Dernière clope avant le retour au block. La silhouette de la môme se découpe encore facilement entre le ciel assombri et l’eau agitée des cascades. Ses opales s’accrochent à cette surface sans fond alors que des volutes de fumés s’échappent de ses lèvres. Elle occulte encore instinctivement le trajet en maillot mouillé sur le scooter avec son sens de l’orientation hasardeux. Mati, elle est la professionnelle des plans galère, du genre à conduire en tongue à moitié à poil avec un engin qui fait quasiment son poids. Classique. L’allemande fuit le block et l’agitation depuis quelques jours afin de préserver sa jauge sociale tout en évitant Ibra dans une attitude digne d’une gosse de cinq ans. Une main s’abat sur son épaule. Putain. Matilda, nerveuse de nature sursaute dans un mouvement de fuite du contact avant de se retourner pour se rendre compte que ce n’est que @Virgil, doigt d’honneur en guise d’accueil. Connard. « T’es un malade » vraiment. « Tu m’as fait peur » elle précise comme si ce n’était pas assez évident. « T’étais en train de chiner une sirène / sorcière ? » elle demande, Remi ou Kit pas loin ?

est-ce que ça le surprend d’apercevoir la silhouette de @matilda solitaire dans les bains qui entourent la cascade, à des petits kilomètres de la villa ? tellement pas. avec remi, elle est celle qui a le plus souvent pris la fuite à ses côtés, ici. sur leur monture métallique, souvent électrique, ils ont écumé les chemins leur offrant l’éloignement nécessaire à leur apaisement, physique et psychique. le virgil grumpy n’existe pas vraiment en vacances, il a d’autres occasions de faire la gueule et elles concernent rarement le club med qu’est omb et ses drama, ça n’empêche pas qu’il ait besoin de reprendre en main son indépendance aussi souvent que ça lui est nécessaire. il est venu jusqu’ici tout seul, découvrant les bains à sa manière, en visiteur solitaire, et la présence du torrent de cheveux noirs de mati dans l’horizon lui arrache un sourire tandis qu’il se faufile dans son dos avec silence et agilité. il pense très fort « et tu connaîtras pourquoi mon nom est l’éternel quand sur toi s’abattra la vengeance du tout-puissant » avec la voix de samuel jackson quand son bras s’élève et que sa main s’abat sur l’épaule de mati. en retour, un juste châtiment l’attend ; une insulte quant à sa santé mentale et un majeur dressé qu’il reçoit avec un clin d’œil et un smile insolent. il attend de la dominer de tout son mètre quatre-vingt-dix pour lui dire cette vérité d’une voix sonore : — crains-moi, parce qu’il faut toujours poser les bases et les reposer quand on sent que les règles élémentaires commencent à s’effriter. s’écroulant à son côté, il envisage soudain de lui voler une clope sous le nez, attiré par l’odeur de la sienne. — non, j’fais dans le dragon en ce moment, si ses souvenirs sont exacts la dernière fois qu’il chinait c’était un boaz aux allures de boutefeu chinois aka dragonlion selon les experts. en parlant de dragon, il semblerait qu’il ait sous les yeux une espèce encore inconnue du type noir des hébrides aux dents tranchantes, de quoi éveiller tout l’intérêt du magizoologiste qui sommeille en lui. — à quoi tu pensais ?

Elle lui lance un regard de môme de deux ans déjà blasax par son daron qui tente de l'effrayer avec des ficello en guise de canines de vampire. Elle dodeline de la tête face à la réponse de son dresseur de fauve. « On m'a dit que ses écailles sont létales, attention » elle préfère prévenir l'air de rien. « Tu vas continuer l'apprivoisement à l'extérieur ? » Mati demande histoire de clarifier le plan. Parce que c'est pas son genre au @Virgil vu les décombres de sa vie. Le V, il va sortir d'ici et c'est ciao. Comme Matilda, elle a no time pour garder autant de paumés dans sa vie sérieusement. A la rigueur, elle peut offrir des séances de psy collectives car certains en ont bien besoin mais bon. Le V perturbe le fil rouge de ses pensées et elle atterrit enfin. « J'pensais à moi » elle laisse entendre dans un air songeur aux sous tons narcissiques, comme elle sait bien le faire. Dès la première semaine, on l'a catalogué de selfish alors elle adore donner raison à la populace. Une monarque bien généreuse. « Nan la vérité je pensais à Ibra » elle corrige sous l'air de l'évidence en roulant des billes l'air de dire, je ne suis pas si irrattrapable que tu crois. « J'me demandais combien ça dure ton premier amour ? Quatre ans, ça me parait une éternité » à son échelle évidemment. « Ça s'arrête jamais ce truc ? 

écailles létales, il hoche la tête, un peu plus de rouge dans ses mèches d’or et il serait charlie weasley. — ma came, tout ce qui est potentiellement mortel et qu’il faut savoir attraper sans se faire buter. question rhétorique, celle de l’extérieur, pas comme si elle savait pas déjà qu’il se tire en iran dès les premières secondes de la fin du jeu. — autonomes, les dragons. et une très bonne mémoire, il glisse, le ton expert. c’est quand ils sont sang-mêlés humains que l’ego s’en mêle et emmêle tout. boaz serait bien capable de se faire croire à lui-même qu’il l’a oublié et de rendre ça aussi vrai que v saurait que c’est faux. la mélodie de son narcissisme lui tinte aux oreilles et étire ses lèvres en un sourire incrédule, ses iris verts regardent un moment le bleu foudroyant des siens, attendant la suite. — à ibra et toi, corrige-t-il en allumant une clope de @matilda qu’il vient de faire sienne. elle lui pose les questions qu’elle devrait poser à pessa ; virgil en dr love, on peut difficilement trouver pire professionnel de santé. — ça dure jusqu'au prochain qui l'éclipse, et faut croire qu’elle a jamais trouvé mieux qu’ibra. il se retourne et s’appuie des bras le long de la pierre, les yeux rivés au ciel sans lune. la luminosité brutale réduit ses pupilles à deux infimes points noirs. — t’as pas envie que ça s’arrête, c’est dit si bas que si elle le veut, elle pourra faire comme si elle n’avait rien entendu.

Son sourire fait écho à celui qu'elle capte de @Virgil désormais habitué à sa connerie chronique sans avoir pourtant réussi à trouver toutes les clefs d'une Mati survoltée et ingérable. Même Ibra n'a jamais foncièrement apprivoisé totalement la brune, c'est pour cela que ça marche. « C'est bizarre car justement y a deux mois, il n'était absolument pas dans mon écosystème » la môme l'avait rayé de ses pensées pour arriver à avancer. Puis y a eu le block et leurs retrouvailles improbables qui ont tracé à nouveau le sillon de leur nous. « Et maintenant il est là, sous mes yeux, sans trop savoir quoi faire » même elle, elle ne sait pas par quel angle l'aborder. « T'as raison ouais, c'est ma seule certitude pour l'instant, j'ai pas particulièrement envie que ça s'arrête » elle dodeline, docile, de la tête sans chercher à se la jouer contrariante. Mati, elle n'a jamais eu trop de pudeur ou de gène sur ce sujet. « Heureusement que t'es là bb » elle soupire en laissant échapper des volutes de fumées en posant ses opales trop claires sur lui. « J'serai perdue sans mon grand V, tu cristallises mes émotions » et ses énervements. Un sourire de bitch sur les pulpeuses après.

@matilda elle aime bien faire genre elle a pas compris la question alors qu’elle a parfaitement compris la question. il commence à savoir la décrypter, assez pour n’être jamais malaisé en sa présence. il lui dira pas que son écosystème, c’est pas le fond de sa tête, que l’amour de sa vie avait beau avoir disparu de la surface de la terre, il battait toujours dans un coin du cerveau droit relié au cœur et aux tripes. parce qu’elle le sait très bien et qu’elle se contente de penser à voix haute, de débattre avec elle-même en oubliant momentanément virgil avant de finir par admettre qu’il dit pas que des conneries et de revenir à lui en battant des cils. ça fait superficiel, mais c’est là pour ombrager le bleu translucide de son regard pour qu’on puisse pas lire en lui ; une défense corporelle, animale qui sonne familière. il sourit encore lorsqu’elle reconnaît ce qu’ils savent déjà. on dirait que le ciel se fout de sa gueule et adresse à v, par l’entremise d’un satellite, un clin d’œil amusé. — mais toi tu saurais quoi en faire, si tu voulais. il pourrait occuper dès maintenant toute la place que tu veux qu’il prenne si tu dégageais ton ego de là où il est stocké, ta foutue fierté que tu rabâches h24 à base de « il doit se faire pardonner / ramper à mes pieds / dire quelque chose de censé / me convaincre » alors qu’il est déjà pardonné, déjà à tes pieds, te dit que c’est toi qu’il veut et que t'es déjà convaincue. v, il a perdu son ego avec le temps, d’abord en perdant kim, puis en perdant chaque personne qu’il n’a pas pu sauver ni même aider alors qu’il se prenait pour un valeureux guerrier. son mantra : t’es rien de plus qu’une merde et tout ce qui t’arrive de cool et de bon doit être saisi sans attendre. il est entré dans le bloc au sortir de la guerre et il a pris tout ce qu’il y avait à prendre. tous ceux qui étaient d’accord pour l’être. il sait que tout s’arrête, qu’il en ait envie ou non : tout s’arrête. mati, elle a pas envie que ça s’arrête mais elle s’arrache pas encore pour que ça dure. il rep à son smile de gamine gâtée qu’elle est pas d’une expression du même acabit. — toujours là pour toi ma princesse, présent pour la faire chier et surtout, pour jouer l’agressé quand elle se change en agresseur.