@Safia

Elle sait pas quelle heure il est, il fait encore noir à l'extérieur de la tente. Si la veille, Kendall avait dormi sans complication, c'était pas vraiment le cas de cette nuit là. Après deux-trois heures entrecouper par des réveils difficiles, elle finit par abandonner l'idée et de sortir de la tente en silence. « Bonjour » qu'elle glisse, la voix éraillée à @Safia qui est en train de veiller sur le feu de camp, surement guidée elle aussi par l'insomnie. Elle s'installe à un mètre d'elle, lançant avec flegme quelques brindilles dans le feu qui se reflète dans ses yeux. « Comment elle va @Frida ? » Elle sait bien qu'elle lui a déjà demandé la rousse et qu'elle se parle tout le temps mais elle sait pas, peut-être que partager la tente avec @Safia, ça lui a délié la langue sur certaines choses qu'elle ne lui aurait pas dit à elle. Elle l'apprécie beaucoup la candidate, au fond elle s'inquiète pour elle. Kendall elle sait que sa coéquipière, elle est pas si forte qu'elle le laisse paraître. Si la rousse à la fois volcanique et glaciale a carrément les épaules pour être détestée, elle n'est pas certaine que ce soit vraiment le cas pour sa camarade, plus sensible qu'il n'y parait. « Veille bien sur elle cette semaine » qu'elle glisse, ses mots se perdant dans l'air avec légèreté. Elle s'en fait pas pour ça néanmoins. Elle a beau ne pas proche de la candidate, elle peut pas nier qu'elle dégage une belle aura, douce, qui rassure.

« Bonjour. » Elle a beau dormir plus sereinement, les vieilles habitudes sont dures à abdiquer et elle se retrouve facilement debout dès l'aube, surprise de trouver la rousse déjà éveillée ce matin. Plus encore au vu de la question sur Frida. « Bien. Je pense. » Il était parfois difficile de dire avec la jeune femme mais à priori, elle s'en sortait comme une championne à défaut d'un poisson dans l'eau. Mais elle n'apprendrait rien à @Kendall en lui disant que @Frida était beaucoup plus dure qu'elle n'y paraissait. Tout comme elle était bien plus douce. Un mélange étonnant qui devait facilement faire échos en Kendall, qu'elle voyait de la même façon. L'âme écorchée masquée par des murs de béton. « Promis. » Elle répond, l'air plus sérieux que nécessaire mais c'était quelque chose qu'elle comptait faire de toute façon. « Félicitations pour les secrets, c'était impressionnant. » Et pas qu'un peu, trouvait Safia. Elle était particulièrement heureuse pour la rousse, de trouver la reconnaissance qui aurait facilement du être la sienne dès le départ. Comme Frida, elle était rapidement mit de côté dans une catégorie qui ne lui appartenait pas. Elle était passée de la tentatrice à la candidate à faire tomber. C'était dangereux mais Safia n'avait aucun doute quant à sa capacité de tenir la couronne avec aise. « Est-ce que tout va bien? » Elle demande finalement, tirant les manches de son pull sur ses mains, la brise moins clémente dans l'obscurité matinale.

Comme attendu d'elle, @Safia lui promet de bien prendre soin de @Frida et pour le coup, elle lui donne sa confiance à 100%. Elle a pas hérité de tout ses awards pour rien la trentenaire. Elle la voit un peu comme la force tranquille, inébranlable à sa manière. « Merci » qu'elle lâche de la plus simple des façon. Pourtant au fond, ça la touche peut-être bien plus qu'il n'y parait. Parce que Safia, c'était l'une des seule à l'avoir féliciter sur son jeu lorsqu'elle avait trouvé un secret et qui continue de le faire. Peut-être qu'elle est un peu piquée par la mauvaise foi de certains, elle le reconnait. Du moins dans sa tête parce que de l'extérieur, elle a cette apparence de fille au dessus, qui n'a clairement que faire de ce qu'ils peuvent bien faire et de leur félicitation. Il était évident que la différence était notable entre la révélation du secret que Safia a trouvé et la révélation du secret que Kendall a trouvé. « Impressionnant, j'aurais plutôt dis attendu » qu'elle finit par dire en esquissant ce petit sourire bien trop confiant. C'est peut-être pour ça aussi, qu'on veut pas forcément encourager la rousse. Elle a l'air trop sure d'elle que ça en devient détestable, ça peut se comprendre. A vrai dire, elle s'était attaquée à un secret facile Kendall, loin d'être personnelle comme celui de Gemma qu'elle a découvert alors impressionnant, elle n'aurait pas dit ça comme ça. « Ca te fait quoi d'ailleurs qu'@Alix soit mêlée à cette septième équipe ? » qu'elle demande avec ce regard sans expression qui se fixe sur elle. C'est toujours risqué de se confier à Kendall, la candidate doit le savoir désormais. Parce qu'elle a du vice, parce qu'elle peut tout utiliser, déformer à sa guise et l'utiliser contre soi. Certains s'y sont risqués et ont perdu. D'autres y ont échappé, comme @Paola par exemple dont elle avait tenu secret les souhaits avant qu'ils sont divulgués en plein prime. C'est un peu comme la roulette russe, y a a pas vraiment de facteur qui peut vraiment déterminer si sa question, elle a un but précis ou si elle s'intéresse juste à elle.

Pas de sourire satisfait, pas de grandes déclarations de perfection, juste ce merci lâché tristement. Ça l'inquiète à Safia, pas l'absence d'effusion mais l'absence d'enthousiasme. « Ne fais pas ça. » Elle tourne la tête pour l'observer, attend que @Kendall en fasse de même. « Ne minimise pas tes accomplissements comme ça. C'était impressionnant. » Elle répète, un peu plus fermement. Elle ne peut pas obliger la jeune femme à voir les choses telles qu'elles étaient mais elle pouvait lui répéter, encore et encore s'il le fallait. Il n'y avait pas beaucoup de choses qui l’agaçait plus qu'une femme descendant une autre femme pour ses succès. Elles avaient déjà bien assez de ça venant des hommes. Non, elles devaient s'entraider, se serrer la main, féliciter les succès et réconforter les défaites. « Je suis fière de toi, c'était une sacrée trouvaille. » Elle a le sourire entier Safia, sincère. Toujours féliciter les accomplissements, toujours. Et ça lui été totalement passé au dessus de la tête cette histoire. Non pas qu'elle soit infaillible ou une mesure de comparaison mais pour elle la trouvaille était importante. Bien sur, cela secoue l'histoire avec Alix et elle a un soupir pour réponse principale. « Ça me fait moins que tu imagines. » Vu la question, elle devait s'attendre à un monologue empli de trahison et de sentiments blessés. Bien évidemment, ça l'avait remué. Et bien évidemment cela changeait certaines choses. C'était plus une histoire de confiance qu'autre chose. « Vous recrutez chez les jaunes, parce que j'aimerais bien revenir. » Elle n'a aucun remord sur le changement de sujet, n'ayant que peu de volonté de s'ouvrir sur ses sentiments avec @Kendall. Peut-être un jour mais le doute était présent.

Ne fais pas ça. Instinctivement malgré l'absence d'expression sur son visage de poupée, elle se tourne vers elle pour lui poser son regard interrogateur sur elle, qui trouve vite le chemin du sien. Ne fait pas quoi, semble demander ses yeux. Ne minimise pas tes accomplissements comme ça. C'était impressionnant. Elle a un moment d'hésitation la rousse, parce qu'être sous contrôle constamment, ça laisse des séquelles. Mais elle sait pas, y a ce truc inexplicable chez @Safia qui la rassure. Comme quand la maison était plongée dans le noir et qu'elle se laissait aller plus facilement. Oui, le noir d'une certaine manière était confortable pour Kendall. Y a finalement ce sourire, pas le plus grand ni le plus joyeux, mais en tout cas sincère qui étire ses lippes. Ce sourire qui avait été retenu lors des révélations et n'avait pas pu sortir comme il se doit et qui s'agrandit un peu plus quand elle voit celui de la trentenaire. « Je... suis fière, j'ai trouvé » qu'elle finit par céder, la voix assurée, le ton doux et le sourire intacte alors qu'elle jette une nouvelle brindille dans le feu. Elle ne crie pas Kendall, parce que c'est pas son genre. Et malgré la retenue apparente, elle s'était délestée d'un poids, d'une satisfaction qu'elle assumait pleinement devant la candidate. C'était si facile devant Safia, pourtant si peu proche d'elle... parce qu'elle savait que rien ne serait répété, qu'elle n'aurait pas ce regard qui juge, qu'elle garderait tout ce qu'elle verrait comme un secret. C'était pas comme ce que dégageait Kendall, clairement. Et elle comprend carrément que de son côté, elle n'ose pas en dire plus. A sa place, elle ferait la même chose. Loin d'être vexée, plutôt amusée. « Tu serais le bienvenue » Ah ça, elle n'a pas idée à quel point même. Disons qu'être deux semaines d'affilés dernière, elle commence à mal le vivre la rousse qui a pourtant la hargne. Puis y a ses conflits internes qui arrangent rien. Elles ont clairement pas la même vision du jeu dans l'équipe et ça cause forcément une séparation. En plus de ça, même le public le dit, que c'est l'équipe la plus en danger. Franchement y a vraiment rien qui va. Safia, ce serait clairement un atout pour elles. « Si t'as pas peur qu'on t'élimine avec Frida. » qu'elle lâche avec ce sérieux indifférent, qui laisse place tout de même à un petit sourire en coin. De toute façon, c'est pas comme si elle craignait grand chose Safia, vu les scores qu'elle a eu le prime dernier. « Tu te rappelles la première semaine ? » Elle entend évidemment leur premier vrai échange dans la cuisine. En y repensant, elle se sent presque ridicule la rousse, d'avoir pu dire qu'elle était niaise. Clairement, son jugement avait bien été biaisé. « Je sais pas trop ce que j'avais bu ce jour-là pour dire que t'étais niaise. » qu'elle ajoute avec un rire contrôlé. Elle avait rien bu malheureusement.

Elle y arrive à faire la différence, à pénétrer l'armure d'acier autour de @Kendall. Elle arrive à la toucher, à se faire entendre et le soulagement se mêle à la fierté. Pour avoir réussi, un peu mais surtout pour avoir soulever Kendall, pour l'avoir fait réaliser que c'était important, qu'elle était importante. Cette semaine, tous les buzzs passaient inaperçus, presque noyés dans la masse. Et c'était dommage, elle n'avait pas trouvé un secret Kendall mais trois. Elle avait dénoncé cette dernière équipe, ce système qui jouait contre eux depuis le début. Il y avait de quoi être fière. Et il a rien d'inoubliable son sourire à Kendall, il ne promet pas monts et merveilles mais il est parfait. Il est juste pour elle, juste pour son accomplissement et c'est celui qu'elle préfère sur le visage de la beauté tentatrice. Elle n'ajoute rien, parce que tout a été dit à ce moment là, l'instant scellé entre elles. « Si jamais tu pouvais voir ça avec le propriétaire, il vous aime bien avec Frida. » L'humour est présent dans son ton mais elle est totalement sérieuse. Elle s'identifiait beaucoup plus facilement au jeu de Kendall et Frida que de celui de Dylan et Zach. Elle n'avait pas vraiment suivit le problème entre le duo infernal et leur troisième camarade mais ça pouvait surement s'arranger. Maintenant qu'il n'y avait plus cette dernière équipe, elle avait peur que les changements soient terminés et que le jeu final allait commencer, les alliances débuter et elle n'était pas rassurée. Loin de là. « Tu n'es pas la seule a avoir voté contre. » Elle rappelle pour simple réponse. Après tout elle n'allait pas jeter la pierre. Et jusqu'à présent, elle n'avait pas l'impression que les filles voteraient contre elle. Le vent tournait rapidement au sein de l'émission mais pour le moment ce n'était pas la première inquiétude. Son rire se mêle à celui de la rousse aux souvenirs de leur première réelle rencontre. « J'ai trouvé ça très drôle personnellement. » Encore aujourd'hui, le souvenir en lui même lui donnait le sourire. « Si ça peut te rassurer je fais rarement bonne impression de prime abord. » Comme Hayden l'avait dit, elle avait l'air froide Safia, contrôlée, hautaine. C'était ce qu'elle avait tendance à exsuder lors de premières rencontres, les suivantes parfois. Au moins elle avait prouvé que ce n'était rien d'autre qu'une projection, qu'une protection. « Tu sais que mis à part ton métier je ne sais rien de toi? » Elle le savait probablement, on ne pouvait pas dire qu'elles avaient l'habitude de se retrouver dans un coin pour partager leurs vies. « Si tu devais jeter une chose au feu, expier un pêché, lequel ce serait? » Elle murmure presque Safia, le moment qu'elle veut garder entre elles. « Donnant donnant, bien évidemment. » Il fallait donner pour recevoir et elle s'engageait à répondre à une question de son choix en retour.

« Il aime bien nous faire souffrir plutôt » qu'elle nuance avec ce ton doux-amer. Elle s'en fout au fond Kendall, il lui en faudra plus pour la terrasser. Certes, elle ne s'attendait clairement pas à ce genre d'expérience en signant au départ, ce qui équivaut à des plaintes en réaction à chaud mais elle baissera pas les bras pour si peu. Quand elle lui rappelle cette première discussion au début de l'aventure, y a ce rire naturel, pas hilare, mais complice qui se communique entre elles. Elle est pas du genre à rire comme ça, surtout pas avec @Safia et pourtant la voila à 4h du matin devant le feu de camp à le faire. Pour être très honnête, les conditions jouent beaucoup. La rousse, elle est fragilisée malgré tout par le manque de sommeil, par le manque d'eau chaude, de confort. Y a ce manque d'énergie flagrant qui apparaît, qui la rend plus docile et douce qu'à l'accoutumé. Est-ce qu'au fond, c'était pas une bonne chose pour elle, cette expérience ? Etre plus vulnérable, est-ce que c'est une si mauvaise chose ? Quand elle rigole comme ça avec Safia là tout de suite, elle est juste bien, apaisée. « Oh god » qu'elle lâche avec ce sourire fatigué qui teint ses lèvres, alors que sa tête sort de ses genoux recroquevillées et qu'elle passe ses mains sur son visage pour remettre ses cheveux en arrière, presque honteuse d'y repenser. « C'est pas vraiment que tu m'avais fait mauvaise impression... » qu'elle glisse, son regard faisant de même, sur un ton plus sérieux. « Je crois que j'avais surtout envie de t'énerver » elle avoue finalement avec détachement. Parce que Safia, c'est le genre de fille parfaite, à qui on ne peut rien reprocher parce qu'elle est tout le temps neutre, qu'elle est tout le temps de bon conseil, dans la compréhension. C'est vraiment chiant. « y a pas grand monde qui sait quelque chose sur moi, si ça peut te rassurer » Et elle est pas en train de se plaindre Kendall, ça lui va très bien comme ça. Mais comme y a un bon mood entre elles, elle est prête à jouer le jeu des révélations. Elle réfléchit Kendall, au plus gros pêché qu'elle ait pu faire, à qui elle a pu faire le plus de mal dans sa vie. « Je suppose que je devrais parler du plus gros cœur que j'ai brisé » qu'elle commence, cette absence de sentiment présente alors qu'elle est en plein dedans pourtant. Elle en a brisé des coeurs, mais un en particulier de toute les manières possibles dans cette relation hyper toxic, aussi bien pour lui que pour elle. « Mais la vérité c'est que je me sens pas si coupable que ça... Je crois que c'est parce que je l'ai jamais eu moi, le cœur brisé » L'être humain il est égoïste, c'est dans sa nature. Elle peut pas ressentir de la compassion, la vraie, pour quelque chose qu'elle n'a jamais ressenti. La feindre éventuellement. Elle doit en décevoir des téléspectateurs, qui s'imaginait déjà que son armure venait d'un amour qui a mal tourné. Mais non. « Comment t'étais dix années en arrière ? » Elle l'admet à elle-même, Safia elle est impressionnante, presque intimidante. Et si elle le reconnait aisément, elle se dit aussi que ses dix années qui les sépare ça joue beaucoup. En dix ans, y a tellement de choses qui se passent. Pour sur que la Kendall de 34 ans ne serait pas aussi impressionnée.

« Je pense que sadique était un prérequis du rôle oui. » Riche, vaniteux sadique cherche une vingtaine d'agneaux a torturer pour une expérience inoubliable. Et ils avaient tous couru, pour des raisons différentes qui leur était propre. Elle n'osait imaginer les raisons qui pousseraient quelqu'un a quitter son pays pour tenter une aventure dans un nouvel environnement mais au final il y en avait plus d'un. Et cela serait d'autant plus pour la saison deux, celle ci promettant de faire fureur au vu des événements passés. « Comment est-ce que tu crois que tu as été catégorisé à l'extérieur, par les spectateurs? » Ils rentraient tous dans leurs petites boites, au final. Quelques traits de leurs personnalités exagérés au maximum, déformés jusqu'à les montrer comme ils le voulaient et non comme ils l'étaient. Le prix à payer. Sa première impression de @Kendalln'était pas favorable, la deuxième lors de leur rencontre un peu plus. « Pourquoi? » Ce n'était pas si difficile de l'énerver de manière générale, ce qui l'était se trouvait d'en tirer une réaction. Et pour le moment seul Dylan pouvait s'en vanter, si tant est que ce soit quelque chose dont il soit fier. « Ça m'inquiète plus qu'autre chose. » Elle rétorque sans y penser. Ils en sont à quoi, un mois d'aventure? C'est un peu triste que personne ne connaisse rien de la sulfureuse candidate. « Je serais ravie d'en apprendre plus sur toi. » Elle offre sans arrière pensée aucune, sans besoin de voir sa perche attrapée. Elle imagine qu'elle n'est pas la première à poser la question, a vouloir plonger sous la surface et doute que ce sera à elle qu'elle s'ouvrira finalement mais préfère proposer. « Si c'est ton plus grand péché, considère toi expiée. » Et chanceuse, oh tellement chanceuse. « Parce que tu n'as jamais été amoureuse ou parce que tu es partie avant d'en avoir l'occasion? » Il y avait une réelle différence, une qui avait toute son importance. Le crépitement du feu est leur seul accompagnement pendant près d'une minute, Safia un peu soufflée par la question inattendue. « Il y a dix ans. » Elle souffle, surprise évidente. Et elle a besoin d'y réfléchir l'américaine, prend le temps de trier ses souvenirs, de replonger dix ans en arrière. « Vingt-quatre ans. J'étais idéaliste. » Ce qui n'avait pas vraiment changé au final, l'idée teintée de cruelle réalité. « Têtue. » Rien de nouveau sous le soleil. « J'étais dans une mauvaise relation. » Un de ses plus grands regrets, avec le recul. « J'étais prête à tout pour prouver que j'étais un bon élément. Que je méritais d'être là où j'étais. » Elle s'était mise en danger plus d'une fois pour ce faire. Elle avait travaillé si dur pour en arriver là et enfin y arriver n'avait rien changé à sa volonté d'être le meilleur agent possible. « J'étais plus ou moins la même, l'expérience en moins. » Elle n'avait pas beaucoup changé Safia, plus posée, plus endommagée. « Je dormais mieux. » Les cauchemars moins présents, les ombres moins envahissantes. « Et toi, tu étais comment il y a quinze ans? » Elle pousse l'âge pour cibler davantage l'enfance de la rousse que son adolescence. « Mais surtout tu où aimerais tu être dans dix ans? » Elle avait le présent Safia mais elle voulait le reste, le passé, le futur, elle en voulait plus.

Comment est-ce que tu crois que tu as été catégorisé à l'extérieur, par les spectateurs? Elle est intéressante la question de @Safia. Il doit y avoir un peu de déformation professionnelle là-dedans forcément. Et même si elle est consciente de ça, c'est pas pour autant que la rousse ne va pas risquer à s'y répondre. « La fille vicieuse, prête à tout, parce qu'elle est sans cœur » qu'elle fait assez détachée une nouvelle fois, l'air je m'en foutiste. Elle trompe personne la rousse du moins plus après un mois d'aventure. Ce détachement, elle n'a pas tant que ça. Ces avis, elle ne s'en fout pas tant que ça. Et si elle tient à garder cette air, c'est juste parce qu'elle est quand même consciente qu'elle agace consciemment et qu'elle mérite un retour de bâton. D'ailleurs elle lui avoue à la verte, qu'elle voulait l'énerver. « Je sais pas, c'est ce que je fais, j'énerve » qu'elle lâche en haussant les épaules, toujours avec ce même ton un peu vide. « Et toi, tu penses qu'ils te catégorisent comment ? » Elle doit l'admettre, elle est curieuse de voir la capacité de Safia à s'auto-juger en action. Cette dernière, elle lui lance qu'elle serait la pour en apprendre plus, si l'envie lui en prenait, comme une bouée de sauvetage qu'elle lance subtilement. Peut-être que ça lui fait plaisir à la rousse, cette petite attention. Peut-être aussi qu'il est quatre heure du matin et qu'elle s'imagine juste une fragilité du à la fatigue. Rendez-lui son eau chaude, son matelas, son confort... Elle reprendra du poil de la bête. Mais en attendant, qu'elle en profite parce qu'elle réussit à la faire parler sur des sujets dont elle a même pas parlé avec ses plus proches affinités ici.   « Donc tu crois pas qu'on peut être amoureuse, et s'en défaire ? » qu'elle pense comprendre face aux deux propositions qu'elle propose. Parce qu'elle a l'impression justement, que c'est cette troisième solution qui lui correspond. « Je pense que j'ai déjà été amoureuse, dans un instant t, dans un instant sincère... Et qu'un instant plus tard, je l'étais plus et que ça efface pas cette sincérité » C'est comme ça qu'elle voit les choses la rousse. Encore une fois, c'est d'une logique brute, c'est dénué de tout sens sentimental, qui fait pourtant toute l'intensité que l'amour peut engendrer. C'est connu pourtant, que l'amour n'a aucune règle, qu'il peut être irrationnel. Que le coeur, il peut avoir ses raisons que la raison ignore. Pas pour elle. A moins qu'elle se voile toujours la face ? C'est au tour de Safia de se confier sur la personne qu'elle était il y a dix ans. Elle lui rappelle qu'elle était agent, qu'elle était à ses débuts. C'est drôle quand elle dit qu'elle était prête à tout pour montrer qu'elle était la meilleure. Enfin, peut-être pas la meilleure pour elle. Mais elle se reconnait la rousse à ce moment-là, bien que les raisons, elles soient complètement différentes. Comment elle était il y a quinze ans ? Donc a dix ans... « Malicieuse » qui s'est transformée en vicieuse. « Réfléchie » Malgré son caractère qui peut paraître de feu parfois, ça n'avait pas changé non plus. « Réservée » Ça peut plus étonnée. « J'étais la petite fille modèle, et l'unique en plus. J'étais aimée, j'étais gâtée. J'étais aussi remise sur le bon chemin en cas de caprice mais j'en ai jamais vraiment eu besoin parce que même à l'époque, j'étais déjà consciente de la valeur matérielle. » Mais pas de la valeur sentimentale. Et où elle aimerait être dans 10 ans ? « Je... aiguille-moi, dis-moi toi où tu aimerais être dans 10 ans » qu'elle demande, le regard songeur à la belle.

C'était loin d'être une appréciation positive. Même avec un point de vue objectif ça semblait un peu dur et elle espérait que la rousse n'en était pas à ce point dans les esprits. Une vicieuse sans cœur qui énerve, ce n'était pas des plus glorieux. La question revient vers elle, et Safia prend le temps d'y penser, toujours moins à l'aise de ce côté de la situation. « Il en faut plus pour m'énerver.  » Elle répond pour la simple raison de gagner un peu de temps. Mis à part Dylan, personne n'avait réussi, ou vraiment essayé de l'amener à ce stade là. Ce qu'elle préférait par ailleurs, sa patience arrivant un peu plus rapidement aux limites à l’intérieur du block il semblerait. « La flic un peu dérangée je pense. » Ce serait facile de se concentrée sur ses points négatifs, son sommeil en dent de scie, ses mains qui cherchent parfois son arme, ses moments de gêne lorsque l'on tente de la toucher. Si elle devait faire de l''audimat, c'est sur ça qu'elle se concentrerait, elle en est certaine. C'était si facile après tout, et toujours un brin de vérité qui sommeille derrière. Après tout rien ne vend un mensonge mieux qu'une vérité. La question de @Kendall la fait revoir ses paroles, la manche trop grande de son pull posée contre sa bouche alors qu'elle y réfléchit. « Je ne suis pas certaine. » Elle n'avait pas vraiment d'expérience en la matière et cela restait difficile de se faire une opinion précise sans cette dernière. « Je suis plus partagée sur le sujet. » Mais au final elle n'avait pas de réponse plus catégorique à offrir. Outre le fait que ce soit un peu trop poussé pour ces petites heures du matin cela ne restait pas un domaine où ses connaissances fleurissaient. La description de la petite Kendall la prend par surprise. Moins le fait qu'elle soit réservée et plus qu'elle commence par malicieuse. C'était un choix délibéré et quelque peu violent, une nouvelle fois. Dix ans. La matinée s'étalait de questions auxquelles elle ne possédaient pas les réponses. « Vivante avec un peu de chance. » Ce n'était pas gagné mais le but était clair. « Relativement satisfaite. » Ce qui était le plus qu'elle ait l'impression de pouvoir atteindre. Le bonheur? Rien qu'un joli rêve d'optimistes. Non, elle s'attendait à un confort relatif, une vie qui la ferait se sentir en sécurité, une compagnie qui garderait les ombres à baie, si le destin finissait par lui sourire. Elle s'arrête là dans ses estimations, ses espoirs, vraiment. « Tu veux essayer de retourner dormir? » La question se pose après un silence partagé, les yeux plongés dans le feu. « On peut essayer de rejoindre le lac sinon, observer le lever du soleil. »