J'attends patiemment devant la petite boutique sur laquelle je suis tombé il y a quelques jours durant une de mes légendaires péripéties. J'ai demandé à Dr. Mamour de me rejoindre devant, s'il a bien reçu mes directives il devrait pas tarder et se présenter en vêtements légers et facile à enlever. Je ricane en repensant à l'échange de textos quelques jours plus tôt, je compte bien lui faire essayer les looks les plus audacieux pour le sortir de sa zone un peu trop confortable. Bon je commence à taper du pied, j'espère qu'il va pas me faire une Bowie. Le type s'est présenté avec une minute de retard et ça m'a saoulé. Je suis moi-même rarement à l'heure qu'on se le dise, mais quand ça parle d'un truc qui me tient à cœur bah vaut mieux être là en avance. Je perds patience et je pénètre la boutique que j'ai réussi à faire privatiser pour l'occasion, fallait que les caméras puissent entrer puis j'ai juste dû dire mon petit nom pour que le gérant se mette à glousser. Les caméras auraient pas été avec moi qu'il se serait mis à quatre pattes. Je fais mes petits repérages et je sélectionne deux-trois pièces à faire essayer à Sima dès qu'il aura pointé le bout de son nez. Je tombe sur un petit crop-top filet de pêche façon Mirela et c'est parfait. Je me demande vraiment s'il osera.

J’ai rendez-vous à quatorze heures mais je presse le pas, soucieux d’arriver avec une ou deux minutes d’avance, comme à chaque fois. J’ai horreur du retard, je ne peux tout bonnement pas composer avec dans mon quotidien. Au travail, la moindre minute est précieuse et peut potentiellement faire la différence. Une déformation professionnelle qui m’arrange bien même si je déteste poireauter comme un imbécile en contrepartie. Je jette un énième coup d’œil à ma montre connectée, cinq minutes, parfait. J’observe les différentes vitrines et acquiesce par automatisme lorsque je repère l’enseigne dont il m’a parlé. Je traverse avec prudence et entre immédiatement dans la boutique en saluant le propriétaire des lieux. Ce dernier me fait signe, il pointe du doigt plusieurs rayons situés dans le fond du magasin. Je le remercie d’un petit geste de la main et progresse entre les différents étalages de vêtements jusqu’à apercevoir la bouille de @Boaz qui est tellement concentré qu’il ne me voit pas arriver. Je le surprends en effleurant ses côtes. « Hey there, stranger ! » Nous avons du pain sur la planche tous les deux, puisque je me suis engagé à le relooker. J’ai quelques idées, ne me reste plus qu’à voir si j’ai ce qu’il faut ici pour mener à bien mes plans. « T’es prêt à changer de style ? J'ai de grands projets pour toi ! » Je confesse en battant des yeux.

J'ai complètement perdu la notion du temps et de l'espace d'ailleurs. Je suis absolument obnubilé par le petit tote bag vintage qui vient de croiser mon regard. Lui et moi on se mate de haut en bas, je le vois bien faire semblant de pas me calculer alors qu'il sait très bien qu'on est fait l'un pour l'autre. Ni une ni deux, je vais à sa rencontre et je le caresse sensuellement du bout des doigts. Sa matière douce frémit contre mon épiderme. He's mine. Je m'en saisis et je l'analyse sous toutes les coutures. Je m'entraîne à le jeter sur la gueule de Virgil et il fait le parfait petit bruit quand il retombe au sol. Parfait. Je sursaute quand je sens qu'on me touche, déjà prêt à foutre un high kick à l’intrus quand je discerne la silhouette familière de Sima. Ah oui c'est vrai, le rendez-vous. Hey there, Taurus. Je réponds. Il a décidé de se la jouer Queer Eye, sauf que c'est moi le fashion ici. Je suis surtout prêt à juger ses tentatives. Je commence à chanter Barbie Girl. You can brush my hair, undress me anywhere. Imagination, life is your creation. Je regarde quand même ma montre. T'as droit à une tentative d'essai, un vêtement et après tu peux t'occuper du reste de mon corps. Le temps c'est de l'argent.