Il y a, dans cet infime moment de flottement avant que leurs lèvres n’entrent en collision, une multitude de pensées qui s’agglutinent dans son esprit, une part d’elle-même lui criant de s’arrêter avant qu’il ne soit trop tard, alors que l’autre se languit déjà de ce contact presque indécent. Des corps qui se rapprochent, incapable de résister à cette attraction, cette force invisible qui les attire tel deux aimants. Sa bouche qui trouve tendrement la sienne, ses bras à lui qui viennent doucement la cueillir dans leur étau, leurs langues qui danse cette valse lente, jusqu’à ce que la braise s’enflamme. Jusqu’à ce que la passion les consume tel un feu ardent. Des flammes sur lesquels @Dylan vient jeter un saut glacial en se détachant d’elle, la repoussant avec une rudesse qui la surprend et la blesse à la fois. L’humiliation se peint peu à peu sur les traits de son visage qui s’affaisse, et ses propres bras se referment autour d’elle-même, en guise d’un réconfort que nul ne peut lui offrir. Elle l’entend qui bredouille quelques mots, comme s’il cherchait lui-même à se convaincre de ses propres paroles. Mara, elle, n’a qu’une seule envie et c’est de tourner les talons et partir. Loin, terriblement loin d’ici. Un geste interrompu par les mouvements de l’homme qui daigne enfin se retourner vers elle, confrontant son regard au sien. Ces propos ne font que peu de sens pour la belle, plus confuse que jamais, alors que tout de lui laisse percevoir le supplice que ces derniers lui imposent. L’envie reste présente, il y a quelque chose qui le retient.  Un remord de conscience qui s’explique sans doute par ce lieu dans lequel il se trouve, songe-t-elle. Par ses caméras qui scrutent chacun de leurs faits et gestes. Une excuse qui pourtant ne lui ressemble pas, vu ces nombreux antécédents. Des conneries, de ses propres aveux. Et son nom, qu’il ne désire point ajouter à son carnet de chasse pour le simple mérite d’avoir passer à l’acte. Des confessions qu’il livre avec une certaine agitation, avec cette impression de marcher sur des œufs, de mesurer chacun de ses mots. Comme s’il cherchait à ne pas la blesser de ses agissements. À lui faire comprendre la profondeur qui se cache derrière ce refus presque bancal. Des explications maladroites, mais sincères. Cet impétueux désir de bien faire les choses, pour une fois. Car il estime qu’elle mérite mieux qu’une simple baisse qu’il ne ferait qu’ajouter à toutes ces autres, sans plus de considération. Il lui confère un respect à la fois rare et précieux qu’elle ne peut se résoudre à refuser. Elle comprend, même si la blessure tarde à se refermer, elle, touchée dans sa propre fierté.  – Je… je suis désolé. Je n’aurais pas dû, qu’elle se confonds en excuse, regrettant presque ce moment d’impulsivité responsable de ce dérapage menaçant la seule chose qui fait encore du sens à ses yeux.Un regard qu'elle rive sur ses pieds, incapable à son tour de croiser ceux du candidat.

Il est confus. Une partie de lui se déteste. Tu es tellement con, mec. Regarde comme elle est fraiche. T'es devenu faible, mec, jamais t'aurais refusé une bonasse pareille, au début de l'aventure. Une partie de lui le félicite. Tu as raison. Agis comme un adulte, mature et responsable, pour une fois. Mais la part la plus importante, celle qu'il peine à taire, c'est l'inquiétude et la frayeur qui se rejoue, à répétition, dans ses pensées. Qu'est-ce que tu fous, mec ? T'as pété un câble, ou quoi ? Tu crois que ça va se finir comment, tout ça ? Et la vérité, c'est qu'il n'en sait rien. Mais malgré tous ses fantasmes les plus fous, malgré toutes ces fois où le blond s'était branlé sous la douche en pensant secrètement à la brune (certes, en train de s'amuser avec les autres candidates au sein du block, mais ça, c'est un autre fantasme pour une autre fois ...), il ne parvenait juste pas, maintenant que l'opportunité se présente à lui, à se résoudre à voir Mara comme ça. Comme juste une autre conquête de plus, et on raye son nom de la liste, et on n'en reparle plus jamais. À ce stade, le blond n'est pas en mesure de comprendre pourquoi, exactement, il ne peut pas s'y résoudre. Tout ce qu'il sait, c'est que ce que la brune lui apporte ne se quantifie pas, et surpasse, de loin, tout ce que le sexe a jamais su lui apporter. Un sentiment nouveau qu'il peine à réellement comprendre, sur le coup. Non, t'excuse pas, je ... C'est ma faute. Le blond assume étrangement beaucoup de responsabilité alors que d'habitude, c'est une chose qu'il fuit comme la peste. J'aurais pas dû parler baise, c'est entièrement de ma faute. Et ça me tue en vrai parce que y'a rien qui me donne plus envie de te prendre, là, tout de suite. Genre hop, contre le sol, et c'est parti. Mais on peut pas. Pas maintenant, pas ici ... Pas comme ça. Tu m'en veux pas ? Il demande finalement, en lui prenant le menton pour lui intimer l'ordre tacite de le regarder dans les yeux. Hé, regarde moi ... J'ai besoin que tu me voies, il confesse, se livrant de nouveau à la brune d'une façon qui semble vraiment étrange, si étrange, qu'on s''en demanderait presque s'il n'était as tombé sur la tête, ou s'il n'avait pas été remplacé par un clone bénéfique. Ou lobotomisé par des extra-terrestres, aussi, rien n'est impossible quand il s'agit de Dylan, après tout.

Elle est confuse, tout autant qu’il peut l’être, l’un étant le reflet de l’autre dans cette situation qu’ils n’avaient nullement préméditée. Déstabilisés, ils voguent en eaux troubles. Mara, elle a l’impression d’étouffer, de sentir l’étau se resserrer autour d’elle, se sentant prise au piège dans toute cette histoire. Celle-là même dans laquelle elle est sauté à pieds joints sans réfléchir. Un flot de regrets qui la prennent à la gorge, alors que l’incompréhension se peint toujours sur ses traits. Les mots de @Dylan comble le point d’interrogation tracé sur son front, mais n’endigue pas pour autant ses doutes vicieux qui se sont glissés dans son crâne. Elle fait alors la seule chose qui lui semble logique : elle s’excuse, accusant la faute sur ses frêles épaules. Une faute que lui arrache vite le candidat, admettant - étonnamment - ses propres tords dans cette discussion ayant pris un tournant imprévisible. Et elle se demande, Mara, s’ils en seraient arrivés là s’il n’avait pas abordé ce sujet sensible. Si les aveux seraient tombés d’eux-mêmes sans cette proposition indécente. Le californien se torture avec cette histoire, ses paroles témoignant du vil désir qu’il éprouve à son égard. Pourtant, il s’agit de sa décision d’y mettre un frein, de stopper le tout avant de complètement déraper sur quelque chose qu’il voulait, certes… mais pas dans ces circonstances. – Je… non. Je ne t’en veux pas. Je… comprends. Et alors que son regard s’attarde toujours à fixer le plancher, elle sent ses doigts qui viennent soulever son menton. Il veut qu’elle le regarde. Il en a besoin. Hésitante, elle parvient néanmoins à plonger ses yeux dans les siens. À soutenir l’azur de son regard. Elle ne les avait jamais contempler d'aussi près.

Un air soulagé se dessine sur ses traits lorsque la brune affirme comprendre, une confirmation subtile qu'il ne s'était visiblement jamais trompé au sujet de celle-ci. Malgré tout, le blond a besoin de s'assurer qu'il ne venait pas de s'être grillé la seule chance qu'il avait avec la Londonienne, alors il soulève son visage un peu, pour pouvoir la regarder dans les yeux. Il se rend vite compte de son erreur, lorsque l'intensité des prunelles de la brune l'envoutent, à tel point qu'il se doive, de nouveau, se détourner d'elle en se retournant brusquement. Raaah, putain ! grogne-t-il. Pourquoi t'es aussi bonn ... euh, belle ? demande-t-il alors d'une petite voix, presque plaintive. Sa façon subtile de lui demander pourquoi elle est aussi irrésistible, mais surtout, pourquoi elle lui fait cet effet là. Pourquoi les choses sont ainsi, également: compliquées, si compliquées que le blond ne parvient pas à les démêler pour y trouver du sens. Il ne comprend décidément rien, et si ce n'est pas un sentiment nouveau, pour lui, cette fois-ci, son incompréhension le travaille corps et âme, à tel point qu'il peine à ne pas se laisser affecter par ce qu'il ressent, au fond de lui. C'est la première fois qu'il se sent autant affecté par quelque chose qu'il ne parvient pas même à décrire, ni à expliquer, et autant dire que ça l'effraie complètement. Tu veux pas qu'on se pose au salon, un peu ? Il finit finalement par demander.

Ses mots semblent libérés @Dylan d’un poids invisible, soulageant la tension qui pesait sur ses épaules. Ce n’est pourtant pas le cas de la jeune femme, submergée par des doutes et rongée par l’insécurité. Et même si elle comprend, même si elle le lui a admis à voix haute, il n’en reste pas moins que son regard fuit le principal intéressé. Un regard qu’il vient quérir du bout des doigts, un regard qu’elle plonge dans le bleu de ses yeux, prête à s’y noyer. C’est pourtant lui qui flanche le premier. Qui lui tourne le dos dans un grognement contrarié, avant que la plainte ne se fasse entendre, à demi-mots. Et plutôt que de s’insulter, cette fois, Mara sourit, allant cherchant à nouveau le contact du candidat en passant ses bras autour de sa taille, sa poitrine se callant contre le dos de ce dernier. Ses mains, elle, trouvent refuge contre son torse qui se découpe sous le tissu. – J’ai sans doute gagné au gros lot de la génétique, qu’elle lui répond tout simplement, la voix teintée d’un soupçon de malice. Il lui propose alors d’aller trouver refuge dans un autre ailleurs, et la brune arque un sourcil quand au lieu qu’il énonce. – Le salon? Je ne sais pas si c’est une bonne idée. À tout moment, il y avait un risque qu’un de leur camarade débarque, et cette possibilité ne l’enchantait guère. Elle n’avait pour l’heure point l’envie de partager ces moments précieux avec qui que ce soit. – J’ai une meilleure idée. Et tu pourras même en profiter pour prendre une douche… ça ne te ferait pas de tort, tu sais. Certes, la sueur de l’effort apportait une touche de virilité à l’ensemble de l’œuvre, mais le parfum qui s’en dégageait gâchait visiblement le portrait. Ce n’était là qu’un fait, et non une insulte, et le timbre de sa voix le laissait bien sous-entendre. Elle l’entraina finalement dans son sillage, quand il acquiesça à la suivre, qu’importe la destination.

à suivre