La délégation des lits complétée, Remi décide de ne pas s’attarder trop longtemps dans cette chambre aux énergies pêle-mêles. Difficile de se faire une tête sur le chaos que lui offrira cette aventure, mais elle sent qu’elle y est à sa place. Dans toute sa confusion. S’il y a une chose qui puisse réussir à mieux l’éclairer, c’est la douceur des rayons de la lune sur sa peau de porcelaine. Sa boussole intérieure qui lui pointe toujours la bonne direction quand il est question de se ressourcer. Et après une telle soirée, elle en avait besoin. Au milieu des jardins, le nez levé vers le ciel, la sorcière tourne en rond, ses paumes de mains qui accueillent, son sourire qui s'apaise. Elle sait qu’elle n’est pas seule. Une personne s’est faufilée en périphérie, venant brouiller les sensations. Elle reste silencieuse durant une, deux, trois secondes avant de déclarer. - T’as envie de te ressourcer toi aussi? Elle fredonne à @sherrie sur qui elle pose son regard dans la pénombre. - T’es chanceuse, la pleine lune en capricorne s’est déroulée il y a seulement deux jours. On peut encore ressentir son énergie, bien que moins puissante. Il fallait saisir toutes les occasions.

Mother moon,
Bathe me in your light.
Show me the way
I want to know how to fight.

Le visage rougi, les cheveux en bataille, Sherrie s'avance d'un pas hésitant dans les jardins. Elle a besoin ... De quoi a-t-elle besoin, exactement?

Respirer.
Un bol d'air frais.
Sentir le vent contre son corps mince et frêle. Ce vent qui menacerait presque de l'emporter.

Elle est toujours dans sa tenue de prime, Sherrie. Les strass de son haut scintillent sous les caresses du satellite nocturne. Ceux de sa jupe semblent répondre aux éclats des étoiles dans le ciel. Le pas hésitant, elle laisse ses pieds la perdre dans le jardin. Elle trébuche, décide de retirer ses talons. Pieds-nus, c'est quand même bien mieux. Ses yeux sont rouges. Elle les ferme. Elle inspire profondément. Ses yeux ébouriffés se laissent davantage malmener par la brise pourtant si légère qu'elle semblerait presque inexistante. Presque.

Lorsque Sherrie remarque qu'elle semble interrompre Remi en pleine méditation, voilà qu'elle se prépare à repartir, sur la pointe des pieds. Aussi discrètement qu'elle était arrivée.

Si seulement.

T’as envie de te ressourcer toi aussi?

« Je ... Pardon, je ne voulais pas te déranger, je ... »

Elle perd ses mots si facilement lorsqu'elle doit les chercher sur le tas. Elle n'est pas comme ça, Sherrie. Elle a besoin de temps pour réfléchir. Pour poser ses idées. pour écrire. Sa muse est aussi capricieuse qu'elle peut être généreuse. Et la Louisianaise l'accepte pour ses qualités et ses défauts: elle est déjà bien chanceuse d'avoir une muse qui la frappe d'éclats d'inspiration.

T’es chanceuse, la lune pleine lune en capricorne s’est déroulée il y a seulement deux jours. On peut encore ressentir son énergie, bien que moins puissante.

« Oh ... Vraiment? » Peut être que cela explique pourquoi elle se sent si attirée dehors, à pareille heure. Peut être. Peut être que non. Sherrie s'avance, doucement. Elle s'installe à côté de Remi. Elle l'observe, en silence. Elle n'ose pas déranger. Et en même temps, elle a des questions. Beaucoup de questions. Trop de questions.

« Toi, c'est Remi. » Ça, ça n'en était pas une. Elle connait la réponse: elle a mémorisé tous les noms. Tous. Sans exception. Et même ceux de certains anciens candidats, pour la forme. « Tu es sorcière. » Pas de frayeur, pas de jugement, pas de mépris, pas de dégoût. Remi est sorcière. Elle est influenceuse. Ce sont deux chemins de vie. L'un ne surpasse pas l'autre. « Tu arrives à les gérer? Tes émotions? » Pas d'ironie. Pas de sarcasme. Simplement de la curiosité. Et peut être même ... Une pointe d'admiration?

La question semble probablement étrange, pour ceux qui ne sont pas Sherrie. Mais uniquement pour ceux qui ne sont pas Sherrie.

L’hésitation de @Sherrie se remarque avant même qu’elle s’excuse de sa présence. Pourquoi demander pardon quand l’espace appartient à tout le monde. Plutôt que lui lancer une réplique cryptique, Remi préfère l’accueillir d’un sourire, ses prunelles oscillant sur le visage de la jolie demoiselle. Elle ressent une forme de tristesse qui lui est poussée par le vent. - Tu ne me déranges pas. dit-elle de façon claire pour disperser les doutes de la candidate. Rems lui parle de la lune, la meilleure introduction qu’elle trouve pour briser la glace, ce qui semble fonctionner dans la mesure du possible. Elle confirme son nom d’un signe de tête avant de faire quelques pas vers l’avant, démontrant une fois de plus son ouverture. - Toi, c’est Sherrie, elle réplique de façon similaire. Il y a ce petit rictus qu’elle n’arrive pas à retenir lorsqu’elle mentionne le mot sorcière. Loin de la moquerie, elle s’attendait à recevoir des tonnes de commentaires à ce sujet ce soir. Ils n’allaient sûrement pas se faire prier de douter d’elle à un moment ou un autre de l’aventure. Mais Sherrie semblait l’accepter, tel un fait. Un métier comme un autre. Sa question par contre lui arrache un rire franc cette fois-ci. - Si j’arrive à gérer mes émotions? Juste les mots qui résonnent comme un acouphène qui perdure ont de quoi l’amuser autant que l'étourdir. - Mes émotions me submergent… Ils m’entraînent, m'étourdissent par moment. Dans toute leur intensité. Les hauts comme les bas. Rems connait tous des marées, des tempêtes et des sécheresses. - J’ai appris à vivre avec le chaos. Il ne faut surtout pas avoir peur de ses émotions. Aux yeux de Remi, c’était ce qui faisait des êtres humains des êtres uniques. - Qu’est-ce qui te rend triste? elle ose lui demander, se doutant qu’elle lui fermera peut-être la porte au nez.

hj: désolé du retard, on peut cloturer si tu veux mais je tenais quand même à répondre! (on peut aussi continuer, comme tu le sens!)

___

Le sourire de @Remi est étrangement régénérateur. Sherrie n'a aucune idée de la façon que les autres auront de voir Remi: ça ne l'intéresse pas spécialement. La concernant, elle ressent qu'une bonne énergie, réparatrice et nourrissante, se dégage d'elle. Et ça lui suffit. Elle ne la perçoit pas comme une menace, ni comme une mauvaise influence. « Tu es sûre? Je peux m'en aller sinon, je comprendrais totalement. » Elle reste fidèle à elle-même, polie, accommodante, conciliante. Il y a toujours de la place sur Terre, mais Sherrie a toujours peur de trop en prendre. @smith est tout l'inverse d'elle, sur ce plan là. On pourrait dire qu'ils se sont bien trouvés. On pourrait, oui. Disons le, donc.

La Louisiannaise semble rassurée que Remi se souvienne de son prénom. Ça brise tout de suite la glace: l'idée que la personne d'en face sache qui elle est, et ait fait l'effort de s'en souvenir. C'est attentionné. Ça lui parle. Lorsque Remi rit à sa question, la musicienne est légèrement embarrassée: elle se sent terriblement idiote, à poser question pareille. Elle faisait pourtant sens, au départ: Remi semble si zen, si composée. Pas comme le tourbillon de pensées, de sensations et de sentiments qui font fureur en elle, et qu'elle peine réellement à contenir. « Pardon, c'était une question bête ... » Silence. Quelques secondes. Une minute ou deux, tout au plus. « Je t'admire, en tout cas. Moi, je ne saurais pas faire. » Sherrie, elle peine à les gérer, ses sentiments. Elle ne l'admettrait jamais, mais parfois elle a l'impression de se noyer au milieu de leurs voix dissonantes. La question de l'américaine la désamorce quelque peu. « Moi? Oh, non, je ne suis pas triste ... » Elle ne ment pas. Elle n'est pas triste. « ... Simplement nerveuse. Je n'ai pas l'habitude de ... Tout ça. » Elle désigne la villa d'un geste mélancolique de la main. Elle pourrait avoir l'habitude, pourtant. Elle devrait avoir l'habitude, compte tenu de son emploi et de son quotidien. Mais il y a des choses auxquelles elle ne s'habituerait jamais. « Ça m'angoisse un peu », avoue-t-elle finalement.