Baby, don't speak
If you think it's all in my head
Then we should just leave it, you keep it/ @eli
Il veut l’emmener au restaurant. Ok. Elle dit pas non, mais ça la gêne un peu parce qu’elle sent venir la conversation d’adulte et tout. Elle met une jolie robe, parce qu’on lui a toujours dit d’être jolie pour le restaurant. Le genre de robe qui lui convient plus que celle des années vingts, ou les trucs un peu impossible à mettre qu’elle portait jusqu’ici. Un truc simple, un truc qui lui ressemble en faite. Rouge comme ses lèvres et son coeur. Ils s’installent l’un devant l’autre, comme un petit couple qu’ils ne sont pas. La petite elle torture ses lèvres, anxieuse. Après tout il lui avait bien dit qu’il voudrait en reparler avec elle et le cadre semble s’y prêter. Parce qu’elle ne voit pas tellement d’autre raison pour lui proposer de venir dans un endroit pareil, elle et ses vans oldskool un peu fatiguée. Elle veut pas initier la conversation, alors elle se contente de prendre la carte du restaurant, se demandant s’ils ne pouvaient pas plutôt aller au mcdo, mais le mcdo c’est pas un truc d’adulte. « Tu connais un peu les plats de la région ? » Elle lui demande, pour noyer un peu le poisson, ses longs cheveux retombant en cascade sur un coté de son visage. Ses yeux d’enfant le toise, lui demandant silencieusement de mettre de coté cette histoire de mission, qu’elle n’avait pas vécu comme une mission. Ces histoires de larmes qu’elle avait peut-être un peu provoqué, mais qui n’était pas moins sincère. Elle voulait juste partager un bon plat de poisson, ou autre truc de la région, tout en sirotant un cocktail qu’elle n’aurait pas l’occasion de boire ailleurs.
tenue

cette soirée devrait être une jolie bulle d'air. juste un bon moment, des discussions vaines, amicales, et presque vide, avec un peu d'art dedans, pour toucher du doigt le réel. et peut-être des choses un peu plus profondes, peut-être quelques propositions réelles, des choses auxquelles il a pensé, mais ne sait pas encore comment amener. et il est heureux, de ne pas être dans ce block. de ne plus être dans ce jeu, à devoir calculer trop. d'être juste avec elle, un moment. et même si les caméras scrutent encore, leur cameraman est assez loin pour qu'ils puissent presque l'oublier. et une fois installée, elle l'interroge sur le menu. rien de bien intéressant. parce qu'elle semble réessayer de construire un mur, pour se cacher derrière, dans sa forteresse, la princesse. mais sans forcer, il trouvera bien de l'escalader, de passer l'entrée. « pas vraiment. mais j'imagine que tout ce que tu as listé sous spécialité peut être intéressant... j'savais même pas que ça se mangeait, de la conque. » et il y a ce silence étrange, qui s'installe, alors qu'il parcourt la carte. qu'il laisse s'installer. parce qu'il y a de l'inavoué dans l'air, et qu'il compte bien tirer la couverture protectrice, avec le sourire, mais quand même un coup sec. autant être franc, et crever l'abcès directement, pour passer une bonne soirée, ensuite. pour avancer mieux, et il l'espère, main dans la main. « bon... sinon, je te propose qu'on soulève un poids. je vais te poser une question, et une seule, et j'attends une réponse honnête, de ta part. une phrase, t'as pas à faire plus, sauf si tu le veux. après, on passe à autre chose. d'accord ? » et il lui laisse une seconde, le temps de trouver la formulation la moins agressive, la moins intrusive, peut-être. et elle sait bien, @frida, de quoi il va parler. elle sait, qu'il ne le demande pas pour la blesser. surtout pour être fixé. comme elle sait que sa réponse aura une importance. et il repose juste ses lunettes sur la carte, les mains à plat sur la table, avant de reprendre. « même si ça a commencé par quelque chose de faux, et avec une mission au milieu - est-ce que tout était un mensonge dans cette histoire de sentiments ? » il la connait, la réponse. l'a deviné au creux de ces larmes, dont elle ne s'est que trop vidée. mais il veut savoir si elle est capable d'être honnête, avec lui, si ce n'est pas avec les autres. puis, elle sait qu'il n'y a pas de honte à avoir, pas avec lui, quand il est le premier à s'être fait avoir par les beaux yeux du californien, avant qu'il ne vrille complètement. mais cette question, elle n'est pas pour juger de ce qu'il sait déjà - c'est plus quelque chose d'important, avant de pouvoir avancer. une façon de savoir si elle compte continuer à mentir, même si c'est pour se protéger. parce qu'eli, au fond, tout ce qu'il veut c'est de pouvoir l'aider, avec ses airs de gamine et en sachant très bien qu'elle en a trop vécu. mais si elle ne s'ouvre pas à lui, il n'aura simplement pas les outils pour.

Forcément, elle craint l’invitation autant qu’elle l’apprécie. Elle s’attend à un moment sympa, comme toujours avec Eli, mais elle s’attend aussi à quelque chose de plus sérieux. Vu les derniers mots qu’ils ont échangé sur le prime, elle sait bien que ce n’est pas juste une invitation à diner. Que c’est pas juste pour passer un moment à deux avant la fin de l’émission qui arrive à grand pas. Et ça met un peu mal à l’aise Frida, parce qu’elle est pas certaine de pouvoir tout assumer finalement. Alors elle commence la conversation sur un truc basique, sans saveur, sans vraiment d’importance. Les spécialités du coin. Alors qu’elle a juste à lire la carte pour pouvoir en savoir plus là dessus. C’est juste pour briser un peu le silence qui s’était installé, malgré eux. Lui qui ne semble pas tellement comment prendre l’histoire, elle qui s’attend à quelque chose qu’elle n’est pas forcément prête à entendre. « C’est le coquillage dans lequel on entend la mer ? » Elle demande, parce qu’elle non plus savait pas qu’on pouvait en manger. Pour elle, c’est un truc presque magique qu’on met contre l’oreille quand on est enfant pour entendre le bruit des vagues. Quand il commence par un « bon », elle l’observe l’air presque suppliant de pas prendre ce chemin là. Mais trop tard, il a déjà lancé le truc et elle baisse les yeux Frida, sur le menu qui lui semble plus intéressant d’un coup. « Hm hm. » Elle acquiesce tout de même, pas certaine de vouloir aller au bout de cette histoire. Elle sait être honnête et elle l’a été plus d’une fois avec Eli, mais là elle avait bien envie de garder pour elle sa vérité. Bien sur la question qu’il finit par posé, elle aurait pu la prononcer avant lui, presque mot pour mot. « Je pense que vais prendre une assiette de poisson mariné. » Ouais, elle élude vraiment la question, se cachant le visage derrière le menu qu’elle a d’ouvert sous ses yeux. Bon Frida, un peu de courage. Elle baisse de quelques centimètre le menu, pour regarder les opales sombres d’Eli. Ok, il attend vraiment une réponse, elle ne peut pas fuir. « Non, c’était pas un mensonge. En faite, même quand j’ai reçu cette mission je crois que je commençais déjà à éprouver quelque chose pour l’autre là. » Elle finit par dire, elle a honte en vrai. C’est plus facile de se cacher derrière cette putain de mission. « Mais le dis à personne, je veux pas que ça se sache. » Même si à cause des caméras de merde, ça risque de remonter aux oreilles des autres. Bon, du coup maintenant ils peuvent passer à autre chose ? Qu’elle arrête de cacher la moitié de son visage avec ce menu, ce serait cool non ?

« exactement. » il ne peut s'empêcher de sourire, à cette réflexion presque enfantine. adorable. c'est qu'elle a beau avoir dépassé le quart de siècle, @frida, elle garde quelque chose de naïf, et eli, il ne peut s'empêcher d'avoir envie de la protéger, juste un peu plus. et si elle tente d'esquiver la question, il ne la relance pas sur le menu. lui laisse le temps dont elle aura besoin pour répondre - mais il l'attends, sa réponse. et elle ne le surprend pas, quand elle vient enfin. elle n'opte pas pour la facilité, avoue la vérité, et c'est bien ce qu'il espérait. qu'elle soit honnête, avec sa 'plus belle rencontre de l'aventure'. et il faut bien l'avouer, malgré tout ce flou, elle est l'une des siennes aussi. pour son essence, pas pour tous les drames autour. parce qu'elle a tant à offrir au monde, cette gosse. si elle avait eu la chance qu'elle a prétendu avoir, sur les réseaux sociaux, en naissant dans le privilège, elle aurait pu aller si loin. mais le monde est cruel, et il va falloir qu'elle s'accroche. mais elle y arrivera, eli a parfaitement confiance en ce fait là. « tu peux me faire confiance @frida. je dirais rien. même si l'autre là a un prénom. » et il attrape sa main, pour la serrer fort. pour faire tomber ce menu, aussi, juste un peu. la regarder mieux. peut-être ne devrait-il pas la reprendre, sur cette idée bête de respect. mais autant ne pas s'abaisser à un tel niveau. ils sont tous humains, après tout, coincés dans une histoire qu'ils n'écrivent pas, devant ces caméras. même @dylan, dans son immaturité. mais ce n'est pas à lui qu'il veut penser, eli. « et je te juge pas non plus, je serais clairement très mal placé pour le faire. » après tout, il aura fait preuve de la même faiblesse qu'elle, dans des circonstances différentes, peut-être. mais avec des besoins bien similaires. et les mots de la jeune femme lui reviennent, de la semaine précédente. ils sont mieux sans eux. sans lui aussi. très clairement. et si elle se cache derrière cette mission, aux yeux de tous, il voit peut-être un peu trop clair dans son jeu, après trop de confidences. après qu'elle ait mis en danger son secret, en s'ouvrant grand le cœur pour lui. après cette nuit ou elle a noyé ses bras jusqu'à ce que ses yeux se ferment enfin. c'était trop vrai pour n'être qu'un jeu. « maintenant, j'ai une autre question pour toi... » il devine que ça l'inquiète. qu'il pourrait continuer sur cette histoire foireuse. mais il n'en a aucune envie, et pour être honnête, de l'inquiéter non plus. donc il enchaîne, simplement. changement de sujet totale, parce que si elle a été honnête, il n'a aucune raison de la forcer à parler. n'a pas besoin de plus. « après tout ça, tu comptes retourner à cuba, définitivement, ou tenter ta chance ici ? enfin - pas ici, du coup. aux états-unis, je veux dire. » parce qu'il sait, elle l'a dit, durant sa confrontation, qu'elle avait dû quitter son île. en cavale face à trop de soupçons. que c'est d'une certaine façon comme ça, qu'elle avait fini dans le block. et au fil du temps, il y a réfléchi de plus en plus, eli, à cette proposition toute bête qu'il pourrait lui faire, si elle veut tenter sa chance dans un brooklyn un peu différent de celui qu'elle présentait sur les réseaux.

Elle à un imaginaire assez enfantin Frida, malgré le faite qu’elle soit une adulte depuis longtemps. Parce qu’elle a trop de rêves dans la tête, des choses qu’elle ne peut pas vraiment réalisé en temps normal. Alors forcément, elle se laisse consolé par l’imaginaire. Pas des trucs aussi bateau qu’un coquillage qui chute la mer. Un coquillage qu’elle ne voudrait pas tellement manger d’ailleurs, à moins que ça lui octroie des pouvoirs magiques ? Une voix extraordinaire ? Un truc à la petite sirène ? Il lui propose u deal plutôt honnête, mais elle a juste envie de se cacher encre et toujours derrière des mensonges Frida. C’est comme ça qu’elle fonctionne. Alors elle optera pour une assiette de poisson mariné. Plutôt que de se lancer vers la vérité. Elle se cache même le visage avec son menu, avant de se décider à lui dire la vérité une bonne fois pour toute. Elle est pas très fière, elle voudrait pas que ça se sache. Il l’a reprend sur la façon dont elle parle de Dylan et ça la gave un peu. « Je suis pas une enfant. » Elle précise, parce que ce serait le genre de trucs qu’on pourrait dire à sa fille, son fils, de ne pas manquer de respect aux autres. Mais elle a dépassé ce stade avec Dylan, depuis le dernier prime où il lui a parlé comme de la merde, alors forcément le respect elle l’a oublié dans le block. En tout cas en ce qui concerne l’autre là. Ils sont passés par la même chose avec Dylan et c’est assez étrange d’ailleurs quand on y pense, que le blond soit un point commun qu’ils ont. Parce qu’ils sont bien différent ces deux là, personne n’aurait parié sur cette amitié qui se tisse au fil des semaines, pas même Frida. Il annonce une autre question et ses prunelles paniquent un peu, elle veut pas rentrer dans les détails elle. Oh, il change de sujet. Elle analyse la question, posant définitivement le menu sur la table. « Comment ça ? Je ne pensais pas que c’était envisageable que je reste à Brooklyn. » Elle avoue alors l’air surpris par sa question. « D’ailleurs j’ai jamais vécu à Brooklyn. » Non elle dormait dans un hôtel pas terrible dans le Bronx. Et vu sa situation précaire, les castings de l’émission étaient arrivé à point nommé. « Qu’est-ce que je pourrais bien faire à New-York ? » Elle voit pas. Faudrait qu’elle rentre, qu’elle rende les fringues qu’elle a piqué, qu’elle rembourse ses anciens employeurs, qu’elle s’excuse auprès de sa famille, qu’elle s’occupe de ses soeurs. Rien de tout ça ne peut se faire aux Etat-Unis.

« je sais. et c'est justement parce que t'es adulte que tu vas pas t'abaisser à son niveau sur le côté manque de respect. » il hausse juste les épaules. on peut peut-être lui reprocher, parfois, cet air vaguement paternaliste qu'il a avec certains. habitude de la maison, ou il faut bien admettre qu'il est plus comme ça avec ses hommes, ou du moins, les plus jeunes, plutôt de se la jouer trop militaire. jamais été son style. et il n'y a bien que sur le respect, et un certain sens de l'honneur, qu'il est intransigeant, eli. mais elle parait perdue, face à la suite. mais déjà plus intéressée par la discussion. « tout est envisageable. il faut juste savoir ce qui te fait envie. » qu'elle pense pour elle, par elle. pas aux apparences, ou à se faire remarquer, pas à vivre pour d'autres, mais juste à comment elle voudrait avancer. et il faut bien admettre que ça l'intéresse, eli, ou elle va se retrouver, et dans quelles conditions, la jeune femme. il tente de rire, de la suite, un sourire mutin au coin des lèvres.« pas surprenant. même si t'avais été riche à millions, t'aurais plutôt vécu dans l'upper east side que du côté des brownstones. » parce que c'est vrai. qu'au fond, quand on y repense, son histoire ne tenait pas vraiment debout. le plus riche qu'on trouve à brooklyn, c'est sûrement les expats insupportables de park slope. les vrais grand diplomates visent plus haut, sur manhattan, directement, même si la gentrification commence à peser son poids sur le borough ou il a grandi. et voilà que la serveuse se pointe, histoire de recueillir leurs commandes. il débite la sienne, rapidement, et laisse frida faire de même, avant d'en revenir à ce point d’intérêt. à un futur. à un possible. si tant est qu'elle veuille y penser. « on va reformuler la question - si c'est possible, est-ce que tu voudrais rester ? faire table rase de tout ce qui s'est passé dans les familles ou tu bossais et - recommencer sur une page blanche, à new-york. que tu gagnes, ou pas. » parce que certes, cent milles dollars feraient sûrement la différence. mais ce qu'il a en tête marcherait peu importe ou elle termine dans le classement. si tant est qu'elle le veuille.

Il continue de lui faire la morale et ça la saoule un peu, elle va pas renchérir, l’ourlet de sa lèvre inférieur en dit long sur ce qu’elle pense. Elle respecte pas les règles Frida, ça se saurait. Elle aurait pas volé des fringues de luxe, elle aurait pas mis en scène une vie qui n’est pas la sienne. Alors manquer de respect à Dylan, ça lui passe largement au dessus. Elle ne s’attarde pas là dessus, parce que la question qu’il lui pose la désarme un peu. Elle n’avait pas envisagé une seule seconde qu’il y avait quelque chose pour elle à New-York. Elle avait vécu un rêve illusoire Frida, pensant que les USA attendait sa venue pour faire d’elle quelqu’un d’important. Alors qu’en réalité elle s’était nourri toute une semaine de bouffe d’un vieux distributeur dans un hôtel miteux. Et que si elle avait pas vu l’info sur OMB, elle serait certainement entrain de faire n’importe quoi. Il l’a perd un peu avec cet éventail des possibles qui s’offre à elle. La gamine elle reste bloquée sur l’idée qu’elle s’était faite. Elle dans le premier vole pour Cuba, la tête déconfite à l’idée de devoir régler ses histoires. En espérant ne pas passer par la case prison. « Je sais pas. » Elle sait pas ce dont elle a envie Frida. Si elle le savait, elle se serait pas inventé une vie. Elle aurait misé sur un truc pour réel, plus durable, que les salades qu’elle leur à fait manger pendant des semaines. Des salades qu’elle se faisait manger à elle-même. Parce qu’elle commençait à y croire, à son statut de fille à papa. Il met l’accent sur le faite que son histoire elle tenait pas la route. Sauf que dans l’histoire elle était à Brooklyn pendant que papa était à Manhattan. Mais oui y avait pleins de trucs qui collaient pas dans son délire, parce qu’elle y connait rien en faite. New-York, c’est un fantasme. Le papa au consulat c’est un mythe qu’elle a du voir dans un film, mais qu’elle a pas assez construit pour que ça reste crédible. « Ouais, peut-être bien. » La serveuse elle arrive tranquillement demander leur commande et avec tout ça elle paniquerait presque Frida, elle sait plus ce qu’elle voulait manger. Alors elle dit simplement, « la même chose que lui ». Elle l’observe le regard en alerte. Est-ce que ses question cachent une proposition ? Elle commence à se poser la question, vu comment il insiste. Alors elle prend le temps de réfléchir vraiment, parce que si elle répond encore quelque chose de trop flou, ils vont faire le tour de l’histoire pendant trois plombes. Est-ce qu’elle aimerait rester à New-York ? « J’aimerais bien oui, je sais pas ce que je ferais. Imaginons que c’est possible, je resterais. Je bosserais je ne sais où et je mettrais de coter pour faire venir mes soeurs et mon père. » Elle rêve tout haut. Parce que c’est plus vivable de compter ses sous, de récupérer des vieilles fringues et de compter sur la générosité des voisins quand le 15 du mois arrive. Elle aimerait offrir une maison, ou un appartement à son père. Offrir des beaux vêtements aux filles, les meilleures écoles. Et observer sa petite famille heureuse d’avoir plus qu’hier. « Pourquoi tu me poses toutes ces questions ? » Elle finit par demander, l’air boudeur. Parce qu’elle sent bien qui’il y a quelque chose chose derrière.

elle ne sait pas. elle est paumée, et ça se lit sur son visage, mais au moins, elle n'essaie pas de le cacher, @frida. et elle l'attendrit un peu trop, comme ça, comme la première fois qu'elle s'est ouverte, le clavier sous les doigts. et il sait qu'elle n'a pas besoin de lui, qu'elle est indépendante, et que même sans lui, elle trouvera moyen d'arriver à ses fins, d'arriver à un endroit ou elle sera bien. mais quand même, une part de lui veut l'aider. la garder sous son aile, juste un peu plus longtemps. et il y a pensé, déjà. assez pour ne pas trop se faire d'illusions. « parce que je-j'y ai pensé un peu. mais déjà, je - on est au vingt et unième siècle, et si le rêve américain a jamais existé, il est mort il y a longtemps. je sais pas si t'arriveras à mettre assez de côté pour leur offrir le meilleur, tout ce qui est self-made person c'est un bon gros mythe, personne devient milliardaire en partant de rien mais - arriver à une vie stable, et dans la moyenne, c'est possible. et ce que je peux te promettre, c'est que je t'aiderais du mieux que je peux. donc, j'ai une proposition pour toi. » le plus dur est derrière eux, d'une certaine manière. parce qu'elle a déjà les deux pieds bien ancrés sur le sol américain, que la production a fait en sorte que son visa soit en règle pour qu'elle reste le temps du jeu. à partir de là, une extension se négocie, surtout pour une personnalité, même mineure, même de la télé réalité, même qui veut retourner à une vie normale. qui veut juste une chance. surtout si elle est appuyée par des gens sur le territoire. et il pose sa main sur celle de la jeune femme, lui offre un sourire, avec tout ça. il n'a aucune idée, au fond, de comment elle réagira à cette idée. « j'ai parlé a mes parents hier. brièvement. enfin - j'ai payé un mec pour emprunter son téléphone, je crois qu'@apollon a eu très envie de m'assassiner sur ce coup-là mais - peu importe. ils vivent à brooklyn, moi je suis à manhattan, pas loin de times square, et - je t'aurais proposé de venir squatter chez moi, mais mon canapé-lit, sur le long terme, ça le fera pas. pas parce que je t'apprécie pas, mais parce que mon appart est un moulin, et que tu vas pas apprécier des masses de te faire réveiller à des heures pas possible quand je suis de garde, et que tout le monde a besoin de son intimité, de murs a soi. mais - chez eux, il y a une chambre. c'était ma chambre quand j'étais gosse, tu verras, ça en a toujours la gueule, et - ils l'ont souvent laissé a des gens qui en avaient besoin, un peu dans le même cas que toi, parfois, qui voulaient tenter leur chance. et à l'heure actuelle, il n'y a personne dedans. » enfin, si, noah, mais il compte bien le ramener à la maison dès qu'il sortira d'ici. et leur réponse était presque une évidence, quand il en a parlé, à la volée, quand il n'a même pas terminé sa question. et ce n'est pas grand-chose, au fond, que ces quatre murs, mais c'est toujours plus stable que rien du tout, et elle serait entourée, pas laissée seule dans un studio. certes, ce n'est pas la belle vie, du genre qu'elle vendait sur instagram. c'est autre chose. mais c'est quelque chose de doux, qu'un foyer, même loin de chez elle. et un nouveau départ. « donc, ouais. ou je veux en venir c'est que - si tu veux vraiment repartir de zéro, et tenter ta chance à new-york, t'as un endroit ou rester, et aussi longtemps que nécessaire. pas de loyer, pas de contraintes, t'auras tes clés et tu vis ta vie. je t'aiderais à trouver un job qui te convient ou - je sais pas - si la fac te fait envie, je suis sûr qu'on pourra te trouver une bourse, ou un truc pour que tu suives des cours du soir à nyu. ou peut-être que tu va finir par enregistrer un cd, j'en sais rien, ça, c'est toi qui doit prendre du temps pour trouver ta voie. mais. t'auras un quelque part d'ou partir, et des gens pour t'aider. et tout le temps du monde pour explorer et trouver ce que tu veux faire de ton futur. pas juste survivre, mais quelque chose ou tu serais bien. » ils ont encore deux semaines, après tout. une ici, une dans le block. elle a tout le temps du monde pour mettre au clair pensées, envies, et responsabilités. mais eli, il veut juste la voir s'envoler, la gamine. dans un monde ou elle sera bien, sans mensonges. sans pression. « et t'es pas obligée de me répondre là. je voulais juste que ce soit sur la table - que tout ça, c'est une possibilité. »

Elle sent bien qu’il y a quelque chose derrière ses questions. Elle ne sait pas si elle doit être sereine ou pas, vu comment la conversation à débuté. Elle sait pas ce qu’elle pourrait faire dans le grande ville, elle aimerait bien y rester cela dit. Et tout faire pour faire venir sa famille. Il lui dit que le rêve américain c’est une fable. « Je veux pas devenir milliardaire, je veux juste arrêter de crever la dalle. » Elle dit de manière crue, parce que si elle s’était inventé une vie de meuf riche elle tout ce à quoi elle aspirait réellement c’était de simplement avoir plus qu’hier. Pas forcément encore plus demain. Mais ce qu’elle retient c’est surtout qu’il lui propose de l’aide. Elle le prend pas tellement au sérieux, même si elle a confiance en lui, elle a déjà entendu des hommes lui promettre la lune. Il parle d’une proposition, mais elle n’en attend pas grand chose. Tout ce que les hommes lui ont donné jusqu’ici c’est des larmes ou des coups. Parfois les deux en même temps. Alors elle dit rien, elle se contentera d’écouter sans trop y croire. Du moins c’est ce qu’elle s’imagine alors qu’il amorce sa proposition en déposant sa main sur la sienne. Ses parents ? Elle laisse un petit sourire se poser sur ses lèvres alors qu’il évoque un Apollon pas très content du geste de son pote. Elle, elle n’y avait même pas pensé de piquer le téléphone d’un touriste pour passer un appel international. Il parle de là où vivent ses parents, elle voit pas trop où il veut en venir. C’est cool qu’ils habitent à Brooklyn. « Hein ? » Elle demande, alors qu’il parle de lui proposer de squatter chez lui mais que c’est une vrai moulin son appartement. Chez eux ? Chez ses parents ? Attend il est entrain de lui proposer de venir vivre dans sa chambre d’ado chez ses parents ? Elle ne sait pas quoi dire Frida. Parce qu’elle est hyper émue de cette bonté qu’il lui porte de manière totalement inconditionnelle. Il semble avoir oublié qu’elle a le statut de voleuse au dessus de sa tête et que c’est quand même une nana hyper instable. Elle devrait peut-être lui rappeler. Qu’elle n’est pas la plus fiable des personnes. Mais elle commence déjà à se dresser le portrait de sa nouvelle vue avec maman Eli. Pas de loyer ? « Tu me fais la charité ? » Comme toujours elle repousse quand on fait preuve de bonté en vers elle. Elle est sèche, mais surtout totalement désarmée parce qu’il lui propose. Il veut l’aider à trouver un job. « J’ai pas besoin d’aide. » Elle continue de le repousser, parce qu’elle sait pas gérer ce qu’il lui propose. La fac ? Elle prend peur, parce qu’autant de gentillesse ça doit forcément cacher quelque chose non ? Il parle même d’une bourse d’étude. La Frisa méfiante elle se demande ce qu’il veut en retour ? Il lui dit qu’elle est pas obligé de répondre tout de suite. Mais en réalité c’est qu’elle sait pas quoi répondre, parce que ça l’effraie autant de chose pour elle proposées sur un plateau d’argent. « Je sais pas ça me fait peur, je comprend pas pourquoi tu me proposes des trucs comme ça. Tu te souviens que j’ai volé mes anciens patrons ? » Il est au courant et ça la rend nerveuse en faite. Le resto, la proposition, la gentillesse extrême. Son indulgence habituelle. Il l’est beaucoup trop avec elle. Comment il peut avoir autant confiance en elle ? Elle ment, elle vole. Ça n’a pas de sens dans sa tête. Même si elle serait largement tentée de dire oui, parce que la proposition est trop belle. Mais y a cette alarme dans sa tête qui se met à clignoter. Parce qu’elle a été bien trop souvent désabusé. Alors elle est plus tenter de le planter là au restaurant. Et elle doit se retenir pour pas se mettre sur ses jambes et partir à toute vitesse. La serveuse qui arrive avec leur boisson c’est le prétexte tout trouvé pour rester le cul bien visé sur la chaise. Elle a pas l’impression de mériter autant de gentillesse de sa part en faite. Et elle tente de faire passer sa gorge nouée et l’émotion qui la prend, en buvant à la paille ce fameux cocktail des Bahamas.

il se doutait bien qu'il allait rencontrer une résistance. une fierté si propre a la jeune femme, qui se tient haute, droite. qui aura fait ses erreurs, mais les aura faites seules. il sait bien, qu'au fond, elle n'a pas besoin de son aide, qu'elle se débrouillera quoi qu'il arrive, comme elle l'a toujours fait. et sûrement même qu'elle s'en sortirais très bien sans. mais il veut quand même lui offrir. parce que ce n'est pas grand-chose, au fond. parce que ça peut lui permettre d'avancer plus facilement, sans regrets, peut-être. c'est bien ce qu'il espère, du moins. et si elle est perplexe, si elle a une lueur de fuite dans le regard, il ne compte pas lâcher ce morceau, sur ce coup-là. « on a tous besoin d'aide, a un moment ou un autre. et tu peux appeler ça de la charité si tu veux, mais laisse pas ta fierté parler. chez moi, c'est de la compassion, qu'on appelle ça. et on laisse personne tomber. » c'est une question de principe. il en a eu, de la chance, dans sa vie. la famille américaine de classe moyenne, et ses rêves a portée de main. peut-être parce qu'ils n'étaient pas bien luxueux, pas bien frivoles, mais il a réussi. a terminé ou il voulait. et il aimerait bien que chacun ait cette chance. a eu des rêves de révolution, de monde plus égalitaire. mais il a grandi, perdu un peu d'espoir. et tente juste de faire la différence a hauteur d'homme, plutôt qu'à celle de l'univers. leurs verres arrivent. et elle, elle ne pige pas ça. pourquoi il veut l'aider. et il y a peut-être plus d'une raison à cela. parce qu'elle émeut. parce que derrière les mensonges, elle lui a montré du réel. ses plus jolies facettes, les plus honnêtes. parce qu'elle n'a été rien d'autre que victime des circonstances, au fond. d'un monde affreusement mal foutu, tout sauf égalitaire. et ses erreurs, elle les regrette. ça se lit dans ses yeux, ça se lit quand elle en parle, de son île, de sa famille, de ses rêves, derrière ce voile de pudeur, et un peu trop de fierté. « je m'en souviens, ouais. et alors ? t'as fait des erreurs. ça veut pas dire que tu mérites pas un nouveau départ, @frida. une autre chance. » et il sourit. prends une gorgée de son verre, l'air de rien. il n'est pas là pour la convaincre. juste lui offrir cette porte de sortie là, comme un autre possible. histoire peut-être de rallumer ses rêves. « j'ai toujours voulu d'un monde, tu sais genre - ou on aurait tous les mêmes chances dans la vie. mais c'est pas dans celui-là qu'on vit. et... j'y changerais rien, j'ai pas l'âme d'un révolutionnaire. mais si je peux aider quelqu'un, je le fais. parce qu'on a tous le potentiel d'être des gens biens. et honnêtement, avoir volé... c'est loin d'être le pire des crimes. surtout quand on sait d'ou vient le fric de majorité des gens pleins aux as. mais ça, c'est un autre débat. » il lève son verre, vaguement amusé. le termine, parce que c'est plus simple. le débat anticapitaliste n’intéressera probablement pas les caméras, après tout. mais il ne peut vraiment s'empêcher d'y laisser tomber des références, trop politisé, trop du genre à trop penser pour son propre bien.