Il est déjà tard dans la soirée, mais je ne suis pas près d’aller rejoindre les bras de mon petit-ami pour m’endormir à ses côtés. Il est déjà passé deux fois me quémander de renoncer à mon idée, sans succès. J’ai poireauté toute la journée près des machines à laver en espérant pouvoir en utiliser une et, comme vous pouvez vous en douter, l’échec fut cuisant puisque je me retrouve à enfin pouvoir lancer un cycle alors que la nuit est tombée depuis un moment et que la plupart de mes camarades sont déjà endormis. Tout vient à point qui sait attendre, comme ils disent, je verse la quantité nécessaire de lessive dans le compartiment à cet effet, glisse l’intégralité des vêtements concernés par cette machine, condamne le tambour afin d’éviter une inondation qui aurait le mérite de mettre de l’action dès les premiers jours et me redresse, satisfait, après avoir pressé le bouton de démarrage. Un petit bip comme indication de ma réussite et me voilà prêt à attendre quelques dizaines de minutes en trouvant de quoi m’occuper aux toilettes. « Ouais… Non… » Je change d’avis, attrape la bouteille de lessive dépourvue de son bouchon et me retourne, prêt à quitter les toilettes tout en revissant le gobelet doseur à son bidon. « Oh purée, ATTENT- » Trop tard, mon camarade percute la bouteille de plein fouet, me déséquilibre dans la foulée et reçoit un facial de lessive conséquent qui a vite fait de s’écouler sur ses vêtements. Je grimace, referme en vitesse le bidon et lui adresse un regard désolé en observant le piètre spectacle. « Laisse-moi te donner un coup de main ! » J’attrape plusieurs feuilles de papier essuie-tout pour récupérer le liquide qui goutte depuis son visage. « Je pensais être seul à cette heure-là mais… Ah… Envie pressante ? Je ne veux pas savoir, enfin j’te laisse la place quoi ! Enfin tu m’as compris quoi ! » Bien-sûr qu’il m’a compris, je l’aide à se débarbouiller et je trace ma route pour mieux revenir dans une vingtaine de minutes quand mon cycle court sera achevé. C’est un bon plan, le meilleur que je puisse trouver en l’état.

Alcide il aime bien se gambader la nuit, c'est un peu un des rares moment où il peut recharger ses batteries d'introvertis. Plus de pression de se conformer, de nécessité de parler de la pluie et du beau temps. Puis surtout, il peut se permettre de chanter et de gesticuler comme il le fait dans le confort de son appartement. Il emprunte un escalier descendant vers le rez-de-chaussée, il s'imagine un peu dans les escalier qui bougent à Poudlard et il chante c'te chanson française dont il comprend même pas les paroles mais qui a cartonné en Italie. Blah blah blah la Pookie, fè la po a la Pookie dans sa- Sa bouche se referme juste à temps pour éviter d'avaler la giclée de lessive liquide qui vient à a rencontre de son visage. Ca ne dure qu'une fraction de seconde mais la scène de se déroule au ralentin pour lui, la musique dans sa tête devient soudainement sinistre à l'image d'un Opéra chanté en Latin. Le malotru qu'il arrive à peine à discerner avec ses yeux recouverts entreprend de l'aider à se nettoyer, mais le mal est fait. Il reste un peu sans voix le sicilien. Cazzo. Il lâche simplement. Il finit par reconnaître @Apollon de la première saison. Tu sais je t'aimais bien avant. Il ajoute en nettoyant également ses vêtements brièvement. Mais ça c'était avant que tu brises le cœur de @Goliath puis de @Taj puis mes vêtements. Bon il s'était rattrapé avec Goliath par la suite, mais ses vêtements alors ?

Je suis coupable d’un crime contre un si joli faciès. Je ne pouvais en rien éviter une telle catastrophe, sa discrétion en vient même à m’interpeler. « T’es une sorte de magicien c’est ça ? Tu peux te téléporter d’un endroit à un autre en un claquement de doigts sans te faire repérer par personne ? C’est surnaturel de débarquer ainsi, sans faire de bruit ni rien ! » J’ai le cœur qui bat tellement fort dans ma poitrine, pas comme il aurait pu le faire dans d’autres conditions, du genre à faire flancher tes muscles et à te rappeler que tu n’es finalement qu’un être vivant parmi tant d’autres, bourré de failles et d’angoisses qu’une simple surprise de ce genre peut faire ressurgir pour quelques instants. Je pourrais m’amuser d’un tel portrait, mais je suis déjà dans l’action, pressé de pouvoir lui porter secours à mon échelle en l’aidant à se débarbouiller le visage. Je dispose d’une quantité suffisante d’essuie-tout pour m’élancer à corps perdu dans cette mission, je lui en donne également pour qu’il puisse m’accompagner et se charger des zones les plus sensibles de son anatomie. Ses yeux, par exemple. « Tu m’aimais bien avant, et tu m’aimeras après, j’en suis persuadé. » Je souffle, en un mini excès de confiance que vient habilement trahir ce regard espiègle que je lui adresse. Bon, on repassera pour la précision parce qu’il ne voit surement pas grand-chose pour le moment, mais c’est l’intention qui compte, n’est-ce pas ? Je pouffe de rire lorsqu’il me parle des cœurs que j’ai brisé. « Si tu veux être précis, je t’invite à ajouter @Milo à ton équation. Peut-être même @Gemma… J’ai contribué à lui briser le cœur après tout ! » J’ai pris suffisamment de recul là-dessus pour en rire prudemment. « @Taj continue de figurer parmi mes meilleurs amis tu sais, il est un pilier à mon équilibre même si les choses ne se sont pas passées comme il l’espérait… Comme je l’ai rêvé pendant une bonne partie de l’aventure aussi. » Certaines histoires ne sont pas faites pour se produire, pas dans l’immédiat en tout cas. « Pour tes vêtements… Je t’inviterais bien à te déshabiller mais j’sais que tout le monde ici m’imagine en bourreau des culs alors bon… » Je veux seulement rendre service… Avec la machine à laver, j’veux dire… Pas en lui labourant le derrière. Tu es une patate mariée, une patate mariée, une patate mariée.

Le coiffeur-chroniqueur-candidat n'a pas l'air de se démonter une seule seconde après ta petite déclaration, ça lui fait sourire Alcide. Il en oublie presque ses vêtements recouverts de lessive alors qu'il continue de s'essuyer le visage sans le moindre soin. C'est mal parti. Qu'il répond sans le moindre sérieux avant qu'@Apollon ne se mette à ajouter quelques noms à ta liste, comme pour le corriger d'une erreur qui n'a pourtant pas lieu d'être. Tu as brisé les cœurs de @Milo et @Gemma ? Oh oui oui c'est vrai, mais ça m'a pas empêché de t'aimer ça. Il faut dire que les deux candidats ne figuraient pas parmi ses préférés, il prend néanmoins note de voir comment ils sont en réalité. Malheureusement le petit-ami de Goliath se met à parler de sa relation avec Taj. Oh cool. Il écoute à peine Alcide, c'est pas le plus doué quand il s'agit de discussions sur les sentiments puis Taj non plus n'est pas un de ses candidats préférés bien qu'il ait été fan du "Tajollon" en lui-même. Il reprend conscience quand la conversation a soudainement et bizarrement pris une route menant à lui se débarrassant de ses vêtements et une histoire de... de Bourreau des culs ? Il répète sans vraiment comprendre. Il avance vers une des machine pour y mettre hoodie et ses sweatpants après les avoir retiré rapidement. Il cherche le réglage du lavage express en ajoutant. Tu veux dire un homme facile ? Il demande une fois la machine enclenchée. Il s'adosse dos au mur, les bras croisés contre le t-shirt jusqu'auquel la lessive n'a heureusement pas pénétré bien qu'il se retrouve néanmoins les jambes à l'air avec son caleçon Batman. Il a super envie de monter sur la machine pendant qu'elle est en marche, mais il va peut-être attendre de se retrouver tout seul pour faire ça.

Je trouve un moyen de retomber sur mes pattes face au garçon que je n’ai pas encore le plaisir de connaitre. Parvient à rebondir avec cette légère touche d’assurance qui, entre mes lèvres, est toujours taquine, vouée à maintenir un statu quo sur lequel j’ai plaisir à capitaliser. J’observe son visage, immortalise ses traits plus finement dans mon esprit pour en retenir les détails les plus singuliers, pour en faire ressurgir l’authenticité qui me séduit toujours plus que la beauté elle-même. Je le guette, me délecte de ce sourire qui gagne en ampleur sur son visage et laisse ce joyeux syndrome m’atteindre à mon tour en une moue satisfaite. Il est pessimiste et j’ai plaisir à jouer avec cela. « Je ne crois pas, bien au contraire. J’irais même jusqu’à dire que c’est très bien parti ! » Je le fixe, occupé à compenser au mieux mon erreur de tout à l’heure. La lessive, quelle galère. J’ignorais qu’elle pouvait autant coller sur la peau. Ses accusations me font rire, j’en profite même pour faire preuve d’une autodérision qui ne surprendra personne en incluant au lot @Milo et @Gemma, eux qui ont pu être blessés par mes agissements, deux de nos camarades pour les trois semaines à venir. « Ah oui ? T’avais tes petits chouchous c’est ça ? Je peux essayer d’obtenir un autographe de @Taj si tu veux… Je peux même vous rencarder tous les deux, je lui dois une faveur immense… » Je plaisante, utilise ce voile en parfait petit clown pour ne pas avoir à me confronter aux difficultés que j’ai éprouvé à trancher alors que mon cœur battait tantôt pour @Goliath et tantôt pour @Taj. J’ai hésité jusqu’au dernier moment, main dans la main, à l’intérieur de cette salle de cinéma. Le blondinet ne le saura jamais, s’il avait su je n’aurais tout bonnement pas pu lui résister. L’œil mutin, je le regarde de haut en bas et décide de me montrer plus piquant à mon tour. « À condition, bien-sûr, de te montrer à la hauteur. Mes standards sont très élevés lorsqu’il est question de @Taj, je ne simplifie pas la tâche à n’importe qui. » À personne à vrai dire, j’ai déjà bien du mal à gérer mes propres histoires alors m’immiscer dans celles des autres, non merci. L’idée m’amuse, dans tous les cas. J’imagine la tête que tirerait @Taj si je l’inondais de snaps avec Alcide pour essayer de le convaincre de le pécho. Je lui propose d’enlever ses fringues dans un but purement altruiste que je reprécise avec une expression qu’il ne semble pas comprendre sur le moment. Il utilise un terme tout aussi réducteur qui, ma foi, s’en rapproche suffisamment pour me faire hocher la tête vivement. « C’est ça… Un homme facile ! Il parait qu’être accessible est péjoratif. Je ne partage pas cet avis. Et toi ? Tu te considères facile ? » Pourquoi vouloir à tout prix tout compliquer ? Je ne fonctionne pas ainsi actuellement, fidèle en amour, fidèle à @Goliath. Un regard distrait par le motif sur son boxer et un sourire en coin qui motive ce regard que je lui adresse. « Batman hein ? Hulk aurait été plus intéressant mais bon… J’dis ça j’dis rien ! Plutôt DC ou Marvel ? »