Les chaussures de rando, le pantalon, la veste chaude, le bonnet sur la tête. Parée pour découvrir la région. C’est un beau cadeau que nous a fait la production. Si j’ai pas mal visité les Etats-Unis, je n’ai jamais vraiment mis les pieds au Canada. Aujourd’hui je veux faire un tour au niveau du lac, qui est juste époustouflant de couleurs. Je dépose les rames dans la barque, le sac à dos avec de quoi passer la journée et m’apprête à pousser le tout pour partir en balade quand je croise la silhouette longiligne d’@Olivia. L’enquêtrice qui a mis les bons mots sur mon secret. Une de celle dont je ne suis pas proche, de celle que j’ajoute à la liste de regrets. Je pose un regard léger sur elle. « Tu m’accompagnes ? » Peut-être que l’idée de se retrouver seule au milieu du lac avec moi ne l’enchante pas tellement. Moi ça me plait. D’imaginer le reflet de l’eau dans ses yeux, le découpage des montagnes dans son iris. Et le vent mordre avec tendresse la pulpe de ses joues. Je ne la forcerais pas pour autant, si je vois dans son regard l’envie de partir ailleurs, de fréquenter son équipe habituelle, une petite impulsion sur la barque et je m’installe direction l’inconnu seule. Je suis dans l’attente d’une réaction, un petit sourire qui répond à elle, au ciel, à la terre.

Emmitouflée dans la Canada Goose devenue sa seconde peau, elle traverse près du lac à la recherche de Noor qui a disparu avec son appareil photo. Elle s'est portée volontaire pour l'accompagner photographier la beauté du lac sauf qu'en deux secondes la meuf s'était volatilisée comme absorbée par un trou spatio-temporel. Lasse, flemme de supporter de telles températures pour le plaisir de la chercher, elle fait demi-tour et tombe sur @Violette qui semble vouloir s'initier très dramatiquement à un tour de barque en solitude. « Oui, aller. » elle accepte la proposition, haussant imperceptiblement ses épaules masquées par l'épaisseur du manteau. Une parenthèse avec Violette est plus que bienvenue, si la libertine l'a souvent agacée pour sa façon d'être et ce depuis les premières heures de jeu, sa révélation l'avait agitée. Elle y avait repensé, à ce qu'elle lui avait dit les yeux dans les yeux comme si elles n'étaient que deux dans ce salon rempli d''oreilles curieuses, isolée pour mieux le processer. Grimpant sur la barque dans une agilité jusque-là enfouie, elle se pose face à elle alors que la barque les emporte. « J'aurais aimé qu'on puisse en discuter seules à seules avant la révélation. » Elle n'avaient pas eu le temps d'en reparler, tout étant allé trop vite. « Cette euphorie de la chasse aux secrets a tout gâché. » Elle trouvait que se précipiter sur un tel sujet était le piétiner, tout simplement. « Ca m'a secouée, ce que tu as raconté. » elle admet, transparente, tombant le masque dans la sécurité de leur solitude. « OMB c'est un nouveau départ ? » Qu'est-ce qu'elle allait en faire, Babet, de sa révélation ? Est-ce qu'elle allait la mettre à profit ou tout simplement continuer de s'envoler sans calculer ses atterrissages ? Cette technique semblait avoir montré ses limites et Violette, impossible à attraper, semblait aussi seule que jamais. « … ou c'était juste pour le retrouver ? » Parce qu'il avait été le premier, Addison, à la prendre dans ses bras pour la réconforter et Olive, de là où elle était, le regard fixé sur elle, elle avait bien vu que l'étreinte n'avait pas été reçue comme elle aurait du.

@Olivia, elle hésite pas vraiment. Et je suis contente. De la voir là, avec moi sur le petit bateau. Je pense qu’on sera belles comme ça, vu d’en haut. Elle s’installe et je commence à ramer, un petit sourire sur le coin des lèvres. J’ai ce regard un peu intrusif qui ne la quitte pas. Le genre de regard qui semble vouloir regarder la couleur de son âme. Si on n’a jamais été très proche tout le long de cette aventure, elle est de celle que j’ai admiré de mon petit coin à moi. Celles qui nourrissaient mes rêves et qui attiraient toujours mon attention par le son de sa voix. Mais elle est aussi celle qui m’a volé mon secret, qui a de temps en temps laissé sa langue fourcher pour dire des choses pas très sympathique à mon sujet. Peu importe, aujourd’hui. On est là, toutes les deux, au milieu de ce lac sublime et sa voix se fait entendre. « J’aurais bien aimé aussi. » L’entendre me parler du Ghana, avec ses mots, sa vision des choses. L’entendre dépeindre un quotidien qu’elle avait deviné compliqué, dans le reflet de ses yeux. Je hausse les épaules. Je crois savoir que le spectateur il aime bien ce moment, où le buzzer il chauffe. Moi, je suis mitigée. Parce que ça ne laisse pas le secret développer son impact. Moi je voulais discuter, avec elle principalement puisqu’elle était celle qui s’en était le plus approché. Mon coeur se serre, elle dit que ça l’a secoué. « J’ai vu. » Elle n’avait pas pleuré, comme Bianca avait pu le faire. Elle ne m’avait pas prise dans ses bras, comme @Addison l’a fait. Mais j’ai vu que la couleur de ses yeux elle avait changé un instant, assez pour que je note un changement. « C’est ma thérapie de groupe. » J’esquisse un sourire. « Je suis rentrée depuis plusieurs mois maintenant, mais … je voyais personne à part ma famille proche. » Il fallait que je me confronte de nouveau au monde, j’imagine. « Je crois que je suis prête maintenant. Je veux plus être éphémère. » Je me sent trop seule. Et si la solitude ne me fait pas peur, je sais qu’être entouré c’est une force. « C’était pas pour le retrouver. Pas au départ. Je savais pas qu’il serait là, on a pas menti. C’était le hasard, le destin. » Qui se rit de moi. « Et oui, je voulais le retrouver. » Mon sourire devient vague. « J’ai pensé à lui chaque jour là-bas tu sais ? » Oui, elle le sait. On aurait du avoir plus de temps lui et moi. Mais dans ses bras ce n’est plus pareil, pas quand il décide de vivre une vie dans laquelle je n’ai plus ma place. Je continue de ramer, le silence est roi. Il ‘y a que l’eau qui nous répond, nous chante des chansons. « Je suis contente que ce soit toi qui l’ai trouvé, mon secret. » Parce qu’elle comprend, je ne sais pas dans quelle mesure. Mais elle comprend.

Elle est un peu gênante @Violette, là en face d'elle, à la percer de son regard fixe alors qu'elles s'éloignent du bord pour dériver sur le lac sous ses coups de rame, le mirage d'un sourire sur le coin de ses lèvres. Elle fait comme si de rien était, Oli', observant la beauté de la nature s'offrant à elles avant de se centraliser sur la nymphette à quelques centimètres d'elle. Elle ignore ce qu'il se passe dans sa tête, Violette elle est indescriptible et Olive elle n'aura pas réussi à percer son secret. Son véritable secret. L'énigme qu'elle représente par son simple comportement. « Qu'est-ce que tu m'aurais dit ? Tu m'en aurais parlé ou tu te serais défendue ? » Elle qui avait menti effrontément face à ses potes dans l'intimité d'un confessionnal elle voulait savoir si le cœur ouvert de Babet l'aurait été alors que l'enjeu concernait leur survie indirecte dans l'aventure. Ça l'a secouée, son secret. Tout ce qu'il représente et les blessures engendrées. Elle s'est faite sensible, Oli', mais sans trop le montrer. L’expérience de celle qu'on a appelé la sorcière blanche résonnait en elle pour des raisons culturelles sur lesquelles il était difficile de poser des mots et pour une injustice évidente de l'abus des hommes pour punir des femmes. Une thérapie de groupe. Fascinant ce qu'une attitude frivole et extravagante pouvait masquer. « Tu avais l'air parfaitement à l'aise le premier jour. C'était surjoué ? » la logique pour Oli elle est là et pas autrement. « L'extérieur te faisait peur ? Les gens. » Elle croit pouvoir se l'imaginer, le traumatisme subit, mais elle sait qu'elle n'est même pas à un dixième de ce que ça a pu être véritablement. « Vraiment ? » Une Violette pas éphémère elle n'y croit pas, du moins pas dans la définition qu'elle s'en fait. Alors elle s'imagine qu'elle en a une autre, de définition. « Donc tu veux te poser en sortant ? Tu sais c'est vital de pouvoir avoir l'amour des siens à proximité, ça aide au quotidien. » Oli' elle était tellement rattachée à son cercle proche qu'elle ne s'imaginait pas vivre éternellement loin d'eux à s'envoler sans cesse encore et encore, l'exemple le plus flagrant étant sa recherche d'affection assumée dès la cinquième semaine, assumant un manque qui l'avait  plongée dans un profond sentiment de solitude. Il lui fallait ses besties, son daddy. « Drôle de hasard. » elle souligne quand même interloquée par l'idée de deux amants français se retrouvant par hasard dans une télé-réalité américaine. L'amour criant et désespéré de Violette pour Addison lui arrache un sourire teinté d'une triste compassion alors qu'elle s'était éteinte au fur et à mesure des semaines passant comme la représentation d'une fleur qui se fane. « Tu es déçue ? » elle demande dans une certaine douceur qui la surprend elle-même tant Violette provoque chez elle une compassion qu'elle n'arrive pas à expliquer. « Pourquoi Violette ? » Cette question elle la taraude depuis le jour où elle leur a dit l'aii de rien, autour de leur îlot des coulisses, s'appeler Babet. Pourquoi changer de prénom ? Pourquoi abandonner une identité pour une autre ? Huit semaines plus tard elle voulait sa réponse, Oli.

On avait pas maitrisé cette histoire de secrets. On avait pas eu l’occasion d’en discuter, comme il se doit. Mais ce n’était pas grave, c’était comme ça. Même si l’idée de la retrouver en tête à tête dans le confessionnal me plaisait bien. Comme à chaque fois que je m’y suis retrouvée, j’imagine qu’on aurait simplement discuté. Comme avec Mael, ou Freya. J’esquisse un sourire. « Je l’aurais défendu. » Y avait cet enjeu de groupe. Je pouvais pas juste lui dire qu’elle avait raison. « Mais je crois que j’aurais pas réussis à te bluffer, je suis pas très douée pour ça. » Tout se lit sur mon visage. Elle aurait remarqué, comme d’autres, qu’elle était plus que sur la bonne voie. Et au final, j’ai aperçu quelque chose dans le regard d’@Olivia, que je n’aurais peut-être pas retrouvé si les choses s’était passées autrement ? L’idée de venir ici, ça n’avait pas été préparé. Pas une seule seconde. Je crois que j’avais juste agis sur un coup de tête en me disant que ça pourrait me faire du bien de rencontrer d’autres personnes. « Non, j’étais dans mon monde. » Et ça ne veut pas dire que j’étais à l’aise. Néanmoins rien n’était surjoué. Elle doit en avoir conscience aujourd’hui, que ce n’est pas mon genre. « Oui et non, j’avais juste pas envie de voir des gens. Surtout dans l’entourage de mes parents, du village, tout le monde se connait. Tout le monde connaît mon histoire plus au moins et franchement j’avais juste la flemme de raconter à chaque fois la même chose. » Et je crois que ça aussi elle pourra le comprendre. Et bien sur j’avais peur de tout ce qui pouvait être nouveau. Mais moi je gère, sans trop montrer les choses, en m’enfermant dans mon monde. Mon monde éphémère. Je crois que je pourrais le quitter ? Ou bien c’est la frustration par rapport à la situation avec @Addison qui me fait penser de cette façon ? Elle semble en douter Olivia et ça me fait douter en même temps qu’elle. « Je sais pas. » Me poser ? Peut-être pas. « Je vais déjà commencer à donner des nouvelles plus régulièrement. » Et je rigole doucement à cette idée. Comme je disais à Addison, j’ai l’intention de me procurer un téléphone en sortant. « Je sais que ça aide. » D’être proche de sa famille. Et j’ai le bon cercle familiale pour. C’est juste comme dirait ma mère « C’est Violette, elle est comme ça. » Je n’arrive donc pas à vraiment le justifié, cette façon de ne pas être là, de ne pas vouloir compter et en même vouloir être la seule. Elle semble sceptique par rapport à ces retrouvailles avec Addi. Peut-être qu’il y a des variables que je connais pas. Peut-être que la production a fait en sorte qu’on se retrouve ? Je ne me souviens pas avoir parlé de lui lors de mon casting. Alors ce serait étrange. Je crois que c’est qu’un drôle de hasard. Du genre dont on parle encore dans les diners de famille. Le déception c’est un euphémisme. « Oui. Très. » Je peux le dire à elle non ? Je sais pas. « Je crois que je le voulais rien que pour moi, pour une fois. » Et je sais que c’est con à dire, parce que de mon coté je ne me suis pas privée de tomber amoureuse, de Maggie, de Gabriele. « Mais je sais, c’est nul. » Je ricane légèrement, alors qu’elle revient sur la genèse de mon prénom. J’affiche un sourire léger. Elle m’avait déjà posé la question, mais ajouté des conditions qui faisait que je pouvais pas vraiment lui raconter l’histoire. « Avec mon frère, notre terrain de jeu c’était les champs, les falaises, les rivières. Un jour on est parti s’amuser dans les champs de lavande d’à coté. Comme toujours je le poursuivais. Comme toujours il courrait beaucoup plus vite que moi. Et j’ai voulu le rattraper, je me suis prise le pied contre une pierre et je suis tombée, la tête la première dans un plan de lavande. Sivan il s’inquiète, se précipite vers moi et je relève la tête vers lui et là il éclate de rire. Il me dit, « on dirait une violette ». A l’époque il captait pas trop la différence entre la lavande et les violettes, il voyait juste la couleur lui. Et vu que moi je rêvais d’être une fleur… Je suis partie jouer ce jour là, j’étais Babet, je suis revenue en Violette. » Finalement c’était moi Violette, peut-être plus que Babet. « Parles moi de toi. » quelque chose de futile, quelque chose de secret, de précieux. Je prends tout.