Il était nécessaire que la soirée se passe comme sur des roulettes après un prime finalement très bref. Des rubriques sans importance et des positions révélées pour chacune des équipes composant cet entre-deux. Je réalise cette nuit qu’il ne nous reste déjà plus que deux semaines, la moitié de l’aventure s’est écoulée en un rien de temps et je n’arrive pas encore à définir s’il s’agit d’une bonne ou d’une mauvaise chose. La faute aux récents événements, une addition foireuse entre la célébration du deuxième anniversaire de la disparition de mes parents et cette crise d’un @Goliath désemparé qui m’a laissé sur le carreau face à des pensées que jamais je ne pensais avoir à envisager le concernant. De nouveau célibataire, vidé de toute capacité à pleurer ou même réfléchir, j’ai sauté sur l’opportunité présentée par une Alix qui mérite ce statut d’amie en or. Ainsi @Goliath pourra à nouveau profiter de notre lit le temps de rejoindre @Quinn pendant que @Jana s’offre une soirée pyjama dans le salon de son propre chef alors qu’elle aurait pu, par exemple, rejoindre @Montana dans son lit chambre eau. C’est surement ce qu’il se passera pour moi tôt ou tard, nous serons peut-être dans la même chambre mais pas dans le même lit, un bon début. Pour l’heure, c’est aux côtés d’@Alix que je compte m’endormir et je me sens désinhibé par l’alcool que j’ai avalé en une dose honnête, loin de l’excès que je comptais employer pour faire taire toute cette assemblée qui s’exprime constamment dans ma tête. « Merci encore… Tu n’étais pas obligée et… Je te suis reconnaissant, sincèrement ! » Les derniers jours m’ont mis en difficulté mais je compte bien rectifier le tir et forcer un peu le destin si tel doit être le cas pour arriver à retrouver le panache nécessaire pour mener ma barque à bien. « Tu crois que j’ai pris la bonne décision ? » Je l’interroge, allongé depuis seulement quelques minutes dans son lit.

@Apollon

Le second prime était passé, permettant de savoir à peu près où les équipes en étaient. Après ça, avait eu lieu la soirée, qui m'avait permis de profiter de mes amis, entre danse et enchaînement de verres. Ce moment avait également été l'occasion de prendre des nouvelles d'Apollon, en plein chagrin d'amour. Je n'aime pas savoir qu'il est dans une période compliquée et je fais donc tout pour qu'il se sente bien. J'ai toujours été très protectrice et bienveillante envers mes proches. C'est sûrement dû au fait que j'ai eu un début de vie compliquée, sans famille et que j'ai mis du temps pour m'attacher vraiment. Alors aujourd'hui, je suis reconnaissante d'avoir de bonnes personnes autour de moi, qui me rendent la vie plus facile. Donc quand Apo a eu besoin d'avoir une présence pour la nuit, bien sûr que j'ai accepté. Ce qui veut dire que @Jana doit se trouver un autre endroit où dormir, la pauvre. J'ai un peu l'impression de la délaisser mais je suis sûre qu'elle comprend car elle aussi est proche du coiffeur. M'installant dans le lit, il me remercie de nouveau. Sourire aux lèvres, je lui réponds, me mettant sur le côté, face à lui. « Avec plaisir. Et bienvenue dans la chambre Feu ! » Cette fois-ci, les déménagements entre chambres sont beaucoup moins fréquents que lors de la première saison. Je n'ai pas été beaucoup dans les chambres alentours. « Est-ce que t'as suivi ton cœur ? Est-ce que c'est vraiment ce que tu veux ? » Ce n'est pas vraiment à moi de savoir s'il a pris la bonne décision, alors je fais ce que je peux pour l'aiguiller. « Je sais que c'est difficile comme question, tu as le temps d'y penser. »

La nuit est toujours synonyme de grandes réflexions, d’hésitations, de regrets qui ne s’expriment qu’à ce moment-là et motivent à eux seuls la création de scénarios alternatifs fantasmés par dizaines. Je ne veux pas m’aventurer dans cette direction, j’aimerais être capable de réciter une incantation qui forcerait mon cerveau au repos, à la mise en veille pour ne surtout pas le laisser divaguer de la sorte, pas aujourd’hui. Le sommeil ne se présentera pas facilement à moi, je le sais, et cela malgré l’épuisement nerveux que je ressens. Je ne crois plus être capable de verser la moindre larme à présent, pas après les vingt-quatre heures qui se sont écoulées, une intense parenthèse que je suis soulagé de voir prendre fin. Le pire, dans tout cela, c’est que traverser une telle épreuve m’aura permis de ne pas être heurté par le deuil de mes parents de la même manière en ce lendemain d’anniversaire. Peut-être était-ce ironiquement de cela que j’avais besoin, d’un gros électrochoc pour démarrer une nouvelle étape du deuil, une acceptation synonyme de paix. La tristesse ne s’effacera pas soudainement, comme par magie, mais elle sera davantage teintée de nostalgique que de souffrance. Un immense sac de nœuds pour une nuit que je suis rassuré de partager avec Alix. @Jana aurait été une excellente partenaire également, mais je sais qu’elle est d’un naturel plus rentre-dedans, moins à même de dispenser les bons conseils de la bonne manière dans ce genre de situations et son tour viendra. « Vous avez une chambre vraiment sympa, d’ailleurs… Ça me fait bizarre de ne pas changer de team toutes les deux minutes comme lors de notre première participation. » J’ai du mal à réaliser que je ne verrais qu’une seule et même équipe tout au long de cette off-season. Que ce soit avec le rôle que je joue ou tout simplement la composition des chambres qui ne semble pas amenée à changer. Ses questions me donnent matière à réfléchir un moment, plusieurs minutes s’écoulent dans un silence qui n’a rien d’oppressant car ses yeux, eux, me font le plus grand bien, m’encouragent à explorer les différentes variables sans aucune pression pour parvenir à percevoir les choses plus clairement. « Je n’ai pas écouté mon cœur, à vrai dire. Si je l’écoutais, je foncerais tête baissée par amour… Parce que je l’aime vraiment, tellement que c’est encore plus douloureux. » Les sentiments ne se contrôlent pas et nous savons tous les deux que, quelques mois à peine depuis la fin de notre première aventure ou non, les deux mois que nous avons passé ici comptent pour le triple au minimum, enfermement oblige. « J’ai laissé mon instinct me guider, j’ai pesé le pour et le contre et j’ai l’impression que les trois axes contre qui m’ont mis en difficulté et fait douter étaient finalement irrémédiables. »

@Apollon

Malgré l'heure tardive dû à la soirée qui avait duré quelques heures, je savais que je n'allais pas m’endormir tout de suite. Déjà car j'avais conscience qu"Apollon avait besoin de parler et moi, j'ai besoin de savoir qu'il va à peu près bien pour pouvoir être sereine. Bon, il va en falloir du temps pour qu'il aille mieux, mais on a compris l'idée. Je peux donc restée éveillée encore des heures, si c'est pour le bien du coiffeur. Cela fait seulement quelques minutes que l'on est dans la chambre et pour lui, c'est le premier soir dans cette pièce. Comme moi, il repense à la première saison et aux changements constants des équipes, dont tous les membres dormaient dans la même pièce. « T'as vu ? J’arrêtais pas de changer de chambre et de partenaire de lit à l'époque. » Je finis dans un rire. En vérité, je suis un peu dans l'abus, j'ai dû déménager trois ou quatre fois mais quand même. Je suis bien contente des personnes avec qui je partage ce lieu puisque cela n'a pas vocation à bouger. Parce qu'elles sont toutes assez faciles à vivre, ce qui n'est pas le cas de certains candidats. Logiquement, Apollon se pose pas mal de questions après sa rupture et je vais essayer de lui répondre comme je peux, espérant pourvoir l'aider un peu. C'est pour ça que je suis chiante et prudente dans les relations amoureuses, c'est loin d'être simple quand ça finit et que tu t'es attachée. J'ai la flemme de souffrir moi. La flemme d'avoir le cœur en vrac. La flemme de me poser des tonnes de questions. Je lui laisse le temps de réfléchir, il n'a même pas besoin de réagir tout de suite, mais quand il pense avoir une réponse. Quand il s'exprime, j'ai même mal pour lui. J'ai la fâcheuse tendance à prendre à cœur les peines des autres. « C'est sûr que le cœur et la raison peuvent partir sur bien des chemins différents. L'important est que tu fasses tes choix pour être heureux. Il peut y avoir plein d'amour mais des problèmes à côté qui te rendent malheureux. Et si les mauvais côtés sont à ce point irrémédiables, c'est sûrement que tu as fais le bon choix. Tu penses que vous vous êtes tout dit ? » Parce qu'ils doivent se dire vraiment ce qu'ils ressentent, pour ne pas regretter après.

La fatigue ne changera rien à ce besoin que j’éprouve de vider mon sac. Comme un ultime espoir d’évacuer la pression pendant qu’il est encore temps, avant qu’elle ne finisse par complètement me ronger de l’intérieur. Un tel mélange de culpabilité, de tristesse, de frustration, de déception et de colère est difficile à gérer, encore plus à intérioriser comme j’ai pourtant l’habitude de le faire au quotidien avec l’ensemble de mes problèmes. Si j’ai l’habitude d’extérioriser très facilement mes instants de joie ou d’agacement, tout ce qui me touche directement a beaucoup plus de mal à filtrer. Je déteste cela, ressentir un tel sentiment de vulnérabilité contre lequel rien ne peut être fait. Mes soucis, je préfère les garder pour moi et trouver comment les régler de moi-même, quitte à prendre un peu plus de temps pour analyser les choses et arriver à une prise de recul nécessaire. Je trouve en Alix une confidente exemplaire, une preuve dont je n’avais pas besoin pour savoir ô combien cette fille n’est qu’amour, tendresse et bienveillance. Je ne sais honnêtement pas ce que je ferais sans elle ici. Je le réalise davantage encore cette saison, privé d’une @Kendall, d’une @Maylis ou d’un @Zach pour ne citer qu’eux. « Et moi donc, je suis passé par trois ou quatre équipes sur toute la durée de mon aventure. C’était infernal au début, toi ça s’est fait plus régulièrement, ce devait être pire encore… T’habituer à une équipe pour en être éloignée encore et encore… » Un sentiment d’appartenance qui s’estompe et te donne l’impression de n’avoir ta place nulle part ! « Je donnerais tout pour changer de chambre, l’équipe je m’en fiche, mais de chambre pour me débarrasser de @Walter, @Adrien et… @Goliath, forcément ! » La situation est un peu plus tendue à cause de notre séparation, dormir ensemble comme avant est juste impossible pour des raisons évidentes. @Goliath, justement, et des divagations en un nombre insupportable, qui déchire le cœur et fait flirter les larmes avec mes paupières systématiquement. Ses mots m’apportent un peu de baume au cœur, fidèle à elle-même Alix écoute énormément et ne juge pas, jamais. « Je ne pense pas… Je ne crois pas qu’on puisse vraiment tout se dire… Encore moins ici… Tout est plus compliqué avec les caméras. » Il s’agit même d’un doux euphémisme. « Si tu n’étais pas pompier, qu’aimerais-tu être ? » Je sais, je passe du coq à l’âne comme toujours, mais la nuit favorise toujours les questionnements existentiels. « Tu crois que… Tu crois que certaines personnes ne sont tout simplement pas faites pour vivre des belles histoires d’amour ? Tu crois que je suis vraiment ce que tout le monde sous-entend depuis la première saison ? Un queutard ? » Je me fiche bien du regard des autres, mais les insinuations de @Goliath sur mon parcours ont fini par faire leur chemin. Je n’étais pas en couple, libre de profiter et je l’ai fait sans jamais forcer personne à l’époque… Pourquoi ne pourrais-je pas vivre et promettre fidélité au moment où mon chemin croise celui d’une personne qui me rend complètement accro ?

@Apollon

Le fait qu'Apollon change de chambre nous fait tout naturellement remonter des souvenirs. C'est peut-être un détail, mais on revient tous les deux il y a quelques mois auparavant. On se replonge donc dans la première saison, où l'on a appris à se découvrir. C'était une aventure différente de plusieurs façons mais j'en garde un très bon souvenir. Surtout car j'ai découvert de merveilleuses personnes qui sont devenues de véritables amis. Il s'en passait des choses, que ce soit entre les candidats ou au niveau du jeu. Les changements de membres dans les équipes étaient fréquents. Il y a bien eu quelques chanceux qui sont restés de la même couleur du début à la fin. « C'est sûr que ça a dû te chambouler au début. C'est bien que ça se soit stabiliser par la suite. Moi, ça devait être toutes les deux ou trois semaines. Surtout qu'à la base, mon équipe c'était Dylan et Diego, le reste c'était une couverture. Le bordel dans ma tête. » Je finis dans un rire, car aujourd'hui, je trouve ça plutôt comique. Pour revenir à cet off-season, dès que l'on a su qu'on pouvait choisir les chambres, Jana et moi n'avions qu'un seul but : ne pas se retrouver avec Adrien et Walter, les deux personnes que je ne peux pas voir en peinture. Le second ne m'a jamais vraiment adressé la parole mais j'ai entendu parlé de ses actes et ses paroles à la télé, sur les réseaux également et c'est bien suffisant pour comprendre qui il est. « Je te comprends, t'as pas eu de chance sur ce coup-là. Et je doute que quelqu'un veuille bien échanger avec toi. » Même moi, je suis bien gentille mais être dans cette chambre là, non merci. Pour lui, c'est vraiment compliqué comme il y a en plus, son ex, qu'il ne peut éviter. Et je vois pas vraiment de solution adéquate sur le moment. Il me demande s'il a fait le bon choix, je fais ce que je peux pour l'aiguiller au mieux, quand il évoque les caméras. « C'est sûr que c'est pas l'idéal ouais. » Le sujet de la conversation change alors radicalement et me fait réfléchir. « Mmh, je crois que j'y ai jamais vraiment trop pensé. Être dans le sport, peut-être. Devenir championne olympique. », que je lui glisse dans un rire, ne voulait pas faire les choses à moitié. Le sport a toujours fait partie de ma vie, ou presque. « Et toi alors ? » Il a l'air tellement épanoui dans son métier donc je ne sais pas vraiment quoi d'autre il pourrait exercer. Et mon sourire s'efface quand il se pose des questions sur l'amour et sur ce qu'il mérite ou non. Je ne veux pas qu'il se voit comme ça. « Bien sûr que non Apo. Regardes, quand tu veux te poser, quand tu es amoureux, tu es quelqu'un de droit. Tu n'as rien fait de mal. Et tout le monde a le droit de vivre de belles histoires d'amour. », que je lui dis, essayant de le rassurer. Pour qu'il garde espoir et qu'il arrête de se dévaloriser.