Dynamite. (lundi 12, 11h30)

@riven

Sasha, elle repère Riven dans les vestiaires et sans avoir la moindre chose à faire là-bas, elle converge naturellement dans sa direction, prête à imposer sa présence à sa nouvelle proie. Elle vogue de l'un à l'autre comme ça, Sasha, sans but précis dans un premier, sinon découvrir un peu plus tous les nouveaux personnages de son petit film perso. Pour l'instant, elle est le protagoniste principal, c'est normal, mais elle sent venir l'effet Orange is the new black, où finalement, les personnages initialement secondaires finiront par être les plus intéressants de tous. ça lui va, à Sasha, ça la dérange pas de partager l'attention, tant qu'on ne l'oublie pas. « Hello » elle salue avec un smile de rigueur. Elle se pose sur l'un des fauteuils, jambes en tailleur, à son aise. « Dis, je me demandais » elle se lance directement, prête à partir dans son sillage de pensées chaotiques et interminables. Sauf que là, pour le coup, c'est un truc hyper sérieux qu'elle a en tête et qui appelle à de vraies réponses. Elle est pas certaine d'avoir déjà entendu les infos dont elle a besoin et elle a pas envie de faire une gaffe en devinant. « Est-ce que tu réponds par il, elle, iel ? Et est-ce que c'est différent selon si tu es en drag ou pas ? » Ils se sont pas encore vraiment parlés, Riven et elle, et les quelques paroles échangées par politesse au détour d'un couloir ne l'ont pas vraiment renseignée, puisqu'elle est trop douée, Sasha, pour parer à toute éventualité et formuler ses phrases de manière à éviter toute confrontation au sujet qui pose problème. « D'ailleurs, Riven c'est ton prénom ou ton nom de drag ? à moins que ça ne soit pareil ? » elle embraye de son air de petit feu follet, sans vraiment lui laisser le temps de répondre à la première question. Elle imagine que si Riven est son prénom, ce n'est probablement pas son nom de drag queen mais possible que ça soit son blaze, employé du coup comme nom, ici.

Il y avait une certaine concentration dans son regard, à observer son casier avec minutie comme si ça pouvait lui donner une bonne idée de comment ranger ses affaires dedans. Il fallait dire qu'il n'avait pas vraiment l'habitude d'un aussi petit espace, Riven, et que sa manie pour bien ranger son drag lui demandait une certaine organisation qu'il n'avait pas forcément de base. Une tâche qui s'annonçait assez compliquée donc, et qu'il finit par abandonner à moitié en voyant le visage de @Sasha se rapprocher du sien. Bien, ça lui donnait une occasion pour remettre son problème à plus tard. "Hey babes.", qu'il répondit sur le même ton qu'elle, avant de froncer un peu les sourcils devant le sérieux dans sa voix. On pouvait s'attendre à tout avec un début pareil en même temps mais la suite le rassura un peu. C'était même cool qu'on lui pose la question, ça lui donnait un premier sentiment d'intégration avec les autres. "Oh c'est bien que tu me poses la question, tout le monde ne le fait pas. Les gens woke restent en minorité." Ouais, la question non-binaire était une grande inconnue pour la plupart des gens donc ce n'était pas dans ses habitudes d'exposer ses pronoms sans que ce soit de sa propre initiative. "C'est il, elle ou iel (they/them) quand je ne suis pas en drag. Donc un peu comme tu veux. Et elle en drag, ça c'est non négociable.", expliqua-t-il, dans un sourire, avant de l'entendre enchainer sur son prénom. Décidément, Sasha semblait s'y connaitre un peu, c'était agréable. "J'utilise Riven pour le drag aussi, je n'ai pas vraiment voulu dissocier mon drag persona de moi." Ça dépendait des queens après, mais Riven avait préféré tout garder sous un même nom et la mixité de son prénom avait aussi aidé. "T'as déjà vu des drag shows?" Avec toutes ces questions, la brune avait fini par réveiller un peu sa curiosité. Puis il était prêt à lui en montrer un peu plus sinon, Riven, ce n'était pas problème.

On en parle beaucoup, en ce moment, de l'inclusivité, de la question du genre et tout ce qui en découle, en France mais aussi sur internet, où elle passe pas mal de temps, Sasha, l'air de rien. Elle se renseigne sur ces trucs-là et sur l'évolution du monde, en général. Parce qu'elle a toujours eu envie que le monde soit un peu plus simple à vivre pour tout le monde. « J'aime bien que les gens se sentent bien, surtout quand il suffit de pas grand chose » elle sourit. Pas grand chose pour les gens non-concernés, peu d'effort à fournir pour un résultat incommensurable. Elle a jamais trop compris les réfractaires à l'idée de changer le pronom utilisé pour s'adresser à quelqu'un pour qui c'est important. C'est pas si difficile. Globalement, elle s'intéresse toujours aux gens, Sasha, pas toujours pour les bonnes raisons. Elle est de nature bienveillante mais aussi foncièrement égocentrique quand elle veut, et plus elle découvre le monde, plus ça nourrit ses petits univers internes, son imagination et sa propension à l'utiliser tout le temps et partout. Alors Riven, elle note tout ce qu'il lui dit. Pour lui, évidemment, mais aussi pour elle. Pour son savoir perso. « C'est quoi qui motive ce choix, en général ? » elle rebondit, curieuse, sur le fait que son prénom soit aussi celui de son alter ego drag. C'est la première fois qu'elle entend une drag utiliser son vrai prénom comme blaze mais faut dire, elle n'est pas non plus particulièrement calée. En théorie oui, elle a des notions de base sur le monde du drag et quelques codes, mais sans plus. Elle connait pas les grands noms, les mythes, les nouvelles étoiles montantes. « C'était pas vraiment un drag show mais c'état une drag qui présentait un cabaret dans une petite salle près de chez moi » elle s'anime, les mains sur ses chevilles. Un petit lieu culturel multi-usage tenu par un vieux de la vieille. Tout le monde s'était étonné qu'il accompagne ce genre d'événements, mais sa mentalité, c'était : laissez les gens faire ce qu'ils veulent, tant qu'ils se détruisent pas entre eux. Et foutez-moi la paix. « On a pris l'habitude d'y aller avec mes colocs. » Parce qu'ils avaient sympathisé avec Peggy, la présentatrice. « Mais j'aimerais troooop voir un vrai show » elle est tout excitée rien que d'y penser. Elle a déjà vu des vidéos sur internet et certains, c'est des putains d'artistes. Non, tous sont des artistes, mais dans le lot, t'as des Beyoncé. « Peggy, elle chante comme personne, elle aurait percé si elle avait voulu, mais elle aimait surtout mettre les autres en lumière. » Elle aurait bien voulu lui faire un peu de pub, parce que ses cabarets, c'était pas non plus le truc le plus fréquenté, c'était très local, attirait surtout par le bouche à oreille. « Ton truc à toi, c'est quoi ? Plutôt le chant, la danse, la performance ? » elle demande à Riven, sans trop savoir si elle apprend à le connaitre lui, ou elle la drag. Ou si c'est pareil, au fond, comme pour son prénom. « Ils ont réagi comment tes proches ? ils te soutiennent dans ce que tu fais ? » C'est toujours un peu la question qui fâche, elle a l'impression, Sasha. Dans les professions artistiques qui ne sont, de base, ni valorisées, ni sécurisantes pour les gens qui s'inquiètent pour toi, mais encore plus dans un milieu si subversif, elle imagine.

Il avait souvent dû se justifier, Riven, parfois même se battre pour qu'on l'accepte et respecte son identité de genre et ses pronoms. Alors voir qu'on l'accueillait aussi bien, avec autant d'inclusivité et des questions bien placées, ça le changeait pas mal. Et c'était agréable. "C'est l'état d'esprit à avoir.", approuva-t-il simplement devant la remarque et le sourire de @sasha. C'était facile d'utiliser les bons pronoms, de poser les questions et se renseigner en admettant ne pas connaître les choses. Et l'attitude de la parisienne le rassurait déjà quant à sa place dans l'aventure par rapport à ça. "Il n'y a pas vraiment de règle, ça dépend de la personne et de comment elle souhaite s'exprimer artistiquement. Moi ça m'allait bien de garder Riven, mais c'est vrai que plus rare de ne pas avoir de nom drag.", tenta-t-il d'expliquer, sans vraiment savoir si ça aiderait. Il n'y avait pas grand-chose à rajouter après, c'était un choix personnel. Et lui, ça lui allait très bien de s'exprimer en tant que Riven. Puis il s'était posé des questions à son tour, l'anglais, pour s'intéresser un peu à ce que connaissait Sasha en en apprenant plus sur elle. À l'entendre elle avait quelques notions de base sur le drag et le monde dans lequel il évoluait, sans baigner entièrement dedans. "C'est important de soutenir le drag local, elle a l'air cool ta Peggy.", qu'il vint affirmer, dans un sourire léger, alors qu'il réfléchissait à la question de la jeune femme. Son truc à lui? C'était assez difficile de résumer. "Le mieux, c'est encore que tu te fasses une idée par toi-même." C'était un art complet, le drag, et il touchait à pas mal de trucs au final. "J'aime la performance, le lipsync, la mode." Il donnait quelques pistes quand même, mais ça restait assez superficiel. Il préférait montrer plutôt que d'expliquer, et l'occasion viendrait probablement au cours de l'aventure. Il avait pu se mettre en drag plusieurs fois déjà, et ça pouvait donner une vague idée, même s'il n'avait pas fait de scène. "T'as pas peur de poser les questions toi." Aborder le soutien des proches, c'était assez audacieux, voire un peu dangereux selon l'histoire de la personne. "Disons que je me suis entouré des bonnes personnes, je ne leur laisse pas vraiment le choix maintenant." Il était assez direct sur ces choses-là, et il avait passé plusieurs années à trouver les bonnes personnes à qui faire confiance pour maintenant être sûr du soutien de ses proches sans que ce ne soit toxique pour lui. "Ça devrait s'appliquer à tout le monde après, pas forcément qu'au drag. S'attacher à ceux qui ne comprennent pas ce que tu fais, c'est plus malsain qu'autre chose. Non?" Une manière sage de voir les choses sans doute, mais il lui demandait implicitement son avis. "Et toi, qu'est-ce qui te passionne?" Parce qu'on parlait beaucoup de lui, et pas vraiment d'elle. Et il ne voulait pas monopoliser toute la discussion.

ça fait sens, ce qu'il explique Riven, et elle sait pas trop pourquoi ça paraissait plus significatif dans la tête de Sasha, jusque-là, alors qu'au final, c'est globalement la base de la vie de personnalité publique, de se choisir un nom de scène ou non. Les chanteurs, comédiens, même les auteurs, ils passent tous par cette question-là, quand ils se lancent. « Oui un peu comme tous les artistes finalement » elle résume en hochant la tête. Peut-être qu'avec le drag, pour l'instant, il y a aussi un peu ce côté revendicateur d'exercer sa passion, encore méconnue voire réprimée et stigmatisée, sous son véritable nom, sans se cacher, elle en sait trop rien. Mais même si c'était le cas, ils devraient un jour arriver au stade où ça ne serait qu'une catégorie d'artistes en plus à devoir se poser la question du pseudonyme. Elle l'écoute toujours parler de son monde, de ses passions, et ça la fascine, Sasha. Pas le drag en soi, mais plutôt l'expression identitaire de Riven et la façon qu'il a de parler ou exprimer de ce qu'il aime. Jusqu'à ce qu'il l'observe une seconde. « Oh excuse-moi je » elle se reprend aussitôt, effarée d'avoir dépassé les bornes. « Je voulais pas être indélicate ou indiscrète... »C'est que ça serait pas la première du tout. Sasha, elle a l'art de pas faire attention, de foutre les pieds dans le plat ou poser les questions qu'il faut pas et qui dérangent, parce qu'elle est un peu ailleurs des fois. Des fois, c'est pas trop un problème, mais des fois, comme là, elle comprend que c'est les questions compliquées qu'elle pose. Celles qui réveillent pas mal de choses. Elle se sent un peu conne, Sasha, elle a envie de se faire toute petite, de disparaître et qu'il oublie. Mais il a la délicatesse d'aborder la question sous un angle qui la sauve un peu et, les genoux sous le menton, elle hoche la tête. « Tu as raison, il faudrait toujours s'entourer de gens qui te comprennent et te soutiennent. » Elle ne pourrait pas souhaiter quoi que ce soit de mieux à qui que ce soit. Et elle-même a longtemps eu ce problème, à une échelle probablement nettement moins douloureuse que les drags, par exemple. Il lui a fallu longtemps avant de se trouver des vrais amis, Sasha, des amis qui n'étaient pas juste des amis parce qu'ils passaient cinq jours sur sept ensemble en cours. « Mais c'est pas toujours facile, tu choisis pas toujours qui est important pour toi, parfois le coeur est plus fort que la tête. » elle note. On le voit beaucoup, beaucoup, beaucoup trop souvent et parfois, ça va beaucoup, beaucoup, beaucoup trop loin. Combien d'histoires du genre on n'entend pas, surtout en ce moment, avec les relations hyper toxiques, les enfants queer dans des familles non soutenantes, les violences intrafamiliales ? « Je sais pas si j'arriverais à avoir ce recul, par exemple. J'aime me dire que oui mais réellement, j'en suis pas sûre » elle confesse d'une voix soufflée. Elle est très lucide Sasha, même si on dirait pas toujours. Elle aime trop écouter son cœur, bien plus que sa tête et des fois, c'est juste beaucoup trop viscéral, si bien qu'elle peut pas faire autrement. « Oooooh plein de trucs, je passe souvent d'une passion à une autre, la dernière en date, c'est la révolution industrielle européenne » elle se lance pleine d'enthousiasme avant de se rendre compte que ça doit parler à absolument personne ici, ni Riven, ni personne derrière les caméras. Mais elle a l'esprit très volubile, Sasha, elle saute d'un truc à l'autre assez rapidement et la phase révolution industrielle, elle a duré à peine deux semaines. Avant ça, elle s'était penchée sur la K-pop, et ça l'avait tenue bien plus longtemps. « Sinon, j'aime la musique, l'art, marcher en ville la nuit, mais mon truc vraiment, c'est le dessin. » Son regard s'illumine quand elle conclut pas mal de blabla inutile pour passer au real deal, finalement. Tout le reste, c'est moins important. Des passions de second ordre. « Je suis illustratrice » elle précise. « J'aimerais bien te dessiner un jour, si tu veux bien » elle soumet avec un sourire. Comme elle pratique surtout l'illustration, elle a rarement l'occasion de travailler ses portraits ou plus globalement le réalisme, alors dès qu'elle peut, elle se pose et elle dessine les gens, les choses, la vie.

Ça faisait plaisir de voir que Sasha reliait seule le drag à de l'art sans que Riven n'ait à le lui suggérer lui-même. Il y avait encore trop peu de personnes qui voulaient reconnaitre le drag correctement, même dans la communauté lgbtq+, et devoir insister pour se faire une place en tant qu'artistes était assez pesant. Alors le blond prenait la conclusion de la jeune femme comme une bonne chose, et il s'était mis à hocher de la tête à plusieurs reprises avant de reparler un peu plus de ce qu'il faisait. La curiosité de la parisienne était allée assez loin après, sans que ça ne le dérange vraiment. "Ne t'excuse pas t'inquiète. Je m'y attendais juste pas.", tenta-t-il de la rassurer sans être sûr de quoi dire. Il s'attendait pas à ce que quelqu'un ose lui poser une question aussi directe après quelques jours dans le block. "C'est jamais simple, non.", confirma-t-il, dans un sourire un peu triste. Ça lui avait pris plusieurs années pour y arriver, et il avait suffisamment de recul pour pouvoir dire qu'il était bien dans ma vie maintenant. Un recul que Sasha mentionna d'ailleurs. Et il ne savait pas tellement quoi dire pour rebondir, Riven, alors il se contenta d'un sourire compatissant pour lui montrer qu'il comprenait avant de directement changer de sujet. Il voulait en savoir plus sur la jeune femme, histoire que la conversation ne soit pas trop basée non plus sur lui, et la réponse qu'elle lui donna eut le mérite de le surprendre. "La révolution industrielle européenne?" Ça le ramenait à des cours d'histoire de collège ça, et c'était loin dans son esprit. "Genre le charbon et les mines?" Il était un peu confus pour le coup, mais il ne jugeait pas pour autant et aimait bien la voir avec autant d'enthousiasme. La musique, l'art et le dessin, ça lui parlait beaucoup plus après. "Oh, j'adorerais voir ce que tu dessines.", lâcha-t-il, presque aussi enthousiaste qu'elle avant. Et sa proposition de le dessiner, ça lui allait droit au coeur. "Je pose pour toi quand tu veux. Dessine-moi comme l'une de tes françaises, babes.", qu'il lâcha fièrement dans un léger rire, de manière presque un peu stupide. Il n'avait pas besoin de se laisser convaincre, même si ce n'était pas pour se refaire la scène de Titanic non plus. Une simple questions de limites.

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