il était plus que vital d’arracher @franz à la morbidité post-prime qui le hantait. fly a beau être sympa et pessa très cool, le choc des angelots pour remporter le cœur et l’attention du kaiser a eu pour effet de le vider de son kasi-flava façon détraqueur, et avant que la villa ne se transforme en azkaban, v a pris les devants. installés l’un en face de l’autre à la meilleure table du ô combien renommé (nope) azzurro club, le buvard d’acide que virgil s’est collé sous la langue en quittant le block se répandant délicieusement dans ses veines, ils déchiffrent la carte du soir sans rien y comprendre. aucune importance,  v n’est pas ici pour bouffer un truc qui lui plait, mais bien pour extraire franz de la carte du tendre, comme on dit, des affres de l’affliction, bref, de tous ces gigantesques pète-couilles possédant une sensibilité calibrée aux normes internationales. par-dessus la carte, ses yeux verts lui jettent un regard câlin. — on n’est pas bien là, rien que toi et moi mein schatz ? certes, fly et pessa sont bg, mais ils sont qui à côté du dieu grec à la peau divinement hâlée qui lui fait face ? des anecdotes dans l'ombre de la grande histoire, précisément. c’est du moins ce dont il tente de le convaincre à cet instant, le bro, alors qu’il fait rayonner l’amitié dans chacune de ses mèches d’or et son regard qui dit je t’adore, et avec moi ça durera toujours, pas comme avec eux. un petit rappel des basiques, de temps en temps, ça fait pas de mal. le serveur le coupe en pleine action alors qu’il était passé en mode professeur xavier versus herr magnéto pour leur demander ce qu’ils veulent bouffer. il s’entend à peine commander un truc dont il n’a aucune idée de ce que c’est. il attend qu’il se tire pour reporter son attention sur le cuisto. — qu’est-ce qu’il penserait de tout ça, papi ? le tien, franz, celui dont tu lui as parlé une fois sans trop en dire, plus pudique quand ça concerne ce qui compte que quand c’est pour échanger des conneries par texto avec un v toujours présent pour. qu’est-ce qu’il dirait, grand-père, à le voir se débattre contre ce qu'il veut et ne veut pas, en se fermant quand il devrait peut-être s’ouvrir, en s’ouvrant quand il ferait mieux de la fermer ? ils sont où tes guides quand t’as besoin d’eux ?

@Virgil

Là, sous ce soleil de plomb, Franz s'était retrouvé mêlé à une tornade d'émotions qui ne lui ressemblait pas. Il pouvait l'entendre, son palpitant battre comme si on venait de lui inciser la poitrine, pas habitué à se soucier du bien-être de qui que ce soit, du moins en apparences. Alors, il se sentait tout de même chanceux d'avoir V pour veiller sur lui, pour savoir quand intervenir tout en lui laissant l'indépendance qu'il lui fallait pour respirer un minimum. Franz, loup solitaire auto-proclamé, qui n'en était en réalité pas vraiment un, ça lui faisait du bien d'avoir cette épaule sur laquelle il pouvait s'appuyer lorsque les choses n'allaient pas. Et il le sentait, ce lien sincère qui n'attendait pas que l'ascenseur soit obligatoirement renvoyé, des actions pures qui lui confirmaient bien que ce duo là ne se briserait jamais. Là, dans l'un des clubs les plus branchés du coin, ils se faisaient les yeux doux alors que l'allemand enfonçait son bob sur son crâne. « Grave. Pas contre, évite de glisser la bague dans ma bouffe s'teupl', tu sais comme je mange comme un gros shlag à chaque fois. » adroits comme ils étaient, Franz aurait bien vite fait d'avaler le truc et de devoir trier ensuite pour la retrouver. Les détails étaient passables, ok. Boisson et repas au nom imprononçable commandé, il s'attendait déjà à recevoir des calamars ou un truc visqueux immonde qu'il boufferait quand même pour avoir bonne conscience, voilà que le blond mentionnait son grand-père et qu'un sourire à la con se glissait sur la frimousse du brun. « Déjà, il chercherait l'bouton pour allumer le son, parce que bon. » il tapotait un instant sur son oreille pour lui faire comprendre que le vieux, il avait plus toutes les décibels avant de reprendre « Après, sur mon aventure, il serait plutôt fier j'crois, même si il me dirait d'abandonner toutes les histoires de coeurs à la con là. » c'était pas pour rien que Franz avait cette façade, ce mur qu'il dressait si fièrement. On lui avait bien appris. « Et j'pense que je vais m'faire frapper pour la scène dans le confess. » il éclatait de rire, mais il comprenait, s'envoyer en l'air à la télé, c'était pas forcément de leur génération. « Et toi, y'a quelqu'un qui regarde pour toi, là quelque part ? » Virgil, il parlait jamais de sa vie, de son passé. Ça lui arrivait de mentionner ses camarades de route, un en particulier, mais c'était comme si avant tout ça, il n'avait jamais réellement existé.

comme une daronne dont il soupçonnait pas l’existence en lui, il a juste envie de le voir bouffer, le kaiser. plonger le museau dans un plat débordant et bien gras, se gaver comme une oie avant de s’abreuver jusqu’à plus soif d’un cocktail multicolore et de se jeter avec lui sur la piste, rempli de tout. te fourvoie pas, v, c’est toi qui rêve de combler les vides, mais ce soir tu veux pour lui ce que tu veux pour toi, parce que c’est ça, l’amour. quand on aime on raconte pas sa putain de vie. l’autre et la volonté de faire à deux éclipse la vanité des considérations narcissiques. c’est plus le je qui est en question, c’est le nous. être fou d’amour, c’est illustrer le je est un autre : je est toi. — c’est pas ce genre d’anneau que j’ai prévu pour toi mon hobbit, il se permet de slide avec une aisance déconcertante de la plus pure poétique métaphysique jusqu’au beauf originel. un mélange horrifiant de paléolithique et physique quantique. il est enchanté quand l’aperitivo leur est servi : champagne, cocktails et des dizaines de petits plats colorés dans lesquels piocher. ses yeux avisent le mouvement de @franz sur ses tympans pour illustrer la surdité du vieux et il esquisse un rire. fier de lui, papi, d’avoir su chevaucher sa vérité, même sexuelle – sur ce point, petit désaccord quand même. — sauf la nôtre évidemment, il précise d’un souffle évident, toutes les histoires de franz peuvent bien se morceler tant que la leur reste intacte et encensée par la critique (dont ils sont les deux uniques membres). il attrape un morceau de pain qu’il entend très christiquement dévorer en même temps qu’il s’abreuve de vin rouge. — regarde, lui avec mamie, c’était pas le bordel comme ici. personne ne panique, tout le monde reste calme, conclusion ? pas de divorce, pas d’émeute. il te dirait sûrement d’avoir confiance en l’évidence. quand c’est la bonne personne, tu le sais. l’inverse, en revanche, semble plus ardue à encaisser. — coup de canne, bien old school ? ma mère me jetait toute sorte d’objets, la télécommande, son chausson, l’éponge mouillée de l’évier… un jour, elle mangeait une tablette de chocolat qu’il a finalement prise dans la gueule. chacun son enfance. et toi v, est-ce que quelqu’un te regarde quelque part ? — c’est par ma mère que je connais omb, c’est elle qui suit, alors forcément elle est devant cette saison aussi, et qu’est-ce qu’il s’en fout, c’est exceptionnel comme il s’en fout. — j’sais pas, on verra qui m’a écrit quand je récupèrerai mon tel, suspense. il pousse vers franz l’un de ses propres cocktails, au rhum vieilli presque pur. — avale, oui, c'est un ordre. — je mise sur une gigantesque caisse ce soir pour te faire tout oublier, jusqu’à ton propre prénom, kaiser franz.