« Josie… JOSIE ATTENDS ! » Ma voix s’élève très naturellement, grimpant crescendo dans les graves au fur et à mesure que j’assiste impuissant à son départ. Je crois qu’elle ne m’a même pas remarqué en entrant dans la pièce pour récupérer un bijou quelconque. Mon vacarme la pousse finalement à se retourner pour jeter un coup d’œil à l’origine d’une telle complainte et j’en profite pour lui faire coucou bêtement. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de passer du temps avec elle, rien que tous les deux, depuis le début du cycle mais j’ai bon espoir que le moment soit enfin venu. Je suis incapable de définir si oui ou non elle aura la patience de me venir en aide, elle qui semblait tellement vexée de ne pas avoir été soutenue en masse par le public samedi soir en découvrant les résultats des premières nominations. Je ne suis pas responsable de tout cela, le public désigne en son âme et conscience même si je me serais également rué sur mon téléphone pour agrémenter ma facture d’un hors forfait conséquent en conséquence de mon soutien apporté au bel @Alcide. « J’ai besoin d’un coup de main… » Son regard flotte, elle grimace et dévale mon corps à une allure qui donne le tournis. Je baisse la tête et remarque la posture dans laquelle je me trouve, uniquement vêtu d’un boxer. « Non… Pas comme ça… Enfin, pas sexuellement… Pas que tu ne sois pas attirante hein… Enfin ce que j’veux dire c’est… » Mon esprit s’emballe et je patine, encore et encore, dans une semoule qui se transforme très rapidement en un sable mouvant duquel il m’est impossible de m’extirper convenablement. « Je ne sais pas quoi mettre ce soir pour le prime ! Je ne trouve rien qui me parle, je n’ai pas d’idées ! Tu veux bien m’aider à trouver un truc potable à porter ? »

Rien n’est suffisamment bien cet après-midi. J’ai bien tenté d’associer certaines couleurs qui fonctionnement bien ensemble, essayé de me la jouer suffisamment casual tout en apportant une touche chic à ma tenue mais rien n’y fait… Je suis très rapidement à court d’idées, agacé de ne pas parvenir à mettre le doigt sur ce qui me séduit d’habitude en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Je ne figure pas parmi ces personnes qui prennent un temps monstrueux à parcourir les boutiques de vêtements, qui vont en essayer des tonnes et des tonnes pour finalement ne rien acheter ou presque. Je ne suis pas très long pour m’apprêter lorsqu’il faut se rendre à une soirée, je sais aisément me fondre dans la masse et m’adapter à toutes les thématiques proposées mais je bloque. Je n’arrive pas à venir à bout de cette problématique qui me rend la vie impossible et me monte tellement à la tête que j’en viens même à songer me présenter sur le plateau à poil ou en boxer plutôt que de continuer à enrager de la sorte en espérant avoir une illumination qui se refuse à venir jusqu’à moi. Une petite tête blonde passe, se rue sur un bijou et pousse un soupir de soulagement qui attire forcément un peu mon attention. La jeune femme pense surement qu’elle parviendra à s’en sortir ainsi, comme si de rien n’était, mais c’est extrêmement mal me connaitre puisque je perçois sa présence ici comme un signe, un moyen d’arriver à bout de mes errances vestimentaires. C’est décidé, elle me viendra en aide quoiqu’il arrive. Son regard sur moi me met mal à l’aise, me ramène à une époque où mon corps n’était pas autant dans la norme, une période synonyme de surpoids à laquelle j’évite de penser. Il y a bien longtemps que je n’ai pas ressenti un tel dégoût à travers les yeux d’une autre personne et je déteste cela. « Je t’en prie, je ne suis quand même pas dégueulasse à ce point ! » Je suis le premier à avoir conscience des limites de ma beauté, loin d’être une bombe atomique, mais… Quand même ? Josie me surprend et accepte mon offre, tant mieux, ses questions en font naitre une salve inarrêtable dans mon esprit. « Je n’ai pas envie de trop en faire, mais je ne veux pas donner l’impression que j’ai passé la journée à trainer sur le canapé tu vois ? J’aimerais un juste milieu entre chill et chic. » J’espère qu’elle sera plus inspirée que moi, j’ai pourtant deux valises blindées de fringues à disposition mais rien, rien ne semble suffisant. « J’ai beaucoup entendu parler de ton petit-copain, à croire que c’est l’attraction de tout le monde ici, les couples… Vous êtes ensemble depuis longtemps ? Comment vous êtes-vous rencontrés ? »