—@Major

Est-ce que tu avais des choses à cacher ? Non, pas vraiment. Est-ce qu’il y a avait des choses que tu ne racontais pas ? Oui, comme tout le monde. Tu n’aimais pas spécialement évoquer certains sujets, mais il n’y avait rien de suspect à ça. Chacun avait son petit jardin secret dont la clé n’était donnée qu’à de rares privilégiés, de ceux à qui l’on pouvait faire suffisamment confiance pour ne toucher à rien et surtout, n’en cueillir aucune fleur pour en montrer la couleur au monde entier avant qu’elle ne fane et ne meurt.
La question de Major eut cependant de quoi faire naître un doux sourire sur tes lèvres. “Ma mère ? Ça sonne un peu gamin dit comme ça, mais elle nous a tout donné à ma soeur et moi, elle s’est battue tout au long de notre vie pour qu’on ne manque jamais de rien, qu’on soit éduqués et intégrés. Elle a tout fait toute seule dans un pays qui n’était pas le sien, c’est ça qui me motive à essayer de faire de mon mieux pour elle.” C’était un peu pour elle que tu étais venu et même si tu doutais qu’elle approuve ta manière de te conduire, si tu venais à gagner, tu savais déjà ce que tu ferais de l’argent. Et à l’évocation de ton fameux truc, tu hochais du menton. “Vouais, plutôt Berywam alors si tu veux une ref connue, mais c’est l’idée oui” Tu avais clairement une influence plus hip-hop que grands classiques mais tu savais te risquer dans des vocaux purs, même si ta voix chantée était clairement plus accentuée que ta voix de tête, quoique, on t’avait déjà fait l’une ou l’autre fois la remarque ici qu’on percevait ton accent, tu n’avais juste pas compris s’il était question de l’accent français ou perse. En même temps, c’était pas nouveau, t’étais un peu tout et rien à la fois, on te l’avait déjà fait comprendre ici ou ailleurs.
Puis, d’une manière où d’une autre, tu parvins à ruiner l’instant. Toi et ton impulsivité. Tu le voyais se refermer derrière son masque rieur, comme si de rien était, mais tu pouvais la sentir, la soudaine distance entre vous. Tu en ressentirais presque le froid le long de ton dos et plus vicieuse, la déception pointa le bout de son nez alors qu’il s’éloignait. “Désolé, j’aurais pas dû réagir comme ça” soufflais-tu, regrettant d’avoir ouvert ta grande gueule une fois de plus. Et tu ne bougeais pas de ta place, sentant juste ses pas fouler nerveusement le sol. Tu ne savais même pas quoi dire pour arranger la situation. “tu veux annuler pour ce soir ?” finis-tu par demander, franchement tu ne lui en voudrais pas, tu serais déçu, mais ce serait ok.