8/07 - 2.25pm - rippling and echoing

@Sherrie
techniquement, cette pièce, c'est pas vraiment pour la musique. mais il y avait du monde dans le salon, et dans la cuisine, et dans sa chambre, et puis finalement pas ici, donc il ne s'est pas trop posé de question, en s'appuyant contre le billard, pour remettre en ordre les cordes de son violon, rendues trop lâche par un voyage quelque peu mouvementé. plus de quarante-huit heures sans jouer, sûrement longtemps qu'il ne l'a pas battu, ce record-là. mais il s'en passe des choses ici. beaucoup, vite. une tornade, et suivre, c'est tout sauf aisé. les mots, les gens, les relations, les discordes, autant que la météo. et l'acoustique de la pièce est celle des vieilles maisons. on l'entendra sûrement dans la pièce d'à côté. pas assez pour l'empêcher de caler l'instrument sous son menton. de se poser un peu, en tête à tête avec ses notes. de quoi ne penser à rien, qu'à quelque chose de joli, ce qui, en soi, ne change pas beaucoup de son quotidien. parce qu'il n'aime pas vraiment avoir trop à penser, il faut l'admettre. ou à questionner. mais il ne peut s'empêcher de remarquer une ombre, une silhouette. de sursauter, à peine. l'instrument petit dans ses grandes mains, et son corps qui en prends, de la place, qui n'a rien à faire à sursauter comme ca, face à une silhouette pourtant bien plus petite que l'ombre ne l'aurait laissé paraître. le souffle qu'il a lâché n'est rien, vite oublié, remplacé par son sourire habituel. un peu vide, peut-être. « j'espère que je t'ai pas réveillée ou un truc... » les chambres sont à l'étage, il est bientôt trois heures de l'après midi. c'est stupide, ce qu'il vient de dire. même lui s'en rends compte, en baissant l'instrument. en passant une main dans ses cheveux, comme pour se reprendre. « tu fais de la musique aussi, j'crois, non, sherrie ? » jamais très sûr de ce qu'il raconte, mais au moins, son nom, il ne l'a pas oublié. parce que c'aurait été difficile, avec une énergie pareille, et une aura comme celle qu'elle a. avec son visage, aussi, celui d'une poupée de porcelaine, ou du produit d'une quelconque intelligence artificielle. une gueule, vraiment, avec quelque chose d'hypnotisant.

Finders, keepers
Where's my soul?
Lock my dreams
Until they're old

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Sa robe est bleue. Bleu comme le voile de la nuit et la pierre de la bague qu'elle porte. Bleu comme les sentiments qui la tiennent éveillée, parfois, la nuit. Bleu, comme la danse apaisante des vagues de la mer. Bleu. Et ça lui va à ravir. Elle explore encore le bloc, prenant ses repères progressivement. Dans son carnet, elle écrit des idées, des pensées, des notes. Elle dessine des cartes. Elle dessine ce qu'elle voit, aussi, parfois. Mais vite fait, en brouillon.

Où est-elle? Elle l'ignore. C'est le son énergisant de cordes grinçantes qui l'interpelle. La promesse alléchante de musique, à proximité. Sherrie, c'est une enfant d'Euterpe, de Terpsichore, ou encore d'Erato. Fille de muse, fille de musique. Le rythme dans les veines, la mélodie dans la voix, la magie dans les mots. C'est plus fort qu'elle: l'appel de la musique enivre ses sens. Ses pas la guident vers @Clark, qu'elle reconnaît assez rapidement. Il s'est démarqué du lot comme étant le candidat le plus jeune – plus jeune qu'elle, encore, un détail qui la surprend. Ça la rassure autant que ça l'induit en confiance. Elle se dit qu'il y en a au moins un qui la comprendra, ici. Au moins un. Et que celui-ci serait Clark. Si elle a de la chance. Oui, si elle a de la chance. Mais uniquement dans ce cas là.

« Non, non, tu ne m'as pas réveillée. » Un sourire, un regard encourageant. Aucune pointe d'ironie, ni de sarcasme, malgré l'heure inhabituelle, certains diraient même insensée, à laquelle la question est posée. Pour Sherrie, la question n'est pas insensée. Elle comprend. Elle vogue sur la vague. Elle ne se pose pas deux cent mille questions. Pas sur ça, en tous les cas. Sur tout le reste, oui. Mais pas sur ça.

« Je chante et j'écris, oui. Je suis étonnée que tu t'en souviennes. » Un deuxième sourire. Ça l'induit en confiance. Elle se dit avoir vu juste: il est gentil. Elle l'avait bien senti. C'était écrit dans les étoiles, il avait la bonne vibe. « ... Mais je ne sais pas jouer d'instruments. » Une pointe de tristesse, ou de regret. Elle aimerait bien savoir. Mais ça n'a jamais pris. Il y a eu les cours, pourtant. Quand elle était petite, enfant. Mais Sherrie était trop distraite, trop dans les nuages. Les cours n'ont jamais bien servi. Elle a quelques bases, au piano. Suffisamment pour poser trois quatre accords pour encadrer ses idées. Mais pas bien plus. « Je te dérange, peut être? » Elle fait signe vers la porte. Elle ne veut pas déranger. Elle peut partir, s'il le faut. Bien qu'elle aimerait pouvoir rester. Et regarder. Et écouter. Surtout écouter. Oui. Surtout écouter.

@Sherrie
c'est joli, comme couleur. comme contraste. un indigo sur sa peau. c'est presque dur comme couleur, loin des clichés associés souvent à l'italie, au lin blanc et aux pastels. comme elle contraste, il faut l'admettre, au milieu des candidats. une énergie presque contagieuse, et un sourire à faire tomber les étoiles. la bonne humeur, les bonnes intentions, et l'envie d'être là. c'est joli, peut-être que c'est ca, encore plus que son visage, qui fait son charme. les habitudes un peu gamines, alors qu'elle est tout sauf gauche. une chaleur certaine, et au moins, elle ne semble pas juger sa remarque un peu stupide. mais il n'y peut rien, au fond, s'il est toujours un peu dans son monde, un peu dans son crâne, un peu dans les nuages. il n'a plus vraiment l'excuse du décalage horaire, pas quand le soleil est aussi haut. mais elle n'en dit rien, et l'empathie est tendre. et il ne peut que rire de sa surprise. « j'ai oublié les noms de la moitié des gens, en vrai, j'vérifie presque toujours sur les réseaux avant de parler à quelqu'un » mais pas quelques-uns. pas le sien. et clairement pas d'autres faits. « c'est un peu con, mais j'retiens pas souvent les trucs importants. » les détails, par contre, c'est autre chose. ou les petits riens intéressants. et la musique l'est forcément, d'autant qu'il est là à triturer son archet sans trop y prêter attention. « techniquement, la voix c'est un instrument ? » façon de parler, peut-être, mais pas tout à fait faux. et s'il hausse les épaules, c'est toujours avec le sourire. « ca s'apprends, en vrai - j'veux dire. c'est pas trop tard, si ca t'intéresse. » jamais trop bon à sortir les phrases dans le bon ordre, faut croire. mais au moins, il y mets de la bonne volonté, et de l'encouragement dans le sourire, alors qu'il s'appuie contre le billard. un peu plus détendu qu'en la remarquant, la garde rabaissée. il n'y peut rien, après tout, si son corps à des instincts étranges, parfois, s'il sursaute pour rien. a laissé tomber l'idée de le contrôler. « oh-non, vraiment pas! » c'est le principe d'un endroit pareil après tout. ils vivent ensemble, font connaissance. c'est tout simple, en soi. « c'est moi qui avait peur de déranger, c'pour ca que je me suis posé là... » une main qui passe dans ses cheveux, l'air de rien. le regard ailleurs, une seconde, avant de se reposer sur ses cordes. « mais j'veux dire, si tu veux rester écouter, tu peux, ca me gène pas! »

Le sourire doux, le regard tendre et mielleux, Sherrie se contente d'être Sherrie: patiente, à l'écoute, optimiste, enthousiaste. Dans ses meilleurs jours, elle rayonne plus fort qu'une étoile. Dans ses pires jours, elle rayonne toujours, juste un peu moins. « Il est encore tôt, ça va venir. » Elle a beau avoir mémorisé tous les noms, avec une discipline quasi-religieuse, elle n'en attend pas autant de la part des autres. Beaucoup de gens connaissent son nom, pourtant. En dehors du bloc, surtout. Des gens de la presse, des gens des médias ... Peut être que c'est pour cela que ça lui importe peu si les gens ici ne savent pas qui elle est. Elle n'a pas d'ego à revendre. Simplement un désir de contribuer à la beauté qu'elle voit partout autour d'elle, dans le monde. Et une envie d'accomplir des choses utiles, dans sa vie. Elle préfère largement qu'on lui parle avec gentillesse et respect, sans la connaître, plutôt qu'on la reconnaisse pour médire sur elle ou lui demander des faveurs. Oui, Sherrie ne s'offusquera pas qu'on ne se souvienne pas de son nom: il y a des choses plus importants, dans la vie. Pour elle, tout du moins. « J'avoue que je serais perdue, moi aussi, sans les réseaux. » Elle sourit de nouveau. « L'importance, c'est subjectif. » Certains diraient que sa carrière entière est futile, fugace, volatile. Qu'elle ferait mieux de faire quelque chose d'utile plutôt que de raconter sa vie sur tik tok et Instagram. Qu'elle n'apporte rien de substance au monde. Et puis il y a les fans. Ceux qui commentent ses messages. Ceux qui la remercient pour la vision qu'elle communique dans ses sons, et la bienveillance qu'elle prêche dans ses vidéos. Certains prennent même le temps de se confier, au point d'affirmer que son contenu les a inspiré, voire même « sauvé ». Des inconnus, qu'elle ne connait pourtant ni d'Eve, ni d'Adam. Ça la gêne toujours un peu de lire ça. Mais ça lui donne également la sensation de ne pas être aussi inutile que les « haters » aimeraient le lui faire penser. Oui, l'importance c'est subjectif. « Ne laisse pas les autres décider de la valeur que les choses ont à tes yeux. » Un simple conseil, hérité de sa mère, transmis, allègrement, à tous ceux qui daignent prendre le temps de l'écouter. Elle n'est pas possessive, Sherrie. Les tips et tricks, elle les partage sans hésiter.

Elle rit distraitement à la réponse de Clark. Il ne s'agit pas d'un rire moqueur, ni même sarcastique. Simplement un rire gêné, comme pour communiquer sa propre sottise à l'idée d'avoir omis ce détail. « Je ... Oui, tu as raison, je suppose. Mais ça reste différent. » Elle a eu de la chance, beaucoup de chance. Dieu lui a donné la vie, et Dieu lui a donné la voix. Du moins, c'est ce que sa mère lui a affirmé, jour et nuit, pendant des années. C'était sa berceuse, en quelque sorte. Et Sherrie, dans tout ça? Sherrie, elle ne sait pas exactement. Elle va à l'église, bien entendu, tous les dimanches, avec maman et papa. Elle dit grâce au diner, en les tenant par la main. Par conviction? Par habitude? Un étrange mélange des deux? Elle lit beaucoup, énormément. Elle se pose beaucoup de questions. Elle ne prétend pas avoir les réponses. Vingt-et-un ans, ça reste jeune. Elle en est la première consciente. Non, Sherrie est trop jeune pour savoir. Et peut être qu'elle sera toujours trop jeune pour savoir, finalement. Et puis, peut être qu'elle n'a pas envie, pas besoin de savoir, non plus. C'est beau, un peu, l'inconnu. Il y a de la magie dans le mystère. Les étincelles ne peuvent pas exister sans pénombre.

Mais Dieu lui a donné la voix. Alors que les instruments, c'est une compétence. Ça s'apprend. Ça demande du travail, de la discipline. Beaucoup d'efforts. Elle sait travailler. Elle a de la discipline. Mais pour elle, pourtant ... Ça n'a jamais suffi. Et elle n'a jamais appris. Elle replace une tresse rebelle. « Sans doute, oui ... » Elle reste polie, trop polie pour dire ce qu'elle pense vraiment: que ce n'est pas pour elle, qu'elle n'a pas le talent, l'art de savoir créer du son avec ses doigts. Ses mains écrivent, sa voix chante. C'est ça, l'arrangement de son corps. Elle n'en a pas décidé ainsi: c'est juste comme ça que ça marche. Sherrie sourit, une quatrième fois. Peut-on trop sourire, au détour d'une conversation? Non, pas si on s'appelle Sherrie, tout du moins.

Elle est rassurée d'apprendre qu'elle ne dérange pas. Et c'est le cinquième sourire, qui se dessine. Il faut croire qu'elle est loin de la rupture de stock. « Vraiment? Trop drippy! » La joie se lit dans ses traits: l'idée de pouvoir assister à une prestation reste particulièrement inspirante pour l'influenceuse. Elle s'assied alors, contre le mur, les genoux croisés, pour se faire discrète. Attendant le commencement du spectacle. Les yeux luisant d'impatience et d'anticipation.

@Sherrie
« j'espère » c'est presque contagieux, son optimisme. après, il se connait. ses capacités mémorielles aussi. elles restent sélectives. mais le sourire est franc, parce qu'il ne pourrait pas faire autrement, face à cette boule de bonne humeur. pas difficile de deviner comment elle s'est construit son following. c'est juste une question de bonne humeur. d'énergie. et l'air d'être juste quelqu'un de - vraiment nice, plutôt honnête. et peut-être qu'il est trop naif, à ne rien questionner, mais ce n'est pas son genre, de questionner les gens et leurs attentions. et elle n'a pas tort, en soi. elle pourrait balancer des poncifs qu'on a envie d'y croire, dans sa bouche. « c'est pratique, en vrai, qu'on les aie à l'intérieur. » une bonne antisèche pour les prénoms, au moins. mieux vaut s'en amuser, mais si on leur a donné, c'est sûrement pas pour rien. et sa voix est toute douce, avec ses conseils. elle est pas bien plus vieille que lui, pourtant, avec ses vingt-et-un ans qui arrivent vite. et elle n'a rien à voir avec quelque figure dans sa vie. mais elle est de ces gens qu'on ne peut pas s'empêcher d'apprécier. lui, du moins. et s'il hausse les épaules, se mords un ongle, geste qui tient plus d'un air pensif que d'une quelconque anxiété, chez lui, il garde les lèvres étirées. toujours ce sourire. parce qu'elle n'a pas tort, en soi. « t'as raison. après, parfois, quand même, les prénoms c'est plus utiles que de retenir les partitions. » il en rit. mais au fond, il ne choisit pas vraiment ce qui semble assez important à sa cervelle pour qu'il réussisse à le retenir. suit juste le flow, se laisse porter par la vague, avec son air toujours un peu stone.

et la musique, au moins, ils ont ca en commun. et elle suppose. pas vraiment déstabilisée, c'est difficile de deviner du doute, sur son visage, quand elle reste rayonnante. « c'est du travail aussi, en soi. mais - tout est différent, en soi. » il joue pas la même chose sur son violon et à la guitare, forcément. mais quand même, il voit ce qu'elle veut dire. il y a le talent naturel et le travail, les deux vont de pair, mais il y a des facilités. la voix, forcément, tout le monde ne l'a pas, et certains sont nés avec. de l'avance qui se prends. c'est plus simple de se laisser aller à ce qui vient naturellement. pour lui, ca a toujours plus été les instruments qu'ouvrir sa gueule. le travail, un pinceau à la main, ca vient aussi avec l'oeil, et tout le monde ne l'a pas. en soi, chacun à ses talents, et ses chances.

ses talents à lui, il n'a plus qu'à les montrer, là, alors qu'elle se laisse glisser sur le sol de la salle de billard. qu'il laisse glisser ses doigts sur cet instrument si fin. la prunelle de ses yeux. lui parle, sans la regarder, un peu les yeux dans le vague, à chercher peut-être un morceau qui pourrait lui plaire. « t'écoute quoi comme musique, d'habitude ? j'veux dire - j'ai pas trop eu le temps d'écouter tes playlists, déso. » et il en a vraiment l'air contrit, l'air désolé, a triturer son archet. il faut bien l'admettre, que quand on le remarque, il cherche à plaire. sans forcément briller, sans forcément impressionner. même par ce qu'il aime le plus, même s'il devine bien qu'elle n'a pas trop l'air du genre à juger. même si au fond, qu'on le juge ne le touche pas trop. son art, c'est autre chose. ca touche un peu plus. la nuance est là. même s'il y a de l'escapade, dès qu'une note arrive. même si son esprit est ailleurs, et que le monde semble moins dur, quand il joue, quand il peint. puis, elle a l'air intéressée, vraiment. il pourra toujours s'adapter, mais autant aller vers quelque chose qui lui viendrait naturellement. « oh attends. mon père déteste celle-là... mais je l'aime beaucoup, perso. puis, ca va avec la saison. » une évidence, un rire étouffé, un peu idiot. parce qu'il fait chaud, même si au fond, elle n'a rien à voir avec la sicile. et il s'illumine, quand il joue, toujours. même l'air ailleurs, même les yeux clos. et sans piano, sans voix, la partition de summertime parait un peu vide. les standards, et les souvenirs. mais l'ambiance marche quand même. forcément. à croire qu'il y a quelque chose de magique dans ce morceau. pas pour rien qu'il a traversé le temps.

« C'est pratique, oui. » Un sourire timide, discret. On y lit des choses, dans ce sourire, si on sait les chercher. Et lire entre les lignes, également. La jeune femme ne semble pas particulièrement emballée par les réseaux sociaux – un détail étonnant compte tenu de ce qu'on ne pourrait que qualifier comme étant une véritable addiction à ces derniers. Pourtant, le regard ne ment pas.

« Parfois, oui, peut être... » Elle sourit. C'est comme ça qu'on lui avait appris de faire: renforcer les croyances des autres, plutôt que de les démanteler. Avant de les étendre avec d'autres perspectives. « ... Mais je pense qu'il s'agit là de détails. Je préfère qu'on me traite avec respect et gentillesse plutôt qu'on retienne mon prénom. » Des paroles sincères. Elle parle d'expérience: combien de gens connaissent son nom? Combien de gens la respectent? La balance est déséquilibrée. Et penche, naturellement, du côté le moins désirable aux yeux de la belle.

« Oui, c'est du travail. » Un sourire suffit à clore son train de pensée. Un sourire qui semble communiquer qu'elle sait déjà que ses compétences ne se cacheront pas dans l'art de la technique. Sherrie, c'est une femme à idées. Elle se perd dans ses rêves, dans ses pensées, dans ses émotions. C'est là où se trouve sa force.

Elle sourit à nouveau lorsqu'il lui demande des renseignements sur ses goûts musicaux. « Ne t'excuse pas, c'était entièrement facultatif! » Elle marque un temps d'arrêt avant de poursuivre: « J'écoute un peu de tout, en vrai ... Mais je suis toujours curieuse de découvrir les autres. J'aime penser que c'est à travers nos sensibilités que se révèlent nos âmes. » Ses sensibilités à elle trahissent ses origines, et les chansons héritées de génération en génération, dès le berceau. Ses sensibilités trahissent son admiration des femmes fortes, de leur douceur, de leur tendresse, mais surtout, de leur férocité. Ses sensibilités trahissent une âme romantique, rêveuse et optimiste. Et Clark? Quelle âme est révélée par ses propres sensibilités? Ses oreilles reconnaissent rapidement les accords de Summertime, Sherrie balançant doucement sa tête au rythme de la mélodie, se laissant transporter par les notes magiques. Elle ne réalise pas qu'elle commence à chanter le refrain en harmonie avec le doigté de Clark. « ♩♫ Summertime... And the livin' is easy... Fish are jumpin'... And the cotton is high... ♩♫ »

@Sherrie

sûrement qu'il y a des implications à ses préférences. des mots durs sur les réseaux, ou crachés dans son dos. mais ca, clark a du mal à l'imaginer. peut-être parce qu'il est du genre à ne pas tout entendre, peut-être parce qu'il est du genre un peu naïf, à voir le monde être joli, et les gens, aussi. à se dire qu'on peut tout avoir, ou presque. mauvaise habitude, peut-être. mais il n'y peut pas grand-chose. « t'as raison, en soi. mais l'idéal c'est quand même de faire les deux. » le nom, et le respect. les deux devraient aller de pair. « j'pense qu'on peut faire les deux. on devrait. » sauf si le cerveau lâche, dans ce cas-là, forcement, le respect prime. c'est logique. immuable.

mais parler musique, c'est plus simple que parler philosophie. juste jouer le serait encore plus, mais en attendant, juste la voir pleine de passion, c'est assez pour l'animer, comme il n'y a que l'art pour l'animer. pour le secouer. et peut-être qu'il a toujours l'air un peu gauche, les épaules trop rentrées. peut-être - mais déjà, il se laisse prendre plus de place, à parler musique. « t'as raison, j'crois que - je sais pas analyser les gens, qui ils sont, tout ca - mais avoir les morceaux préférés de quelqu'un, ou connaître les pièces qui leur parlent, les peintures ou les trucs comme ca - ca en dit tellement » ca en apprends beaucoup. sur l'art, sur le monde, sur le beau. et les gouts en révèlent souvent plus que les mots.

et puis finalement. finalement c'est les notes qui prennent le dessus. il ne saurait même pas vraiment l'expliquer, son choix. mais il vient. jusqu'au bout de ses doigts. et il a quelque chose de magique ce morceau. c'est qu'on la sent, la moiteur d'un été du sud, dans chaque note, pas que dans les mots. et dans cette voix qui ne tarde pas à s'élever, aussi. cristalline. belle. de quoi l'amener à esquisser un sourire, en se tournant à peine mieux vers sherrie. toujours aussi sol, l'air ailleurs, ou trop en dedans, justement. dans les jolis morceaux, après tout, il y a de la magie. dans l'art, dans la musique. quelque chose qui fait que le temps s'arrête, la planète aussi. et il est joli, ce moment. l'archet sur les cordes, le standard, et puis sa voix. besoin de rien de plus. d'un piano, peut-être, pour compléter. les regards se croisent, un instant. une communion étrange, même s'il est tout à son instrument. un quelque chose d'encourageant, jusqu'à ce qu'il le finisse, son morceau. ce fin sourire posé à ses lèvres qui grandit, quand l'instrument se baisse de nouveau. « t'as vraiment une voix incroyable » et c'est honnête, pas flatteur. il ne sait pas l'être. gentil, par contre, ca lui vient plutôt naturellement.

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