@rachel

Armée de son vélo, celui qu'elle a autoproclamé le sien simplement parce que voilà, Sasha, elle est prête pour aller rider tout autour de Georgestown, façon gamine des 90's ou de ces nouveaux films qui flirtent tous sur la vague 80's, les cheveux au vent, sous le soleil, il lui manque juste le style un peu destroy. Elle a besoin de se vider la tête, Sash, ou plutôt, elle a besoin de se la remplir jusqu'à complètement oublier tout ce qu'il se passe. Elle va se percher sur son vélo et faire totalement abstraction du reste. ça, c'est elle. Elle verra plus rien autour, n'entendra plus rien autour, elle sera en pilote automatique, bercée par ses pensées, ne dira pas bonjour aux gens qu'elle croise, ne fera pas attention à où elle va. Elle en a besoin, là, maintenant. ça fait trop longtemps qu'elle lutte pour donner son max et cadenasser son esprit. Elle est prête à partir quand des pas derrière elle la renseignent sur la présence de quelqu'un. « Oh hey » elle sourit instinctivement, toujours heureuse de voir Rachel, avant de se rappeler qu'elle fait partie des gens qu'elle avait décidé d'éviter au moins pour la journée. Comme avec Elvis. Il s'est dit trop de trucs, durant le prime et les chroniques, et Sash, pour une fois, elle a envie de faire l'autruche et de pas y penser. Rachel, elle se sent un peu comme une conne devant elle, encore et toujours. Parce que tout et son contraire a été sorti de son contexte et qu'elle sait même plus ce qu'elle doit en penser, Rach. « Hm. » Sauf que maintenant qu'elle est là, Sasha, son naturel revient au galop et elle arrive pas à se préserver. L'instinct de survie, c'est un truc qui lui manque cruellement, elle a beaucoup trop tendance à foncer tête la première dans les conneries, qu'elles soient insignifiantes ou énormes. « Tu sais, ce que j'ai dit à Betty, c'était une plaisanterie parce qu'elle était triste que je lui accorde pas assez d'attention, je pense pas une seconde que tu es une mauvaise personne » elle expulse en essayant de contrôler au max le rose sur ses joues. Ni pour elle, ni tout court. Elle a même pas envie d'aborder le reste, parce qu'elle a pas envie de la gêner, Rachel, mais ça, c'était important pour elle de lui préciser. Parce que pour Sasha, s'il y a bien une personne ici qui n'est pas mauvaise, c'est la québécoise. Elle finit par soupirer, sourire en même temps puis souffle un rire nerveux. « J'ai l'impression de tout faire de travers » elle lâche prise, en étirant un petit sourire piteux et en balançant les bras, dans toute la gêne qu'elle ressent. Depuis le début, y'a que des accrocs avec Rachel, comme si Sasha était incapable de simplement profiter de son amitié qui lui semblait pourtant si évidente au début. Probablement parce que c'est sa manière d'être, de tout vivre trop, trop fort, de tout exagérer, de ne rien prendre légèrement, de se mettre elle-même des bâtons dans les roues et se compliquer la vie pour être obligée de surmonter les épreuves. Elle s'ennuie, sinon, Sash.

Son skate sous le bras, elle n’avait pas l’intention d’aller faire une promenade à vélo. C’est juste qu’elle a vu Sasha entrer dans le hangar, et ça a complètement modifié ses plans. Le pire c’est qu’elle hésite sur le coup. Ils ont développé cette manie ici de toujours briser les moments de solitudes des autres, comme sous une forme de codépendance qui se développe à force de graviter dans l’espace de l’autre. « Coucou » elle souffle, un sourire suspendu sur ses lèvres en reflet de celui de la française. « Tu prépares ton évasion en vélo? Dans le doute, va vers le Sud. » sinon c’est bonjour les Grands Lacs et elle ne pourra certainement pas se rendre jusqu’au Canada. Bon, elle dit n’importe quoi Rachel, mais c’est qu’elle ressent une gêne chez Sasha et elle ne sait pas comment jongler avec la situation. Elle se doute que c’est en lien avec tout ce qui s’était dit lors des chroniques sur le prime. Et oui, sur le coup, l’incompréhension de certaines paroles de Sasha la concernant l’avait prise de court. Est-ce qu’elle avait tout pris au premier degré et avec le plus grand des sérieux? Évidemment que non. Ce genre de chroniques sortait tout de son contexte originel et servait uniquement à créer des sujets de discussion pour la semaine à venir. Pour insinuer le doute, en soi et ainsi qu’en les autres. Elle est sur le point de dire à Sasha qu’elles ne sont pas obligées de revenir sur toute cette situation si le cœur ne lui en dit pas, mais elle se fait couper dans son élan par des explications sur l’histoire que Rachel serait une mauvaise personne. « Je m’en doutais. Enfin, c’est quand même une bonne chose de te l’entendre dire… Je me disais que Beau t’avait peut-être convaincu que j’étais la pire personne et que tu l’avais cru. » elle tente l’humour à nouveau, tout en essayant de lui faire comprendre qu’elle ne lui en tenait pas rigueur. Elle fait à nouveau quelques pas vers l’avant pour se rapprocher. Elle n’a pas envie qu’elle se sente comme ça. Dans cette façon où elle insinue que le fait qu’elles ne sont pas sur la même longueur d’onde relève de sa faute à elle. Rach n’a jamais pensé une seconde que c’était le cas. « Sash’… » elle baisse le menton, son regard qui cherche le sien pour lui offrir une forme de réconfort et surtout démentir cette impression qu’elle a de leur relation. « Je tiens à te rappeler que c’est moi qui ai dit que t’étais cute lors du deuxième prime, à la place de t’avouer directement que tu me plaisais vraiment. » ça c’était dit maintenant. Elle ne le faisait pas en attendant quelque chose en retour, Rachel. Elle voulait être franche, en toute simplicité. Elle était peut-être à l’aise comme un poisson dans l’eau à 95% du temps, Rach ce n’est pas le genre de personne qui s’ouvrait si aisément. « C’est pas grave, tu fais rien de travers. » elles n’ont pas à se mettre d’attente, de pression ou quoi que ce soit d’autre. Leur amitié, peu importe la forme qu’elle prenait, ou qu’elle prendrait, était bien comme elle était. « Je n’ai pas envie que tu sois gênée avec moi. » c’était surement le plus important à retenir ici. « Je n’ai pas envie qu’on ait l’impression de devoir se justifier sur tout et n’importe quoi à chaque fois qu’on se croise. » Niveau communication, on avait déjà vu mieux quand même. C’est vrai qu’elles ne sont pas les plus douées du Block. Et ça la fait quand même sourire.

Elle étire un sourire à la réplique de @Rachel mais le cœur, il y est qu'à moitié, trop erratique face à tout ce qu'elle ressent comme une conne pour se sentir réellement libre d'être... et bien libre, finalement. C'est un peu le souci, le truc qui la pèse, le grain de sable dans la machine qui fait que Sasha, il y a toujours un moment où elle perd les pédales, où elle se coince dans un petit schéma chelou des truc à faire ou à ne pas faire, à dire ou à ne pas dire, parce que la présence de Rach la déstabilise. Elle a l'amour con, Sasha, même quand elle est encore très loin du stade de l'amour. Elle se met dans des états pas possibles parce que ça la saisit tout entière et parfois, elle arrive à passer outre et à être elle-même, et d'autres fois, elle bugue, elle freeze, elle loupe une marche et se pète la gueule dans les escaliers, façon chute perpétuelle sur quatre étages. Elle sait pas trop où ça a bugué, avec Rachel, à quel moment exactement c'est passé de feeling agréable et tranquille à total dysfonctionnement dans le système. Depuis, c'est difficile de trouver la bonne fréquence, et Sasha, elle se revoit des années et des années en arrière, quand elle trouvait pas d'autre moyen de se faire comprendre que par le dessin ou l'abandon pur et simple. Alors là, face à Rachel, elle se gorge de courage, elle se dit qu'elle en a marre des confrontations awkwards où l'une a toujours des excuses à faire à l'autre parce qu'elles marchent constamment sur des oeufs en imaginant les émotions de l'une ou de l'autre. Elle veut juste que ça soit simple, Sash. « Oh non il aurait jamais osé aller jusque-là, il a juste dit que tu puais des pieds, c'est tout » elle parvient à plaisanter en ourlant un petit sourire malicieux. Et les pas de Rach dans sa direction, le regard qu'elle pose sur elle, l'ouragan dans sa tête que ça provoque, ça fait céder le barrage. ça plus que tout. L'image d'elle-même qu'elle voit dans ses yeux et qui lui donne envie de chialer. Ses épaules se détendent doucement, elle expire, bat des cils, ses joues s'étiolent de rose quand elle l'entend, Rachel, à balancer comme ça, l'air de rien, qu'elle lui plait. Elle sait plus où se mettre, elle parvient même pas à retenir son sourire, ancrée sur ses pieds pour pas se sentir vriller. Elle a même pas besoin de dire quoi que ce soit, Sasha, parce que tout a déjà été dit dans la chronqiue, sur le prime. « C'était pas si grave » elle baragouine pour la forme. Mais elle a plus envie d'être une môme, Sasha, elle a plus envie de se sentir toujours conne face à Rachel, ses six ans de plus, son regard posé et confiant, ses flirts bien plus frontaux que ce qu'elle lui offre jusque-là. Mais c'est son truc, ça. Mettre les gens sur un piédestal parce qu'elle les trouve juste passionnants à la base, puis finir par les élever de plus en plus, inconsciemment, et les regarder de plus en plus depuis son petit spot, tout en bas. Elle expire, Sash, calme les battements de son coeur, sa nervosité de gamine débile, pour retrouver la femme qu'elle peut être et qu'elle est. « Je crois que je me mets une pression pas possible, c'est trop débile » elle se marre doucement, brusquement délivrée par les choses mises à plat. Elle avait la sensation que c'était une réalité qui était là et qui grossissait, grossissait, encore et encore, nourrie par les non dits qui s'empilaient jour après jour, entre les moments simples. « Moi non plus, j'ai l'impression que finalement, on se parle quasiment plus comme avant » et ça, ça lui manque. C'était pas censé être compliqué. D'ailleurs, ça l'était pas au début et elle veut retrouver ça, Sasha, leur complicité facile, l'accroche immédiate. Alors elle lève les mains devant elle, résolue. « OK, on rembobine. » elle lance, l'air ultra décidé. Avant la gêne, avant les conneries. « Salut Dany, moi c'est Patrick » elle s'amuse comme une teubée en lui offrant sa main pour qu'elle la serre. Bon, peut-être pas besoin de rembobiner si loin non plus. « On se prend plus la tête, ok ? » elle sourit finalement. Elle en est capable, Sasha, elle en est persuadée, parce qu'elle va s'obliger et qu'il n'y a rien pour lequel elle est plus douée que l'auto persuasion. Elle se baratine comme personne. Pour le meilleur, parfois pour le pire. « Tu crois que tu peux me battre en vitesse sur un vélo vs skate ? » elle glisse finalement avec un petit sourire mutin.