Peace of mind and peace of heart,
Self-care is the purest form of art.
Love your neighbour, love your friend,
And always remember to love yourself.

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Premier matin, premier éveil. La sérénité suit Sherrie, l'accompagne dans chacun de ses mouvements. Elle lui colle à la peau, comme la robe qu'elle portait la veille au soir, lors du prime. Ce matin, ses vêtements sont moins prétentieux. Un simple tee-shirt rose, un jean des plus ordinaires. Ses tresses, soigneusement apprivoisées en un élégant chignon, trônent sur son crâne. La brune avait promis à @smith qu'elle le rejoindrait à la cuisine pour un petit déjeuner, et était en route lorsqu'elle remarqua qu'elle avait oublié son carnet dans sa hâte. Et Sherrie ne se promène jamais sans ce carnet, ce repère secret qu'elle recouvre de trésors, de pensées et d'idées, à longueur de journée. Nombreux la pensent fade et insipide. Elle comprend les regards, elle entend les échos. Mais elle garde la tête haute, Sherrie, toujours. Elle se contente d'écrire ses idées, ses paroles, ses pensées. Ceux qui s'y intéressent y trouvent bien leur compte. Pour les autres ... On ne peut pas plaire à tout le monde, l'influenceuse en a parfaitement conscience. C'est sur cette pensée qu'elle se retrouve nez-à-nez avec @saturnin, l'illustration exemplaire de cet adage. Fidèle à elle-même, la louisianaise ne se laisse pas influencer par les bruits et commérages fusant à travers le bloc. C'est un nouveau départ, une nouvelle expérience. Tout le monde a droit à une belle première impression.

« Saturnin, c'est bien ça? » Un sourire, une main tendue. « Moi c'est Sherrie, on n'a pas vraiment eu le temps de faire connaissance hier soir. »

Premier réveil dans le block pour Saturnin. Enfin réveil.. il n'a évidemment pas dormi de la nuit. Saturnin n'est pas du matin, vous ne le verrez jamais réveillé à 8 ou 9h, mais là en l'occurrence le stress du premier prime, dormir dans un nouveau lieu alors qu'il n'a jamais quitté sa chambre d'enfance, ça lui fait bizarre. Une insomnie et une entière nuit blanche donc pour notre trentenaire paumé. Toujours en pyjama Bob l'éponge, il fait face à @Sherrie, coloc de chambre. Oui c'est ça. rétorque t-il en serrant la main tendue de la jeune femme. Enchanté Sherrie. @Smith c'est donc ton mec ? Ce mec l'énerve déjà à Saturnin. Un peu jaloux de sa bogossitude à vrai dire. Puis bon Saturnin n'est pas forcément une personne très tolérante envers les personnes de couleur. Comme si elles étaient la cause de ses problèmes. Tu viens d'où ? Tu fais quoi dans la vie ? Saturnin tente de faire la discussion. Sans vraiment faire d'effort à vrai dire, et puisqu'il n'a pas vraiment l'habitude d'échanger avec des personnes en réel, son regard est toujours fuyant et son inspiration pas très élevée.

Elle est douce, Sherrie. Et compréhensive. Et compatissante. Et patiente. Très très patiente. Elle a l'habitude qu'on lui pose des questions sur @smith, et leur relation. Que ce soit dehors, dans la vraie vie, ou même ici, dans le bloc. Elle a même l'habitude que la première question qu'on lui pose soit au sujet de Smith. La différence d'âge ne te dérange pas? Tu l'aimes vraiment? C'est ton sugar daddy? T'es opportuniste? Elle tente de faire abstraction, d'ignorer les remarques désobligeantes, les jugements de ceux qui ne comprennent pas. Ils ne peuvent pas comprendre, après tout, quoi qu'elle dise, ils ont choisi de ne pas comprendre. Alors elle ne dit rien. Cela resterait tout de même agréable pour elle qu'on lui pose d'autres questions que des questions au sujet de son boo. Elle a beau être venue accompagnée, elle reste toujours une personne à part entière. « Enchantée aussi. @Smith c'est mon boo, oui. » Mais elle répond avec patience, avec le sourire, avec bienveillance ... Car c'est Sherrie. Pas une pointe d'agacement, ni de frustration, ni d'animosité. Il a le droit de demander. Elle répond, car ça ne la dérange pas. Et peut être, avec un peu de chance, que maintenant qu'elle a répondu, il lui parlera d'autre chose – elle garde espoir.

« Je viens de Baton Rouge, en Louisiane. Tu connais? » Une pause, le temps de lui laisser répondre. « Et je suis influenceuse. » Techniquement, c'est la bonne réponse: c'est ainsi qu'elle est connue, c'est ainsi qu'elle gagne sa vie. Mais Sherrie, elle ne se voit pas comme telle: elle se voit musicienne, avant tout. Chanteuse. Parolière. Compositrice. Elle a les mélodies dans l'âme, le rythme dans les veines. Elle espère pouvoir suffisamment faire ses preuves pour pouvoir se revendiquer chanteuse, à part entière, un jour futur. Idéalement dans le futur proche. « Toi tu viens de France, si j'ai bien suivi? J'ai toujours rêvé d'y aller. C'est aussi beau qu'ici? » Elle désigne la vue à travers la fenêtre. « Ça te plait, de travailler au RSA? » Elle avait bien retenu les informations du prime. Elle n'avait pas tout compris, mais elle avait bien mémorisé. C'est quoi le RSA, d'ailleurs? Ça a l'air sérieux, en tout cas, comme la NASA ou l'UNICEF. Il doit être important.

Ton Boo ? Comme le fantôme de Mario ? Il se marre. On enetendra pas souvent Saturnin rire, celui-ci étant trop en décalage avec l'univers des autres. Mais pour le coup, Boo ça lui parle bien, donc ça l'amuse au point que ses yeux pétillent en entendant le mot. Saturnin aussi il aimerait bien être le Boo de quelqu'un un jour. A 31 ans, ça presse. D'ailleurs c'est peut-être même déjà terminé. Comme dirait l'autre gringalet qui a fait une sex tape, il sera toujours orphelin des amours de jeunesse qu'il n'aura jamais connu. Ca le fait souffrir Saturnin au fond, et plus le temps passe, plus il rentre dans cette spirale négative où il finit par se nourrir de la haine des autres. Pourquoi eux ? Pourquoi lui il y a pas le droit ? Alors Saturnin s'est raccroché à un espoir, celui de s'améliorer, de devenir un mâle alpha. Mais la réalité c'est qu'il est trop tard, il sera à jamais un perdant, pire même, un moqué. Et les plaisirs de la vie, la joie de conquérir, d'accomplir il les trouvera dans les jeux-vidéo. Saturnin futur émeutier intoxiqué par les jeux-vidéo. Je connais le ruban rouge dans Dragon Ball Z mais pas bâton rouge. C'est où la Louisiane ? En Belgique ? Ouais Saturnin n'est pas très cultivé. En tout il trouve que c'est un drôle de nom "bâton rouge". Influenceuse ? C'est pas un vrai métier ça... Alors oui Saturnin déteste les influenceuses. C'est un comble pour un mec qui idole un mec influenceur. Mais pour Saturnin les influenceuses sont bonnes juste à montrer leurs culs. Pour lui Instagram d'ailleurs est responsable de la "dégénérescence de cette société" et responsable de sa solitude entre autre. Pour lui c'est Black Mirror en réalité, où le culte du paraitre, de la belle vitrine a fini par l'emporter sur le reste. Hmm oui. Je sais pas trop, tu sais moi je viens d'Ardèche par exemple, c'est loin de Paris, c'est la nature, la campagne. On s'ennuie vite. Je connais pas le reste de la France. Il ne saurait donc pas répondre à la question de @Sherrie. Il a du mettre les pieds à Paris quand il était enfant. C'est pas un métier le RSA t'es bête. dit-il le plus spontanément possible avec un manque de tact qui traduit ses incapacités sociales. En fait je travaille pas, et je gagne de l'argent sans rien faire pendant que les esclaves vont travailler et cotiser pour moi. Une phrase tout juste sorti son forum préféré. Aucune originalité. Ca me permet de me consacrer pleinement à mes projets. La bonne excuse. Ses projets c'est dormir, se réveiller, se branler, jouer aux jeux-vidéo, discuter sur un forum, manger avec maman, se branler, et dormir. Mais le pire c'est qu'il y croit vraiment à sa connerie. Il pense vraiment qu'un jour il réussira à être indépendant financier, sans rien faire.

tw: cyber-harcèlement, mysoginie, racisme, esclavage
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Si Sherrie avait eu la patience de qualifier Saturnin de « gentil » pendant le prime, et si sa nature l'encourage à voir le positif en chacun, elle doit bien admettre que le français teste vraiment les limites de sa compassion – un exploit remarquable, compte tenu de l'ampleur de la bienveillance de la brune. Malgré tout, Sherrie reste Sherrie: distinguée, polie, bien éduquée. « Non, mon boo, mon bae, mon beau, mon ride-or-die ... Mon boo quoi! » Elle ne sait pas comment expliquer les choses autrement. C'est ainsi que les jeunes parlent, de nos jours. Le rire de Saturnin la met légèrement mal à l'aise: elle a l'impression que ses oreilles sont brutalisées par la voix du brun. « C'est quoi Dragon Ball Z? » Certaines références ne survivent pas aux ravages du temps. La génération de Sherrie est déjà passée au projet manga en vogue du moment: Attack on Titan. « La Louisiane c'est au sud des States, entre le Texas de le Mississippi. Pas très loin du Mexique. » Elle s'apprête à ajouter un tu devrais visiter, un jour, je suis sûre que ça te plairait, mais quelque chose lui dit que Saturnin, il est peut être un peu trop précieux pour pouvoir apprécier, alors elle se ravise. Sa réflexion la laisse de marbre: elle est habituée, maintenant, à ce que les gens la rabaissent pour sa carrière. Elle a conscience que beaucoup ne comprennent pas, ou ne respectent pas ce qu'elle fait. Elle s'y est fait, avec le temps. Ça l'attriste, mais elle ne se laisse plus phaser pour si peu. Et puis, il travaille au RSA. Elle aussi, si elle construisait des fusées à longueur de journée, elle ne verrait probablement pas grande valeur au métier d'influenceur. Elle relativise. « Paris ça a l'air trop beau! Mais c'est cool aussi, la campagne. En Louisiane, on a surtout beaucoup de bayous. »

Elle est tellement patiente, Sherrie, qu'elle ne réagit pas non plus lorsqu'il lui dit, sans ironie ni ambiguïté, qu'il la trouve bête. Ça aussi, elle a l'habitude: les gens se font une idée d'elle, sur les réseaux, sans la connaître, sans prendre le temps de chercher. Ils se font une idée fixe, ils s'y cantonnent. Elle les connait, leurs mots: bimbo, écervelée, gourde, cruche, pute, chienne. Et ça, c'est seulement les mots universels – s'y ajoutent ensuite tous les commentaires racistes. Ça l'affectait énormément, au départ. Ça la blesse encore, parfois. Mais elle a la peau dure, elle s'y est fait, également. Ce n'est pas un mot comme « bête » qui la fera pleurer. Il y a deux ans, peut être. Mais elle a deux ans de plus, maintenant, Sherrie. Et au moins ça de plus en maturité. Au moins. Elle est heureuse de ne pas avoir perdu son calme, d'ailleurs, car les prochains mots de Saturnin clarifient davantage la situation. Et maintenant, elle n'est plus irritée par lui: elle le prend simplement en pitié. Elle n'est pas de ceux qui jugent hâtivement les autres, mais elle commence à voir ce que tous les autres candidats ont dû voir dès la première seconde. Il lui a fallu le plus de temps, Sherrie, car comme toute optimiste rêveuse idéaliste se respectant, elle reste aveugle aux drapeaux rouges. Pendant un certain temps. Son poing se resserre à la mention du mot esclave. C'est un mot connoté, pour Sherrie, sa famille, les siens. Pour @Smith, également. C'est un mot qui résonne jusqu'à la racine de leurs êtres, qui définit l'histoire de leurs familles, et la façon dont ils se sont retrouvés aux États-Unis. Ça reste une pilule difficile à avaler, et douloureuse, plus douloureuse que n'importe quelle insulte ou commentaire désobligeant. Car ça reste un mot qui communique les océans de différences et d'inégalités les séparant. Et surtout, l'ignorance dangereuse de Saturnin. Mais Sherrie ne réagit pas. Elle a encore espoir qu'il puisse être éduqué, au fil du temps. Elle contribuera aux efforts, no cap. « Je vois ... » Elle commence à en perdre ses mots: ça devient difficile de trouver quelque chose de gentil à dire, et Sherrie n'a pas été éduquée pour parler si elle n'a rien de gentil à dire. « Tu as quoi comme projets ? » Elle espère que c'est là qu'il se montrera sous son meilleur jour et qu'il la surprendra. Il doit forcément y avoir de la lumière en lui: il y a de la lumière au creux de chaque être, après tout. Elle se raccroche à l'espoir qu'il finisse par montrer la sienne. Un jour. Idéalement aujourd'hui.

Son enthousiasme s'éteint aussi tôt qu'il apprend la vraie signification du terme "Boo". Ah.. ok. Il ne doit plus être à jour sur les termes d'une jeunesse qu'il trouve pervertit par les réseaux sociaux. En vérité, c'est surtout qu'il a la rage de les voir baiser pendant que lui se paluche la nouille depuis 31 ans. Il s'agace par ailleurs quand il apprend que @Sherrie ne connaît pas DBZ. Comment ça c'est quoi Dragon Ball Z ? T'es sérieuse ? C'est le plus grand manga de l'histoire. T'es jamais sortie de chez toi ou quoi ? Il est réellement énervé et offusqué. Ses sourcils sont arqués et une veine se dessine sur le côté de son front. Il serait limite près à lui en décoller une. Malgré ses 31 ans, Saturnin est un homme avec la maturité d'un adolescent. Il n'a jamais grandi depuis le collège. Pourquoi ? Les psychologues pourraient mieux analyser son cas que son auteur mais peut-être qu'il a manqué un passage dans sa vie, peut-être qu'il refuse de vieillir. Qui sait. Il reprend son calme et apprend donc où est la Louisianne. Il en sortira moins con, bien que ça ne l'intéresse pas tant que ça et qu'il finira par oublier. C'est pas très loin du Mexique. C'est quoi des bayous ? Pour lui Bayou c'est juste un homme politique dont il aime se foutre parce qu'il est du côté de la bien-pensance, et déconnecté de la réalité... comme si Saturnin l'était lui.. connecté à la réalité.. Il explique d'ailleurs un peu ce qu'il fait dans sa vie. Il n'y a pas grand chose à dire. Saturnin est de ceux qui n'accompliront jamais rien. Ils sont là, juste de passage, et s'en iront un jour. Tout le monde part. Mais Saturnin, il n'est jamais réellement arrivé dans ce monde. Son monde à lui il est virtuel. C'est que dans ce monde là qu'il parvient à réaliser des choses. Un perdant qui au final a l'impression d'être meilleur que les autres, qui essaye de s'auto-convaincre de cela. Forcément elle lui demande quels sont ses projets à Saturnin. Il marque un blanc pour y réfléchir. Il se rend compte au final qu'il n'en a pas vraiment. Il prétend avoir des projets depuis ses 20 ans, il est toujours au même point. C'était une raison au début pour que sa mère lui lâche la grappe, qu'il n'aille plus en cours parce que c'était trop anxiogène pour lui. Et au final, bah sa mère a tristement laissé tomber. Elle sait que c'est un perdant et ça l'attriste de ne pas pouvoir l'aider. Ca reste son fils, son seul fils, elle l'aime plus que tout, et elle l'aimera toujours peu importe ce qu'il adviendra, mais lui il n'a jamais réussi à la rendre fière et il s'en fout. Ou du moins il en a pas vraiment conscience. Sa mère, elle vient bientôt partir, et ça, bah sa mère ça la tue, parce qu'elle ne sait pas ce qu'il adviendra de son fils quand elle ne sera plus là. J'aimerais fonder ma propre entreprise. Il ne sait même pas de quoi. Lui tout ce qui l'intéresse c'est de devenir riche, par lui même, sans patron. Pourquoi pas. Mais il n'a pas de business plan, et il remet ça à plus tard, toujours. Alors, qu'il ne lui manque pas vraiment de temps pour travailler là dessus. J'aimerais bien fonder une famille aussi... Mais comment fera t-il ? Sans copine ? Sans travail ? Saturnin ne fera rien, et s'en ira quand sa mère elle-même s'en ira. Il est de ceux que personne ne regrettera car personne ne le connait.

S'il est vrai que Sherrie peut se montrer particulièrement lumineuse dans les bonnes conditions, @saturnin représente justement tout ce qu'il faut pour éclipser la lumière. Ce sont les hommes comme ça qui fanent la rose délicate qu'est Sherrie: armés d'arrogance, d'ego et d'intox, ils privent la brune de tout l'espace qu'elle nécessite pour s'épanouir. « Pardon, je savais pas ... » Position de défense, son « moi » intérieur se recroqueville sur elle-même, préférant davantage survivre à cette conversation que chercher la confrontation. La colère évidente dont Saturnin fait preuve la met davantage dans l'embarras, la brune sentant sa gorge se nouer alors qu'elle tente de garder son calme. « Un bayou c'est un corps d'eau pas très profond, à courant faible ou immobile » se contente-t-elle de répéter, par automatisme, comme si elle avait activé le mode d'auto-pilotage et que celui-ci l'avait ramenée à l'école maternelle. Il faut dire qu'en l'espace de quelques instants, Saturnin a su activer tous les mécanismes de défense de Sherrie. Ayant fait des lectures extensives au sujet de la santé mentale et des safe space, la Louisiannaise constate à contre-coeur que l'espace enveloppant Saturnin et son aura est tout sauf sécurisé. Elle lui avait pourtant laissé le bénéfice du doute, tant et si bien qu'elle en serait venue à douter de son identité même. Mais certains drapeaux rouges sont plus forts que même sa bienveillance, habituellement à la hauteur de toute épreuve. Malgré tout, Sherrie tient bon. Elle essaie, tant bien que mal, de ne pas perdre le fil de ses pensées. Et de garder la tête haute, toujours. Car c'est important, lui dirait sa mère. Surtout dans ces moments là.

La brune retrouve suffisamment de courage pour lui demander, d'une voix tremblante et fragile, quels sont ses projets. Il semble prendre beaucoup de temps pour réfléchir à sa réponse. Pas le type d'hésitation qu'on attendrait de voir de la part d'un homme qui affirme avoir des projets. Plutôt le type d'hésitation associé à un homme qui n'a aucune idée de ce qu'il raconte. Mais elle tient bon, Sherrie: elle se raccroche à l'espoir qu'il est dans un mauvais jour, ou qu'elle n'a pas compris son essence. Mais que ça va venir, que ce ne sont que des malentendus. Qu'il a de la lumière au creux de son âme, et que cette lumière est belle. Elle y croit, Sherrie. C'est ce que sa mère lui a appris, et sa mère a toujours raison. Elle est simplement découragée que Saturnin ne lui facilite pas la tâche. Pourquoi ne se permet-il pas d'être un minimum agréable? Juste un minimum. Elle n'attend vraiment pas tant de choses que ça. Simplement un mot, encourageant. Pour lui confirmer qu'elle a raison de continuer de faire des efforts. De continuer de croire en lui. Et en la rédemption de son âme.

« Oh, trop dope ça. Quel genre d'entreprise? Genre une start-up? » Elle essaie. Elle propose même des idées, des pistes. Elle essaie de lui mâcher le travail. C'est dur, pourtant, mais elle tient bon, Sherrie. Pour le moment.

Et enfin, ses efforts sont récompensés. « C'est un merveilleux projet, ça, fonder une famille. » Et elle sourit, avec sincérité, avec authenticité. La voilà. La voilà la preuve qu'elle attendait tant, la rédemption. Il est comme elle, il est comme eux tous, Saturnin: il recherche simplement l'amour. C'est aussi simple que ça. « Tu as une boo, toi aussi? » Et de nouveau, la voilà dans son élément: celui qui lui permet de s'interroger sur les autres et de s'intéresser à leurs vies.

Saturnin s'énervant du fait que @Sherrie ne connaissait pas Dragon Ball Z est surpris de la réaction de cette dernière qui semble passer sur la défensive, craintive face à lui. Il s'étonne de cette situation, lui qui a toujours été habitué à subir et prendre les coups durant sa scolarité, il n'a pas l'habitude d'être dans cette position où il devient intimidant. Se rendant compte de la situation, il desserre instinctivement ses traits parce qu'il sait, il connait la position présente de Sherrie, il ne l'a que trop souvent vécu pour ne pas comprendre à quelle point elle est désagréable. Son autre partie de lui même, sa partie diabolique est satisfaite, et voit ça comme une victoire : il est capable d'intimider et de se faire entendre. Il ignorait cela possible, même auprès d'une jeune femme qui a plus de 10 ans de moins que lui. Il se sent véritablement "mâle alpha". Il aurait l'impression d'aller dans la bonne direction, mais ce n'est pas le cas. Il vit simplement une situation "normale" qui peut arriver au quotidien. Il n'a toujours pas compris ce qu'était un bayou, il ne sait pas ce qu'est un corps d'eau. Mais pour ne pas paraitre davantage inculte il ne demande pas plus de détails à la jeune femme qui de toute façon semble un peu trop désemparée. Il évoque finalement ses projets, il n'en a pas vraiment, mais il décide d'arrondir les angles. Trop dope ? Saturnin est définitivement hors course du langage des jeunes. Puis bon sa question lui pose une colle. Euh.. une entreprise en ligne, peut-être de dropshopping. Super original Saturnin, super original ! Ca va être quoi la suite l'investissement de ton RSA dans la cryptomonnaie ? Quant à son projet de fonder une famille. Il n'en dit pas plus. Au fond de lui il a peur, peur de ne pas y arriver, le temps file et il a l'expérience de vie d'un gamin de 15 ans. Non j'ai pas de Boo actuellement, ça m'aide pas dans mes projets, je dois devenir meilleur dans un premier temps. Saturnin fait fausse route encore une fois, trop alimenté par le mouvement des MGTOW. C'est en réalité simplement une excuse à son célibat. La vérité c'est qu'il ne sait pas comment procéder pour rencontrer des filles, pour trouver une copine, pour plaire. Et la triste vérité c'est qu'il ne le saura sans doute jamais, c'est trop tard et il prend de tout façon la mauvaise direction. Peut-on vraiment sortir indemne de tant d'années de solitude ? Tu aimerais des enfants toi ? Avec @Smith ? Il a quel âge d'ailleurs ? Elle est peut-être ceci dit encore un peu jeune pour ça.