« Attention avant d’entrer j’ai… » Pas le temps de finir de la prévenir que ma camarade a déjà parcouru la moitié de la surface de cette chambre de ses chaussures qui réapparaissent instantanément sur le sol mouillé de notre chambre. Claire Washington n’est peut-être pas passée par là, mais je n’ai jamais eu besoin d’elle pour m’adonner à des tâches ménagères qui n’ont rien pour me déplaire. Je suis surement trop maniaque, c’est un fait. Je ne connais rien de plus sain que de se défouler en nettoyant lorsqu’on a un surplus d’énervement à évacuer et que le sport n’est pas suffisant. Les vertus curatives d’une telle activité sont nombreuses et je pourrais même écrire un bouquin à ce sujet. La propreté, je suis d’autant plus à cheval dessus qu’elle est une composante essentielle à la bonne réputation d’un salon de coiffure. Je ne laisserais jamais des cheveux fraichement coupés trainer pendant plusieurs dizaines de minutes au sol, j’attends de mes employés qu’ils soient toujours au rendez-vous également, que chaque bac soit restitué dans son état initial après usage, que chaque serviette soit glissée dans notre bac, même combat pour les blouses… Que chaque outil soit nettoyé dans la foulée, monde ou non. Nos prestations sont de qualité, et la qualité passe à travers des petits détails de ce genre. « Puis-je te demander de rester quelques minutes sur ton lit, le temps que je repasse sur tes traces ? Le sol ne mettra pas longtemps à sécher avec un tel air chaud et le courant d’air ! » Je lui laisse le temps de s’installer et repasse la serpillère en vitesse pour effacer ses pas. Arrivé près de mon lit, je me laisse tomber dessus, satisfait. « Alors, cette première semaine ? Comment tu te sens ici ? » Je me rends compte que je ne la connais pas beaucoup, pas du tout même. « Comment est ta vie à l’extérieur de ces murs ? »  

C'est après un début de journée assez productif que j'ai décidé d'aller me reposer un peu, dans la chambre eau. Séances de sport intensive dans le jardin ce matin, début de stratégie avec mon équipe ce midi, autant dire que je suis épuisée physiquement, et mentalement. Je profite de ce moment pour rejoindre la chambre, en espérant qu'aucun n'autre de mes camarades de chambrée n'y soit entré avant moi. S'il y a bien une chose dont je n'ai absolument pas envie là tout de suite, ou même jamais, c'est bien de tomber nez à nez avec Adrien. Ou alors, de pousser la porte et de tomber sur les deux tourtereaux consommer leur amour aux yeux de tous, et de moi, surtout. Mes longues jambes portant mon corps jusqu'à la porte, je pousse celle-ci d'un pas décidé, sans même prêter attention aux paroles d'un @Apollon qui m'accoste dès le moment où je la franchis. Je comprends très vite qu'il était en train de passer un coup de nettoyage au sol, et je suis potentiellement en train de tout gâcher, avec mes baskets sales, qui ont bien piétiner le sol boueux du jardin. Dans un moment de solidarité qui ne me ressemble absolument pas, je fais de grands pas pour regagner mon lit au plus vite, en faisant bien attention à ne pas déposer mes semelles sales partout. Je suis reconnaissante de ne pas être tombée sur Apollon et @Goliath en pleine séance de galipettes, alors comme pour le remercier je fais ce qu'il me dit. "Mais attends y a pas quelqu'un qui est sensé faire ça ?" Par là je sous entend quelqu'un qu'on paye pour le faire. "Tu sais, les gens de l'ombre ?" quoi, c'est vrai, on les voit jamais les techniciens ou quoi dans ce genre d'émissions. Allongée sur le lit, mes pieds viennent flotter dans les airs, par dessus la rembarde. Apollon se magne d'effacer mes traces quand il m'interpelle à nouveau. J'ai un haussement d'épaules qui trahit mon enthousiasme. "Ca va. J'ai hâte que la compétition commence vraiment." non parce que bon, le côté social c'est bien cinq minutes, maintenant on veut du jeu, du sang, des larmes! Sa prochaine question est vague, qu'est-ce qu'il veut savoir ? "Elle est beaucoup plus facile sur plusieurs points." Et je m'arrête là. Allongée sur le côté, la tête dans l'une des mains, mes iris se plantent dans celles d'Apollon; Décidant de profiter de ce moment seul à seul, je ne tourne pas autour du pot."Bon c'est quoi ce bordel amoureux de première saison? Qui a refilé quelle MST à qui ?" Appelons un chat un chat, entre les @Gemma, les @Milo et les @Goliath, y a de quoi perdre le fil... mais j'adore les gossip.

Je n’en suis pas encore arrivé à m’agacer du comportement irrespectueux de mes camarades à l’égard de la propreté. Je suis maniaque, certes, mais je me surprends à ne l’être qu’envers moi et mon habitat. Je ne suis pas du genre à glisser mon doigt sur la surface d’un meuble et à grimacer s’il y a un peu de poussière. Je ne serais pas un candidat détestable – et sur lequel j’ai constamment envie de crier quand je m’installe devant ma télévision – dans ces programmes de compétition autour des maisons d’hôte et autres conneries du genre où tout le monde fait preuve d’une mauvaise foi hallucinante en critiquant tout et n’importe quoi pour justifier l’injustifiable au moment d’attribuer des notes catastrophiques. Un peu comme les émissions avec des gens qui se marient et qui proposent exactement le même programme nutritif, la même réception et la même ambiance mais qui vont quand même infliger des notes ridicules pour remporter la compétition. Peut-être est-ce justement pour cela que tout le monde regarde, impossible de changer de chaine quand tu tombes là-dessus, tu as beaucoup trop envie de les voir découvrir les commentaires et les notes des autres pour te délecter des réactions qu’ils ont au moment de tous se retrouver avant l’annonce des résultats. La télévision est addictive pour cela, le même motif s’applique à la télé-réalité et aux nombreux conflits qui font rêver les spectateurs. Sans une bonne dose de drama, tout le monde passerait son chemin au bout de quelques épisodes, moi le premier. Montana fait une entrée remarquée dans notre chambre et réduit à néant les cinq minutes d’effort que je viens de fournir en nettoyant le sol avec ma serpillère. Je pourrais me servir d’un tel acte pour lui déclarer la guerre, mais je préfère opter pour une autre stratégie et prendre sur moi. Repasser derrière elle dans un moment de bonté extrême tout en anticipant sur un autre éventuel déplacement. Attendre quelques minutes, quitte à ce que je lui serve de distraction à distance, de mon propre lit sur lequel je me laisse tomber après avoir calé tant bien que mal le balais utilisé pour accomplir une telle besace. « En théorie Claire s’en occupe, mais elle est toujours aussi fainéante si tel est le cas. Le sol n’a pas été nettoyé depuis notre arrivé, je puis te l’assurer ! » Je constate en une grimace effarée. Tout le monde s’en fiche peut-être, mais il n’y a rien d’agréable à traverser la chambre en sortant de la douche et de s’allonger avec la plante des pieds noircie par la crasse. « T’es là pour la compétition toi ? Du genre à enchainer les stratégies pour te hisser le plus loin possible ou à jouer la carte de la discrétion pour surprendre au dernier moment et tirer ton épingle du jeu ? » Les deux stratégies sont valides et j’ai pu m’en rendre compte en première saison. « Plus facile ? Comment ? » Elle pique ma curiosité, comment voulez-vous que je me retienne d’en quémander davantage ? La jeune femme rentre dans le vif du sujet et j’étouffe un rire, allongé sur le dos, les yeux rivés sur le plafond. « Aucune MST, sauf peut-être pour Dylan qui a complètement disparu des radars dernièrement. La première saison, à bien y repenser, c’était une culture d’hormones… J’te jure… Bon… Quand je vois la saison deux, j’me dis que c’est le concept qui s’y prête plutôt bien. Je suis curieux de voir qui va essayer de coucher avec qui ici, ou qui va prendre un gros râteau, ou qui va former un triangle amoureux qui tiendra tout le monde en haleine… Des pronostiques à ce sujet ? »

Je me disais bien que quelqu'un était payé pour réaliser toutes les tâches ingrates qu'implique vivre dans une si grande maison. Le nom de Claire est ressorti plusieurs fois dans cette aventure, même dans les précédentes. Mais qui est-elle ? "Faut la virer alors si elle est nulle" je dis simplement. A quoi bon la garder si elle ne fait pas ce pour quoi elle est embauchée ? Ma remarque donne l'impression qu'@Apollon est haut gradé dans cette aventure, ce qui n'est pas totalement éloigné de la réalité puisqu'il en est déjà à sa deuxième saison. "Mais merci de te sacrifier pour l'équipe. Moi je l'aurais jamais fait" et d'ailleurs je ne le ferai jamais. Tout travail mérite salaire, et à moins qu'on me paye de quelconque manière un tant soit peu intéressante je ne bougerais pas le petit doigt pour participer à l'entretien de la maison. A part peut-être mes petites affaires, parce que je déteste qu'une main extérieure n'y touche. Par pur respect tout de même j'accepte de rester confinée dans la pièce le temps que ça sèche, cela implique donc une discussion avec mon camarade. Pourquoi pas, sachant qu'on pionce ensemble mais on ne s'est jamais vraiment trop calculés. "A ton avis ?" Allongée sur le dos mon visage est tourné vers lui. "Tu penses qu'il serait judicieux pour mon jeu de te balancer ça ?" Je ne peux pas lui en vouloir de me demander, à vrai dire je ne sais pas s'il y avait une réelle approche stratégique derrière sa question, mais je décide de l'esquiver tout de même. En tout cas, je suis ravie de voir que le jeu a officiellement commencé et a augmenté en intensité avec l'approche des premières nominations. Apollon creuse un peu ce que j'ai dit sur la facilité de la vie en dehors de ces murs. "Déjà je suis pas du tout habituée à rester enfermée de la sorte, et même si la propriété est grande, j'ai quand même l'impression qu'on se marche pas mal dessus quand même. Pour l'instant ça va, ça fait que quelques jours, mais j'appréhende le moment où j'aurais décidé que j'en ai marre." Parce que je sais comment je suis, y a juste un matin qui ne va pas du tout passer et je vais claquer des portes. "Comment t'as su gérer l'enfermement la première fois ?" J'ai peut-être beaucoup d'appréhension concernant les anciens candidats, toutes saisons confondues, mais s'il y a bien une chose que je dois leur attribuer, c'est leur expérience de l'aventure. Je pourrais totalement faire la meuf confiante, mais je ne peux pas mytho sur le fait de savoir comment est l'aventure. "Et je n'ai jamais été autant en contact avec des gens que je n'aime tout simplement pas. Tu rajoutes ça au fait de ne pas pouvoir te barrer.. Inutile de me dire que c'est que le début et que ça peut changer, j'ai pas choisi le surnom "la têtue" pour rien pendant mes castings" Je ne devrais peut-être pas rester sur mes premières impressions, mais c'est un challenge quand on voit certains candidats qu'on a en face. Evidemment, ça m'intéresse, toutes ces histoires de couples et de tromperies qui circulent à propos de leur saison. Entre les rumeurs et les retrouvailles, il me faudrait quatre semaines pour tout comprendre. "Dylan ?" Je me questionne, moi qui n'ai vu au final que très peu d'épisodes, juste assez pour me faire un avis - aussi rapide soit-il. "Déjà éclaire-moi... @Gemma elle kiff encore @Goliath ?" peut-être que c'est un sujet épineux, peut-être que je suis à côté de la plaque mais la question est posée. "Parce que si c'est le cas elle va probablement essayer de le reconquérir. T'as confiance en ton couple ?" J'espère ne pas être trop intrusive. Non je rigole. "Elle a l'air déterminée à prendre sa revanche" je lâche sans trop savoir, un peu comme ça, pour voir sa réaction. "Pour les nouveaux, je sais pas trop. Je pense que @Manue va faire tourner des têtes, après seul le temps nous le dira." Je ne saurais pas trop comment l'expliquer, elle donne cet air de ne pas trop y toucher.

« Oh tu sais, elle est comme Donald Trump, le mec qu’elle préfère sur cette planète. Tout le monde s’en plaint mais personne ne semble pouvoir véritablement s’en débarrasser avant que le moment soit venu. » Je relève en un haussement d’épaules résolu. Je pensais que sa place serait menacée après ses quelques sorties de route en première saison mais sa participation a, au contraire, été renforcée en deuxième saison. La quadragénaire est nettement plus en retrait pour cet entre-deux, mais elle demeure quand même dans les parages, à guetter la moindre faille qui pourrait lui permettre un coup d’éclat dont elle seule semble avoir le secret. Ma camarade me remercie de faire cet effort pour l’équipe entière et je laisse un large sourire trahir la satisfaction qui se fraie un chemin au plus profond de moi vis-à-vis de sa gentillesse. Nous sommes loin de son exaspération du premier soir lorsqu’elle a découvert sa chambre. Je peux la comprendre cela dit, je ne sautais pas de joie non plus en apprenant que nos nuits seraient partagées par @Adrien et @Walter. Il y avait @Baby également, mais le monsieur a abandonné avant même de pouvoir nous montrer de quel bois il était fait. Une petite déception à la hauteur du potentiel que laissait entrevoir sa personnalité. « Ce n’est pas grand-chose, mais ça nous fera du bien à tous. On a déjà assez des tendances hygiéniques douteuses de @Walter pour empirer la situation avec le reste. » Je confie, gentiment moqueur, en un clin d’œil. Mon avis, c’est justement lui que je tente de développer en l’interrogeant sur son goût pour la stratégie. Je m’amuse de sa réaction, du suspense qu’elle laisse en quelque sorte planer plutôt que de répondre très directement à cette question. « Tout dépend de ce que tu entends par judicieux. L’audace s’avère très souvent payante, à condition de ne pas s’appeler @Adrien ou @Walter. » On a bien vu comment s’en sort le premier depuis le début de cette off-season. Le second, lui, n’est plus que l’ombre de lui-même après avoir joué avec le feu la saison dernière. La jeune femme ne pouvant en rien être comparée à ces deux garçons, je ne me fais aucun souci pour elle. Les semaines à venir promettent d’être intéressantes de ce point de vue-là. Ses propos m’interpellent et me poussent à creuser la question davantage, comme à mon habitude. « La propriété pourrait s’étendre à l’infini qu’on trouverait quand même le moyen de tous être les uns sur les autres. Ce n’est pas facile à gérer tous les jours, surtout dans les moments où tu as envie de solitude. » Parce qu’on a tous des passages à vide qui nécessitent qu’on s’isole un petit peu pour prendre du recul. Il n’y a rien de honteux, bien au contraire, c’est une preuve de grande maturité que de savoir quand se mettre en retrait pour éviter d’exploser en plein vol. « Comment j’ai fait ? » Une excellente question à laquelle je réponds, mutin. « Beaucoup de sport… Et beaucoup de sexe aussi, ça aide quand la tension monte un peu trop rapidement partout et que tout le monde s’engueule avec tout le monde. » Je serais déjà capable d’anticiper sur un roulement d’yeux de sa part à la mention du sexe, surtout quand on sait le premier truc qu’elle m’a demandé la semaine passée. Il n’existe rien de mieux pour se défouler malgré tout, c’est un fait que je n’ai pas honte d’avouer. « Le reste du temps, tu apprends juste à prendre sur toi, à respirer et à ne pas dire constamment tout ce qui te passe par la tête au risque de partir au clash toute la journée ou presque. Elle apprend la patience, cette émission ! » Je bloque sur un détail en particulier dans le discours qu’elle tient, au-delà de la têtue qui, effectivement, semble plutôt bien lui convenir. « Pourquoi pars-tu du principe que tu détestes tout le monde ? Tu ne connais quasiment personne encore, est-ce un apriori que tu as ? Une mauvaise impression sur laquelle tu préfères te baser ? » Je n’ai pas du tout la même approche des rapports humains, beaucoup plus intéressé à l’idée de contourner mes certitudes pour creuser plus profondément encore. Je reste persuadé que personne n’est détestable à condition de bien vouloir chercher les failles qui justifient certains comportements. Le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. « @Dylan ouaip, un beau gosse hyper musclé, qui ne mange que des œufs et du blanc de poulet avec une montagne de poudre à tous les repas et qui a un bazooka entre les… Bref, tu m’as compris. » J’ai toujours tendance à m’emballer lorsqu’on me parle de mes anciens camarades et des histoires d’amour / de cul qui ont fait vibrer le block tout au long de ma saison. @Gemma et ses sentiments sur @Goliath. Je pouffe de rire, pas le moins gêné du monde à l’idée d’en parler. Je suis un homme qui a tellement peu de tabous qu’il est difficile de le placer dans une situation d’inconfort. « Je ne pense pas… À vrai dire je ne sais pas. Peut-on vraiment complètement oublier quelqu’un pour qui on a développé des sentiments à un moment ou un autre ? » J’imagine que non, à en juger par mes propres relations, à en juger par @Taj et @Milo qui feront toujours scintiller une étincelle qu’il m’est possible de taire mais qui demeure envers et contre tout. « J’ai une confiance aveugle en mon couple car je sais que le plus à risque entre @Goliath et moi… C’est moi. Je suis notre pire ennemi et je n’ai pas du tout été tenté jusqu’à présent ! C’est plutôt bon signe. » @Manue, je m’intéresse à cette vision qu’elle a de notre camarade, intrigué pour ne pas du tout avoir eu cette impression. « C’est une fille très joviale, avenante. Je me l’imagine très populaire d’ici la fin de l’aventure, à raison d’ailleurs. Je l’aime beaucoup ! » Qui puis-je prétendre ne pas aimer du tout ici, de toute manière ? Ah si… @Adrien. « Tu te vois avoir un crush, même si purement physique, pour quelqu’un ici ? Qui ? »