— Tiens. Le verre de vin qu'elle passe dans le champ de vision de @Pessa, hanche qui se pose contre le parapet le regard qui se perd sur ses traits plutôt que la vue.  Lumière à peine plus puissante que les lueurs de la lune, elle en serait à les deviner si ce n'était pour une connaissance poussée de sa silhouette. — Qu'est ce que tu regardes? Elle a quitté leur cocon quelques minutes le temps de passer aux toilettes et de récupérer un verre de vin pour la belle. Le vestige des sortes de bruschettas du snack de la nuit git sur la table derrière elle, deux chaises abandonnées l'une contre l'autre. Soupirant doucement elle se tourne, avants bras posés contre le mur, l'étendue du paysage à peine visible devant leurs yeux. — Je continue de penser qu'une vie sans rêves serait proche du cauchemar. Même si beaucoup ne s'en souviennent juste pas. Certains pouvaient décrire les moindres secondes de leurs vies une fois les yeux fermés et d'autres persuadés de ne rien avoir, la suite de la conversation qui glisse doucement, absence déjà oubliée. Dormir sans jamais rêver c'est tirer les mauvaises cartes à la naissance, elle en est certaine.

Yeux fermés, elle se délecte de la brise qui s'engouffre dans ses boucles. Elle offre son buste à la lune pour en absorber la lumière argentée. Pessa ... Pessa. Elle rouvre les paupières et de vieux souvenirs ressurgissent, des souvenirs oubliés. Elle revient à elle lorsqu'un verre lui est tendu par @Bahini. — Merci., qu'elle souffle, ses yeux recouvrant leur éclat originel, s'attardant après coup sur le visage de l'égyptienne. Qu'est-ce qu'elle regarde ? Toi, qu'elle aimerait lui répondre mais se ravise. Ses iris embrassent alors à nouveau l'horizon, à la quête d'étoiles filantes. — Vénus. On la voit d'ici, regarde. Spontanée comme elle est, elle pose sa main sur son épaule, sa joue frôlant la sienne, son index pointé en direction du point le plus scintillant de la voûte étoilée. Vénus et sa lumière cendrée. L'étoile du Berger, pour certains, celle qui guide les plus égarés dans la nuit. Elle se tourne vers elle, souriante, son coeur ralentit, son souffle se raréfie. Les coins de ses lèvres s'affaissent un peu, ses yeux lorgnant longuement sur les cils longs de la brune avant de les reporter ailleurs. Le sol, d'abord, son verre, ensuite. Elle s'écarte sans pour autant s'éloigner, venant s'accouder à son tour contre le muret. À une distance où elle peut encore sentir le parfum de Bahini l'envelopper d'une douceur entêtante. Elle trempe ses lèvres dans le pinard en guise de calmant. — Quels sont tes rêves à toi ? À quoi aspire-t-elle, la Bahini ? La nuit est douce, transformant le tanin du vin en miel, si propice aux confidences au clair de lune. Il y a un flottement agréable dans l'air.

Venus, la réponse surprenante qui ne l'intéresse pas autant que les yeux de @Pessa qui se posent finalement sur elle. Oh, elle la voit Venus, dans toute sa splendeur, la beauté qui transporte d'allégresse et la tentation aux bout des doigts. C'est elle, la Venus, et elle regarde, elle regarde cette main nonchalamment posée sur son épaule et ces millimètres qui séparent leurs joues. Elle regarde ses empreintes s'enfoncer dans la pierre pour ne pas s'échapper sur la belle. Oh. La tension qui redescend à peine, le corps qui fourmille encore, l'adrénaline qui tambourine. Et elle pousse sa Venus, pousse le vice à rester trop près d'elle, pousse la tentation encore et toujours. Et c'est naturel, à peine recherché, elle imagine parfois, que c'est simplement elle, elle qu'invente tout, elle seule qui se retrouve embrigader par son charme inhérent. Juste une autre victime de son charisme. — Je veux tout avoir. Qu'elle avoue finalement après réflexion, les yeux sagement posés vers la mer qu'elle ne peut que deviner. — Le travail, les prix. Elle veut compter là aussi, réussir, marquer l'histoire de son nom. — La maison, les enfants, la femme. Elle ne résiste pas plus longtemps et repose le regard sur elle, celui qui glisse à peine quelques secondes sur ses lèvres avant de se faire plus sérieux. — Le bonheur, les disputes, l'alchimie, le sexe, beaucoup de sexe. L'avidité qui glisse de ses lèvres sans difficulté et le reste de ses rêves qui s'éparpillent à ses pieds, la colère à peine contenue qui menace de tout emporter. — Et toi, qu'est ce que tu veux Pessa? Elle murmure presque en tendant légèrement le bras, la tentation trop tenace et ses doigts effleurent l'intérieur de son poignet, caresse légère. — A quoi tu aspires?

Les étoiles disparaissent alors, relégués au second plan, lorsqu'elle regarde @Bahini. Le temps se stoppe net, elle est soufflée, les sens en émoi. Ses iris miellés se parent de convoitise lorsqu'ils lorgnent sur ses traits perlés. Son parfum d'une douceur âpre flatte ses narines, les embaume d'un fumet capiteux, magnétique. Il lui a fallu un focus extrême pour s'extirper de l'emprise qu'elle a sur elle, juste assez pour rester en contrôle de ses gestes. Sans cela, elle aurait craqué depuis longtemps. De la chaleur afflue jusqu'à son visage. Le vin parvient à la faire descendre en température, ne serait-ce que pour reprendre ses esprits. Leurs épaules se frôlent délicatement, la tension est électrique. La conversation glisse vers les rêves de la brune. Ce qu'elle décrit là, ce serait la concrétisation de toute une vie, celle d'une femme accomplie sur tous les points. Une vie rangée et prospère. Bahini a de l'ambition à revendre, elle a cet éclat ardent dans les yeux qui la rend d'autant plus irrésistible. Elle a cette flamme en elle qu'elle contient derrière un bloc de marbre, qui n'attend que de se consumer. Le mot sexe accolé à sa bouche sonne comme une invitation et les nerfs de Pessa implosent. Elle frémit alors au contact de ses doigts sur son derme et c'est tout naturellement que son corps vient s'accoler au sien. Elle ne fait pas de plans sur la comète, Marpessa. Non pas qu'elle soit dépourvu d'aspirations. Ses ambitions à elles sont plus terre-à-terre. Elle ne parvient jamais totalement à se projeter, elle cueille toujours l'instant présent comme si c'était le dernier. C'est dans sa nature. — Rien de plus simple. D'être bien dans sa tête et dans son corps. Qu'ils soient en alignement et pour le reste, je me laisse entraîner par la vie et ses soubresauts. Laissant le cours de sa vie au hasard. Au hasard des rencontres. — Dans l'idéal, trouver quelqu'un, fonder un foyer. Continuer ce que je fais. Après tout, elle l'aime son métier. Elle ne manque de rien, Pessa. A part un vide affectif qu'elle ne tente pas de combler. La mort de D. lui a laissé un trou béant dans le cœur. Puis, elle ne fait pas dans la vision à long terme, mais il y a bien un truc qu'elle souhaite réaliser. — Je rêve d'avoir mon propre chez moi. De le retaper entièrement et de le remplir d'amour. A sillonner le monde entier dans son van, il est temps d'établir racines définitivement puis le reste viendra. Son regard s'attarde sur la courbure des lèvres de Bahini, l'invitant à les goûter mais elle se ravise, ayant en tête les échanges sms qui ont eu lieu dernièrement. Elle n'incite pas plus, la Pessa, restant en stand by.