Elle aurait peut-être dû ne pas lui dire qu’elle était sur le départ. Simplement lui demander où il était. Il aurait compris lorsqu’elle lui aurait foncé dans les bras pour réclamer le dernier câlin. Il n’aurait pas fait trainer en longueur la découverte du lieu où il se trouve. Elle qui sent les secondes, puis les minutes qui s’égrènent alors que bientôt ils ne se verront plus. Du moins pas tous les jours, pas au détour d’un couloir, pas de l’autre côté de la table. Elle n’a pas perdu ce rêve de le revoir dehors, pas tout de suite, pas demain. Parce qu’elle avait besoin d’un demain sans lui dans le décor, sans eux, sans omb. Elle avait besoin d’un décor neuf pour ses beaux yeux. La blonde elle avait fait ses plans, terminé le sac à dos. Elle n’avait plus qu’à faire sa tournée de bisous et de câlins. En terminant par celui qu’elle aurait le plus de mal à quitter : le grand blond qui jadis la serrait contre lui. Arrivant à la salle de bain, elle tombe sur un petit dictionnaire posé sur le rebord du meuble vasque. Le sourire s’esquisse en arrondie nostalgique. Le début, le belvédère, le dico dans lequel elle avait écrit sa dédicace, celle qui disait qu’il serait toujours le bienvenu en Roumanie. Promesse qu’elle portait au cœur et qu’elle allait tenir. Elle l’ouvre, les fines pages qui se collent entre elles et qui lui donnent des difficultés à trouver ce qu’elle cherche. Son écriture à lui. C’est le souvenir dont elle avait besoin, celui qu’elle aura tout le temps avec elle dans ses voyages et ses découvertes. Celui qui sera dans son petit sac à dos quand elle partira à la recherche de ce qui lui manque, sans savoir ce qui lui manque. C’est le belvédère alors ? Elle récupère le téléphone, qu’elle glisse toujours dans la poche arrière de son short en jean. Puis ouvre la conversation laisser en suspend avec @Virgil, elle commence à écrire. Ce que ça lui fait de lui dire au revoir là-bas. C’est comme avoir le cafard et être reconnaissante en même temps. C’est comme être triste d’être trop heureuse. C’est juste que ça fait sens en fait. Elle a envie de le prévenir qu’elle risque de chialer. Mais finalement elle efface tout et prend le chemin du belvédère, le petit dico qui accompagne son téléphone dans la même poche. Elle prend le temps sur le chemin, c’est son tour de faire égrener les secondes et les minutes. Parce qu’elle ne sait pas si elle va savoir gérer ses émotions. Elle arrive, enfin, le trouve là-haut. Et ça lui fait l’effet miroir de leur première et unique leçon. Lui qui arrivait, elle qui l’attendait. « Je pas tout comprendre ta dédicace, faut que tu m’apprennes encore beaucoup l’anglais. » Elle commente, agitant le petit dico qu’elle a sorti de sa poche. Elle s’approche sourire hisser. « Mon câlin. » Elle réclame se plaçant face à lui, heureuse et triste à l’expectative de le serrer dans ses bras.

le souvenir de leur premier rendez-vous ravivé, il l’attend sagement au belvédère quand il y était arrivé il y a de ça des semaines avec des intentions moins innocentes. dans le microcosme de la villa, tout semblait un temps contracté, le monde en accéléré. la faute à l’intensité et au temps qui leur était compté. elle avait choisi de s’extraire de ça, @mirela, de retrouver une temporalité plus en phase avec ses émotions et ses attentes. le regard de virgil déserte l’écran de son tel lorsqu’il l’entend arriver et son sourire point dès qu’elle illumine les lieux, la dryade dans le ciel vif de fin d’aprem. sa mémoire est intacte, de chaque instant passé avec elle, ses chaussures, son short et son t-shirt lorsqu’ils s’étaient retrouvés là avant de s’embrasser, il se rappelle ses propres craintes à l’idée de l’embraser, trop fort pour elle, son intensité a toujours été dure à encaisser, il le sait. l’espace-temps pressé de l’aventure lui correspond assez, il avait trouvé en mirel un étonnant miroir de sa propre précipitation, avait incité remi à le suivre dans la suraction. le bénéfice, c’était de goûter à cette adrénaline qui semblait suspendre le temps dans un concentré magique. le défaut, c’était de réaliser que ça ne pouvait pas durer. que la potion était une réduction. il se repaît du sourire qu’elle a pour lui, sourit à son tour du mystère de sa dédicace resté entier et qu’elle décrypterait avec le temps. quelque chose qu’il avait créé pour durer, contrairement à tout le reste. il avait mêlé à la poésie qu’il connaissait un peu de la métaphysique qu’il avait étudiée et beaucoup de chansons écoutées à ses côtés. son écriture fine et bâclée avait été arrondie par l’effort d’être compris, bon élève pour la seule fois de sa vie, et pour la seule qui méritait qu’il le soit. — sur ce coup, oublie la syntaxe. tout est dans l’interprétation, c’est ce qui laisse le plus de liberté, dit-il pour la rassurer quant à sa compréhension de ce qu’il lui avait laissé. pas facile, de calligraphier de beaux souvenirs. comme une peinture expressionniste, elle aurait le loisir d’y voir ce qu’elle voudrait y déceler ; tout fonctionnait. son sourire s’élargit tandis que mirel lui ouvre ses bras, il s’extrait du banc de bois pour contourner la table et la rejoindre. sa grande main posée à l’arrière de sa petite tête flave, il la presse contre lui jusqu’à sentir son coeur tambouriner contre son torse. son parfum de fleurs illustre les nuits de festival en pleine nature dont elle lui a tant parlé, ancre sa fragrance sur certains mots qu’il ne saurait oublier, la synesthésie en action. — pour l’autostop... je sais que t’as l’habitude et que tu gères, entame-t-il à demi mot. — mais si tu peux privilégier les conductrices… sa vision probablement biaisée par le nombre de viols dont il a entendu témoigner, sans compter ceux auxquels il a assisté, impuissant, il la maintient un peu plus fort contre lui, laisse sortir un ersatz de ses inquiétudes avant qu’il ne soit trop tard pour les dire. il sépare leur corps pour obtenir le recul nécessaire à la contemplation de son minois lumineux rivé sur lui, y étudie l'effet de ses paroles.

C’était comme d’avoir le souffle coupé, d’envisager de lui dire au revoir. Peut-être que le plus simple aurait été de s’éclipser sans rien dire ? Pas le genre de Mirela qui vit les choses du cœur. Celles qui font mal, comme celles qui vous donnent l’air léger et heureux. Alors elle ira au bout, se rendra en haut du belvédère pour lui dire au revoir, bien que ça lui demande toute l’énergie du monde. C’est comme courir sans pouvoir reprendre son souffle. Elle le voit et bien sûr qu’elle rayonne. Eux qui pensaient qu’elle était le soleil ici, c'était juste lui depuis le départ qui rayonne sur elle. Et qui lui donne ce sourire qui double d’intensité ou ce regard qui brille comme deux gemmes précieuses. La dédicace lui échappe, du moins dans le sens général. Il y a quelque chose d’une poésie qu’elle aurait besoin qu’on lui explique. Il lui parle d’interprétation et de liberté. La dernière idée lui plaît bien. Peut-être bien que dans quelques semaines, mois, années, elle lui enverra un sms en lui rappelant ses mots et lui annonçant qu’elle avait compris. Elle lui répond d’un sourire, laissant le mystère où il est. Le câlin, elle le réclame. Récompense après s’être creusée les méninges pour comprendre son énigme. Elle pose sa tête avec douceur sur le haut de son torse et souhaite naïvement ne jamais plus s’en éloigner. Naturellement, invariablement, inévitablement, ses prunelles s’embuent de larmes qu’elle retient. Elle se concentre sur ses inquiétudes à lui, de la voir elle partir sur les routes sans rien de plus qu’un sac à dos et sa détermination à tout faire en stop. L’inquiétude qui l’ébranle termine de faire rouler des larmes silencieuses sur ses joues roses. « Promis, je faire attention. » Elle murmure profitant de l’étreinte jusqu’au bout, avant qu’il ne s’éloigne juste assez pour pouvoir la regarder dans le yeux. Et toi alors ? Elle semble lui dire du regard. Parce que si elle se lance dans une histoire à la sûreté aléatoire, surtout pour une femme… Ce qui l’attend n’a pas son pareil. Est-ce vain de lui demander de faire attention ? « J’ai… hm, j’ai laisser dans frigo des mici pour toi et Franz. » Elle élude, essuyant des larmes qui reviennent quelques secondes après. « Pardon. » Elle murmure se mordant la lèvre inférieur. « Tu vas me manquer. » Elle lui annonce l’évidence, haussant les épaules comme si ce n’était pas l’euphémisme du siècle. « Toi tu dois faire attention. Ok ? » Elle reprend le contrôle de ses émotions d’un sourire. « T’es incroyable tu le savoir hein ? Je sais, je te voir, on a pas parler de tout, mais je savoir. Et je vais te dire un secret, c’est toi être le soleil et personne d’autre. » Elle le voit avec toutes ses parts d’ombres, c’est lui qui arrive toujours a briller le plus fort. Elle glisse sa main dans la sienne et la porte à ses lèvres pour y déposer un petit bisou mouiller de larmes. Bien sûr que ça aurait été dur pour elle de le laisser partir si l’histoire avait fait d’eux autres choses que deux âmes qui ont pris des chemins différents. Mais jamais elle lui aurait demander de rester. « Oublie pas @virgil : vei fi mereu binevenit in romania. »  Elle lui rappelle sa dédicace à elle, moins poétique, mais le serment était là et en roumain cette fois.