Ces derniers temps, elle fuyait le block le plus possible. Elle est arrivée à un niveau de saturation qu'elle puise dans le réservoir émotionnel qui lui reste pour ne serait-ce que de sociabiliser un minimum. C'est @Ibra qu'elle choisit d'embarquer dans ses déambulations nocturnes, sa routine du soir du moment, avant de regagner la villa et retrouver le bruit et la cohue. Binouze à la main, ils se promènent à travers les ruines sur fond de chant de cigales. Une lumière tamisée en éclaire les parois de pierre. La chaleur est moins étouffante qu'en journée, rendant l'air du soir plus cotonneux, les enveloppant de sa douce étreinte. Ils marchent à la même cadence, d'une démarche posée. Elle le regarde du coin de l'oeil et lui demande : — Alors comme ça, Mati et toi ... À lui de remplir les points de suspension. Come on, loverboy, I'm not blind. Elle lui décoche un sourire amusé avant de reprendre une lampée de sa blonde, puis finalement se ravise : — En fait, non, oublie. Ça ne me regarde après tout. Il est en droit d'avoir son jardin secret. Dans le block, on a tendance à se mêler des affaires des uns et des autres de façon quasi automatique. De facto, tout finit toujours par se savoir. À tel point que pour préserver un brin d'intimité, il faut garder tout pour soi. — C'est quoi ton quotidien à l'extérieur ? Elle préfère se focus sur lui. Sur son univers et les gens qui gravitent autour.

Embarqué par @Pessa dans une balade nocturne, ce soir, dans ce cadre, à cet instant, tout semble être serein. Il s’efforce de photographier ce moment, une photo comme un futur lieu de sûr. Elle lui décoche un regard en coin et il souffle un rire. « T’es en retard. » Elle coupe court, souhaitant éviter les détails. « C’est plutôt pour toi, il n’y a plus grand chose d’intéressant. » Leur histoire était terminée, chacun était passé à autre chose… à sa façon. Ibra il ne supporte pas la frustration, celle d’être coincé dans une idée. Il avait cette étiquette le liant à Matilda, pourtant ils s’étaient écartés de la vie de l’un et l’autre il y a quelques années maintenant. « Ca m’empêche de remonter dans ton classement ça, je le sens. » il secoue doucement la tête, conscient d’être toujours coincé au niveau kill, et porte le goulot à ses lèvres pour une lampée. « En réalité je bosse beaucoup, c'est la raison pour laquelle j'ai atterri à New-York. Quand t'es commercial le succès ça passe par la prospection et le réseautage, c'est beaucoup d'énergie et de temps. Ça commence à prendre mais c'est long.» Il avait redoublé d’efforts pour creuser certaines relations qui lui avaient semblé intéressantes et viables, pour s’entourer d’un groupe de potes qui pourrait devenir son repère dans la grosse pomme. Dans sa rêverie il avait sous-estimé la difficulté de s’implanter à l’autre bout du monde sans aucun ancrage préalable. « Je suis incapable de me tenir à une routine, tu me proposes un verre et je me laisse convaincre avec un émoji qui tire la gueule. » Forcément ça match moyen avec son rythme intensif, il s'épuise souvent trop vite. « J'ai pas mal freiné la fête depuis que j'ai quitté Berlin. Mon truc c'est plutôt les soirées posées, un pétard et basta, je me suis recréé un cercle un peu dans ce délire là. Ma vie n'est pas super fun comparée à celle d'une travelleuse en van. » Il glisse son regard sur Pessa qui lui avait déjà confié retourner sur son île après l'émission. « Tu te sens comment d'arrêter tout ça ?» Lui laissant l'espace pour éviter la suite, il demande « T'as peur de constater son absence ?»