Je cherche, encore et encore, dérange une armée de candidats dans la foulée en espérant glaner quelques informations essentielles à ma quête du jour. @Chlo n’est d’aucune aide, @Adrien non plus, mais j’en viens à me demander comment j’ai pu croire qu’il pourrait m’être utile ici. @Alix a une piste intéressante et je suis quasiment certain d’être arrivé un peu trop tard. C’est finalement à @Quinn que je dois une illumination. J’ignorais que derrière un grand gaillard se cachait un fin lecteur, mais j’apprécie de ne pas être le seul à déconstruire les clichés qu’ils ont tous sur tout le monde en règle générale. Fort de ma découverte, le dos appuyé contre la porte que je viens tout juste de refermer derrière moi, je l’observe silencieusement, un sourire boudeur aux lèvres. Jana, c’est ce regard incendiaire que j’ai déjà hâte de voir se poser sur moi, je sais qu’elle m’attend au tournant, elle l’a plutôt bien exprimé sur les réseaux sociaux. Je ne suis pas forcément doué pour donner des nouvelles, un constat que de multiples exemples peuvent venir étayer, mais si elle savait à quel point je suis heureux de pouvoir la retrouver ici. Elle le sait, j’en suis persuadé. En attendant d’en avoir la certitude, je me heurte à un acting de folie, à une ignorance que je considère interrompre plusieurs fois sans parvenir à trouver la parade idéale. Sa voix s’élève, son bouquin atterrit théâtralement sur ses cuisses. Game on. « Monsieur Déception, on ne m’avait jamais décrit de la sorte. Tu as prévu une écharpe pour mon sacre ? Tu sais, comme les Miss ! » Plaisanter, encore et toujours, comme à mon habitude. « Ton pardon, pour commencer. Ton sourire, ensuite… Un gros câlin, en conclusion partielle. » Ne jamais manquer d’ambition, même si je risque de me heurter à son tempérament de feu. « Ou alors… Tu peux juste me crier dessus… Ça peut le faire aussi, je suis un grand sadomasochiste ! » Tout, si ce n’est l’ignorance qu’elle me réserve depuis mercredi soir.

Je prends mon mal en patience, entreprise qu’il est suffisamment rare de me voir tenter pour le souligner avec ferveur. J’attends patiemment qu’elle se décide à cesser l’ignorance pour enfin laisser à ses prunelles la possibilité de se poser sur moi. Je me demande si elle est déjà en plein combat avec elle-même, sous cet apparent voile d’indifférence, ce doit surement être le cas. Je connais Jana, je sais ô combien cette femme est entière et la difficulté qu’une telle attitude doit représenter pour elle. C’est peut-être pour cette raison que je m’en amuse autant, parce qu’au fond de moi, je sais que le masque ne tardera plus à se fissurer. Je préfère largement me faire crier dessus plutôt que d’être victime d’un tel traitement, le silence est pesant, je ne sais pas comment le gérer, comment l’interpréter. J’en souffre constamment. Ma patience est enfin récompensée et, comme prévu, c’est une grêle glaciale qui me percute, qu’il s’agisse de ses mots, de son langage corporel ou de son regard. Tous les ingrédients sont réunis et me garantissent de passer un sale quart d’heure. J’accepte un tel destin, conscient de mes failles et de cette pénitence qu’il m’est nécessaire de compléter pour retrouver cette partenaire de choc de ma première aventure. « Drôle, peut-être pas, mais je parviens à atteindre mon objectif malgré tout puisque tu réagis ! C’est une victoire. » À choisir, j’aurais préféré un éclat de rire dans les règles de l’art, mais je me contenterais de ce qu’elle a à m’offrir sans rechigner. Ses mots me font mal cette fois, ses interrogations sont légitimes mais la conclusion qu’elle en tire fait se resserrer mon cœur dans ma poitrine. J’accuse le coup malgré tout, sans jamais la quitter des yeux. « Je n’ai aucune excuse. Je pourrais invoquer la carte du travail, il est vrai que j’ai été occupé… Je pourrais aussi te dire que j’ai eu beaucoup de pain sur la planche émotionnellement, pour régler mes histoires, essayer de percevoir les choses plus clairement, plus sereinement… J’ai passé beaucoup de temps à méditer mes histoires avec @Milo, avec @Goliath, ce message surprise laissé par @Taj le soir de la finale… Mais ce ne sont pas des excuses valides, rien ne l’est face à l’amitié ! » Je n’ai que des excuses à lui présenter, un pardon que je ressens le besoin de lui demander de tout mon cœur même si, comme je l’ai si bien précisé sur les réseaux, il faut être deux pour prendre des nouvelles, d’un côté comme de l’autre la perche n’a jamais été tendue. Les reproches n’étant pas mon genre, je préfère me concentrer sur mes propres torts. « Tu es mon amie et je m’évertuerais à te le prouver en dépit de mes erreurs chaque jour de cette aventure sans jamais faillir ! » Je suis confiant. Il ne s’agit pas d’arrogance, mais plutôt d’un espoir qui ne me quitte jamais. Toujours ce verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide.

Je tâte le terrain, évolue prudemment, un pas après l’autre, sans jamais aller trop vite pour ne pas me risquer à heurter un mur. Je nage à vue, tente de retrouver chacun des ingrédients égarés ces derniers mois pour obtenir une amitié qu’il était difficile de désigner avec les mots. Une entente immédiate pour un nombre incalculable de crises de rire. J’ai des souvenirs plein la tête, qui ne cessent de me revenir, de se rappeler à moi. La nostalgie pourrait être au rendez-vous, elle pourrait même nous mener à un moment rien que tous les deux, à savourer un bon verre de vin blanc autour de ces moments clés à l’origine de notre amitié mais l’ambiance est beaucoup trop fraiche pour se prêter à un tel exercice. La bibliothèque pourrait aisément se transformer en zone de guerre, une guerre froide que je serais incapable de mener à bien. J’ai perdu avant même de m’élancer dans la bataille, bien trop sentimental et transparent sur mes émotions. Je ne saurais pas faire semblant, prétendre l’ignorer quand tout me pousse à m’imposer, à la prendre dans mes bras pour lui montrer de la seule manière que je maitrise – à travers la tendresse – qu’elle m’a véritablement manqué pendant tout ce temps. La progression est sensible, très légère mais suffisamment prononcée pour me motiver à poursuivre dans cette direction. Je n’ai pas peur de me heurter à ses mots, pas peur d’endosser la responsabilité malgré l’audace affichée quand on sait qu’elle n’a pas donné le moindre signe de vie non plus depuis que nous sommes sortis d’ici. Je ne cherche pas à me justifier, à quoi bon puisque le mal est fait quoiqu’il arrive, je tente juste de dégager des pistes, de lui partager mon quotidien depuis la fin de la première saison de manière détournée, conscient qu’elle ne me demandera rien à ce sujet par fierté. « Les histoires de cul font malheureusement le plus gros de notre identité à tous, j’ai l’impression. » Mais @Goliath n’est pas une histoire de cul, comme elle dit, il est bien plus que cela. Il ne sera pas facile de la dérider, Jana n’avait pas du tout besoin de le préciser pour que je le comprenne, mais j’acquiesce vivement. « Je ne recule jamais devant un obstacle, tu le sais très bien ! » J’éclate de rire lorsqu’elle utilise mon rôle dans le jeu pour essayer d’acheter mon amitié. Je ne m’attendais pas à cela mais je la retrouve enfin, celle que je connais si bien. « Dis donc… T’étais plus joueuse que ça dans mes souvenirs. »