent en écoutant mon estomac plutôt que ma raison. La preuve ? Après avoir abandonné @Shadi et ses câlins à la sortie de la douche, c’est une poêle à la main que je me retrouve près des plaques de cuisson à verser de quoi faire une première crêpe. Mauvaises habitudes enseignées par ma grand-mère obligent, j’en ai préparé beaucoup trop, de quoi nourrir tout le monde ici, au chalet. Quelques bulles se forment et j’en profite pour retourner la crêpe d’un coup de poêle vif et calibré… Oui, enfin, jusqu’à ce que je me retourne et me trouve nez à nez avec Astrea. « Oh putain… » J’échappe, en un sursaut, ma poêle déviée de sa trajectoire et la crêpe libérée délivrée pour finalement atteindre le sol. « Tu m’as fait peur. Heureusement qu’il s’agissait d’une poêle et pas d’un couteau. » Parce qu’on ne sait jamais, il n’y a besoin que d’un mauvais réflexe pour qu’une situation anodine tourne à la catastrophe. « Je te fais une crêpe ? »

Elle s'était motivée pour la journée difficilement, Astrea, sortant le bout de son nez de la couette bien chaude avec une lassitude qui ne lui ressemblait pas. Le ski, ce n'était pas tellement son truc et à en croire par le désastre de la veille où elle avait peut-être mis toute une journée à descendre une pente des plus ridicules, elle n'aurait pas d'autre choix que celui de prendre des cours. Elle avait fini par quitter la chambre qu'elle partageait avec Maggie et Freya, emmitouflée dans son pull le plus chaud, et se dirigea bien vers la cuisine histoire de voir s'il y avait moyen de compléter les fruits qu'elle avait attrapés du buffet à leur disposition pour le petit-déjeuner. Et au vu de la présence d'@Addison au fourneau, elle n'avait pas été la seule à avoir cette idée. "Hey!", avait-elle lancé en se rapprochant du jeune homme histoire de voir ce qu'il faisant. Une proximité à laquelle il ne s'attendait visiblement pas et qui décrocha une mine désolée à la brune. "Désolée. Après tu sais, je ne suis pas contre les poêles, ça t'aurait donné un air de Raiponce et c'est plutôt cool. Il te manque juste Pascal.", ajouta-t-elle dans un rire léger. La princesse Disney était l'une de ses préférées et en mettant une longue perruque blonde et une robe violette à Addison, elle était sûre qu'il pourrait y avoir une certaine ressemblance avec elle. "Je ne dis pas non.", accepta-t-elle ensuite sans se faire prier, regardant le jeune homme s'occuper de la crêpe avec intérêt. "Alors, j'ai entendu dire que tu skiais aussi bien que moi. Tu m'accompagnes aux cours pour les débutants après?" Elle proposait, Astrea, il n'était pas obligé d'accepter.

Le buffet est sympathique, j’apprécie d’avoir l’opportunité de me servir sans avoir à me poser la moindre question mais j’ai malgré tout du mal à complètement lâcher prise. Je déteste abuser de la bonté des autres, même lorsqu’une telle gentillesse est surement facturée à la Production qui a tout prévu pour que notre avant dernière semaine d’aventure soit mémorable. Ils ont fait fort, je dois le reconnaitre. Le budget est surement conséquent pour louer un tel endroit en plus du block et de la ferme où nous avons passé quelques jours précédemment. Trois salles trois ambiances, me direz-vous, mais la possibilité de varier les plaisirs à chaque fois en explorant de nouveaux endroits et en s’adonnant à de nouvelles activités. J’ai adoré participer à cette émission, bien au-delà de tout ce que j’estimais possible en me présentant aux castings. J’étais loin d’imaginer passer par toutes ces émotions, effectuer de telles rencontres et me lier d’amitié avec un nombre aussi important de candidats. Je n’ai peut-être jamais eu le moindre problème pour faire connaissance avec les autres à Nice, mais je ne pensais pas qu’il serait aussi simple d’échanger, de se rapprocher et d’éprouver des sentiments en tout genre, tout simplement. Ça n’a pas toujours été facile, bien-sûr, mais mon bilan est globalement positif. Rien ne semble pouvoir entacher la vision que j’ai de cette folle parenthèse à quelques jours – une semaine et demie grand maximum – de retrouver Nice. Je suis occupé à retourner une crêpe lorsque ma camarade me surprend. Ma préparation, mi-cuite, connait une fin tragique à mes pieds mais la scène provoque mon hilarité plus que ma colère. Il m’en faut plus, nettement plus pour perdre pied. Raiponce, mes lippes s’étirent en un large sourire. « Tu ferais une Raiponce nettement plus ravissante que moi. On pourrait l’être tous les deux… Ou alors… Aimerais-tu devenir mon Pascal ? » Je propose, incapable de contenir un rictus lorsque je commence à imaginer nos allures dans la peau de nos personnages respectifs. « Quelle garniture aimerais-tu avec ta crêpe ? Plutôt des fruits ? Du sucre ? De la chantilly ? Du chocolat chaud ? De la confiture ? Un combo mortel de Nutella et de Chantilly ? » Je suis d’humeur gourmande ce matin, j’espère qu’elle est prête à me suivre dans mes folies qui n’ont malheureusement rien de diététique. Je me retourne, concentré sur ma cuisson, et pouffe à nouveau de rire lorsqu’elle mentionne le ski. « Tu parles, je suis une catastrophe ambulante. Je suis sûr qu’à côté de moi tu as l’air d’une pro ! » Il ne doit pas être difficile d’en avoir l’air, en tout cas… Il suffit de tenir plus de quelques secondes sur ses skis dans une descente à vrai dire. « Ils font des cours ? Carrément ! On pourra frimer nous aussi après ça… Sur la piste des enfants ! »  

Ça la faisait rire au final d'avoir pu effrayer @Addison sans le vouloir, Astrea, surtout en voyant sa réaction avec sa poêle. Elle avait trouvé une comparaison avec Raiponce immédiatement, et l'entendre répondre dans un rire lui provoqua le même effet. "Non non, c'est toi qui as la poêle, c'est toi Raiponce.", affirma-t-elle après avoir retrouvé son sérieux, avec une mine grave sur le visage pour accentuer ce qu'elle racontait. "Je peux être Pascal si tu veux. On aurait dû venir comme ça pour le thème de Delilah en vrai, je regrette que ce soit passé maintenant." Bon prendre inspiration d'un caméléon aurait été assez compliqué mais pas impossible. Puis elle aimait bien les challenges, Astrea, il n'y avait pas vraiment d'intérêt sinon. "J'ai bien envie de te dire de me surprendre mais je ne sais pas si c'est dangereux.", lui confia-t-elle ensuite dans un rire en regardant sa crêpe restée dans la poêle. "Après j'ai pris quelques pommes du buffet, on peut sûrement faire quelque chose avec.", proposa-t-elle en lui montrant les deux pommes dans sa main. Puis elle avait mentionné le ski, Astrea, faisait référence à son état catastrophique sur les pistes. "J'ai peut-être mis une heure hier à descendre jusqu'à la station, je suis loin d'être une pro. Mais ouais il ya des cours, on fera mine d'être de bons élèves au milieu des gamins!", lâcha-t-elle en pouffant un peu de rire à l'idée d'être les deux seuls adultes présents aux cours. "Ce sera fun!" Encore une fois, elle ne le forçait pas, c'était juste une proposition.

Je ne crois pas avoir été effrayé de la sorte depuis une éternité, pris par surprise et interrompu dans ma quiétude habituelle mais mon sourire contraste très largement avec l’affront qu’elle a osé commettre en se faufilant de la sorte derrière moi. Je suis très friand de ce genre de petites blagues à vrai dire, celles qui permettent de prendre une crise de rire en faisant brièvement peur aux autres. Je serais à deux doigts de l’applaudir si je n’avais pas conscience du caractère imprévu d’un tel acte. Elle ne pensait pas à mal, ni à son propre plaisir, elle voulait juste me saluer et me signifier sa présence. Raiponce, ce rôle lui irait comme un gant, surement bien plus qu’à moi d’ailleurs mais cette affirmation ne surprendra personne. Sa magnifique chevelure serait éblouissante si elle s’allongeait sur plusieurs mètres comme dans le long-métrage Disney. Je bloque un petit moment sur ses cheveux et leur beauté avant de revenir au sujet principal de notre conversation. « D’accord… Mais j’accepte uniquement parce que j’ai toujours rêvé d’avoir des cheveux ! » J’ai l’œil rieur, c’est tout l’inverse qui se trouve sur mon crâne recouvert de quelques millimètres de cheveux à peine. J’ai pris l’habitude de me les raser très régulièrement plutôt que d’en avoir un tas à ne plus savoir quoi en faire. « Pareil… Mais tu sais quoi… Halloween c’est samedi… Je propose qu’on improvise un déguisement ensemble pour faire honneur à cette idée ! » J’ignore encore si Delilah a prévu un thème pour le prime à venir, elle nous demandera surement de venir apprêtés pour aller avec les enjeux de la soirée mais je ne vois pas pourquoi style et déguisement n’iraient pas ensemble. « Tu crois qu’on peut trouver une perruque dans les magasins du coin ? » Ce serait un bon début. « Je pourrais mettre mes talents de body-painter à disposition pour t’aider à te grimer qui plus est ! » Autant utiliser mes talents pour la bonne cause cette fois, plutôt que simplement pour le plaisir ou pour le thème imposé. La surprendre, je le pourrais, effectivement, mais ses pommes me font de l’œil et m’inspirent quelque chose. « On pourrait les caraméliser tes pommes. Suffisamment pour qu’elles soient goûteuses et gourmandes tout en restant croquantes ! » Gourmand, croquant. Il n’y a pas à dire, Cyril Lignac a vraiment raison à ce sujet. Le ski ne semble pas uniquement me poser problème, ma camarade se trouve dans la même situation que moi et je m’en amuse, je ne m’en cache pas. On peut rire de tout, surtout quand on est directement concerné. « Je te suis jusqu’au bout du monde s’il le faut… Du moment qu’on enfile nos skis le plus tard possible. Je ne suis pas certain que mon égo s’en remettra lorsque les gosses brilleront au bout de dix minutes et que nous on continuera à galérer comme des imbéciles ! »