C’était plus fort que toi, tu finissais toujours pas revenir auprès des écuries, voilà bien longtemps que tu n’avais plus eu l’occasion de côtoyer les chevaux, par manque de temps et aujourd’hui, tu avais heureusement du temps à revendre. Jouant avec le bout du nez de ta monture de la semaine passée, tu te retournais vers Matilda alors qu’elle s’adressait à toi. Vous n’aviez jamais discuté depuis son arrivée, par ta faute probablement. Tu n’étais pas forcément celui qui allait le plus volontiers vers les autres. “La version officielle, c’est que les studbooks imposent une lettre et il est coutume de reprendre des éléments des parents” tu marquais une pause avant de sourire. “mais oui, ils ont souvent un nom à coucher dehors…” il fallait bien l’admettre, raison pour laquelle sa bête fut renommée à ton effigie. “Méfie-toi, quand on saura que @Matilda a monté Arvid, on aura vite fait de détourner la phrase de son contexte” tu t’amusais de la situation, ce n’était pas le genre de quiproquo qui aurait de quoi t’ébranler. “Eh ben figure toi qu’ado, j’ai été plusieurs fois à Lamotte, en dressage.” ouais ouais, tu crânais un peu, mais elle avait commencé. “Tu as envie de faire un tour ?”

@Matilda avait ce côté imprévisible et direct qui ne te mettait pas particulièrement à ton aise, mais tu devais admettre qu’elle avait une sacré répartie. Ça te rapellait un peu la cour de récré, il y avait toujours eu ceux qui savaient quoi dire au bon moment et ceux qui trouvaient la bonne réplique quelques heures plus tard, de préférence au beau milieu de la nuit. T’étais définitivement pas des premiers. Tu avais juste appris à ne jamais rien prendre trop au sérieux. “Évidemment, je te laisse gérer ça” fis-tu d’un hochement de tête entendu avant de ricaner à sa réponse. T’avais un peu oublié que la localisation n’était connue que des cavaliers français et frontaliers. “Les championnats de France, la vérité c’est qu’on ressort quasi tous avec une médaille en chocolat” c’était surtout une sacré usine à fric tout ça, mais de beaux souvenirs aussi.
A sa question, tu tournais le regard sur l’animal dans son box. “Nope, ça va leur niquer le dos” trop terre à terre, tu te reconcentrais sur Matilda qui ne manquait pas d’idées. “Je t’aurais davantage vu en prince. Bon, pas avec cette robe, d’accord, mais j’crois pas que t’ai besoin des autres pour venir te délivrer” peut-être que tu la voyais plus forte qu’elle ne l’était, peut-être qu’elle t’intimidait encore un peu, va savoir. “Je peux toujours te promener sur ton canasson, tu pourras agiter ta main façon monarque”