@Pio
sur une table basse, des pages et puis d'autres. soigneusement arrachées d'un sketchbook utilisé comme carnet de brouillons, pas vraiment celui ou il garde ses archives, ou il garde les pages un peu plus nettes, même si elles ne sont que rarement parfaitement satisfaisantes. c'est bien pour ca que les lignes et les courbes restent dans ses carnets, et qu'on y ajoute de la peinture sur chevalet que si vient l'idée d'un projet. sûrement qu'il y en aura quelques-uns, ici, des projets. ne reste qu'à espérer que s'il se prends d'amour pour un paysage, il réussira à faire assez vite pour lui faire justice avant de partir de la sicile. mais là, son problème est ailleurs. il y a les silhouettes de trop des candidats, sur les pages de son carnet. des profils qui traînent, parce que l'image parle mieux que les lettres, comme la musique que les mots. moyen mnémotechnique étrange, peut-être, mais il n'y a que ca de vrai pour se souvenir de qui sont les gens, d'associer des noms à des visages. @Remi à la fenêtre, sous un rayon de lune, la veille. les traits ne sont pas très nets. @Fly au réveil, les cheveux en bataille. il n'en avait pas vraiment besoin, mais peu importe. c'est plus une collection d'images. de choses vues, aperçues. @Paige qui se maquille. @Nathan entraperçu en passant à la piscine. le sourire de @Sherrie, solaire. le tout enfermé dans ce livre ouvert, des poignées de minutes, à chaque fois. des morceaux de gens. et puis cette courbe, qui pose trop problème. qui a posé problème à sa mémoire, ces derniers jours. comme si sa main ne voulait pas s'entendre avec ses souvenirs. il s'appelle pio, il lit beaucoup, du poe parfois, et il a le nez d'une statue antique.

un nez qu'il n'arrive pas à répliquer sans ressortir une photo, sans copier sur les réseaux. jusqu'à s'en faire une mission, que d'y arriver. et les traits se sont détachés sur trop de pages. jusqu'à y trouver son compte, enfin. du moins, il en est presque persuadé, en le regardant, ce profil, qui prends à peine quelques couleurs, à l'aquarelle. le nez a retrouvé le visage, les références ont été laissées au placard - et voilà une silhouette dégingandée qui passe par là. sûrement pour aller ailleurs. qu'il a assez de réflexes pour arrêter, quand même. « oh shit - pio - attends, t'es là, c'est bien, justement. bouge pas, s'te plait » pas assez de profil, mais ce n'est pas assez pour l'empêcher de lever son carnet. juste pour comparer.

et de sourire trop grand.
voilà.
il l'a, ce nez.

Je sais bien que je suis censé être en vacances, mais quand ton travail, c’est ta passion c’est difficile de le laisser de côté. Maintenant le plus dur dans le block c’est de trouver un endroit où lire tranquille deux minutes. Poe, c’est passionnant, mais ça reste exigeant. En plus cette nouvelle édition commentée et enrichie est de grande qualité et je sais bien que si je traine trop à sortir mon papier fin août, je risque de louper le contrat. Je ne suis pas le seul à l’avoir reçu en SP, faut que je me positionne avant les concurrents. C’est la dure loi de la jungle quand on écrit pour des journaux qui payent à l’article.

En attendant, il n’est pas encore midi, peut-être que si j’arrive à être suffisamment discret, je pourrais caler dans un petit coin en extérieur pour être peinard. Mais non, je passe à peine devant le salon qu’on m’interpelle. @Clark, colloc de chambre, belle rencontre des réseaux et belle rencontre tout court d’ailleurs. Hein ? Oui ? Je me fige de profil le temps de le voir terminer son trait de croquis du coin de l’œil. C’est moi ? Cela y ressemble, en tout cas. Y’a mon air, mon style aussi et surtout cette ligne de profil qui met en vedette mon perchoir à oiseaux. T’es douté. Je rêverai d’avoir ne serais-ce qu’une once de son talent.Vraiment. En plus, d’avoir un charme indéniable. Ce mec est énervant. Trop de qualités, il faut bien qu’il ait un vice caché. Pour l’instant j’ai bien du mal à le trouver.

@Pio
il faut croire que c'était assez pour le rendre dingue, un peu, que de ne pas réussir à exactement retranscrire ce qu'il cherchait. ce qu'il voulait. à poser son regard à travers l'encre. une manière comme une autre de parler. mais il y a des résistances, parfois, des instants comme celui-là. de ceux qui donnent envie d'insister, plutôt que de passer au détail d'après. d'en faire une victoire, et c'est bien ca qui fait si bien briller son sourire, le papier épais, et le profil réel. l'instant capté, le regard pas vraiment caméra, mais sa patte, peut être bancale, peut-être basique, mais la sienne. satisfaisante, parce que fruit de travail. et s'il l'a arrêté sur ses pas, il l'a peut-être un peu surpris. assez pour s'en excuser. « pardon j'voulais pas te surprendre ou quoi » d'autant qu'il allait quelque part, semble-t-il, son bouquin sous le bras. le papier retourné, pour mieux le laisser voir, plutôt que de seulement comparé. au moins, il se reconnait lui-même, c'est déjà pas mal. et clark, il a toujours sur les lèvres le sourire de césar, de la victoire. et un « merci ! » qui sonne clair, celui d'un peu de fierté, quand même, au milieu de ses brouillons, de ses essais, de tant d'autres moments capturés. « désolé, t'as sûrement mieux à faire. » pas envie de gêner, de prendre trop de place. même s'il ne peut pas trop s'en empêcher, purement physiquement. pour le reste, il se laisse être l'ombre. mais la couverture intrigue, quand même. « c'est le poe dont tu parlais, sur les réseaux ? tu le lis pour toi, ou pour le boulot ? » il l'a bien capté, que la littérature était son métier. plus de conversations entendues ca et là que des portraits qui ont défilé trop vite. mais en soi, il a la dégaine qui va avec le métier. celle d'un vieux portrait, hypnotisant. peut-être que si rossetti avait peint plus d'hommes, il l'aurait peint lui. mais autre temps autres moeurs, c'est à lui seulement qu'il aura le droit pour l'immortaliser. aux caméras, aussi, d'une toute autre manière.

J’aurai bien aimé pouvoir bosser, mais bon rendre service à @Clark c’est cool aussi. C’est que le début d’aventure. Pas besoin d’être associable maintenant, j’aurai le temps de l’être plus tard. L’article peut bien patienter quelques minutes supplémentaires. Oh non t’inquiète pas. Je pensais juste à autre chose. Je suis ici pour prendre des vacances et m’amuser. Faut vraiment que je pense à mettre les critiques en pause, même si c’est loin d’être évident. Je l’ai reçu pour moi, mais bon comme pour tout mes services presse on attend un retour. J’en ai ramené quelques-uns dans ma valise, maintenant vais-je réussir à tous les lire là est le challenge. Les maisons d’éditions envoient des exemplaires à plusieurs journalistes, chroniqueurs. Après, c’est la guerre pour écrire de bon papiers et les faire accepter par des journaux. J’ai choisis de faire mes propres choix, mais ça a pas que des avantages. L’exigence et la pression est plus forte pour être à la hauteur. Je suis indépendant, j’en suis fier, mais c’est pas simple tout les jours pour mettre un peu de beurre dans les pâtes. La concurrence est vraiment rude. Je me bats et sais me vendre moi et mes articles. Pour l’instant, faut dire que je ne m’en sors pas mal. Tu travailles ? Tu fais des études ? Je connais rien de @Clark pour le moment. Je sais juste qu’il a bon goût avec Poe et qu’il aime dessiner. C’est déjà de bonnes bases, mais je suis curieux d’en savoir plus, bien plus.

@Pio
« ouais, je vois... » s'il rit de bon coeur, c'est qu'il ne peut absolument pas le lui reprocher, de penser à autre chose. d'être dans sa tête, ou dans la lune. sur la lune. c'est sûrement le reproche qu'on lui a le plus fait dans sa vie, à clark. pas lui qui irait s'amuser à le faire à quelqu'un d'autre. « ca m'arrive souvent aussi » et il se redresse un peu, dans le canapé. oublie un instant ses dessins, ses croquis, dans lesquels il s'est peut-être plongé trop longtemps, de toute manière, ces dernières heures, pour mieux discuter un peu. essayer de comprendre ce qu'il fait de sa vie, et pourquoi cet ouvrage aussi. « de toute manière tu pourras pas faire de retour avant d'être sorti, non ? » s'ils ont le droit de sortir, la communication pleine et entière avec l'extérieur, c'est une toute autre affaire. mais c'est tout à son honneur, de ne pas lâcher, même ici. même si pour le coup, clark ne se mettrait jamais dans une position similaire. il trouve d'autres manières de se débrouiller, même s'il ne peut qu'admirer l'esprit de l'italien. « puis j'suis sûr que si tes papiers sont bons ca doit le faire. » peut-être qu'il rêve un peu, lui qui ne court pas après le succès. pas vraiment habitué au monde du travail. « mais - ouais, ca a pas l'air simple, et tout. si tu fais ce que t'aimes c'est le principal, though! » le sourire aux lèvres, toujours. la vie qu'on prends comme elle vient, surtout du bon côté. et cette question, qui lui fait surtout hausser les épaules. « là, tout de suite ? pas vraiment. » le travail, c'est overrated, comme dirait l'autre. et il a toujours été plus du genre autodidacte, à faire les choses selon son timing, selon ses termes, et pas grand-chose d'autre. « mais je voyage ? » ca compense, peut-être. les voyages font la jeunesse, parait-il. et il ne sera pas jeune pour toujours.

Je pense toujours à 10000 trucs à la fois, au point que je fais pas forcément attention à ce qui m’entoure. Surtout quand je lis. Si ça me plait, je peux clairement partir ailleurs et tout oublier autour de moi. Cela m’a déjà causé des problèmes d’ailleurs, rien de bien grave, juste un peu chiant sur le moment. Punaise. J’avais pas pensé à ça. Focus sur le boulot, j’avais zappé que même si j’arrivai au bout du truc, je pourrai pas l’envoyer. Au fond, ça sera ça de fait à la sortie. Avec la rentrée littéraire, je vais être bien occupé. Au moins, je prends de l’avance. Ah ça, c’est pas moi qui juge. Y’a même des fois je me demande vraiment ce qui se passe dans la tête des rédacteurs. C’est le souci d’être free-lance aussi. Si je me cale un jour dans une vraie rédaction, j’aurai plus tout ce stress. Après, est-ce que j’en ai vraiment envie au fond, je ne sais pas… Avoir toujours ce doute du refus, ça m’évite de me reposer sur mes lauriers et ça c’est chouette. J’ai la chance de vivre la vie que j’ai choisi et non celle qu’on m’a imposé. C’est très cool. Y’en a beaucoup chez mes confrères qui s’en sorte pas et qui sont contraints de faire autre chose. De mon côté ça roule, pourvu que ça dure. Par choix ? Par obligation ? Il a pas l’air de vouloir bosser, mais bon si on l’a refusé mille fois, qu’il se décourage c’est compréhensible aussi. T’as déjà pensé à vivre de tes dessins ? Faut se le dire, il a un sacré coup de crayon. Je suis sûr qu’entre de bonnes mains, ça peut percer ce genre d’esquisse. T’es allez où récemment alors ? J’essaye de voyager aussi. Quand mes finances me le permettent. Cela me donne l’inspiration. Au fond, j’ai l’impression que je ne travaille jamais aussi bien qu’hors de chez moi. J’ai besoin du dehors pour trouver l’énergie. J’aime mon chez-moi, mais il est bien trop petit. J’ai besoin d’espace, de liberté. D’ailleurs, je suis content que le block soit aussi vaste. Je ne me sens pas à l’étroit et ça c’est vachement agréable. Quand on me parlait de télé-réalité, je m’imaginais l’enfermement. Ici, il y ai, mais pas totalement et ça fait du bien.

@Pio
pas pensé au détail qui tue. et il a l'air désolé pour lui, clark, à le voir s'en rendre compte. qu'il s'est ramené du travail pour rien. ou en soi, pas vraiment pour rien, s'il peut l'utiliser plus tard. heureusement. mais c'est sûrement mieux qu'il s'en rende compte maintenant, qu'il ne pourra pas le rendre, plutôt qu'une fois qu'il aurait finie de l'écrire, sa critique. son papier. « t'es passionné en tous cas. j'veux dire, si t'y penses même ici. » ca a de quoi prêter à sourire. « c'est quoi, qui t'as fait tomber dedans ? juste d'aimer lire, ou t'écris aussi, et c'est un moyen de le faire autrement ? » toujours cette curiosité des autres. des gens. de ce qui fait d'eux ce qu'ils sont. et il faut dire qu'il a de quoi intriguer, pio, avec ses airs de Romantique. le mouvement, pas l'adjectif. même si lui, malgré toutes les pages qu'il ingurgite, il ne saurait sûrement rien critiquer. juste pas sa voie « mais oui, c'est grave cool. » il a trouvé la sienne, pio, et ca a l'air de le rendre heureux, en tout cas. c'est plutôt joli à voir. et à force de lui en poser, des questions, il ne peut que répondre aux siennes, aussi, et de bon cœur, une main posée sur un bout de feuille, le bout des doigts qui traîne sur une esquisse. geste machinal, auquel il ne prête que peu d'attention. comme pour mieux réfléchir. « oh, non, par choix. » et son sourire est ailleurs. dans la lune, un peu. les voyages, ca l'a toujours fait vibrer après tout. l'idée de découvrir le monde, malgré son manque d'indépendance crasse. son incapabilité de vivre seul. « j'y ai pensé, ouais - après, je sais pas si... je sais pas. j'fais des commissions de temps en temps, sur internet ? mais - en vrai, j'aime bien avoir l'art pour moi, j'sais pas si ca fait sens. pouvoir faire ce que je veux, pas forcément des commandes. ce qui m'inspire, même si c'est inutile. » et il y en a, des jolies pièces. et il s'illumine, en en parlant, un peu, de celles qui le rendent fier. mais pour le moment, il aiguise surtout son oeil. « j'sais pas si ca fait trop sens, dit comme ca. » c'est comme la musique. il en poste, forcément. et il s'est bien rendu compte que la guitare attirait plus le regard que le violon. mais avant tout, c'est pour lui, ces moments en tête à tête avec les notes. « déjà, j'ai fait un road trip, un peu le tour des US, au début, et puis, j'voulais vraiment voir l'europe. c'est marrant de tomber ici, du coup, parce que je me suis baladé en italie, pas mal. en france un peu. au moins mes cours au lycée auront servi à quelques choses. en grèce, mais pas assez... un peu en espagne aussi, mais surtout à séville. » un genre de voyage initiatique, interrompu par cette réponse du casting. un genre de voyage initiatique, qui, à seulement l'écouter, aurait pu ne jamais finir. « et toi, tu voyages un peu ? c'est quoi le plus bel endroit que t'aie jamais vu ? » une vue, un monument, un musée. quelque chose qui lui mette en tête une image nouvelle. quelque chose qui lui donne envie de voir ca de plus près. il en est friand, toujours, d'entendre les gens parler de ce qu'ils aiment. et si pour pio, c'est les mots, il doit bien y avoir des endroits, aussi. puis, il y peut pas grand-chose, ce mec est fascinant, simplement.