C’était devenu ton petit coin à toi, là haut. Posé sur ton transat de bois avec un des livres de Pio, t’en avais déjà terminé un et finalement, il avait plutôt bon goût en matière de lecture. En même temps, qu’est ce que tu pouvais faire de mieux ? Bon, certes, beaucoup de choses, mais tu n’avais pas spécialement envie de bouger le matin, c’était devenu ton petit rituel, un peu de lecture, quelques clopes et un café, la belle vie !
De temps en temps, un candidat venait te rejoindre et ça ne te dérangeait jamais. Ça donnait une autre perspective à la matinée, mais c’était cool aussi. Et justement, voilà que la porte claquait pour laisser apparaître @Boaz . “Salut” fis-tu en prenant une dernière bouffée sur ta cigarette avant de l’écraser. Tu ne savais pas vraiment quoi penser du jeune homme, ce n’était pas nécessairement le candidat dont tu te sentais le plus proche et même après avoir échangé quelques mots, tu ne savais pas bien comment le cerner. Ceci dit, ça ne faisait pas de lui une mauvaise personne.

C’est au QG de V que je finis par tomber sur Arvid. J’ai passé la matinée à chercher où le candidat pouvait bien se trouver. Quand c’est le trésor qui se met a la recherche du pirate, l’hôpital se fout allègrement de la charité. Il m’accueille avec une salutation nonchalante et la bouche fumante. Moi c’est mon crâne qui fume depuis qu’Hanaé est venue me pleurer dans les bras. Askip le bougre c’est un putain de goujat. Bah quitte à fumer on va voir de quel boit il se chauffe. Yo Jack S’pas-un-rond. On sait plus si Arvid il est juste pauvre ou si c’est un pauvre type. On va vite le découvrir. Je viens me poser au bout de son transat en lui renvoyant sa nonchalance comme un miroir. Un “Bloody Boazy” pour chaque larme que ma pote a versée. Je m’allume une clope aussi, je commence ce qu’il vient de terminer. Mon regard se pose sur Thor quand l’éclair de génie me foudroie, la flamme toujours sur le papier-cancer. J’ai la bouche qui fume a mon tour, miroir beau miroir montre-lui qui fait le plus de bobos. Les actes et les paroles dans la vie, parfois c’est comme une clope. Quand t’allumes c’est quand même mieux d’assumer. J’ai la chanson sur ses boules qui me vient en tête. J’suis plus succube que sirène, j’te brûle sur le champ.

Ce qu’il y avait de louche dans l’attitude, c’est que @Boaz semblait précisément à ta recherche. Il y avait ce petit air à mi-chemin entre l’impatience et le soulagement et franchement, tu ne comprenais pas spécialement sous quel motif tu t’étais glissé dans son agenda. Quelque chose te disait néanmoins que tu n’allais pas tarder à le savoir, c’est donc patient que tu le laissais venir à toi. Sur le même transat, ok, il allait te faire d’autres confidences ? Non, juste un peu de philosophie et dans les faits, tu étais complètement de son avis. « C’est pas faux » confirmais-tu comme une friandise sans te débarrasser de ta placidité. En vrai, tu voyais où il voulait en venir. Allumer. Avec qui tu avais joué ? @Hanaé . Qui était le feu ? Hanaé encore. Qui était le con qui avait fait marche arrière ? toi. Pas besoin d’en dire plus, tu avais compris ce pour quoi il était venu. Tu te penchais alors vers lui pour lui tapoter le genou comme tu pat-paterais un bon chien. « Alors tu ne vas pas t’enflammer pour un bail qui ne te concerne pas, pas vrai ? ». Tu retournais à ta place initiale, neutre. Sur un malentendu, il dirait peut-être « ah ouais t’as raison, viens on regarde le paysage »

Il confirme les philosophies que je lui crache à la gueule. Mieux que ça même, il les inhale droit vers ses poumons avant de relâcher son accord dans une expiration. C'est tout ? Même pas de débat ni de fuite sur son navire ? Ma motivation pour le bail arrive à sa date d'expiration et je soupire. Je me demande carrément s'il a compris là où je voulais en venir, le pauvre pirate parle pas forcément le sous-entendu couramment. Mais non non il rebondir et me rassurer dans l'idée qu'il a bien saisi. Tu poses souvent des questions dont t'as déjà la réponse ? Parce que bon je suis pas ici posé sur son transat pour lui voler ses rayons UV cancérigènes du coup. Moi être le soleil, of course je m'enflamme. Je suis surtout curieux de savoir si ça te fait bander de faire tourner les meufs en bourique ou si c'est juste par pur ennui ? Je comprendrais la deuxième option, je vais quand même le juger peu importe la réponse car tel est mon bon plaisir. Parce que bon, je veux bien comprendre que les sirènes étaient pas trop cool avec lui a l'école des pirates mais c'est pas une raison pour se venger sur le reste. C'est ma pote Hanaé et elle a toujours été là pour soutenir même quand j'avais tort donc je vais forcément venir te faire des guilis. Je peux sortir les griffes à tout moment, mais ça il a pas besoin de le savoir.

Vous étiez tous les deux dotés de tempéraments opposés et si @Boaz était le feu, ou le soleil, qu’importe, toi tu étais l’air. Présent, mais impossible à attraper. Ce n’était pourtant pas faute de l’avoir prévenu à ce sujet. Tu voyais bien qu’il attendait une réaction de ta part, mais certainement pas celle que tu lui donnais. Parce que oui, tu avais été bête, tu pouvais difficilement le nier, pour autant, tu ne pensais pas avoir été si odieux que ça.
Et tandis qu’il reprit, tu posais ton livre sur la petite table à tes côtés. “C’est un privilège réservé aux femmes, de changer d’avis ? J’ai juste parlé trop vite, puis je me suis rendu compte que la situation ne me mettait pas vraiment à l’aise.” C’était clairement ça, Hanaé n’y était pour rien. Tu comprenais cependant sa position et tu ne lui en voulais pas. Non pas qu’il s’en inquiétait, mais tu n’étais pas fâché par sa mission commando. “J’comprends, j’suis désolé de l’avoir blessée, j’irais lui parler à l’occasion.” conclus-tu, de bonne foi avec de le regarder de biais. “Tu t’attendais à quoi au juste en venant me voir ?”