vendredi 7 juillet - graines (14h25)

J'ai décidé de prendre l'allemand au mot cet après-midi. Je lui ai envoyé un petit texto pour lui donner rendez-vous dans les jardins que j'ai pas particulièrement eu le temps ou l'envie d'explorer jusqu'à maintenant. Je suis surtout curieux en fait, c'est ce que je me dis avant de m'étaler de tout mon long sur la pelouse. Il a quand même vachement multiplié les sous-entendus et les perches sur les réseaux et bon faut dire que je saisis toujours celles qui viennent gentiment se mettre sur ma route. Je regarde ma montre, il devrait là d'ici deux minutes, mais c'est déjà trop long. Flemme. Je râle dans l'air. Je commence à texter @Clark pour tuer le temps. Dès que je m’emmerde un peu c'est soit lui soit @Sherrie puis ils me répondent un truc complètement lunaire au premier degré, je rigole un bon coup et ça y est j'ai la pêche.

La vibration de son téléphone sur la table à ses côtés le tire de ses rêveries et il le récupère d’un geste rapide, scrutant l’écran où l’invitation de @Boaz de le rejoindre dans les jardins s’affiche. Ça tombe à point, lui qui commençait à s’ennuyer. Abandonnant la terrasse où il avait eu l’intention de faire sa petite sieste d’après-midi, Bowie dévale les escaliers rapidement, manque de rater la dernière marche, se rattrapant juste à temps à la rampe. Ouf, plus de peur que de mal. Le temps de calmer son petit cœur paniqué et le voilà qui repart. L’odeur de la mer embaume l’air qui se glisse jusqu’à ses narines dès qu’il pose le pied dehors, bientôt remplacer par celles des centaines de fleurs qui poussent à profusion ces jardins. Là, en plein milieu de l’herbe, il retrouve le candidat étendu de tout son long. Le brun ne tarde pas à le rejoindre, s’arrêtant à la hauteur de ses pieds. – T’es tombé et t’as besoin d’un coup de main pour te relever? Une façon comme un autre de s'annoncer, alors que son camarade a les yeux rivés sur son portable.

@Bowie

Je pousse un râle. Mais vraiment le long long râle qu'on pourrait facilement confondre avec une réaction à une situation beaucoup plus plaisante que celle dans laquelle je me trouve là tout de suite. Il est en retard le bougre. L'audace. En plus Clark a pas particulièrement été distrayant par message aujourd'hui donc je suis encore de pire humeur. Je suis à deux doigts de me barrer et improviser une aventure digne de ce nom quand une silhouette vient soudainement barrer les rayons du soleil. Il y va de sa petite réplique. Moi je rigole pas, il a deux minutes de retard. Je fais mine de tendre la main et j'en profite pour l'attirer au sol avec moi. Ça c'est pour l'attente. Je suis de meilleure humeur là d'un coup, comme quoi un peu tout résoudre par un peu de violence, parole de Bélier. Je me tourne sur le côté pour regarde comment il s'en sort dans l'herbe. Je pensais que les Allemands étaient d'une ponctualité absolue, mein herr. Je sais même plus pourquoi je l'ai fait venir ici, mais c'est trop tatd il a intérêt à me distraire.

Un autre que Bowie aurait vu venir le piège à des kilomètres à la ronde. Lui, il était trop naïf pour remarquer la malice dans les yeux de @Boaz, cette main tendue, un appel à l’aide plutôt qu’un piège qui risquait de se refermer sur lui. Trop tard, d’ailleurs, pour faire marcher arrière, alors qu’il se sent attirer vers l’avant, son corps perdant sa balance avant de s’étaler sur le tapis d’herbe verte en toute élégance (c’est-à-dire, aucune). Son épaule amorti le coup, son souffle se coupe sous l’offensive. – Ouch. Supposément qu’il s’agissait de sa punition pour avoir fait attendre le bougre anglais. – Sooo, c’est comme ça que j’découvre que t’es sadique? Le brun songe deux secondes à se relever, mais se laisse finalement retomber sur la pelouse, glissant l’une de ses mains sous sa nuque, pour plus de confort. – Je suis pas vraiment allemand. Ça fait que deux ans que j’vis là-bas, et j’ai pas encore adopter leurs bonnes habitudes, faut croire. Une remarque qui rendait totalement futile sa petite critique. – Moi qui croyait que les anglais n'avait pas d'humour. Ce qui était tout à fait ironique, étant lui-même natif de ce territoire.

@Bowie

L'allemand il a quand même le mérite de bien prendre ma petite vengeance. En même temps, je vois pas pourquoi il le prendrait mal, c'est quand même moi qu'il fait attendre. Qui sème le culot récolte sa tête dans l'herbe. Il découvre tout juste mon sadisme apparemment. T'as pas fait attention à mon profil pendant le prime ? De mieux en mieux. Tu sais comment je m'appelle au moins ? Je suis totalement dans l'abus pour changer, mais si je peux le faire se sentir coupable pour en tirer ce que je veux, c'est la faute à sa naïveté hein. Je suis Gryffondor moi, je fais jamais rien de mal. Il reste au sol, à mes côtés et me sort le plot-twist de la demi-heure : Il est pas allemand. Je suis curieux du coup. Je pensais que tes parents avaient juste du goût et que tu forçais sur l'accent British mais en fait t'es jute des nôtres. J'étais à deux doigts de lui en foutre une pour qu'il arrête de copier mon accent, mais tout va bien. Pourquoi l'Allemagne du coup ? Et comment tu comptes te faire pardonner ton retard ? Oui je veux bien l'écouter raconter sa vie, mais n'oublions pas l'essentiel.

@Boaz et lui partagent peut-être le même lit, la même chambre, mais dans les faits, le brun ne peut pas vraiment dire qu’il connait bien l’anglais. Et l’autre ne tarde pas à lui en faire le reproche, jugeant qu’il n’avait pas été assez attentif face à son profil durant le prime. Prime auquel Bowie s’était joint en retard, merci à la compagnie aérienne et ses délais inexplicables. À croire que l’univers s’était ligué contre lui, ce jour-là. – Hm, et comment j’pourrais ignorer ton nom, Boaz? Je suis pas aussi ignorant. Ça devrait au moins répondre à sa question. – J’te signale que j’ai manqué pas moins de la moitié du premier prime, et je n’y étais pour rien, pour cette fois! Lui et une autre candidate avaient dû subir ces retards, bien contre leur gré. – Donc si t’as été présenté dans le début, c’est pas que j’ai pas fait attention, c’est juste que je l’ai jamais vu… Et il le regrettait, d’ailleurs. Ça lui donnait grave l’impression de partir cette aventure avec un handicap de plus que les autres. Une moue contrite se peignit sur son visage. Cette impression d’être parti du mauvais pied avec le candidat le piquait. – J’vois pas en quoi le fait que je sois pas allemand ferait en sorte que mes parents n’ont pas de goût? Sa tête se penche vers le styliste, en quête d’une réponse, un indice. Pas qu'il le prend comme une insulte... mais presque. – C’est là-bas que j’ai trouvé un job en premier, quand j’ai voulu quitter Londres. Un besoin de changer d’air. Il a par contre un peu de mal à répondre à la deuxième demande du supposé Gryffondor. Songeur, l’une de ses mains passe sur son front, avant de se réfugier dans ses cheveux. – Bah… j’sais pas trop. Ça serait pas plus simple si tu me disais ce qui te ferais plaisir? Est-ce qu’il glissait sur une pente dangereuse? Peut-être. Que sa naïveté le protège.

@Bowie

Oui exactement comment pourrait-il oublier mon prénom ? On peut difficilement faire plus iconique. Bon c'est vrai que "Bowie" c'est pas trop mal non plus, dans le genre référence. Mais moi du coup je suis LA référence, parce que qui d'autre s'appelle Boaz ? Nobody. Ah merde mon ego est encore en train de s'exciter, on revient sur Terre. Il raconte quoi ? Oui oui t'inquiète. Je réponds sans vraiment être sûr. Je vais pas le torturer non plus, pour l'instant. Surtout quand il fait la moue, je comprends, c'est pas un profil que j'aurais aimé rater non plus. Il a pas l'air d'avoir compris ma taquinerie, tan pis. Je vois pas non plus. Je réponds juste pour mettre les choses au clair. Il m'en apprend un peu plus sur lui et la raison sa relocalisation. Chelou de pas trouver de boulot au moins sur Londres. T'as pas fait les bonnes écoles pour trouver du boulot à Londres ? Ou alors c'est une histoire de talent, mais je préfère en juger par moi-même. Plus difficile de répondre à ma deuxième question, ça se lit sur sa tronche et sa gymnastique gestuelle. J'ai ADHD du coup ça capte au moins mon attention deux secondes, c'est cool. Et il finit par répondre un truc qu'il a probablement regretté au moment même où c'est sorti de sa bouche. La mienne s'étire dans un sourire. Pas fun. C'est bien une réponse de victime ça. Je ferme les yeux et passe les mains derrière ma tête. Réveille-moi quand tu te seras fait pousser une paire. Peut-être que la main verte marche aussi pour ça.

Les sous-entendus, les remarques sarcastiques, les taquineries, Bowie avait toujours eu du mal à en saisir la réelle intention, le véritable message qui se cachait derrière. Cette tendance à tout prendre au premier degré, ça devenait un peu lourd par moment, même pour lui. Car il s’en rendait bien compte, de la simplicité de son esprit. Des raccourcis parfois trompeurs que son cerveau lui faisait prendre, optant pour la facilité plutôt que de vraiment prendre le temps d’analyser l’information. Neurodivergent qu’il était, avait-il fini par comprendre au fil des années. Mais il s’égarait. – Oh, mais j’ai bossé pendant plusieurs années à Londres. Jamais eu de mal à me trouver un job non plus. Ses classes, il les avait faites à la Fashion Technology Academy. Ce n’était pas le London College of Fashion, fallait bien l’admettre, mais il n’aurait jamais eu les moyens pour y étudier. Peut-être qu’en sortant d’ici, ça serait différent. Il est soudain distrait par l’espèce de sourire qui prend naissance sur les lèvres de @Boaz, un faciès qui clash avec la remarque qu’il lui balance, quelques secondes plus tard. Réponse de victime? Il était bien des choses, mais pas ça. Son retard, il en assumait la responsabilité. Mais peut-être que l’anglais n’avait pas tord et que sa proposition sonnait un peu faux. Comme s’il n’avait pas la capacité de trouver de quoi se faire pardonner. Un jour, il arriverait à le cerner. Peut-être. – OK, ok. Il lâche dans un soupir, se redressant, ses mains toujours dans l’herbe derrière lui. L’autre feint de sommeiller à ses côtés, ce qui lui laisse quelques secondes pour réfléchir. Et quand l’idée lui vient enfin, le voilà qu’il se laisse choir à nouveau, se glissant sur le côté pour mieux faire place à Boaz. – C’est l’heure de se réveiller, princesse, qu’il lâche en l’observant. Bowie le laisse encore mijoter un court instant, avant de lui confier son « cadeau ». – J’ai décidé que j’allais te donner trois… vœux, ou souhaits. Enfin, tu appelles ça comme tu veux. Tu demandes, et je peux pas refuser, tu vois le genre? Me dit pas d’aller me jeter en bas d’une falaise par contre, j’tiens encore à rester en vie. Mais dans la limite du raisonnable, j’dois faire ce que tu me dis. En d'autres mots, il remettait un peu sa vie entre les mains du styliste. Mais l'absence de réaction de ce dernier face à sa proposition, ce silence qui se prolongaient, commençait un peu à l'inquièter. Se la jouait-il vraiment princesse au bois dormant? Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir. Ses lèvres vinrent se poser à la commisure des siennes en quête d'une réponse, son esprit se percutant à la pensée que c'était là, depuis le début, le désir de Boaz. Ou bien quelque chose qui s'en rapprochait.

@Bowie

J'écoute d'une oreille distraite quand il me parle de Londres. Je suis quand même curieux de savoir d'où lui vient son besoin de "changer d'air". C'est hyper vague et j'ai un peu la flemme de ce genre de mystères, mais y'a aussi une par de moi qui pense pas qu'un mystère se cache réellement derrière sa réponse. Peut-être qu'il est aussi simple que ça le couturier. Je vois bien que mon sourire lui fait peur, l'effet carrément escompté. Ça me fait toujours marrer les gens qui sont aussi facile à troubler ou qui sont super crédules du genre Clark. Cette espèce de mi-innocence mi-débilité enfantine. Cute, j'étais comme ça aussi. Je fais mon petit manège et je le fais tourner dedans. Les yeux fermés depuis deux secondes j'ai déjà envie de les rouvrir parce que je suis fais pour la lumière moi, pas l'obscurité. J'entends un bruissement d'herbe qui m'indique qu'il se met en mouvement, cool, il était temps. Sa voix se fait effectivement entendre de plus prêt alors qu'il m'annonce son bail de vœux. Trois voeux ? Et j'ai même pas eu besoin de frotter ta lampe magique ? Un michtonnage easy à en faire pâlir Matilda. Je les rouvre toujours pas mes paupières toujours sous le charme de ses paroles parce que clairement pouvoir en faire ce que je veux c'est mi-flemme mi-love language mais là je décide que c'est surtout love language. J'ai pas le temps d'annoncer combien de points sa maison, probablement Serdaigle, vient de gagner que je sens ses lèves venir se poser... à côté des miennes. Okay élément de surprise malgré la timidité bof bof du baiser. C'est tout ? Un de ses testicules vient finalement de pousser. Avec un peu de chance d'ici la fin de l'aventure il en aura deux.

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