11/08 - 1.24pm - rhapsody in blue

@kit

il y a des notes qui s'échappent du studio, pas aussi bien insonorisé qu'on aurait pu leur vendre. mais en soi, ce n'est rien de bien gênant. et puis, c'est surtout que la porte est entrouverte, quand il s'approche, curieux. c'était sa destination, de toute manière. mais à trop vouloir se faire discret, pour juste écouter, il manque de trébucher, en passant le pas de la porte. se rattrape comme il peut, avant de voir le parquet lui arriver trop vite sur le nez. et se retrouve nez à nez avec kit. le sourire est un peu gêné, que d'être entré sans s'annoncer vraiment. de la précipitation, qui aura troublé la quiétude de l'instant. mais le sourire est là quand même. « pardon, j'voulais pas t'interrompre. j'te gêne pas ? » un sweat absolument pas fermé dont il tire la manche, avant de poser l'étui de son violon sur le piano. presque chez lui, dans cette pièce ou il passe peut-être trop de temps, depuis qu'on leur a ouverte. avec sherrie, souvent. kit, oh, il lui parle, sans souci, quand leurs chemins se croisent. elle est adorable, en soi. mais vu qu'une bonne partie de son temps libre est passée à graviter dans l'orbite de son partenaire de lit, finalement, il ne l'a plus croisé tant que ca, ces dix derniers jours. quelque chose du genre. il devine bien pourquoi. mais ce n'est pas assez pour changer la manière dont il la voit, en dehors de tout ca. leurs histoires séparées de leurs discussions à eux. rien de plus simple. « j'savais pas que tu jouais. » et l'apprendre est doux. parler musique l'est toujours.

Comme souvent, on peut la retrouver après le déjeuner dans la salle de répétition pour quelques accords de guitare qui lui servent autant à vider son esprit qu’à s’entraîner pour tenir la promesse qu’elle a faite à @Virgil de jouer pour lui. Elle progresse tranquillement, reprend son aisance sur la partition et sourit rien qu’à se rappeler de ce que ça signifie pour elle. Sa famille, leurs vacances, quand tout semblait aller pour eux. Elle chantonne à voix basse, occupée à placer ses doigts proprement sur les cordes, avant de s’interrompre dans un sursaut quand un @Clark sauvage se retrouve littéralement projeter devant elle. « T’as pris le fait de tomber à mes pieds un peu trop à cœur là » elle lance dans un rire malicieux. « Ca va ? Rien de cassé ? Non non tu me gênes pas t’inquiètes pas, j’avais presque fini de toute façon. » L’appel de la piscine sera le plus fort, à moins que ce ne soit celui de la plage. Ils n’ont pas eu de tête à tête depuis un moment, Clark et elle, si elle est parfaitement honnête avec elle-même, elle avouera qu’elle se sentait mal à l’aise, pas à cause de lui mais à cause d’elle. Mais Clark, dans toute son extrême douceur, n’a pas l’air de la détester et ça la rassure un peu. « Pas aussi bien que toi, de ce que j’ai compris, mais oui ça m’arrive » elle explique en reposant la guitare dans son étui. Elle n’aura pas la prétention de se prétendre grande artiste, elle sait jouer quelques chansons et composer quelques mélodies, rien de particulièrement dingue. Kit lève le regard sur lui, la moue mal à l’aise, mais elle prend son courage à deux mains. « Je voulais te dire… je sais pas trop comment formuler ça mais… je suis désolée ? Je sais pas si je dois l’être vraiment ou pas, parce que je ne sais pas comment fonctionne votre relation avec Fly, je sais juste que depuis quelques semaines vous êtes moins ensemble qu’avant et... je sais pas. » S’il a des sentiments pour lui en tout cas. Elle se rappelle très bien des sms avec Fly à ce sujet, avant la loveroom. « Je voulais juste que tu le saches, c’est aussi pour ça que j’ai pas trop parlé avec toi ces derniers temps, je me sentais coupable. »

@kit

« non, non, t'inquiète, c'est rien. rien de cassé. » déjà vu pire, déjà tombé de plus haut. rien de bien méchant. son étui ne s'est pas envolé loin de ses mains, rien à craindre. et il faut croire qu'il tient au violon plus qu'à ses propres os, à la manière dont il ouvre son étui pour quand même vérifier qu'il n'a rien, d'avoir été un peu secoué. les lunettes qu'on remonte du bout des doigts. et des mots qui lui font relever les yeux vers la jeune femme. des excuses qui lui font hausser un sourcil. « on passe toujours les trois quarts de nos journées ensemble, hein, t'inquiète pas. ouais, c'est un peu nul parfois de dormir seul, mais il a bien le droit de faire ce qu'il veut. et t'as pas à t'excuser. » le haussement d'épaule est bref, mais c'est plus une manière de se protéger, au fond, qu'une quelconque marque de dédain, ou de désintérêt. un corps dont il est fier, mais qui prends trop de place parfois, ou il n'est pas si à son aise qu'il aimerait l'être, dégingandé. surtout dans des moments comme celui-là, à marcher sur un fil, pour ne froisser personne. sans mentir, quand même. trop loin de ce qu'il est. parce que c'est vrai, en soi. il a beau donner du temps, et des nuits à d'autres, il continue d'orbiter autour de fly, toujours, d'une manière ou d'une autre. et s'il s'est fait d'autres liens, ici, il reste au centre de son monde, de jour comme de nuit. il le sait bien, qu'il peut compter sur lui. et il n'a pas grand-chose à redire à kit, qui ne lui doit rien. ne doit rien à personne. « t'sais, moi j'veux juste qu'il soit heureux. ce qui me rends triste surtout, c'est qu'il le soit pas trop, ces derniers temps, à force de s'embrouiller de partout. » et il n'y a pas qu'elle, là-dessus. tout est changeant. fluctuant. « t'as pas à te sentir coupable, en tout cas, moi j'ai rien contre toi. » n'a pas toutes les informations. ne les cherche pas non plus. profite des instants grappillés, de ceux qui sont calmes. est là dans les moins bons, aussi. simplement. « et peut-être que c'est pas ca pour vous, et tout, mais avec moi il a toujours été clair, on a ce qu'on a, et... c'est ca, on se mets pas de limite à côté. 'fin, y'a des moments ou j'en étais pas... vraiment certain, mais on a éclairci le truc et c'était bon, tu vois ? » il en a, des sentiments, en parlant de lui. et si le ton reste bien monocorde, comme à son habitude, ils se devinent sûrement, au fond de ses yeux. une affection ancrée. quelque chose de stable. quelque chose de réel, auquel s'accrocher. peut-être parce qu'il en avait besoin, ici, d'un rocher.

Elle hoche la tête en signe d'approbation, pas très à l'aise à l'idée d'évoquer le sujet Fly avec @Clark mais bravant son courage pour le faire avant qu'elle n'en perde définitivement l'opportunité. Et ça serait pas cool pour Clark, qui n'a rien demandé et se retrouve pris dans un imbroglio gratuit, à l'image de son rôle de protagoniste dans la chronique publiée pendant le weekend où on le dessine comme un type mièvre qui ne voit même pas que celui qu'il aime ne veut pas de lui. « Je voulais quand même le faire. Parce que la dernière fois, je t'ai demandé comment votre date s'était passé et j'étais sincèrement contente pour vous et pour toi, et je te promets que j'avais rien prémédité. » Pas son genre, à Kit, de faire du mal aux autres volontairement, pas une once de malice dans son corps, encore moins sur ce genre de sujet. Là encore, Clark lui rappelle son petit frère, et elle n'a aucune envie de le savoir blessé par sa faute. « Je sais. La semaine a été compliquée pour tout le monde je crois... » elle laisse échapper dans un soupir. Pour elle, pour Fly, pour Franz, pour Clark, tout le monde a eu son compte d'emmerdes non-désirées, la géométrie variable du romantisme au sein du block ayant pour fâcheuse tendance de semer plus d'encombres que nécessaire sur son chemin. « Mais je suis contente de savoir que tu me détestes pas. » Elle l'est vraiment. Déteste le conflit, profondément, et s'en serait voulu d'avoir fait du mal au candidat. « C'est que vous avez réussi à trouver un équilibre qui vous convient, et c'est le plus important. » Ce serait maladroit de lui parler de sa situation à elle, elle devine, il est l'une des dernières personnes à qui se confier sur le sujet et pourtant, il est aussi un de ceux qui pourraient le mieux la comprendre. « C'est un peu plus compliqué me concernant, je crois. Ca devrait pas l'être, mais ça l'est. Les limites entre faire ce qu'on veut et avoir mal que l'autre le fasse se faussent de plus en plus. » Elle essaie de garder la tête froide Kit, de continuer de profiter de son aventure sans s'en soucier, mais elle mentirait si elle disait qu'elle n'y pense pas plus souvent qu'elle ne le devrait. « Mais on peut rien y faire, c'est comme ça, ça fait partie du jeu » elle conclut sagement, un sourire pensif aux lèvres.

@kit

« ouais, non, j'pense pas que qui que ce soit prémédité grand-chose dans ce genre d'histoire. ou ici, en général. » pas de raison de lui en vouloir. et il parait si loin, ce date. peut-être qu'il y en aura d'autres, un jour. peut-être pas. peu importe, en soi. l'idée était jolie, mais d'autres choses ont pris le pas, dessus. une proximité essentielle. et ce qu'il s'est passé sous la tente, dans la loveroom, ailleurs, ca n'appartient qu'à eux. et ce qu'il se passe les après-midi paresseuses, le joint à proximité, ou entre deux murmures dans le noir, leur chambre endormie ou une migraine à l'esprit, aussi. aux micros, peut-être aussi. mais peu importe. il y a dans le grand monde un espace pour eux deux. ou ils ne peuvent que se comprendre, sans en dire beaucoup. le monde trop grand, trop instable, et comment on se construit en dedans quand on ne s'aime pas assez. « je sais pas. 'fin, je suis pas dans la tête de tout le monde. mais fly disons que j'ai du mal à pas le voir, quand c'est compliqué. » la proximité. le temps. le sens de le regarder, quand tout semble être chaos. de l'écouter, aussi. de l'un à l'autre, de l'autre à l'un, et du temps pour lui, quelque part au milieu des tempêtes. « de l'équilibre, ouais. j'pense juste qu'on se comprends. puis je l'aime, fly. » c'est candide, comme c'est dit. mais c'est la première fois que les mots s'échappent de ses lèvres, vraiment. et il y a quelque chose d'un moment de contemplation, à les laisser couler. à les laisser prendre leur poids, dans l'air. à regarder son violon, plutôt qu'elle, un instant, avant de relever la tête. de sourire, quand même. histoire de la rassurer. « pardon - j'veux dire. j'suis pas amoureux, ces trucs-là j'pense, ca prends plus de temps, et en vrai, j'sais pas à quoi ca ressemble, je saurais même pas te dire si je l'avais été, ou quoi. c'est pas le - ouais. principe. et c'est pas un jeu. » surement que ce n'est qu'une façon de parler, la manière qu'à kit de le dire. de l'appréhender. des règles. ca implique qu'on peut perdre. et depuis le début, les choses posées, étalées, cette possibilité là n'a jamais été présente, entre fly et lui. la différence peut-être là. et peut-être qu'il n'est pas son premier choix, qu'il ne sera pas le dernier, mais au fond, ce n'est pas tant un choix, que cet attachement qu'ils ont formé, que quelque chose de différent. d'organique. et puis, qu'il ne saurait pas définir, et au fond, il n'y a peut-être pas d'intérêt à le faire. juste à s'y ancrer, à cette tendresse toute trouvée.

si les mots l'ont toujours failli, maintenant n'est pas le moment de courir après, pour essayer de courir après un temps qu'ils n'ont pas, quand il peut juste en profiter. de sa présence. de sa confiance. de savoir qu'il peut compter sur lui. oh, sûrement comme sur d'autres ici. mais juste différemment. l'attraction qui s'est muée en des liens qu'il n'imagine pas voir se briser, même s'ils étaient à l'autre bout du monde. « mais c'est pas compliqué, entre lui et moi, ca l'a jamais été, et j'pense que - on se ressemble plus qu'on en a l'air, au premier abord. » il y a des silences entre les mots, des espaces qui se remplissent. des choses qui semblent évidentes mais qui n'ont jamais été dites. des choses qui restent pour lui. la liste des lignes qui se dessinent d'une âme à l'autre, de tout ce qui fait qu'il le comprends, elle n'est que pour eux deux. dans leurs silences enfumés, dans les sourires qu'il arrive à lui voler. les sourcils se froncent, un instant. comme pour mettre au clair sa propre cervelle. comme pour vraiment se l'expliquer à lui-même. « il a déjà assez perdu, je crois? » c'est pas un questionnement. c'est certain, ca. et ca doit d'être le reflet de ses mots. « non, je le sais. alors je veux pas... que ce soit conditionnel, la façon que j'ai de l'aimer. qu'il puisse se dire que je pourrais disparaitre, ou qu'il pourrait me perdre en faisant un truc de travers, ou à cause d'histoires de jalousie ou quoi, ou juste parce qu'il trouve pas les bonnes manières d'exprimer ce qu'il ressent. que ca aille avec des questions, ou des tensions? pour moi ca se pose juste pas. et j'ai assez confiance en lui pour me dire que - genre... il sera toujours là aussi. » inspire. un haussement d'épaules. un rien. « j'dis pas que j'ai pas d'anxiété, parfois. que je doute pas du tout, ou quoi. j'en ai. trop. et j'ai pas confiance en moi-même. mais ca se rationalise, et on est honnêtes, et les choses sont claires et - et en lui j'en ai, et genre - quand j'ai besoin de lui je sais qu'il est là. il me juge pas. et l'inverse est aussi vrai. c'est le plus important. et ca passe avant le reste. » le fait de ne pas aimer dormir loin de ses bras. ces moments à se demander si, peut-être, il préfère d'autres compagnies à la sienne. la certitude que c'est le cas, avant de le voir revenir, et que le présent reprenne le dessus. « j'veux qu'il soit bien, qu'il soit heureux, ca passe avant le reste. » et c'est honnête. sans animosité, sans violence. le sourire au bord des lèvres, et les doigts à son archet. une ancre si fine, dans un monde trop grand, qu'il ne peut que naviguer à vue. de quoi repenser aux mots de remi, quelques jours plus tôt. « j'sais pas si ca fait sens, pardon. et j'veux dire - j'dis pas que c'est pas justifié, les trucs compliqués entre vous. juste qu'il y a des nuances différentes. » et la sienne se doit d'être une constante.

« C’est parce que vous êtes proches que tu le vois, tu le connais assez pour t’en rendre compte. » Elle aussi elle le voit, mais plus indirectement. Quand elle sent la froideur dans ses messages, l’agressivité dans ses propos, quand elle sent la jalousie perler même quand elle n’est pas justifiée. Elle comprend mieux, maintenant, leur discussion du début de semaine a au moins apporté cette explication à un comportement qui la rendait mal depuis des jours, mais ça n’a pas toujours été le cas. Les mots de @Clark s’emportent et elle relève les yeux, écarquillés, quand il lui dit qu’il l’aime. Il a du s’en rendre compte, de sa surprise en entendant des mots qui sont si forts et prononcés si spontanément, alors il se reprend et développe le fil de ses pensées. C’est étrange, de le voir s’ouvrir à elle sur un sujet qui devrait les éloigner plutôt que de les rassembler. Ca la touche d’une certaine façon, qu’il se sente assez à l’aise pour en parler avec une telle aisance, le gamin bien plus mature qu’il n’y paraît, plus mature qu’elle sur certains sujets, c’est certain. « Tu sais l’amour ça prend mille formes différentes. Parfois on aime sans s’en rendre compte, c’est qu’après qu’on réalise ce que c’était vraiment. » L’amour et l’obsession se mélangent trop souvent, mais il y a des émotions qui ne trompent pas, même à retardement. « T’as des sentiments pour lui non ? Sans même parler d’être amoureux, c’est plus qu’un attachement amical. C’est fort et sérieux, ce que tu ressens. » Peut-être pas amoureux, mais pas si loin, elle le sent dans la façon qu’il a de parler de son Fly, celui qu’il côtoie depuis le premier jour et qu’il a appris à découvrir au rythme de leurs interactions. Elle, elle part avec plus qu’un train de retard, leur propre relation se crée au fil de leur attirance, s’est créée de l’alchimie sexuelle pour se muer en quelque chose qu’elle n’arrive pas à définir clairement dans son esprit, elle apprend encore Fly et son fonctionnement. Dieu seul sait qu’il ne lui facilite pas la tâche, à vouloir tout et son contraire sans jamais réussir à se fixer. Clark déroule le fil de ses pensées, instinctivement, sans réfléchir, et il n’a pas besoin de le dire pour qu’elle sache à ce moment précis qu’en disant ça, c’est lui-même qu’il essaie de convaincre, qu’il tente de façonner de telle sorte que Fly reste auprès de lui et que leur connexion soit intacte. Ca lui ronge le cœur de le voir si clairement, peut-être plus qu’il ne le voit lui, la culpabilité descend dans l’estomac. C’est fou non. Clark capable d’aimer inconditionnellement quelqu’un qui ne peut pas le lui rendre de la même façon. Ou peut-être qu’il le peut ? Elle n’en sait rien, elle sait seulement qu’il n’était pas un paramètre de l’équation pendant leur discussion. Il y avait elle, et il y avait Franz. La poitrine se contracte rien qu’à l’entendre dire qu’il veut qu’il soit bien, heureux, parce que y a rien de plus pur, de plus altruiste que ce sentiment-là. « Avant ton bonheur à toi ? Il n’y a que pour les gens qu’on aime, qu’on aime vraiment, qu’on est prêt à faire ça… » La réalisation la frappe et elle se sent stupide de parler de ce sujet-là avec lui. « Je suis désolée Clark. Je suis désolée de pas l’avoir compris plus tôt, et et et je sais pas, de m’être attachée à quelqu’un qui ne peut même pas choisir de peur de perdre tout le monde et qui capte pas que son meilleur choix il est juste là, sous mes yeux. Je me sens mal, je te jure. Je veux pas te blesser, jamais, j’aurais même pas du aborder le sujet avec toi c’était stupide et égoïste. » La voix s’étrangle un peu, trop émotive pour son propre bien Kitty, détestant l’idée de lui faire du mal même quand il lui assure que c’est pas le cas. « Je suis pas capable d’être comme toi. Je veux pas qu’il soit heureux avec quelqu’un d’autre, je sais que c’est horrible de dire ça, et c’est qu’une putain de télé-réalité sans aucun enjeu mais je peux pas me satisfaire juste de ce qu’il y a, là, de ces histoires foireuses, de prétendre que c’est pas grave et que je fais ma vie à côté sans pression. J’y arrive pas. Et je t’envie d’en être capable, même si j’ai l’impression que tu te mens à toi-même quand tu dis ça, parce que si j’y arrive pas, tu devrais encore moins y arriver. Ou bien t’es juste le meilleur de nous deux, et j’en doutais pas avant mais là j’en ai la preuve. » Elle s’interrompt, ses pensées se sont un peu trop éparpillées. « Désolée, je parle trop. Bref, c’est vraiment une situation de merde. » Et si elle était moins égoïste, Kit, elle ferait la seule chose possible : tout arrêter avec Fly.

@kit

proches. peut-être plus qu'il l'est avec kit. mais au fond, c'est juste différent. des relations, des personnes différentes. mais les choses s'apprennent quand on apprends les gens. et elle a encore du temps pour le faire, quand les choses semblent actées. signées, pour lui et fly. définitives. comme ces mots qui lui sortent sans qu'il ne les contrôle vraiment, comme souvent. « ouais. je sais. c'est pour ca que je m'en rends compte. » c'est quelque chose de sincère, au fond, ce qui s'échappe de lui, là. de clair, plus que ca ne l'a jamais été, au creux de son crâne. il n'y a pas d'autre mot à mettre dessus, pas d'autres précisions. il les donne, pourtant. il y a un bout de son âme pour ce type là, et c'est non négociable, parce que ca s'est fait, simplement. différent de celui offert à remi, différent de celui offert à boaz, aux gens avec qui il s'est lié vraiment, ici. ils n'en partiront pas. des nuances, des différences. et un haussement d'épaule. « j'en sais rien. i mean, the sex is... was great. et il est attirant, bien sûr, et y'a toujours eu quelque chose de différent, entre nous mais - j'en sais rien. et je sais pas si j'ai envie de faire des hypothèses, et tout, parce qu'en vrai, ce qu'on a me convient. » et il ne ment même pas. il ne saurait pas dire s'il y en a eu, des sentiments, s'il y en a. ne sait pas vraiment à quoi ca ressemble, ne saurait pas le décrire. se satisfait de ce qu'il a. parce que c'est comme ca que les pièces se sont emboitées. parce que ca le rends heureux, ce qu'ils ont, tant qu'on emprunte pas trop son lit. cette confiance, construite. qu'il n'a pas besoin d'autre chose, en soi, venant de lui. peut-être que les choses auraient pu être, devenir différentes. mais il n'en est même pas à le souhaiter. c'est qu'il en découvre, ici, des sentiments tout neuf. et celui-là a pourtant quelque chose de rassurant. l'inconditionnel de ceux qui restent, dans la tempête. même s'ils sont la tempête. « j'crois que... je connais pas d'autre façon d'aimer, en soi. » et c'est étrange, ce que cette pensée débloque. la lumière qui se fait, sur ce qu'il est, au passage. les insécurités, les anxiétés, la peur de décevoir, face à l'inconditionnalité des seules tendresses qu'il aie jamais connu. l'impression de décevoir, de ne pas être à la hauteur de celles-là. la fuite, la fuite, comme une manière d'essayer de le détruire, d'en tester les limites, et de le découvrir extensible. inconditionnel. faut croire que c'est engrainé, que c'est quelque part aux racines de ce qu'il est, ce cœur trop grand dans lequel il enferme chaque image, chaque chose qu'il croise, par peur de les oublier. par peur d'un vide entretenu trop longtemps, surprotégé, vaguement enfermé. pas de quoi blâmer qui que ce soit pour ca, c'était justifié. mais en relevant les yeux, il se retrouve face à une gorge nouée. « hey non, pleure pas... » étrange retournement de situation, quand elle s'excusait plus tôt, comme si elle avait des comptes à lui rendre. que ce soit lui qui lui ouvre ses bras, là, pour la réconforter. toujours un peu trop tactile. toujours sans chercher le compliqué. toujours un sourire aux lèvres. « tu sais, c'est justement - j'suis pas un choix, c'est bien ca le truc. ni le meilleur, ni le pire, j'en suis pas un du tout. parce que je suis là, et je bougerais pas. peu importe avec qui il finit, ou seul, ou quoi, j'serais là. ici, ou après. et je sais pas ce qu'il veut, je suis pas dans sa tête mais je crois que... c'est ce dont on a besoin tout les deux. » de quelqu'un sur qui compter. ici. dehors. des confidences, des choses qui se disent, qui passent entre deux silences, qui s'admettent. des choses qui se reconnaissent. quelque chose de bien différent de toute romance, sûrement. et elle peut bien penser qu'il se ment à lui-même, au fond, il ne saurait même pas dire si c'est le cas ou non. tout ce qu'il peut bien faire, c'est s'accrocher à des certitudes honnêtes. au vrai qu'il retrouve dans tout ca, en passant une main dans son dos. en la serrant un peu trop fort, peut-être. « j'suis pas meilleur ou pire, tu sais. j'suis pas grand-chose. mais on est juste différents. » avec des certitudes, des moments, des idées différentes. chacun sa conscience. « t'excuse pas. j'parle trop aussi? genre. les trois quarts du temps. dès que j'ouvre la bouche, en vrai. » parce que tout sort sans qu'il n'aie le temps d'en faire quelque chose de très cohérent. sans limitations. les évidences et les suppositions. incapable de mentir, comme il est incapable de cacher grand-chose, à moins de garder le silence.

Elle leur envie parfois ce lien spécial qu'ils ont construit dès les premiers jours, peut-être même les premières heures de l'aventure, cette façon qu'ils ont de réussir à communiquer là où elle a la sensation d'échouer en permanence, les messages ne servant qu'à aggraver la situation au lieu de la résoudre. C'est qu'elle n'a pas les clés, Kit, et ne sait pas comment les trouver avec l'aisance que possède @Clark en la matière. Elle l'écoute parler, attentive, lui raconter ce lien qui lui échappe, et elle sent tout ce qu'il ne dit pas vraiment. S'il semble satisfait de leur relation actuelle, elle ne parvient pas à se débarrasser de ce sentiment que s'il pouvait, il demanderait plus, qu'il aimerait que Fly le voit comme lui le voit en retour. « Je comprends » elle se contente de répondre, une demi-vérité, ou bien une moitié de mensonge, le résultat reste le même : pas vraiment. Elle ne comprend pas. Parce que son esprit à elle est sans doute calibré différemment, incapable de se satisfaire de ce qu'il lui donne. Il dit ne pas connaître l'amour, ne pas pouvoir l'identifier mais à l'entendre raconter Fly à sa façon si personnelle, si intime, elle a l'impression du contraire : que son esprit sait sans réussir à ramener les mots à ses lèvres, la pensée coincée dans un subconscient qui ne se résout pas à le lui dire. Ca lui donnerait presque envie de sourire, si ce n'est pour la culpabilité qui continue de l'étreindre chaque fois qu'elle regarde Clark. Rien que ça, ce seul état de fait, devrait être raison suffisante pour prendre ses distances avec Fly, mais elle n'y arrive pas, l'égoïsme latent dont elle se croit toujours dépourvue remonte en surface, corrosif parce qu'elle ne l'assume pas vraiment. « T'as encore le temps de découvrir l'amour » elle murmure, plus pour elle-même que pour lui. Elle, elle ne le connait que trop bien, depuis trop d'années, a eu le temps de s'y frotter, de s'y piquer et de s'y blesser, pour mieux recommencer avec un.e autre. C'est exaltant autant que c'est terrifiant, de remettre son coeur entre les mains de quelqu'un d'autre, de faire de son bonheur celui de l'autre, elle n'est pas certaine d'avoir envie d'y goûter à nouveau, en tout cas dans l'immédiat. Ca reviendra sans doute, ça revient toujours après tout et son contrôle sur ses sentiments est inexistant, mais elle essaiera tant bien que mal de le repousser aussi longtemps que possible. Quand Kit craque, c'est autant par fatigue que par culpabilité, lassée de cette situation qui puise dans une énergie qu'elle préfèrerait dépenser ailleurs, lassée aussi de blesser des gens gratuitement, pour son seul intérêt personnel. Ce devrait être simple pourtant : prendre ses distances est l'option la plus radicale, accepter que Fly puisse offrir à d'autres ce qu'il lui offre à elle est la plus naturelle, mais ni l'une ni l'autre ne résonne en elle. Là encore, Clark montre l'étendue de sa douceur, se trouve à la réconforter elle quand ce devrait être l'inverse et elle frotte des yeux humides, se refuse à pleurer pour quelque chose qui ne devrait pas la faire pleurer. « Tu resteras, même s'il peut pas te donner plus que ce qu'il te donne maintenant ? » C'est moins une question qu'une demande, elle veut s'en assurer, parce qu'elle sait qu'il compte pour Fly et qu'il vivrait mal de devoir sacrifier leur lien si spécial. « Il tient à toi, vraiment énormément, j'ai pas besoin qu'il le dise pour le savoir. Et je veux pas te faire de mal, parce que t'as une belle âme et que tu mérites tellement mieux que ça. » Elle pousse un soupir, regagne une façade plus calme. « T'es beaucoup Clark. Vraiment, vraiment beaucoup. Et toi tu t'en rends peut-être pas compte mais moi je le vois, et d'autres le voient aussi. Fly le voit, ça c'est certain. » Et elle ne dit pas ça pour cajoler et absoudre sa culpabilité, elle le dit parce qu'elle en est intimement convaincue. « Je sais vraiment pas ce que le futur nous réserve mais j'espère de tout mon coeur que tu m'en voudras pas » elle conclut doucement. Elle n'a pas son mot à dire en la matière, elle en a conscience. « Le coeur a ses raisons que la raison ignore, faut croire. » Comme de s'attacher à la personne la moins faite pour elle dans ce block.

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