Je le reconnais avant même d’apercevoir sa frimousse. Pourquoi ? Parce qu’il a un timbre de voix singulier lorsqu’il l’utilise dans un cadre purement parlé, mais cette spécificité se retrouve un peu plus encore quand il chante. Comment je le sais ? Parce que je l’ai entendu pousser la chansonnette une première fois, la semaine passée, quand @Apollon nous a demandé de tout donner sur les années 2000. Je retire mes lunettes de soleil, parce qu’il fait plutôt beau malgré le froid hivernal, et l’accueille d’un grand sourire. « Tu sais que le challenge est terminé ? Pire, qu’il s’agissait d’un hommage au répertoire du début de millénaire plutôt qu’aux années disco ? Je valide, cela dit… Je suis à deux doigts de récupérer une boule à facette pour t’accompagner. » Il passe directement aux choses sérieuses le bougre, parce qu’il mentionne mon binôme d’une semaine, @Shinta. Je n’ai pas vraiment envie de réfléchir ma réponse, parce qu’elle coule de source, à mes yeux. Ce doit être le cas pour un paquet de monde, cela dit. « Je suis plutôt content, à vrai dire. Je ne la connaissais pas du tout, ou presque, avant cela. L’avoir comme binôme, ça m’a donné matière à me bouger davantage les fesses pour lancer la conversation. Une jolie personne… Je suis vraiment heureux de ce tirage au sort ! » Un grand sourire sincère étire mes lèvres. Parce que je suis comme ça, derrière mon apparente timidité. Un bisounours qui aime profondément les autres, même s’il donne parfois l’impression d’être un peu trop sauvage ou coincé. « Et toi, comment tu te sens avec ton binôme ? Tu dois être aux anges cette semaine ! » Il a de quoi. Je balaie d’un revers de la main sa proposition. « Non merci, je ne fume pas ! » La cigarette a une grande incidence sur les performances sportives, je n’ai pas envie de cravacher plus fort pour le même résultat. Retour en arrière avec une question qui ne me surprend pas, le rouge s’interroge à juste titre, comme nous tous ici. « À moins qu’il possède un pouvoir dont personne n’a connaissance et qu’il s’en soit servi pour nous brain tous autant que nous sommes… J’ai longuement discuté avec lui au confessionnal. On a voté pareil, tous les deux. » Je pense que @Major a tenté la même chose, puisque j’ai également discuté avec lui cette semaine-là. « J’ai du mal à expliquer cette nomination, pour être honnête ! » Personne ne ciblait les rouges, après tout.

L’entendre chanter, ça me met véritablement du baume au cœur. Il a une jolie voix en plus, le bougre. Il y a quelques fausses notes, tout ça, mais c’est l’intention qui compte et il y met clairement tout son cœur. C’est festif, à deux doigts de me faire guincher, me relever et élancer le doigt de haut en bas, de droite à gauche, pour reproduire les mouvements emblématiques du disco. Il marque un point lorsqu’il note à quel point une soirée sur le thème des années 80 ferait un succès. « Une évidence. Tu peux être né n’importe quand, avant la période ou bien après mais tu connais forcément la plupart des titres qui ont connu le succès à l’époque. Le pire, c’est qu’on pourrait tous réciter les paroles par cœur, sans même s’en rendre compte. C’est dingue, quand même ! » Je ne crois pas qu’une autre décennie puisse se targuer d’avoir marqué à ce point les esprits musicalement. On pourrait mentionner les années 90, parce qu’il y a eu du lourd également, mais la puissance demeure légèrement moindre en comparaison avec les années précédentes. « Par contre… Le disco ce n’était pas plutôt dans les années 70 ? À moins que le genre chevauche les deux décennies ! » Je pense toujours à la fièvre du samedi soir pour me repérer, mais peut-être suis-je complètement à côté de la plaque. Ce ne serait pas la première fois. Chanter et danser avec lui ? Je me relève et tapote mes mains, prêt à me frotter à l’exercice. « Très bien. Attaque et je te suis ! » Parce qu’il se doit de fournir le plus gros effort malgré tout, celui de présenter un morceau de chanson qui puisse potentiellement trouver un écho favorable auprès de mes propres références musicales. Pas une mince affaire, mais j’ai confiance en sa culture, encore plus en ses classiques. Nous partageons le même avis sur cette histoire de binômes, une aubaine plus qu’une malédiction à mes yeux. « On s’enferme parfois très vite, pour ne pas dire trop vite avec les histoires d’équipe. C’est bien d’obtenir une sorte de bouffée d’oxygène stratégique en agissant dans l’intérêt de nouveaux coéquipiers, même s’il ne s’agit que d’une petite semaine sur la durée de la saison. » Sans cela, je ne suis pas certain que je me serais rapproché de @Shinta cette semaine, encore trop timide pour aborder les profils qu’il m’est pour l’heure impossible de jauger correctement de là où je me trouve. @Maura, joueuse. « Dans tous les sens du terme. Elle est fantastique quand elle se met à performer aux jeux-vidéo… J’espère qu’elle acceptera qu’on tourne quelques soirées en live tous les deux, sur Twitch, lorsque l’on sortira d’ici. » Il est rare que je puisse rencontrer d’autres streameurs sans avoir à passer par la case compétition… Oui, je sais, On My Block est une compétition, mais pas en termes de jeux-vidéo… Et puis je ne suis pas venu ici pour gagner, je ne considère pas mes camarades comme des adversaires, du coup… Je lui laisse le temps d’allumer sa cigarette avant d’apporter les éléments de réponse dont je dispose au sujet des nominations de @Liam avec qui @Major et moi avons fait une alliance sans même nous consulter. « Je partage ton avis… C’est vraiment très étrange. Je n’arrive pas à expliquer ces nominations. » Nous n’étions pas nombreux à pouvoir désigner les rouges, comment @Selma a-t-elle pu obtenir autant de voix contre elle ? « Je crains le pire, franchement… J’ai l’impression que tout peut arriver ! » C’est le principe même d’une télé-réalité basée sur les rebondissements, cela dit. « T’es qui, en dehors de ces murs ? » Je me décide finalement à l’interroger, curieux d’apprendre à le découvrir davantage, le poto !

Je ne connais personne qui refuserait de participer à une soirée sur le thème des années 80. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a pas plus fédérateur en termes d’ambiance, d’époque et de musique. Je suis persuadé que n’importe quel bougre qui mènerait une étude sur les thématiques récurrentes dans toutes les soirées à thème qui sont organisées à droite et à gauche aux États-Unis – ou ailleurs, plus largement – établirait la même conclusion. Tout le monde est inspiré à sa manière par les années 80. Le plus amusant, c’est d’interroger un maximum de personnes à ce sujet et de réaliser à quel point chacun envisage son appréciation pour la période différemment, à travers des prismes divers, variés, qui s’opposent et interpellent parfois par leur caractère improbable. « Quand tu penses aux années 80, à quoi penses-tu, justement ? » Je l’interroge, prêt à étayer mon propos de la plus concrète des manières. Il devient en quelque sorte mon propre sujet d’étude, mon rat de laboratoire… Le cobaye d’une expérience qui n’est clairement pas dangereuse puisque le seul risque qu’il prend consiste à… Me surprendre ? On a vu nettement plus périlleux entre ces murs, depuis le début de la saison. J’acquiesce, l’esprit occupé à méditer ses paroles, lorsqu’il mentionne les morceaux d’aujourd’hui qui pourraient devenir les étendards de notre époque, demain. « J’ai l’impression qu’il existe une telle densité d’artistes qu’il devient presque impossible de marquer durablement les esprits… Mais… Peut-être qu’une Adèle pourra se faire une place au soleil, dans la durée… Ou une Lady Gaga… On se souviendra surement d’Eminem, même si c’est plutôt du début des années 2000… Arf… Je ne sais pas si ça compte, du coup… » Ce qui est certain, c’est qu’on oubliera tout d’une très large partie des popstars qui cartonnent le temps d’un tube, d’un album si la chance est présente avec elles, puis floppent aussi sec dès qu’elles reviennent avec de nouvelles chansons à proposer… Celles que l’on produit à la hâte, dans l’espoir de reproduire le succès d’une recette qui n’offre jamais deux fois le même rendu. J’ai un éclat de rire, du genre tellement franc qu’il s’échappe naturellement et te fait monter les larmes aux yeux. « Je ne sais pas pourquoi… Mais je t’imagine avec une coupe émo maintenant, limite gothique, à tout donner sur tes mouvements de tecktonik ! » Comme pour illustrer mon propos, je relève les bras et commence à improviser des gestes improbables du quotidien qui, à l’époque, faisaient un tabac dans les boites de nuit. « Et dire que des gens sont parvenus à pécho grâce à cela ! » Je pouffe de rire à nouveau et reprends, curieux… Taquin aussi ! « Tu m’as l’air d’en connaitre un rayon sur les danses à la mode… Es-tu un expert en Gangnam Style, Kuduro et compagnie ? » J’ai abandonné le jour où Jerusalema a explosé partout et que j’ai commencé à vraiment confondre Madison, Kuduro et les nouveaux pas de cette danse… J’étais déjà mal parti dès l’instant où j’entendais la phrase il est bon le rosé au lieu de Ngilondoloze… Forcément, j’étais tout de suite plus tenté d’aller prendre un verre plutôt que de tout donner sur la piste… M’enfin… Je ne danse jamais aussi bien que derrière mon écran d’ordinateur, en chorégraphie de clavier, de souris et de joystick… Tout cela par la simple dextérité de mes doigts ! Battle de danse, il attaque avec un Moonwalk complètement raté sur Thriller mais j’acclame quand même parce que le charisme et l’attitude font tout, littéralement ! « Tu l’auras voulu… » Je le prépare parce que… Non, j’vais être ridicule sur une tentative de jive qui a le mérite de ne pas manquer d’énergie à défaut… DU RESTE. « Tonight I gotta cut loose, footloose. Kick off your Sunday shoes. Please, Louise. Pull me up off my knees» J’ai tout donné, je serais presque déjà épuisé. À la place, je m’écarte en lui faisant signe de la main d’approcher, d’oser aller plus loin encore. Qu’il m’en donne pour ma cagnotte, le bougre. Les stratégies, c’est bien tout ce qui me met en difficulté ces derniers temps. « Je peux te poser une question ? » Nous savons tous les deux que je vais le faire quoiqu’il arrive, parce qu’elle est déjà là, au bord de mes lèvres. « T’es du genre à favoriser l’équipe au-delà de tes affinités ou, à un moment ou un autre, tu prendras la liberté de soutenir tes plus proches alliés quitte à ne pas suivre la direction empruntée par tes coéquipiers ? » J’ai ce problème-là cette semaine, de plus en plus proches de candidats qui n’appartiennent pas à mon équipe alors que mes coéquipiers, eux, ne cessent de m’apparaitre plus éloignés encore de ce que je suis, de ce que j’aime et de ce que nous pourrions potentiellement appeler une bonne entente. « On devrait même te convier, une sorte d’invité spécial. Tu pourras vivre la soirée en live à nos côtés, nous poser des questions, incarner au mieux le spectateur habituel qui, bien que conscient de ce qu’il regarde, a souvent pas mal de trucs à côté desquels il passe parce qu’il n’ose pas formuler ses doutes en direct... On devrait en parler à @Maura, voir si l’idée la séduit. » Je doute fort qu’elle dise non, nous avons souvent discuté de partager quelques parties ensemble, ce serait l’occasion rêvée. « En contrepartie… Si tu as besoin d’un binôme avec lequel partager de folles aventures un jour, fais-moi signe ! » Parce qu’il tient un truc, mine de rien. Faut-il encore qu’il ose se lancer et qu’il prenne conscience de l’or qu’il a potentiellement entre les mains avec un tel concept. Gestionnaire d’un hôtel, de quoi titiller ma curiosité. « Tu en es propriétaire ? »