rédemption

Bientôt une année était passée avant son aventure au sein de cette télé-réalité, maintenant terminé depuis plusieurs mois, Eloïm avait repris le court de sa vie. À quelques différences près… Il avait changé d’éditeur, confirmé publiquement qu’il était le fameux auteur de ses romans graphiques populaires. Sa relation avec @kieve se portait bien, il lui avait même offert un chat. Était-il pleinement heureux ? Il estimait que oui, puisqu’il avait sorti sa tête de l’eau et avançait d’avantage dans la vie.

Assit à une table, Eloïm écoutait son éditeur qui parlait en gesticulant, l’informant que tout serait prêt pour le lancement de son nouveau roman. Fortement inspiré de son aventure, on retrouvait les traits de @beau et @kai dans les personnages principaux. Il avait pourtant hésité, mais sa copine l’avait encouragé, une façon de tourner la page sur cette aventure. Le français n’avait caché à sa belle, pas même la fin qui se voulait improbable. Elle n’avait jamais eu lieu, mais il avait compris ce que les fans attendaient, auraient espérés, mais qui n’avait jamais eu sa place dans sa vie. Trop compliqué selon lui. Et puis, même après plusieurs mois, Eloïm restait persuadé que c’était ce qu’il avait été la meilleure chose à faire. D’une grossièreté sans nom, son éditeur mastiquait tout en parlant, offrant un spectacle disgracieux à l’écrivain qui poussait un soupir. « Demain tu verras, y’aura plein de fans ! Ta dédicace sera un succès. » Manquant toujours un peu de colonne, Eloïm hochait la tête, loin d’être particulièrement emballé par tout ceci. Être sous le feu des projecteurs, il avait connu à sa sortie d’OMB, mais maintenant que ça s’était tassé, il aimait bien la tranquillité de sa petite vie. Poussant sa chaise, il s’excusait prétextant qu’il avait besoin d’aller à la toilette. Au lieu de cela, il sortait dehors, rehaussant le col de son veston pour couvrir son cou et tirait d’une poche son paquet de clope. Un cœur mal en point et lui qui ne trouvait toujours pas la force d’arrêter. Il s’évadait jusqu’à la ruelle donnant sur l’arrière du restaurant. Glissant sa clope entre ses lèvres, il faisait barrière avec sa main pour allumer celle-ci, relevant son regard à temps pour croiser le visage qui continuait à hanter ses rêves. « Kai ! Mais qu’est-ce que tu fais dans le coin ? » Pas très futfut le mec… mais on repassera. L’étonnement de voir le jeune homme lui fit oublier tout ce qu’il avait pu suivre après son départ de la série. Il lui adressait un sourire aussi chaleureux qu’il l’avait toujours été en sa présence. « Tu bosses dans le coin ? T’es en visite ? » s’emballait-il alors qu’il était réellement content de le revoir.

@Eloïm

Tu n'aurais jamais pensé le revoir un jour. J'habite ici. Cette réponse qui va droit au but, cette question que tu ne lui retournes pas. Tu n'aurais jamais pensé le revoir un jour, en chair et en os. Tu le vois tous les jours. Ses interviews un peu partout, son visage à l'arrière des romans que tu t'es procuré. Son image gravée là-bas tout au fond. Tes arrières-arrières-pensées. Il continue de t'interroger avec une familiarité dont l'audace n'a pour égal que sa chaleur humaine. Tu pointes du doigt le restaurant sur le trottoir d'en face. "Le Fruit Défendu" dénote dans le paysage. Un appel à l'on ne saurait trop quoi. T'aurais jamais pensé le revoir un jour, en chair et en os alors que tu t'apprêtais à mettre les chairs à vif. Viens. Tu ordonnes doucement de cette voix sans émotion aucune tandis que l'importance de l'invitation, elle, n'a pour égale que le violence des battements dans ta poitrine. T'amènes le fruit de ton obsession vers ton panier. Il ne reste qu'à savoir qui sera croqué.

New York. Cette ville immense où croiser une personne par pure hasard relevait du miracle plus que du destin. Clope au bec, Eloïm ne s’attendait pas à tomber sur @kai, et cela au beau milieu d’un trottoir proche d’une ruelle un peu glauque. Non, il ne s’y attendait pas et son cœur lui faisait bien comprendre. La mélodie prenait un rythme endiablé, l’obligeant à inspirer par le nez pour tenter de calmer cette frénésie. Il habitait ici. « Oh ! Je pensais que tu vivais encore avec Salem et Beau, ça fait longtemps que t’es rendu ici ? » Honteusement, il n’avait pas suivit avec assiduité l’après show, son parcours restant vague. Il s’infligeait cela dans le seul but de panser ses maux, de chasser ses battements qui ébranlaient son myocarde. Il avait besoin de temps, temps pour oublier, temps pour que tout cela ne soit qu’un doux souvenir et non un amer regret. Kai hantait encore ses songes, une silhouette comme la sienne et Elo se mettait aux aguets. Le calédonien coulait dans ses veines, hantait sa peau, consumait ses désirs les plus inavouables. Cet ordre. L’écrivain ne cachait pas son étonnement, haussant les sourcils avant de tourner la tête vers l’endroit d’où il était venu. Viens. Ce simple mot qui hérissait les cheveux sur sa nuque. Cette tonalité qui lui donnait envie de le suivre au bout du monde. Mais la raison, elle lui riait au nez. @kieve. Brune qui apparaissait à son esprit à cet instant. Ils étaient libres, un couple qui ne s’enlisait pas dans la conformité d’une société monogame. Elle suivrait @elvis s’il lui disait la même chose ? N’est-ce pas ? Il tentait de se convaincre, fort, c’est ce qu’il aurait dû être. « Attends. » disait-il en sortant son portable de sa poche. Il glissait rapidement sa clope entre ses lèvres, pianotant avec vivacité sur le clavier tactile. Un message pour dire qu’il ne se sentait pas bien finalement et qu’il rentrait à sa chambre d’hôtel. Pourquoi mentir ? Parce qu’Eloïm savait qu’il n’aurait pas dû dire : « C’est bon. » Posant son regard sur le scorpion, laissant ses orbes rouler sur sa peau au parfum des tropiques. Il lui avait manqué. « On va où ? » demandait-il en pressant le pas pour le suivre.

@eloïm

Il est naturellement surpris par ta réponse. T’arrachant un fin rictus que certains pourraient se plaire à appeler un sourire. Ils ont eu besoin de leur intimité et moi aussi. T'es aussi attaché qu'effrayé par le lien qui t'unis à tes deux Vipères. L'impression d'un côté que c'est le destin qui vous a amené à vous rencontrer, là-bas. Comme une escale pertinente sur ton chemin vers le deuil. C'est la peur, elle-aussi, de beaucoup trop t'attacher, de pas vouloir chérir un truc qu'on pourrait t'attacher. Ah ce foutu lien. Aussi saint que malsain. Tu plantes ton regard dans le sien et tu te mets à épier ses pensées. Ses émotions. Les murmures distants que t'entends pourtant comme s'il s'agissaient des tiens. Tu lances l'invitation sans attendre de refus de sa part. Tu te stoppes néanmoins que sa voix se fait entendre. Ton cœur aussi. L'hypothèse du rejet te glace sur place. Tu saurais pas trop dire combien de temps s'écoule avant qu'il ne reprenne la parole à nouveau. Tu respires. En apparence ta superbe ne t'a jamais quitté, la glace demeure toujours sculptée. Tu ne réponds pas à sa question, tu t'assures simplement qu'il suit tes pas jusqu'à ce que vous arriviez au restaurant. Une porte se dresse à l'arrière et vous y pénétrez. Le noir complet, jusqu'à ce que tes doigts trouvent l'interrupteur dévoilant les cuisines de ton établissement. Bienvenue de l'autre côté.

Une réponse qui allait de soit, limpide et naturelle, celle qui fit sourire l’écrivain sans une once de jugement. C’était compréhensible, les chemins se tarissant face à la vie ne voulait pas dire que le lien disparaissait pour autant. Et pourtant, Eloïm ressentait un doux plaisir à le savoir là prenant son envol, se libérant des cerceaux écaillés. @kai semblait avoir changé sous son regard, le même petit miroir de glace, à la différence qu’il s’épanouissait. Ne pouvant décrire ce changement, il le ressentait néanmoins en croisant ces billes qui le subjuguaient encore. Au plus profond de lui-même, Eloïm savait que la raison qui l’avait poussé à se laisser tomber sous le charme de Kieve résidait dans ce changement qui évoluait en l’homme qui se trouvait devant lui. Aimer n’est pas qu’une sensation égoïste, mais plutôt le résultat de quelque chose plus grand et plus fort. Sa maladie planant au-dessus de sa tête le privait d’une réelle joie, d’un sentiment aussi puissant qu’il avait connu près du cuisinier. L’ordre donné comme quelques mois plus tôt, qui le faisait sourire un peu plus. Il aurait dû partir, tourner les talons et prétexter une excuse simplement pour fuir le plus loin possible. Loin de cet être qui animait en lui une myriade d’émotions qu’il n’avait jamais pu contrôler. Fuir parce qu’il ne voulait pas blesser celle avec qui il était. Juste s’éloigner. D’un pas. Un seul petit pas. Un combat impossible alors que chaque fibre de son corps ne désirait qu’une chose, ressentir la douceur de sa peau sous la courbe de ses doigts, laisser son parfum musqué éveillé chacun de ses sens. Il se sentirait presque coupable s’il n’était pas dans une relation libre, mais la faille était là, narguant le Niçois qui se savait faible. Un sms et il suivait son ancien camarade. Pas un mot ne quittait ses lèvres alors qu’il marchait à un ou deux pas derrière, laissant son cerveau bouillonner d’idées impensables. Kai n’avait plus voulu de lui, pourquoi tout cela aurait-il changé ? C’était lui l’idiot qui avait cru… Ne se laissant pas prendre dans ce tourbillon d’idées incongrues, Eloïm affichait l’émerveillement lorsque la lumière s’ouvrît. « Eh bien… » C’était une cuisine. « Tu venais bosser ? Non parce que si c’est ça, je veux pas te déranger. Je ferais que traîner dans vos pattes… » Ses mots moururent sur ses lèvres en croisant le regard de son ancien amant, il bafouilla. « … tu m’as manqué. » Des mots venus sans qu’il ne réfléchisse, des mots ou n’auraient pas dû être dit ainsi. Lourds sur sa langue et libérateurs à la fois. Si un léger rose maquillait ses joues, son regard lui brûlait derrière le verre de ses lunettes.

@eloïm

Il te suit de bon gré. T'es un peu fasciné par son apparente insouciance, sa capacité à suivre le mouvement, tes pas, sans savoir se demander si tu l'emmènes pas vers l'abattoir. Un regard, une tentative de te montrer rassurant alors que vous rejoignez l'autre trottoir. Un autre regard qu'il peut sûrement pas voir une fois engouffrés dans la pénombre de l'établissement. Et la lumière fût. Déjà, ses mots t'indiquent qu'il pense à s'enfuir. Je sais pas pour l'américain de base, mais personnellement je donne pas volontairement aux gens la possibilité de me déranger. Ton regard verrouillé dans le sien alors que le simple sarcasme te provoque cette torsion synonyme d'un sentiment de vulnérabilité. T'es de ceux qui en disent peu. Pourquoi donc te sentir comme si t'en avais trop dit ? C'est comme se mettre à nu en tirant son chapeau. C'est bien bien léger encore, en comparaison à l'entente de ces trois mots. Les tambours reprennent, là, à l'intérieur. Partout. T'as envie de lui offrir une réciprocité. Tu le ferais, si ce n'était pour le souvenir du moment où lui il t'a volé. Tu saurais l'oublier même si le voulais. Comment tu pourrais ? Quand l'objet dérobé ne cesse de se faire entendre. T'es de ceux qui en disent peu. Alors, soudainement, tu l'attires contre toi. Tu dévores la bouche responsable de ces fameux maux. Tu le plaques contre la porte avec plus de délicatesse qu'escompté. Tu quitte sa bouche pour sonder son regard, à la recherche du moindre mensonge. La moindre faille pour empêcher que tu défailles. T'en trouves pas. Tu vois que ton reflet dans ses pupilles et ton univers autour. Tu m'as manqué. Tu souffles.

Obsession qui se manifestait dans le désir, celui de simplement partager un moment, un infime instant en compagnie de celui qui hantait son esprit. Un écart, une conduite dangereuse pour celui qui pouvait faiblir. Eloïm se savait faible, terriblement, mais il avait assez confiance en l’homme qu’il suivait pour retrouver la droiture de son chemin. La route prenait fin lorsque la lumière inondait ses prunelles claires. La découverte du sanctuaire de celui qui se trouvait près de lui. Un regard, discret, mais brûlant. Ces prunelles léchants la base de cette nuque ras. Une répartie comme dans son souvenir. « Euh. » fut le simple son que le bouclé arriva à prononcer, incertitude au creux de ses propos. La raison qui se moquait, lui faisant signe de fuir, fuir ce lieu où la tentation animerait chacun de ses mouvements. Il captait ces billes de jades, un mystère doux et inquiétant à la fois. Un sentiment qui l’amenait à dévoiler ce qu’il se refusait à dire en d’autres temps. Mensonges éhontés que de dire qu’il aurait tourné la page. Torture d’admettre qu’il ne pensait plus à lui pour camoufler ses fantasmes. Les hommes sont masqués de son visage lorsqu’ils caressent son échine, il le désirait encore et encore, laissant ses rêves le tourmenter d’une chose qu’il n’aurait plus jamais. Les mots vibraient encore sur sa langue lorsque @kai approcha. Distance de la torture, supplices cachés sous le fleuret de l’air battant pour lui donner des idées qu’il coucherait une fois encore sur le papier, laissant le plomb caresser le grain de ces courbes hantant son esprit. Ça devrait prendre fin ainsi et pourtant, la valse ne faisait que laisser entendre les premières notes. Attiré vers sa kryptonite, leurs lèvres trouvant le salue de leur myocarde, Eloïm laissait un soupir mourir contre les pulpeuses de cet ancien amant. Délivrance sous la tutelle d’un esprit malin. Une bousculade, le bois étreignant son dos alors que ses doigts traçaient le chemin de cette délivrance. Pourquoi ? Pourquoi se laissait-il guider sur cette route ? Arrivé à un croisement, leurs lèvres se distançant pour laisser leurs regards se communiquer des mots qui finir par se faire entendre. Échos de ceux qu’il venait d’employer, résonance à son esprit et idiotie qui se frayait un chemin pour répondre à ces mots. « Je suis toujours avec Kieve. » Douloureux, pour eux, pour lui-même qui se sent prisonnier de son propre corps. « Mais… mais elle n’a jamais pu te remplacer. » Couteau tranchant qui dévoilait son nouveau secret, déchirement car il sait au plus profond de lui que l’homme le quittera à nouveau comme dans cette chambre où tout avait prit fin. Lui l’abandonnant avant de le repousser encore et encore pour le convaincre qu’avec lui aucune histoire ne serait possible. Ses doigts venaient caresser cette joue aux traits qu’il gardait en mémoire. Désolé de ramener la réalité à eux, mais cette fois, il ne le briserait pas, cette fois il savait qu’il ne pouvait être l’homme qui lui donnerait du bonheur, car bien que sonore son cœur restait malade. Malade de cette maladie, trop faible pour survivre, mais appartenant entièrement à celui qui se trouvait devant lui. Son nom secrètement butiné dans la chair, il ne pourrait l’oublier avant de laisser son dernier souffle sur terre, mais lui, lui il avait la chance de pouvoir repartir sur un chemin où il trouverait à qui donner ce cœur loin d’être aussi glacial qu’il le laissait entrevoir. Eloïm n’était que l’escale de Kai, alors que pour lui, il était la fin de son chemin.

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