Au moins un lever et coucher de soleil par semaine, c'était son objectif pour rester saine. Ca et beaucoup d'exercice probablement mais c'était une résolution moins plaisante à mettre en place. La lampe torche plus que nécessaire, elle arrive à destination sans encombre, son café toujours bien au chaud dans son travel mug. Il lui faut faire un deuxième passage pour remarquer qu'elle n'est pas la seule à avoir eu l'idée de se déplacer aussi tôt. Elle hésite quelques instants avant de conclure que ce serait surement impoli de faire bande à part et se rapproche de la silhouette. Ce n'est qu'arrivé près d'elle qu'elle met un nom sur cette dernière. Bonjour. Elle murmure plus qu'autre chose comme pour ne pas perturber les bruits ambiants de la plage. Plutôt en quête de solitude ou un peu de compagnie ne ferait pas de mal? C'est trop facile ici, d'arriver dans un moment de silence et de s'imposer comme si le destin attendait simplement votre arrivée.

Réveillée bien trop tôt par rapport à son rythme de sommeil habituel, Kit ne cède pas à son envie de se rendormir et opte plutôt pour se rendre à la plage et profiter du lever de soleil qu'elle devine proche, à en juger par la faible lumière qui point à l'horizon. Au milieu du chaos détonnant du block, elle aime bien se créer ses moments de tranquillité, commencer la journée par un peu de méditation et de solitude pour mieux absorber ensuite l'intensité des autres habitants qu'elle apprend à connaître. La plage est vite rejointe, évidemment déserte, et elle se pose sur le sable, genoux remontés, menton posé dessus, le regard fixant la mer et la démarcation avec le ciel qui rosit de minute en minute. Le bruit des vagues est interrompu par le murmure d'une voix qui la salue. « Oh hey » elle répond en retour, offrant à @Bahini un sourire. Elle ne pensait pas voir d'autres personnes aussi matinales qu'elle, mais sa présence ne la dérange pas le moins du monde. « Toujours ouverte à de la compagnie ! » Kit tapote une place à côté d'elle pour l'inviter à s'asseoir. « Tu t'es levée exprès pour voir le lever de soleil ou c'est un heureux accident ? »

Satisfaite de ne pas déranger elle s'installe près de @Kit, le mouvement relativement élégant pour poser ses fesses à même le sable, café bien ancré contre sa paume. — C'est volontaire. L'absence de sommeil ne la dérangeant pas le moins du monde le réveil n'avait pas été difficile. — Pour toi? Elle observe la brune quelques secondes, la légère brise qui caresse ce qu'elle distingue être ses cheveux avant de se tourner vers l'océan. — C'est quelque chose que tu fais régulièrement? Observer le lever du soleil? Pour beaucoup, cela restait quelque chose de très spirituel, les raisons positives ancrées dans l'existence tout autant qu'un spectacle des plus plaisants. — Prendre du temps pour toi en général, ça fait parti de ton quotidien? Sa banque d'informations sur la brune est quasi inexistant et c'est un bon moment pour commencer à changer les choses. Ou tout du moins essayer, l'absence d'envie d'éviter toute conversation avec elle est déjà une bonne chose. C'est parfois touch and go avec certains.

« Un heureux accident » elle répond en retour dans un sourire. « Je suis pas très matinale, mais je me suis réveillée et je pouvais pas me rendormir, je me suis dit que j'allais au moins en profiter pour faire quelque chose de réconfortant. » Et quoi de plus réconfortant que de voir le soleil se lever, plein de promesses pour le reste de la journée ? « Non pas vraiment. Et puis pour moi c'est quelque chose que je fais dans des endroits paisibles, autant dire que c'est impossible à NY. » Elle tourne le regard vers @Bahini, se prend de fascination pour le vert de ses yeux qui tranche avec son visage, et lui retourne la question. « Tu le fais souvent toi ? » elle questionne, puis secoue la tête. « Non, pas plus que ça. Enfin, si, mais à ma façon. Je m'épanouis quand je suis au contact des autres, et parfois j'ai besoin de recharger mes batteries émotionnelles et quand ça arrive, je sais prendre du temps pour moi. » En méditant, en faisant du yoga, en se promenant sans but, juste pour se laisser en harmonie avec ses idées et émotions. Kit les accueille plutôt que de les subir, tente de vivre sainement avec. « Qu'est-ce que je devrais savoir sur toi ? » elle questionne, le sourire léger.

— Plutôt du genre à avoir besoin de plusieurs cafés pour émerger? Etre matinal assez vaste comme définition et pouvant encadrer assez de choses que ça mérite un aperçu plus précis. Elle imagine assez peu ce que ça donne d'habiter au cœur de New- York mais effectivement le rendu du lever de soleil devait être vraiment différent. — Le changement de situation est plaisant ou le bruit te manque? C'est facile de s'habituer à quelque chose, même la pollution sonore. Elle doute que ça lui manque réellement mais peut-être le rythme de vie plus accéléré que le leur. On ne peut pas dire qu'ils courent tous après le temps par ici. — Assez régulièrement. De son côté, cela reste proche de l'anecdote que de la véritable passion mais c'est quelque chose qu'elle apprécie assez pour prendre le temps parfois, admirer le départ d'un nouveau jour. — Comment est-ce que tu sens que tu as besoin de temps pour toi? La question sonne un peu trop personnelle pour une première conversation mais ça ne l'empêche pas d'attendre la réponse, curieuse de voir comment ça se déclenchait. Peut-être que l'ambiance incitait au partage comme @Kit semblait dans la même sphère de questions. — Probablement très peu de choses. Surtout pour le contexte dans lequel elles se trouvaient. — Je dors excessivement bien. Toujours une bonne chose vu le nombre de personnes dans leurs chambres. — Je ne sais pas vraiment cuisiner. Elle cherche des réponses, les évidences ne lui sautant pas aux yeux. — Je n'ai que très peu de références cinématiques. La télévision tout aussi peu et les livres encore moins, les romans bien loin de son quotidien. — Je ne suis pas facile à approcher. apprivoiser plutôt, surement mais ça se rejoint quelque part, l'idée reste similaire. Il faut s'accrocher et parfois ça ne vaut simplement pas le coup. Ca devra être suffisant parce que le reste oscille entre anecdotique et beaucoup trop personnel et restera silencieux. — Il y a des choses que tu n'aimes pas chez les autres? Des points absolument pas négociables qui font que c'est compliqué pour toi de les fréquenter?

« Plusieurs cafés et cinq snooze sur mon réveil oui » elle confirme d'un hochement de tête. Dans sa famille, tout le monde sait qu'il ne faut pas lui parler avant au moins une heure, le temps qu'elle se réveille et aligne deux phrases à peu près cohérentes. Si elle n'est que rarement de mauvaise humeur, chances are qu'elle le soit surtout au réveil. « Un peu des deux. Quand on est habituée au chaos, le silence fait peur. » Un constat un peu trop profond pour l'horaire, mais elle le pense réellement Kit. Le silence interdit les distractions, oblige à se concentrer, alors même qu'elle a cette tendance à s'éparpiller facilement. Le bruit la rassure, la détend presque. « Qu'est-ce que t'attires dans les levers de soleil ? » La plupart des gens préfèrent les couchers, comme s'il s'agissait de promesses vers une nuit flamboyante. Les levers, à l'inverse, lui apparaissent comme plus éthérés quoique aussi éphémères. « Je ne saurais te dire. Je le sens, c'est l'instinct. Peut-être parce que je me connais bien mais je détecte facilement mes changements de mood et quand je tends vers un mood trop négatif, c'est le signe que j'ai trop absorbé. » Le problème de l'empathie sans doute. Elle écoute les réponses de @Bahini, tente d'en dresser un portrait mental dans son esprit. Etrangement, elle n'est pas surprise de savoir qu'elle ne se laisse pas aisément approcher, peut-être parce qu'elle dégage une certaine aura, pas tant froide que distante, presque méfiante. « Des raisons à ça ou tu as toujours été comme ça ? » Kit se positionne à l'inverse, facile à approcher, facile à apprivoiser. Elle laisse le bénéfice du doute à tout le monde, s'accroche aux gens qui ne la déçoivent pas et laisse partir les autres - et ceux-là sont généralement les plus nombreux. « C'est surtout des traits de caractère, qui peuvent me faire fuir. » Elle réfléchit pour lui donner les principaux. « Les gens qui ne sont pas fiables. Les gens qui ne se remettent jamais en question. L'absence de bienveillance... » Elle est trop saine, trop droite pour les gens comme ça Kit. « Mais on ne le voit pas toujours au premier abord, je fuis seulement quand je m'en rends compte. T'as certains de ces traits ? » Elle n'en a pas l'air, mais elle ne préjuge de rien.

— C'est noté. Plus bigfoot que sirène au réveil est une de ces choses qu'il vaut mieux savoir en communauté. Pas qu'elle soit du genre à entamer une conversation sur les protéines nucléaires devant la machine à café de toute façon mais sait-on jamais. — Pas trop difficile ici du coup? Après tout elle vient plus ou moins d'envahir son espace personnel elle avait pris le temps de demander ce qui n'était pas toujours le cas pour tout le monde. L'intrigue est posée du côté de @Kit, que se passe-t-il dans sa vie pour qu'elle nage au milieu du chaos mais elle garde les questions pour plus tard, un peu trop invasif pour une première approche à ses yeux. Elle oubliera surement, quelque part entre les deux cent milles informations qu'ils assimilent en une journée mais ça ressortirait à un moment donné. — C'est la promesse d'un nouveau jour. Quoi qu'il arrive, quoi qu'il se passe le soleil va se lever, immuable et une nouvelle journée va commencer, une remise à zéro quotidienne. C'est un peu trop poétique pour elle et manque de retranscrire ses sentiments avec exactitude mais elle manque d'exercice à ce niveau là. Et ça convient très bien pour l'instant, même si ça ne l'empêche pas elle même de poser des questions plus personnelles. Et elle apprécie la réponse qui parait des plus honnêtes. Intriguant, la façon de pensée aux antipodes de ses propres expériences mais c'est justement là que ça devient intéressant. — J'ai toujours été comme ça. Ce serait plus facile d'expliquer un traumatisme profond et majeur qui l'avait emmené dans cet état de semi gardée permanent mais c'est simplement sa personnalité. Et quelque chose qu'elle n'a jamais essayé de modifier, acceptant sa singularité face à ses proches sans jamais s'excuser d'être ainsi. —  Les gens trop libres et ouverts en permanence me laissent méfiante. Comme si c'était préfabriqué, prémâché ou l'absence d'intelligence qui les maintenait dans cet état de zèle constant. — Red flag? Elle demande intriguée par le caractère de fuite impliqué et à quel degré la course est enclenchée. Au final la liste est plutôt courte et dresse un tableau plutôt loyal, honnête et éthique de la brune, pas de quoi faire fuir quiconque à priori. — Probablement un peu. Un brin de chaque, un patchwork pas toujours admirable de son caractère. — Ca dépend de la personne en face. Elle a deux modes, en réalité, loyale jusqu'à la fin et aucune intérêt pour la personne. Il n'y a pas vraiment de demies mesures, elle aime ou rien ne l'importe. — Tu as déjà changé d'attitude dans tes relations amoureuses? Ou voulu changer pour rentrer dans le moule de ce qu'attendait quelqu'un d'autre? C'est un cercle vicieux de choisir de se retirer de l'équation pour contenter quelqu'un d'autre, ça commence doucement jusqu'à glisser et ne plus en voir la fin, passion dangereuse.

« Non, pas vraiment » elle se contente de répondre à la question de @Bahini. Le chaos ici est différent, plus imprévisible d'une façon qu'elle ne saurait expliquer, comme un monde de possibilités qui s'offre à elle sans aucun moyen de s'y habituer ; c'est ce qui rend l'aventure aussi palpitante à ses yeux, toutes les incertitudes qui la nourrissent et déteignent sur Kit. A New York, le chaos y est plus organisé, plus routinier, le bruit, le téléphone qui vibre sans cesse, la sonnette de la boutique, les klaxons des taxis, tout peut être anticipé ou presque, tout lui est familier même dans le bordel. Mais le chaos reste la constante immuable à laquelle elle s'adapte sans problème, si bien que l'acclimatation se fait aisément. « Tu préfères le calme toi ? » elle lui demande en retour, presque certaine d'en connaître déjà la réponse. Elle hoche la tête à ses explications concernant le lever du soleil, comprend facilement ce qu'elle s'imagine en voyant les rayons poindre à l'horizon. « C'est le printemps ta saison préférée ? » La question paraît random mais l'association d'idée avec le renouveau se fait immédiatement dans l'esprit de Kit. C'est sa saison préférée à elle en tout cas, quand l'air se réchauffe, rempli de promesses de jours meilleurs. Bahini a cette façon fascinante d'être directe dans ses réponses, sans jamais avoir l'air désolée d'être comme elle est. Ca lui parle, quand bien même elle se comporte à l'opposé, s'ouvre sans retenue pour laisser les autres entrer dans sa vie sans barrière. La vie est trop courte pour passer son temps à craindre autrui, elle préfère les remords aux regrets. Un sourire perce ses lèvres à ses paroles. « Red flag pour moi plutôt. » Nouveau sourire. « Qu'est-ce que tu veux dire par libre ? Pour ce qui est d'être ouverte, je plaide coupable par contre. » Ce qui veut probablement dire que Bahini se méfiera d'elle pour toute la durée de l'aventure alors même qu'elle fait sans doute partie de ceux qui se montreront les plus honnêtes et les plus sincères dans le jeu. Elle est ouverte parce qu'elle n'a rien d'important à cacher, parce qu'elle a appris à se connaître et s'aimer suffisamment pour ne pas redouter de montrer ce qu'elle est aux autres. Le contraste avec la candidate est flagrant et l'intrigue. « C'est le cas pour tout le monde. » Tout dépend toujours de ce que renvoie la personne en face. « Mais ce sont des non-négociables pour moi, à partir du moment où ça prend le pas sur le reste de leur personnalité. » Un peu, ce n'est pas grave, c'est quand elle ne peut plus l'ignorer qu'elle se contente de les fuir. « Oui, bien sûr » elle répond sans hésitation à sa question. « Surtout dans mes premières relations, parce qu'à l'époque je me cherchais encore un peu, j'avais peur de dire ou de faire quelque chose qui repousse l'autre alors j'essayais de me fondre dans un idéal. » Spoiler alert : ça n'a pas fonctionné, sans aucune surprise. « Je ne le fais plus maintenant, parce que j'ai confiance en moi et que je sais qui je suis et ce que je vaux. » Et si Kit s'adaptera toujours dans une certaine mesure à l'autre, parce qu'à son sens c'est le propre d'une relation amoureuse, elle ne se perdra plus en chemin. « Tu as du mal à tomber amoureuse toi, je me trompe ? »