I'm inspired by the world,
and life, and nature.
But most of all, I'm inspired by hope,
So I dream of a better future.

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Le soleil embrasse l'horizon, caressant avec sensualité les coquelicots de la plaine. Un paysage digne d'une carte postale. Et Sherrie et @mirela se fondent parfaitement dans le décor. C'est là l'avantage des cartes postales: tout est immobile. Le temps se fige, le moment est immortalisé dans sa perfection. Il n'y a pas l'envers du décor: la chaleur tapante, la fatigue, ni les barrières de communication qui séparent les deux jeunes femmes pourtant amenées à bien s'entendre, contre toute attente. Il faut croire que certains languages sont plus universels que la conversations. Sherrie a reconnu en Mirela cette même énergie qu'elle possède en elle: une innocence presque infantile, une curiosité avide et spontanée. La concernant, la barrière de langue est moins insurmontable que la barrière d'âge qui la sépare de certains des autres candidats. Elles ont rapidement sympathisé dans les écuries, la semaine passée. Elles se sont chacune attachées à un cheval différent. Sherrie à une jument blonde, qu'elle a évidemment nommée Sparkle (ou pour les intimes et les réseaux sociaux). Mirela, quant à elle, s'est entichée d'un étalon noir. Depuis, elles se promènent, presque tous les jours. Elles découvrent les alentours, elles profitent des paysages. Elles communient avec la nature. La nature les ressource et les rapproche. Et la carte postale devient finalement mobile, de toutes ses couleurs chatoyantes. Aucun mot n'est nécessaire pour communiquer la qualité paradisiaque de ce décor.

Quand elle a appris la nouvelle, Mirela était aux anges. Elle a l’habitude d’aller dans la campagne roumaine, rejoindre sa tante qui élève des chèvres et les bichonner comme des reines. Dès qu’elle peut être en contact d’animaux, en dehors de son chien et de son chat, elle saute sur l’occasion. Alors des chevaux ? Ça lui rappelle les balades avec sa mère. @Sherrie partageait son enthousiasme. Il ne fallut pas très longtemps pour que ça devienne leur rendez-vous de la journée. Parfois elles passaient juste une tête aux écuries pour observer leur cheval favori. D’autres fois elles venaient s’en occuper, les brosser, les bichonner. Mais la plupart du temps elles ne pouvaient résister à l’envie de faire une balade, si le cheval était coopératif. L’américaine avait surnommé le sien Sparkle, pas vraiment étonnant venant d’elle. Mirela avait choisi Furtună, tempête en roumain. Elle adorait sa robe sombre et la complicité qu’elle avait déjà noué avec lui. Le silence s’était installé durant leur balade, ce qui n’avait rien de déplaisant. Bien qu’assez inédit en compagnie de Sherrie qui semblait toujours avoir cent choses à raconter, cent choses à partager. Mirela qui a du mal avec l’anglais, avait encore plus de mal avec l’anglais que parlait Sherrie. Pour elle c’était comme si c’était deux langues différentes. En même temps elle avait aussi appris beaucoup de nouveaux mots, comme kween, boo ou encore bae. « Oh manque chapeaux cowboy non ? » Elle brise le silence en parlant d’un truc qui a flashé dans sa tête sans prévenir. « Rose ou tâches vaches. » Ce serait top pour le look. Il parait que le look c’est important, c’est Boaz qui le dit. « Raconte-toi. Frères ? Sœurs ? Bébé Sherrie comment ? »

À la suggestion de Mirela, son visage semble s'illuminer. « Oh, tellement!! Tu crois que y'en a quelque part, caché dans le bloc? » Elle adorerait pouvoir canaliser sa cowgirl intérieure, c'est un look qu'elle avait toujours voulu tester sans jamais en avoir l'occasion. « Quelle couleur? » La communication avec Mirela, c'est un exercice intéressant. À la fois plus complexe qu'avec les autres candidats ... Et d'un autre côté, beaucoup plus simple. Les deux jeunes femmes semblent parler deux langues complètement différentes. La barrière linguistique en serait presque insurmontable. Presque. Mais leurs énergies communiquent là où leurs mots leur font défaut. Elles se comprennent sur un autre plan, et parfois, même sans parler. Et au final, Sherrie se sent plus à l'aise et en confiance lorsqu'elle est avec Mirela que lorsqu'elle se retrouve avec certains des autres candidats. Mirela propose ses suggestions. Un chapeau rose, ou tâches de vache. « Tellement le feu!!! » Sherrie se dit qu'un chapeau de cowboy balle de disco peut être sympa, aussi. Elle sait que c'est basique: depuis que Beyoncé l'a fait, tout le monde veut le faire. Mais que peut-elle y faire? Le bon goût reste le bon goût, et Beyoncé a définitivement bon goût. Si le bloc est plein de kweens, Yoncé c'est carrément la déesse. Mirela lui pose des questions sur son enfance. Sherrie se perd un peu dans ses souvenirs. Elle repense à sa jeunesse, et aux sacrifices que ses parents ont fait pour elle. Sa mère, couturière, cousait tous ses vêtements. Surtout ceux pour la scène. Son père travaillait jour et nuit pour subvenir aux besoins de sa famille. Elle a été trimballée de compétition de chant en compétition de chant, de cours de danse en cours de danse, et ce, dès son plus jeune âge. Être chanteuse, être célèbre, ça a toujours été son rêve: sa mère ne cesse de le lui rappeler. Elle ne s'en souvient pas, mais elle se dit que ça doit être vrai. « J'ai eu une belle enfance. Je n'ai jamais manqué de rien. Mes parents ont toujours fait de leur mieux pour qu'il ne manque rien, à la maison. » Les choses n'ont pas toujours été parfaite (quelle chose l'est réellement?) Mais Sherrie se considère chanceuse dans l'ensemble. Elle se perd dans ses pensées, une minute. Puis elle reporte son attention sur sa camarade. « Et toi alors? C'est comment, la Roumanie? Ça te manque? » Et c'est où, d'ailleurs? Sherrie n'est pas la reine de la géographie. Elle connait l'emplacement des pays essentiels: l'Égypte, les USA, le Canada, le Mexique, le Brésil, la France, le Royaume-Uni, la Chine, etc ... Mais dès qu'on sort des états les plus connus, ça devient tout de suite plus nébuleux pour la brune.

« Peut-être @Boaz avoir ça si être fashion ? » Elle propose ayant aucune idée de si c’est fashion ou pas cette histoire de chapeau de cow girl. Elle tire légèrement sur la bride pour que son cheval ne dévie pas trop la trajectoire du sentier. Elle voudrait pas qu’il se blesse à emprunter un chemin pas sécurisé pour ses sabots. Pour la couleur elle réfléchit pas bien longtemps Mirela, elle voit bien @Sherrie avec un chapeau rose, pour elle ce serait celui à tâche de vache. La starlette approuve et ça laisse un petit rire affectueux sur les lèvres de Mirela. C’est le genre de balade qui est propice aux confidences, quand on doit seulement se concentrer sur la cadence à tenir, qu’on est en bonne compagnie et que le paysage est agréable ça ne peut aller que dans ce sens. Elle l’écoute parler de sa belle enfance, des parents investis qui ont tout mis en œuvre pour que Sherrie ne manque de rien. « Toi habiter avec eux ? » Elle ajoute comme question supplémentaire, essayant d’avoir suffisamment de détails pour que son image mental de la Sherrie de dehors soit la plus réaliste possible. « Ah non habiter avec Smith ? » Si on la questionnait à ce sujet, elle ne mentirait pas Mirela. Elle est pas tout à fait à l’aise avec la différence d’âge entre les deux amoureux. Elle ne doute pas que Sherrie est tout à fait capable de se débrouiller et de savoir ce qu’elle souhaite. Mais il a des vibes à la Dicaprio ‘j’aime que les filles de moins 25 ans’, ce Smith. Sherrie elle mérite l’amour, le vrai. Après tout elle n’est pas dans leur relation, elle se fait certainement une idée à cause de ses préjugés ? « Moi habiter avec ma mère, travailler ensemble café. Je garder argent pour acheter van et faire voyage. » Elle explique que malgré son indépendance, elle et Ursu, squattent toujours la maison familiale. « Oh non pas encore. » Le manque, il viendra après. « Déjà parti plus longtemps. »  Ça lui manquera réellement dans quelques semaines, quand elle en pourra plus de voir le même paysage, les même gens et que ça la fera tourner chèvre. « Roumanie être magique, forêt, lacs, beaucoup randonnées. Et gens sympas. Tu viendras ? »  Elle propose, à ça d’inviter la moitié du bloc dans son salon. Les randonnées c’est le truc à Mirela, mais y a pas que çà en Roumanie. Y a le patrimoine touristique, y a la bouffe incroyable et pas cher, y a les clubs…

Le visage de Sherrie s'embrume lorsque Mirela lui parle de @boaz. Elle repense à la fameuse tragédie de la semaine précédente: le fameux #dressinggate. La brune avait pourtant fait des efforts surhumain pour être agréable, bienveillante et accommodante à l'égard de tous ses camarades de bloc, sans exception. (Hé oui, même avec @saturnin, c'est dire!) Une des expressions de sa mère lui revient en mémoire: la route vers l'enfer est pavée de bonnes intentions. Il est là, le destin de Sherrie: paver une route damnée, jour après jour. Son essence même est une source de bonnes intentions. Et en une bonne intention, voilà qu'elle avait semé la panique, la discorde et, visiblement, signé un accord de guerre intergalactique, sans même le vouloir. « Peut être, oui... » Elle sourit à l'intention de @mirela, d'un air mélancolique. Elle était d'ailleurs même certaine que Boaz avait des chapeaux de cowboy: elle les avait soigneusement rangés avec le reste de ses affaires, au sol, lorsqu'elle avait essayé de chasser les bonnes intentions.

Heureusement pour Sherrie, bestie lui change rapidement les idées lorsque la conversation en dévie au sujet de sa famille. « Oui, toujours chez mes parents » souffle-t-elle d'une voix respectueuse, presque vénérante. Elle voue un respect inébranlable à ses parents. Pour elle, ils sont au delà de toute reproche. Sherrie n'avait d'ailleurs jamais fait de crise d'adolescence. Sa mère lui avait toujours affirmé ce qu'elle voulait, ce qu'elle serait, ce qu'elle devait faire, comment elle se comporterait. Sherrie a toujours tout accepté, sans se plaindre: ses parents l'aiment, ils savent ce qu'il y a de mieux pour elle. C'est d'ailleurs sa mère qui l'a aidée à créer son compte Tik Tok et qui l'a conseillée sur toutes ses premières vidéos. Oui, sans elle, Sherrie serait vraiment perdue. « Ce sont mes rocs, mes inspirations. Je ne peux même pas imaginer vivre loin d'eux!! » Ça semble probablement immature, aux yeux des autres, cet attachement juvénile qu'elle a à sa famille. Mais elle se dit que si quelqu'un comprendrait, ce serait probablement Mirela: n'aidait-elle pas sa mami dans son café? Sherrie ne sait pas s'il s'agit là de sa grand-mère ou de sa mère, mais il lui semblait bien avoir entendu quelque chose de ce style lors de sa présentation pendant le prime.

Son visage s'empourpre légèrement lorsque @Smith est mentionné. « Non non, pas encore... » Tout semble aller si rapidement, entre eux. Elle a l'impression que leur rencontre date encore d'hier. Les choses avancent à une allure si vertigineuse que parfois, elle en a le tournis. Mais non, ils ne vivent pas ensemble. Pas encore. Elle renvoie les questions à la roumaine pour en savoir plus sur sa vie, son quotidien. Sherrie reste observatrice. Toutes les informations sont emmagasinées dans ses pensées. Avant tout, c'est une femme cérébrale, même si cela ne se voit pas tous les jours. « Oh, c'est trop le feu ça, sis! C'est tellement dope que tu aides ta momma! » Concernant le projet d'évasion et d'aventure de Mirela, la réponse de Sherrie est aussi subtile qu'elle est révélatrice. « Ça a l'air tellement géant, tu m'emmèneras avec toi? » Partir ailleurs, n'importe où. Là où personne ne reconnaît son nom, ni son visage. Il y a bien là un charme qu'elle ne peut pas nier. Mirela affirme ne pas encore avoir le mal du pays. Sherrie n'est pas une femme jalouse, mais elle se surprend à envier légèrement le détachement de sa nouvelle amie. Pour elle, le manque est si réel qu'il en est cruel. Sa famille lui manque. Ses amis lui manquent. Ses habitudes lui manquent. Bien qu'elle joue à la perfection le rôle de la reine du bal, elle n'a pas réellement l'impression d'avoir sa place, au sein du bloc. Pas réellement, non. Elle avait une vie, avant le bloc, Sherrie. Une vie qu'elle a entièrement mis en pause, pour venir ici. Comme tout le monde, très certainement, oui. Comme tout le monde. Elle ne savait simplement pas que le détachement serait aussi dur et douloureux. Oui, ça doit probablement être ça.

« Ça a l'air trop chouette! Je viendrai avec plaisir, no cap: tu peux compter sur moi. » La Louisiannaise tient toujours parole. Mentir ne fait pas partie de son lot de compétences. Ce n'est pas quelque chose qui lui vient aisément, ou qu'elle sait faire sans remords. L'honnêteté est une des valeurs les plus importantes au monde, à ses yeux. « Ça a l'air similaire à la Louisiane, ce rapprochement à la nature. Mais très différent, aussi. Tu viendras, toi aussi? » Sherrie adorerait tellement pouvoir montrer son univers à Mirela. Loin d'un public, loin des caméras. Juste elle, et la chambre dans laquelle elle a grandi, dans la maison de ses parents. Le gumbo de pop, et bien entendu les beignets de momma. L'école primaire où elle a passé ses premières années, le studio de danse où on lui a enseigné ses premières chorégraphies. Le studio où elle enregistre ses pensées les plus personnelles et les plus profondes. Elle aimerait, oui, pouvoir montrer tout ce qu'elle est réellement. Loin des caméras. Là où l'authenticité règne.

Elle a pas pensé Mirel, qu’en mentionnant @Boaz elle pourrait attrister la belle @Sherrie. Parce qu’elle avait oublié cette histoire de dressing qui a ses yeux n’avait rien de très important. Elle comprenait la position de Boaz, pour qui les vêtements c’est très important. Mais savait pertinemment que Sherrie n’avait aucune mauvaises intentions lorsqu’elle a décidé d’éparpiller le contenu du dressing de Boaz. « Toi pas triste, l’histoire être oublier vite. » Elle tente de la rassurer d’un sourire. L’idée c’est de lui chasser tous ces petits nuages qui parent ses jolis yeux. Alors elle décide de lui parler de sa famille, en espérant que le manque ne soit pas trop insurmontable. Parce que sinon les nuages ils vont vite revenir dans ses opales ébènes. Au vu de son âge, elle trouverait pas ça déconnant qu’elle habite toujours ses parents. Bien qu’elle doit pouvoir prendre son envol en se trouvant un joli loft. Peut-être avec Smith ? « Même si un jour toi partir maison, tes parents eux toujours là pour toi. » Qu’elle n’ait pas peur de quitter le nid Sherrie, le jour où elle déploiera complètement ses ailes, elle fera des choses incroyables. Concernant Smith, visiblement ce n’est pas encore d’actualité. C’est peut-être mieux ainsi. Mirel, elle pariait pas vraiment sur la longueur de leur relation, peut-être parce que dans son cœur elle se dit que Sherrie mérite mieux qu’un gars trop vieux et trop agressif. Elle si douce dans chaque trait de son visage, de son sourire à la forme de ses yeux. Elle mérite la douceur. Smith l’est certainement lorsqu’ils sont que tous les deux. Mais jusqu’ici, il avait montré qu’un visage froncé de colère et de jalousie. « Toi avoir envie de vivre avec lui ? » Elle questionne, curieuse, avant de s’étendre sur sa petite vie à elle. Celle qu’elle passe avec sa mère, au café, à la maison avec des rêves d’évasion pleins la tête. Elle ricane. « Oui toi bienvenue dans van. » Elle commente doucement. « Mais toi avoir vie incroyable, toi vouloir partir sur les routes loin de ça ? » Peut-être que ce n’était pas aussi incroyable que Sherrie semblait le dire à travers ses sourires et son enthousiasme. Peut-être que Sherrie elle était pas si heureuse que ça. Mais ça Mirel, elle le soupçonnait pas encore. Elle se disait qu’elle avait peut-être juste envie de prendre l’air. Puis elle l’invitait en Roumanie aussi, parce qu’elle devait venir voir par elle-même. Ce serait plus parlant que la description bancale de Mirel. Elle répond d’un sourire, avant d’ajouter à la hâte. « No cap dire quoi ? » Elle comprend pas vraiment l’expression, bien que le sens lui semble proche d’une promesse ou d’un « je le jure », elle n’en a pas la certitude. « Oui, faire road trip avec van dans tout Amérique et venir chez toi. » Elle propose sincère. Mirel, elle dit jamais les choses à la légère, peut-être qu’elle usait pas de l’expression « no cap », mais suffisait d’un regard pour savoir qu’elle était 100 % sincère. « Être où endroit que toi préfère chez toi ? »

hj: désolé pour le temps de réponse, je reviens pour cloturer un peu tout ça!

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« Sans doute, oui. » Petit sourire en coin, pas très convainquant, pas très convaincu. Sherrie aime pourtant prêcher l'optimisme et la positivité – mais quelque chose lui dit que @boaz est de nature rancunière, un détail qui l'angoisse légèrement: la Louisiannaise déteste les conflits. Les mots de Mirela la rassurent vis-à-vis de sa famille. « Oui, c'est vrai! » Un brin de positivité dans son moment de morosité. Mais Sherrie reste malgré tout effrayée à l'idée de quitter le nid: elle a tellement l'habitude de compter sur sa mère pour ... Tout, au final, qu'elle aurait presque l'impression de ne pas savoir qui elle est sans elle. Presque. La question suivante la désamorce quelque peu, la brune faisant ce qu'elle a l'habitude de faire lorsqu'un sujet qu'elle préfère éviter est abordé. « Un jour, oui, pourquoi pas? » Sourire discret, réponse vague et évasive. La relation est encore trop fraiche, trop neuve, trop récente. Sherrie essaie encore de se projeter au jour le jour. Autant dire que le futur reste toujours flou à ses yeux. Elle se frotte les yeux, parfois, en pensant à la chance qu'elle a de pouvoir faire partie de l'histoire d'un homme aussi impressionnant que Smith. Elle peine à réaliser, parfois, le concours de circonstances inimaginables qui ont résulté en cette rencontre digne d'un compte de fées, ou de l'autobiographie de Beyoncé. Avec Sherrie dans le rôle de queen B, et Smith dans le rôle de Jay-Z, bien entendu. « Tu sais, ma vie n'est pas aussi incroyable qu'elle en a l'air. » Un autre sourire, sincère, mais mélancolique. Première fissure, véritable souffle d'authenticité. De l'extérieur, la vie d'influenceuse, d'étoile musicale montante, et de power couple sont peut être des idées très alléchantes. Sherrie n'a jamais été une fille bien compliquée. Elle n'a jamais vraiment eu besoin de toute cette attention, de toute cette pression, de toutes ces questions. Qu'on l'observe, qu'on la dévisage, qu'on s'obsède sur les moindres détails de sa vie. Tout ce qu'elle avait envie, c'était de pouvoir exprimer la voix et les idées que Dieu lui avaient offertes (du moins, c'est ainsi que sa mère le lui avait bien inculqué: sa voix était un cadeau de Dieu, et elle devait lui être reconnaissante). « ... Parfois, l'idée de pouvoir disparaître, ne serait-ce que quelques heures, reste tout de même bien inspirante. » C'est d'ailleurs en partie pour cela qu'elle est dans le bloc: afin de pouvoir échapper aux paparazzis, aussi impitoyables qu'implacables, l'espace de quelques mois. Elle avait écrit beaucoup de poèmes et de chansons à ce sujet. Pas dans l'album qui allait sortir en Novembre, non: son label ne le lui aurait jamais permis. Mais dans son carnet à rêves, à idées, à secrets ... Oui, ce carnet regorge de toutes les gemmes les plus précieuses de son arsenal, celles qu'elle aimerait pouvoir partager avec le monde mais que le monde lui refuse de partager. La brune rit légèrement, non pas de façon cruelle ni moqueuse, mais plutôt avec bienveillance, face à la question de Mirela. Elle oublie, parfois, Sherrie, que sa façon de parler n'est pas forcément à la portée de tou·te·s. Surtout celle qu'elle a d'écrire sur les réseaux. En personne, et. même par message, elle s'exprime plus naturellement, d'habitude, bien que certaines expressions sont ancrées dans son identité, ainsi que celle de sa génération. « Pardon, j'oublie souvent que mes expressions ne sont pas très universelles. Un cap, c'est un peu comme un mensonge. Donc quand on dit « Cap », à quelqu'un, ça veut dire qu'on pense qu'iel ment. Et inversement, quand on dit « no cap », ça veut dire qu'on ne ment pas. Je ne sais pas si c'est très clair? » L'idée du road trip Américain met des étoiles dans les yeux de Sherrie. « Oh, quelle super idée! Je pourrais venir avec toi ? » La question est formulée avec tellement d'enthousiasme que l'idée de répondre non serait difficile à obtenir: il y a tellement d'espoir dans sa voix, dans son regard. Presque comme si sa vie en dépendait. Presque. Il y a tellement de choses que Sherrie rêve de voir aux États-Unis, un pays qui n'est pas rendu moins magique et merveilleux par ses innombrables dangers et imperfections, bien que ces tâches la maintiennent souvent éveillée la nuit. « Mon endroit préféré c'est la cuisine de momma. J'ai tellement de souvenirs de cette pièce ... » Ses premiers repas, ses premiers chants. Les secrets qu'elle a raconté à sa mère, les conseils que celle-ci lui a offert. Le jour où sa première vidéo virale est devenue virale. Tout semblait émaner de cette pièce magique, un véritable cocon de confort et d'intimité, qui n'a jamais changé, avec le temps. L'énergie du lieu reste pure, immaculée. C'est là où Sherrie se sent le plus en sécurité. « Et toi alors? »

Le soleil commence à se coucher, baignant les deux belles dans des rouges écarlates et des roses riches en couleurs. « Il est peut être temps de regagner le bloc... » souffle-t-elle alors, la voix tâchée par une pointe de regret. Sherrie aurait aimé pouvoir continuer de galoper, indéfiniment. Malheureusement, il est temps de revenir à la réalité.