@billy

Sasha et Billy sont de corvée de feu, cette nuit. Ou plutôt, Billy being Billy s'est proposé et Sasha a sauté sur l'occasion pour prendre le tour de garde avec lui, parce que jusqu'à il y a peu, c'était avec lui qu'elle passait toutes ses nuits et l'air de rien, ça lui fait tout bizarre de switcher encore une fois de partenaire de lit. Après Elvis, après Evey, Sasha s'était habituée au sommeil sans mouvement de Billy, à son souffle lourd et profond, à le voir le visage serein, apaisé, à la chaleur de sa peau et à le sentir, jour après jour, de moins en moins crispé à son contact. Elle est triste de le perdre, Billy, elle est triste qu'il soit à tout jamais banni des Pink Panthers, parce qu'elle sait à quel point son équipe est importante pour lui. Billy qui ambitionne d'être soldat, pour qui l'appartenance au groupe et la défense de ses couleurs est naturellement si importante, voire fondamentale. A choisir, elle aurait préféré que Cleo la choisisse elle comme intrus, parce qu'elle a l'habitude, maintenant, des changements d'équipe et que quelque part, au fond d'elle, elle aurait volontiers accepté le sacrifice malgré la douleur de perdre les siens encore une fois. Il sait pourquoi, Billy. Mais maintenant, elle se retrouvait dans la position de membre la plus ancienne des panthères, et elle se sentait presque un devoir vis-à-vis de lui. Même si dans une semaine, il sera un adversaire. « C'est un peu comme si t'étais un marine américain qu'on a largué dans le Pacifique finalement » elle badine tranquillement, les mains tendues vers le feu pour se réchauffer et emmitouflée dans un gros pull qu'elle a volé à quelqu'un il y a déjà des semaines. Comme dans The Pacific, il est John Basilone sans la fin tragique. « T'as faim ? » elle demande, parce qu'elle est à deux doigts d'aller chercher une noix de coco. Elle a toujours faim, depuis qu'ils sont là, Sash, parce qu'elle doit se contenter des fruits, et des quelques options végétariennes qui sont livrées chaque jour. Pas de poisson, pas de crustacés pour elle. Elle surveille toujours Riven de loin, qui doit galérer encore plus qu'elle. « J'ai appris que les cœurs de palmier se mangeaient, tu le savais ? » elle raconte de sa voix modulée pour ne pas réveiller les autres. Elle a appris ça dans Koh Lanta, Sash, et elle est prête à dégainer la machette dans l'instant pour abattre à main nue un tronc et le nourrir, Billy. « J'ai hâte de raconter tout ça à mes petits enfants » elle étire un grand sourire rêveur. Faut l'arrêter, à un moment donné, Sasha, sinon elle ne s'arrête jamais de raconter des bêtises, surtout en pleine nuit, comme ça. C'est une pro de ces conversations passées 3h du matin où tu distilles toujours des infos secrètes le reste du jour. Où t'es en lâché prise, voire en roue libre totale. « T'aurais des enfants plus tard, Billy ? » elle demande doucement, en posant son regard sur lui. C'est important pour lui, la famille, capital même. Mais parfois, la réponse à cette question peut surprendre.

Il se laisse happer par le crépitement des flammes, le kid. Tout le monde dort, sauf Sash et lui qui rôdent autour du feu. Objectivement il sait qu'ils auraient pu dormir, eux aussi. En laissant de grands morceaux de bois sec le feu se serait difficilement consumé avant que le premier se réveille. Mais le kid a cette manie de surveillance, la nuit. Lui il associe ça à l'armée et forcément il a conditionné les autres avec ses idées. On laisse jamais un territoire complètement à découvert. Ca en rassure certains aussi, de savoir que deux loups solitaires surveillent pendant qu'ils roupillent. Il en profite et se nourrit du silence et des étoiles. Du vent qui se faufile dans leurs manches alors même que leurs visages brûlent à la lueur des flammes. Faut que j'trouve une manière de me sauver, c'est ça que tu veux dire ? Il lit entre les lignes, sourit discrètement à l'idée qu'elle émet. Il apprécie toujours les métaphores qui prennent en compte son objectif, le kid. Et Sash elle respecte ça. Je survis, puis je m'adapte à l'ennemi. Lui il repense à l'histoire de cet aviateur ricain dont l'avion s'est écrasé au large du Japon, en pleine WWII. En attendant je fais confiance à personne. Il sait pas trop si les autres envisagent de le laisser pénétrer leurs équipes. A l'heure actuelle il a du mal à rationaliser, Billy. Il sait qu'il va devoir faire un choix, mais il sait pas encore comment l'aborder. Ah bah oui... On en mange toujours en conserve chez moi. Il se sent con de pas y avoir pensé d'office. Elle marque un bon point Sash. Faut qu'on en cherche. Il s'note ça pour demain. Machette et à l'attaque. La faim l'effraye pas trop pour l'instant. Billy c'est un dalleux, comme Dede il a l'habitude de bouffer n'importe quoi n'importe quand. Mais il sait aussi retomber dans ses plus plates habitudes de môme qui a grandi avec presque rien. Il se plaindra pas d'avoir faim. Tiens j'ai chopé ça pour toi samedi soir. Il lui balance trois barres protéinées vegan. Au chocolat. Les trois mêmes qu'il filera à Riven. Il s'est tapé un sprint au supermarché, le kiddo, en pensant à Sash et ses contraintes alimentaires. Fais-en bon usage. Son sourire se délire, doucement moqueur. Elle pourrait s'en dégommer une en pleine crise de homard, Sash. Alors même qu'il suffirait de gueuler un coup pour qu'il pop-up. Elle passe du tout au tout et ça le fait méditer, plongeon direct dans sa bulle pour réfléchir à ce qu'elle avance. Oui, deux. C'est ce qu'il s'est dit avec le temps. Surtout récemment, quand il a commencé à avoir un boulot plus 'normal'. En bossant avec des plus vieux, des mômes qui sont déjà dad, il a capté qu'il avait loupé un truc dans son processus de construction. Mais ça me semble dingue de me dire que tu peux aimer autant quelqu'un, lui faire autant confiance, au point de construire ta vie avec. Avoir des enfants. J'veux dire, c'est pas rien. Les enfants ça... Ca souffre, si on s'en occupe pas. S'il se passe un truc. Si on les lâche. Y'a plein de trucs qui lui viennent à l'esprit mais qu'il a du mal à dire. T'arriverais à te poser, toi ? Ou elle vivrait à cent à l'heure, comme aujourd'hui. Ca lui semble risqué, au kiddo, de se lancer sans connaître ses limites. Il lui faut quelqu'un comme elle, Sash. Ou quelqu'un qui puisse contrebalancer. Mais est-ce qu'elle aimerait ça, quelqu'un de calme, sans rêves, sans imagination explosive, sans films et histoires à raconter ?

Elle aime la présence calme de Billy qui contrebalance son état un peu lunaire permanent. Sasha, elle se voit comme un petit ballon de baudruche gonflé à l'hélium et lui, c'est le gosse qui le tient par une ficelle et l'empêche de s'envoler indéfiniment vers le ciel. Il y a un truc de cadrant chez lui qu'elle apprécie même si c'est foncièrement pas son souhait d'être cadrée. Il cadre mais écoute en même temps. Un drôle de combo plutôt apaisant pour un esprit aussi instable que le sien. Le genre sur qui elle s'appuie sans vergogne, parfois en oubliant que son petit socle perso n'est pas fait de marbre mais d'émotions et de pensées comme elle. « Peut-être même de gagner la guerre » elle sourit simplement, en passant sous silence les horreurs commises de part et d'autres parce que c'est pas le sujet. Billy, elle veut pas le voir en danger, elle veut pas le voir sans couleurs. ça la heurte, peut-être un peu par cette considération excessive qui amènent souvent les gens à imaginer que les enfants adoptés ont toujours ce besoin communautaire à satisfaire. Mais surtout, elle est triste de ne plus l'avoir avec elle. « Il n'y a personne en qui tu fais confiance, ici ? même pas un peu ? » elle demande, sans même songer à elle. Elle est pas si sûre d'être digne de confiance, Sash, même si tout le monde s'est persuadé du contraire, parce qu'elle est pas très rationnelle. C'est le genre à suivre ses tripes, qui ne sont pas toujours les plus avisées. « Tu ne reviendras pas avec nous » elle souffle sans trop savoir si c'est une réalité qu'elle devine ou si c'est encore une question qui peut être posée. Billy, elle le voit pas comme quelqu'un qui prendra le risque de mettre en danger un rose par pur intérêt personnel. « Indiana et Jones en mission » elle s'exclame tout bas, un big smile sur les lèvres et sans douter une seconde qu'il l'inclut dans son petit trip pour chasser le coeur de palmier. C'est son idée, elle a le droit de se taper l'incruste, naturellement. Elle ouvre de grands yeux, Sash, et elle attrape au vol, tant bien que mal, le petit balluchon qu'il lui envoie. Un cadeau ? Elle adore les cadeaux. Elle reconnait direct l'emballage. « Mais nooooon, chocolat, les meilleures, t'es le Billy-best » elle est à deux doigts de se jeter dans ses bras, elle amorce même le mouvement, mais elle se retient en dernière seconde. « T'as eu le temps de penser à ça alors qu'ils nous pressaient » elle réalise finalement, le regard baissé vers les barres protéinées. Alors qu'il aurait clairement pu utiliser ce temps pour autre chose. Pour quelque chose pour lui, par exemple. « Tu es une belle personne, tu sais » elle souffle en posant sur lui un regard doux. Elle suit naturellement le fil de ses pensées, rythmée par le crépitement des flammes et machinalement, elle repense à hier. Au nouveau Billy qu'elle a face à elle et en même temps, exactement le même Billy. Elle sait pas si elle doit aborder le sujet, parce qu'elle imagine que tout le monde va le faire. Alors elle pose juste une question. En lien mais pas trop. Un truc simple, qu'elle voudrait savoir sur lui. Elle sourit quand il répond deux. Le binôme parfait. Comme son frère et elle. « Un garçon et une fille ? lequel en premier ? » Un garçon aîné pour protéger sa sœur ou une fille aînée pour prendre soin de son frère ? Ou deux garçons, comme son frère et lui ? deux filles, pour faire le contrepied total ? Elle le voit bien papa, Billy. Le papa que rien n'arrête mais toujours discret, pas extravagant, mais toujours là. Elle médite une seconde ce qu'il dit, ses doutes, ses questionnements. Son coeur se serre parce qu'elle peut pas s'empêcher de se demander si ça fait écho, si ça provient de son histoire, ce qu'il dit. « Tu n'as pas cette impression en regardant tes parents adoptifs, que c'est possible ? » elle demande doucement. Un couple qui se bat, qui est toujours ensemble, qui adopte un môme paumé et qui a déjà souffert. De ce qu'elle sait, il a un bel exemple d'amour qui dure, Billy. « T'as déjà été amoureux ? » Elle sait rien de cette partie-là de sa vie, à Billy. Elle se serre entre ses bras, Sash, la tête rentrée dans les épaules, le regard rivé sur les flammes. « Je rêve de trouver la personne que j'aimerai plus que tout, avec qui ça sera aussi simple que de respirer, qui sera mon évidence à moi, ma deuxième moitié, tu vois ? Celle qui me fera me dire que je ne suis pas avec quelqu'un, mais qu'on est ensemble, qu'on l'a toujours été même quand on ne se connaissait pas encore. » Elle aspire pas à beaucoup, Sasha. Elle a pas des rêves particulièrement ambitieux. Être aimée, être heureuse, vivre vraiment. « Mais je sais pas... je sais pas si j'en suis capable » elle expulse en baissant la tête. Jusqu'à présent, c'est un échec total. Elle parvient pas à se maintenir, à se satisfaire, à ne pas avoir envie de découvrir toujours plus. Peut-être parce qu'elle a trop d'attentes, parce qu'elle ne retrouve cet être idéalisé, cet amour infini et inconditionnel en rien ni personne. « Je ne sais pas si je veux des enfants, non plus » elle soupire. Elle a déjà réfléchi à la question, Sasha, constamment heurtée par tous ces gens qui l'assomment de : tu verras quand tu seras plus âgée, tout le monde en veut, tu dis ça maintenant, mais... comme si elle n'était pas capable d'avoir un avis à elle. « Mettre ma vie sur pause pour celle de quelqu'un d'autre... c'est un sacrifice que je ne suis pas sûre de pouvoir faire. » Elle aimerait le vouloir, et elle aimerait le pouvoir. Mais elle est aussi lucide sur elle-même, plus qu'on ne pourrait l'imaginer. Elle est sans cesse en train de courir après quelque chose, sans jamais prendre le temps de s'occuper des autres. Elle ne veut imposer ça à aucun enfant, ni à elle-même. « Mais en même temps, ça me fait peur de finir toute seule » elle rit doucement, dans un petit son étranglé. Elle hausse les épaules, doucement.  « Tu te sens seul, des fois ? » elle demande. Billy, il aurait toutes les raisons du monde de se sentir seul.

Il l'écoute, la scrute, replonge son regard dans les lueurs du feu, imagine ces histoires de marines, d'échoués, de survivants. Il pense aux combattants, à ceux qui ne lâchent rien, croient en eux-mêmes plus qu'en la vie qui les entoure. Billy c'est tout ce qu'il se souhaite. De la confiance, de l'émotion, de  la liberté. Plus ils parlent, imaginent, se perdent dans ces images et plus il se plonge dans ses souvenirs. Il a une histoire à associer à chacune de ses phrases. Sash elle grappille, construit et se nourrit de la justesse de chacun d'entre eux. Elle voit ce qu'ils essaient d'effacer, questionne ce qui les habite, conclue sur ce qui les sépare. Si, y'en a. Elle peut deviner en qui il a confiance, Sash. Il est peut-être réservé, kiddo, mais il s'est progressivement ouvert à elle. Ca veut dire quoi avoir confiance, pour toi ? Ses yeux glissent sur son visage éclairé, puis, d'une main, il bouge une bûche du bout de sa machette. Ils partent de trop loin tous les deux. Sash elle est entière, dans sa relation aux autres. Faire confiance, est-ce que c'est s'oublier vis-à-vis de l'autre ? S'oublier - se laisser aller complètement, son corps, sa force physique, son sentiment d'alerte, ses anticipations ? Il pense pas être capable de ça, Billy. Pour lui la confiance c'est avant tout être capable d'ouvrir une porte. Retracer l'avant, laisser ceux qui l'entourent l'analyser. C'est offrir des pions pour dévoiler l'échiquier. Mais vous êtes là. Il remonte son poing jusqu'à son crâne. Toujours là, dans sa tête. Il aurait pu indiquer le coeur mais il est différent d'elle, le kid. Il est moins émotif. Sergent Indiana, on attaque la mission à quelle heure ? C'est le milieu de la nuit mais il s'imagine déjà leur aventure en pleine forêt équatoriale, Jones. Le sourire de Sash à l'idée de concrétiser ses ambitions d'aventure n'a rien à envier à celui qu'elle lui offre là, son combo protéiné entre les mains. Il tend son poing, le kid, pour qu'elle tape dedans et qu'ils scellent le remerciement qu'il n'attend pas. A l'académie on nous demandait toujours de travailler nos réflexes. Parmi ceux-là, y'avait la capacité d'analyse. Comment tu réagis, quand on te donne un ordre et que tu dois assurer une mission juste derrière ? Il s'est pas posé de questions super longtemps, Billy. Il a fait son sac trois fois plus vite que tout l'monde et a foncé pour récupérer ça, entre autres. Pas beaucoup plus, juste de quoi tenir deux jours. Quand on a assez d'affaires pour deux jours, on en a assez pour une semaine. J'me suis dit qu'il fallait surtout un truc pour le facteur psychologique. Nous - on savait qu'on trouverait autre chose. Les poissons, les crabes... Vous, vous saviez que vous pourriez rien manger de tout ça. Sauf à être vraiment, vraiment mal. De base, vous partiez avec un handicap. L'anticipation de la différence, entre vous et nous. C'est ça, cette idée d'inégalité, qui aurait pu vous pénaliser plus qu'autre chose. Il pose, cherche son regard, voir si elle le suit. Moi, tout ce que je fais, c'est vous permettre de savoir qu'ça ira. Il sait pas s'il est effectivement une belle personne, Billy, mais il essaye de réfléchir en pensant à tout le monde. Il a rétabli l'égalité de traitement, rien de plus. Le silence retombe mais ça l'empêche pas de penser à ce qu'elle lui dit, Sash, laisser ses réflexions s'évader un peu plus loin, se projeter sur le futur qu'a mentionné Sirius quelques heures plus tôt. Il croise les informations, leurs questions et y apporte la réponse la plus simple qui soit. Un garçon et une fille. La fille, en premier. Il aimerait bien que ça se passe comme ça, le kid. Il aurait trop peur de se voir au-travers du garçon, de reporter sur lui tout ce qu'il a vu, vécu, rejeté. Une fille ça l'aiderait. A apprendre à être doux, être quelqu'un de vraiment bon, sortir de sa réserve. Il se mettrait plus en danger, mais c'est ce qui lui correspond. Oui t'as raison. C'est un bon contre-exemple, eux. Comme Thom et sa femme. Comme Mia et son mari. Il est entouré d'exemples d'amour, de bienveillance, de respect. Il s'est toujours dit qu'un jour il serait pareil, Billy. Il n'en a jamais douté, n'a jamais remis en question la structure de vie qu'il ambitionnait. Mais bon. Ca l'empêche pas parfois, là, à la sortie d'une plongée dans son passé, de s'dire qu'il y aura forcément un truc déconnant chez lui. Il est différent, même s'il fait tout pour ne pas le montrer. Si, je pense, mais j'étais ado. C'est genre... Les premiers amours tu sais. On se persuade d'aimer plus qu'on n'aime. Il s'est dit plein d'fois qu'il était amoureux, Billyboy. Mais il a encore jamais aimé d'cet amour qui prend aux tripes, dont on parle dans les films. C'est cet amour là qu'elle cherche Sash. Il le sait, elle est comme ça, y'a des émotions qui se lisent sur son visage. Pour Billy c'est plus compliqué de mettre des mots et des mimiques sur ces ressentis là. Il s'est rarement autant projeté face à des personnes qui analysaient sa relation au monde. Ici, dans l'jeu, on essaye de voir au-delà, au-delà de la barricade qu'il a dressé comme à chaque fois qu'il se confronte à des inconnus. Ils seraient étonnés du kiddo de dehors, tous, tant il peut être différent du gars d'ici. C'est qu'il lui faut sa famille, ses frères, pour se révéler, il lui faut son espace, ses habitudes et ses lubies aussi. Il lui aura fallu quelques semaines, une île déserte et la sensation du devoir à accomplir, pour dévoiler un peu plus de son âme errante. T'aurais l'impression de mettre ta vie en pause, pour l'amour ? L'amour de quelqu'un, l'amour des enfants. C'est comment avec ta famille ? Tu ressens aussi ça comme un sacrifice ? De leur laisser cet espace qu'elle a peur d'offrir à quelqu'un d'autre. T'aurais peur de te perdre. Il résume ce qu'il croit comprendre derrière son visage pensif. C'est étrange, presque égoïste. C'est un truc qu'il s'imagine pas, le kid. Lui dans une relation il aurait peur de n'être pas assez. Sasha, elle donne l'impression de redouter d'être trop. Parfois, quand je fais face à quelque chose de nouveau. L'orphelinat. L'arrivée aux US. Les débuts à la private school. Que des situations d'adversité. Puis j'me dis que c'est débile. Y'a pire. Il peut pas avoir une pensée plus simple que celle-là. Il est rationnel, Billy, il a les deux pieds sur terre et son coeur qui bat. Ca lui suffit pour affronter le reste.