Le block ne lui avait jamais paru aussi vide que maintenant. Entre les cinq finalistes et Jules, elle se sentait un peu seule, Astrea, et n'avait plus vraiment l'occasion de profiter des lieux sans être agressée par un élan de nostalgie. Merde, jamais elle ne se serait imaginée apprécier autant l'aventure et les personnes rencontrées dedans. Passer d'une vie sociale très réglée à une aventure comme OMB l'avait changé, très clairement, et retrouver une vie calme ne l'intéressait plus vraiment à ce stade. Elle se retrouva devant l'atelier sans vraiment l'avoir recherché et s'y arrêta après avoir aperçu la silhouette d'@Addison à l'intérieur. "Hey!", qu'elle lui lança dans un sourire avant de s'avancer vers lui. "Qu'est-ce que tu fais?", demanda-t-elle dans un froncement de sourcil. "Ça fait bizarre d'avoir le block aussi vide, je déteste." Elle se confiait sans vraiment savoir pourquoi, Astrea, mais ça sortait tout seul. "T'as des projets pour après le block?" Ouais, parce que de tous les finalistes, elle n'avait pas encore eu le temps d'aborder la question avec Addison.

Chercher, pointer du doigt les pistes les plus efficaces pour parvenir à atteindre cet objectif et tout mettre en place pour occuper le temps, pour contribuer à le faire passer sans que jamais la solitude ne s’immisce comme un problème. L’ambiance est nettement plus pesante que précédemment cette semaine, je ne me souviens pas avoir ressenti les choses de la sorte après le prime des quarts de finale. Était-ce l’ambiance des vacances au ski qui m’empêchait de prendre conscience du vide ? Était-ce également la présence à nos côtés d’une large partie de nos camarades après leur élimination au Canada ? Je n’ai aucune certitude, si ce n’est celle d’avoir été frappé d’un seul coup par cette évidence qui me glace le sang systématiquement : la fin est proche. Le block parait hanté, habité par les souvenirs qui m’apparaissent comme des flashs et font tantôt se dessiner un sourire, tantôt frissonner ma peau ou parfois même briller mes jades en une émotion particulière, à peine perceptible. Je ne m’attendais pas à vivre tout cela, ne pensais pas non plus haïr à ce point leur absence à tous, comme s’ils étaient devenus un élément essentiel à mon équilibre. Ils l’étaient en quelque sorte, ici. Les choses seront surement bien différentes à l’extérieur mais rien n’est certain. Perdu dans mes pensées, je comble cet ennui démoralisant en ayant recours à ce que je maitrise le mieux. Armé d’un pinceau, ma progression se fait lente mais précise, nettement plus précise que précédemment. Je ne connaissais pas assez Astrea pour prétendre à ce portrait en deux parties que j’ai dessiné et offert à chacun de mes camarades ou presque. Après davantage de temps passé tous les deux, j’estime être en mesure de combler la deuxième facette de ce visage, celle qui s’éloigne de la première impression afin de raconter une histoire plus riche, plus détaillée, plus complexe et réaliste à la fois. Le hasard fait plutôt bien les choses. La porte de l’atelier s’ouvre et je ressens sa présence avant d’obtenir la moindre information pour étayer cette certitude. Un large sourire me fend le visage. « Je te dessine… Tu figures parmi les rares candidats dont le portrait demeurait inachevé. J’ai suffisamment d’éléments en ma possession pour remédier à cela ! » Une dernière petite touche et une toile qui, dans quelques minutes, sera suffisamment sèche pour lui revenir. « Tu pourras l’emporter avec toi si tu le souhaite. @Freya en a un également. C’est ce que je me suis amusé à faire depuis le premier jour. Un portrait de chacun d’entre vous en deux parties. La première représentant votre visage tel qu’il m’apparaissait sous forme d’aprioris, de faux semblants, d’impressions plus ou moins erronées et la seconde comme une ode à ce que vous êtes véritablement lorsque le temps œuvre en la faveur d’une découverte plus honnête, dénuée du moindre jugement. » Je parle trop, encore et toujours. Son ressenti me fait vivement hocher la tête, en accord total avec elle. Qui ne partage pas son avis parmi nous de toute manière ? « Je déteste ce climat. Il en devient presque pesant. On s’habitue bien trop vite à la présence d’une trentaine de personnes… Comme quand on reçoit du monde pour les fêtes de fin d’année ou pour un week-end et que tout le monde s’en va en même temps. Le silence met un coup au moral, je n’arrive même pas à me l’expliquer. » Ça me donne le cafard, tout simplement. Des projets, une excellente question. « Reprendre le travail dans l’immédiat. Je pense qu’il me faudra retrouver un semblant de normalité pendant un temps, pour ne pas perdre pied… J'aimerais aussi construire quelque chose de solide, de stable avec @Shadi, voir où cette histoire nous mène... J’ai très envie de voyager, d’explorer de nouvelles choses. Ce jeu m’a donné envie de me mettre davantage en danger… Et toi ? »

Elle avait l'impression de l'interrompre dans quelque chose, Astrea, de rompre un processus créatif qu'elle n'avait aperçu que d'assez loin jusque-là. @Addison ne sembla toutefois pas gêné par sa présence et l'invita à le rejoindre dans un sourire franc qui faisait du bien à Astrea. Fallait dire qu'avec le départ massif et la fin de l'aventure qui approchait, elle avait besoin de trouver du réconfort auprès de chacun pour faire son adieu au block et garder ses souvenirs du block. "Tu me dessines?", demanda-t-elle vers le jeune homme, quelque peu surprise. Elle avait entendu parler de ses tableaux, de la facilité qu'il avait à utiliser des pinceaux et laisser sa marque sur une toile. Seulement elle ne s'imaginait pas avoir retenu suffisamment son attention pour être l'une de ses dernières muses. "C'est adorable, j'adorerais avoir un souvenir de toi.", affirma-t-elle dans un sourire. C'était vrai. Ce n'était pas parce qu'ils avaient peu partagé pendant l'aventure qu'Astrea ne l'appréciait pas. "Il te disait quoi mon visage au début du jeu? Et maintenant?" Elle était curieuse maintenant, elle n'était pas contre un peu de franchise pour voir un peu ce qu'elle avait pu dégager pendant l'aventure. Ce serait peut-être un avant-goût de ce qui l'attendrait une fois à l'extérieur aussi. "Je n'aurais jamais cru m'habituer à vivre avec autant de personnes d'un coup et maintenant j'en viens à regretter la présence de chacun.", souffla-t-elle en se rapprochant un peu plus d'Addison. Elle partait d'assez loin, la brune, elle n'avait jamais vraiment été des plus sociales. Isolée par ses parents dans une carrière dressée depuis son plus jeune âge, ses compétitions d'échecs, ses défilés. Elle avait eu peu de place pour les potes et se découvrait une fibre sociale que maintenant. Elle n'était pas encore au stade de Freya sur ça et ne le serait sans doute jamais, certes, mais pour elle c'était déjà beaucoup. "Tu l'aimes vraiment Shadi, n'est-ce pas?" Elle ne jugea absolument pas, c'était une question tout ce qu'il y avait plus de sincère. Elle n'avait pas tellement suivi leur histoire mais elle voulait que le bien de son pote. Et avec les histoires entre Addison et Violette, elle ne savait pas tellement où il se situait dans sa relation avec Shadi. "Tu voyagerais où? Tu ferais quoi?" Il y avait plein de chemins qui s'offriraient à eux désormais, tant de possibilités. "Moi je vais d'abord repasser à New York récupérer mon chien, il me manque. Et après je vais retrouver Freya à Los Angeles et continuer à travailler entre NY et LA je suppose. Je voudrais bien continuer la marque avec Shadi aussi, et continuer de voir Maggie. Je suis sûre qu'on pourrait le faire." Beaucoup de projets, ouais, mais rien de concret encore.

Si j’apprécie d’être dans ma bulle de la sorte, à laisser mon imagination prendre le dessus sur tout le reste afin de me mener sur une piste ou une autre en fonction des idées qui émergent, de mon humeur et du matériel à ma disposition ; je n’ai aucun mal à m’interrompre en plein milieu de mon processus créatif pour apprécier l’échange qui semble se profiler vers l’horizon aux côtés d’une candidate sur laquelle j’ai passé un peu trop longtemps à dormir. La preuve ? Je ne connais finalement pas grand-chose à son sujet, si ce n’est qu’elle fait les crêpes beaucoup mieux que moi, qu’elle sait se glisser comme une petite souris n’importe où pour surprendre et qu’elle forme un couple vraiment idéal avec @Freya, le genre qui te donne envie de balancer ton meilleur #couplegoals à tour de bras en rêvant à de belles histoires d’amour dans ce genre. Mes connaissances sont bien maigres à l’égard de sa personnalité, de sa complexité évidente et de tout ce qu’elle a surement laissé entrevoir d’elle pour séduire le public à ce point. Une curiosité qui ne cesse donc de croitre à mesure que l’étau semble se resserrer autour de moi, de nous et de cette saison qui n’attendra pas notre feu vert pour s’arrêter samedi soir. « Je te dessine, effectivement ! » Je me délecte de la surprise qu’une telle affirmation semble lui inspirer. Ma réaction serait très probablement la même à sa place, pour être honnête. Ses mots me font plaisir, me touchent et attestent à nouveau du grand cœur qui bat sous cette carapace de timidité apparente. Je n’ai pas été le candidat le plus expressif ici, pas le plus vocal à propos de tout et n’importe quoi si on excepte un conflit dans la durée avec @Noor. J’ai vécu mon aventure à ma manière, dans le calme et la bonne humeur, avec du recul – parfois trop – tout en prenant progressivement mes marques au contact des autres. « En début d’aventure, ton visage me faisait penser à celui d’un félin. Tu avais ce petit quelque chose dans le regard d’indomptable, je me disais en t’observant que tu étais quelqu’un avec un fort tempérament, beaucoup de conviction et pas du genre à accepter qu’on te marche sur les pieds ! » Je n’étais pas si éloigné de la réalité que cela finalement. Sur ce portrait, divisé en deux parties, le côté gauche de son visage lorgne entre retranscription fidèle de ses traits et hybridation féline en de petits détails finement couchés sur papier. Less is more, comme toujours. La deuxième partie de son visage, elle, laisse entrer une chaleur à hauteur de ce que j’ai découvert ces derniers temps. De la douceur, une joie de vivre retranscrite jusque dans ce sourire espiègle appuyé, un cœur épris d’amour et une fidélité à toute épreuve. « Quelles étaient tes premières impressions sur moi ? Et maintenant ? » Je l’interroge, les yeux rivés sur ce portrait que j’ai à cœur de terminer pour pouvoir le lui offrir. « Et moi donc… Je ne suis pourtant pas très à l’aise avec un aussi grand groupe d’inconnus… Surtout avec les tempéraments qu’il y avait en début d’aventure. Je ne pensais pas être capable de m’affirmer de la sorte, de m’habituer aussi à la présence de chacun au point où… Je ne sais pas… J’ai l’impression que tout le monde me manque énormément ! » C’est le cas, du moins pour un temps, je m’ennuie d’eux et de tout ce qui rendait ce block si vivant jusqu’à maintenant. @Shadi et cette question qui semble naturellement sur toutes les lèvres. Mon sourire qui s’étire, loin d’être agacé par les doutes qui semblent tous les animer. « Il y a très peu de personnes pour qui je serais prêt à tout remettre en question tu sais… Je n’en connais que deux à ce jour, pour être précis, et j’ai éloigné la première pour le second ! » Une manière implicite de répondre affirmativement à sa question. « Les États-Unis. Ma mère est originaire de là-bas d’ailleurs, ce serait l’occasion de me rapprocher de sa culture, de ce qu’elle est… Et puis j’aimerais visiter l’Asie ! » Les États-Unis, comme une excuse pour ne pas le laisser s’échapper, pour ne pas qu’il puisse se détourner de moi si Nice ne lui convenait pas. « Tu n’aimerais pas emménager à Los Angeles avec @Freya ? »